Pêches et Océans Canada / Fisheries and Oceans Canada - Gouvernement du Canada / Government of Canada
 
Fisheries and Oceans Canada

Le rapport de Dr. Lien : Un examen de la capture et de la mise en captivité de mammifères marins au Canada

Preparé à l’intention du :

Ministère des Pêches et des Océans, Ottawa

Par :

Jon Lien
31 mars 1999


Table des matières:

  1. Résumé
  2. Introduction
  3. Méthodes utilisées dans le présent examen
  4. Mandat de Pêches et Océans
  5. Attitudes envers la faune et l'utilisation d'animaux
  6. Attitudes envers les mammifères marins et leur utilisation
  7. Attitudes du public envers la mise en captivité
  8. Décès de mammifères marins en captivité
  9. Examens antérieurs de la capture et de la mise en captivité au Canada
  10. Réglementation canadienne
  11. Réglementation étrangère
  12. Recherches sur les mammifères marins en captivité
  13. Techniques d’étude des mammifères marins en mer
  14. Autres méthodes d'enseignement sur les baleines
  15. Réadaptation et remise en liberté des cétacés en captivité
  16. Communications reçues au cours de la présente étude
  17. Recommandations
  18. Normes proposées pour la garde des mammifères marins en captivité
  19. Règlements généraux visant tous les mammifères marins en captivité
  20. Documentation consultée
  21. Vidéos consultés
  22. Personnes et groupes consultés - Remerciements

Table des matières


Liste des tableaux:

  1. Inventaire des mammifères marins gardés en captivité au Canada
  2. Réponses aux énoncés de la valeur accordée à l'expérience de l'observation des baleines (Tilt, 1986)
  3. Résultats du sondage d'opinion des Canadiens fait en 1989 par la société Angus Reid au sujet de la capture de bélugas vivant
  4. Résultats du sondage d'opinion des Canadiens mené par la société Decima Research (1992) au sujet des parcs marins et de la capture et de la mise en captivité de baleines aux fins de divertissement, d'exposition publique et de recherche
  5. Résultats d'une étude des perceptions du public canadien au
    sujet de la conservation et de la gestion des mammifères marins
    (Kellert, 1991)
  6. Résultats d'un sondage mené en 1998 auprès de personnes sortant d'aquariums abritant des mammifères marins (Roper Starch, 1998)

À la table des matières


I.  Résumé

Le public canadien s'intéresse beaucoup aux mammifères marins, à leur bonne gestion dans leur habitat et à leur bien-être en captivité. Devenus un symbole de la santé de l'écosystème océanique et de l'abus que nous faisons de la nature, ils constituent un sujet de prédilection pour les pionniers de l'exploration de la relation entre l'homme, les animaux et la nature. Sur le plan pratique, le ministère des Pêches et des Océans (MPO) ne peut pas gérer les mammifères marins de la même manière qu'il gère le poisson à cause de cet intérêt de la part du public et des préoccupations de ce dernier.

Le présent rapport examine la pratique de la capture et de la mise en captivité de mammifères marins au Canada. Un grand nombre de ces animaux sont capturés accidentellement dans des engins de pêche; d'autres, blessés ou malades, sont assez communément capturés à des fins cliniques; enfin quelques-uns sont capturés délibérément pour de brèves périodes à des fins de recherches scientifiques. Très peu de mammifères marins sont capturés et gardés en captivité au Canada.

Aider les mammifères marins capturés accidentellement dans des engins de pêche ou ceux qui ont besoin de soins médicaux n'est pas sujet à controverse. Ce genre d'aide est donc une pratique de gestion que le MPO doit avaliser. En ce qui concerne la plupart des espèces et des régions, la capture pour une courte période d'animaux aux fins de prélèvement de tissus ou de l'installation d'instruments est aussi bien vue. En partie grâce aux techniques récemment mises au point, de telles captures à l'état vivant permettent de recueillir des données scientifiques extrêmement utiles; ces captures devraient donc être encouragées. La capture et la mise en captivité de mammifères marins dans des aquariums est par contre une pratique qui soulève la controverse chez une partie du public. Bien qu'il semble que la plupart des Nord-Américains et des Canadiens l'approuvent, cet appui varie.

Le public exige absolument que les mammifères marins gardés en captivité soient bien soignés et protégés et qu'ils servent à des fins tant éducatives que scientifiques. Les spécialistes des mammifères marins et la plus grande partie du public reconnaissent bien les avantages scientifiques de la recherche sur les individus en captivité. Mais il est plus difficile de démontrer les avantages éducatifs de l'exposition au public de mammifères marins en captivité car on ne dispose pas d'un corpus d'études empiriques indépendantes qui indiquent son impact. Certains mettent donc ces avantages en doute. Plus troublant est le fait qu'il n'existe pas au Canada à l'heure actuelle une autorité adéquate pour réglementer la qualité des soins que les animaux reçoivent en captivité. Le MPO a essayé par le passé de veiller à ce qu'on prodigue des soins adéquats aux animaux en captivité, par le biais de son autorité morale, mais il ne possède pas la capacité d'application de normes.

Un moratoire devrait donc être imposé sur la mise de mammifères marins en captivité au Canada tant que les lacunes qui existent dans la pratique et la réglementation de celle-ci ne seront pas comblées. Les dispositions prises pour les animaux déjà en captivité devraient satisfaire aux recommandations formulées dans le présent examen, mais la capture et l'importation d'animaux vivants devraient être interdites pour le moment. Le moratoire, qui n'est pas envisagé comme permanent, permettra à tous les intervenants de répondre adéquatement aux préoccupations du public.

Afin de réglementer adéquatement la capture de mammifères marins vivants, des ajouts sont proposés au Règlement sur les mammifères marins en vertu de la Loi sur les pêches. Ceux-ci incluent l'autorisation d'intervenir lorsque des animaux sont capturés accidentellement, les interventions à des fins cliniques, des permis de capture d'animaux vivants à des fins scientifiques, et des permis d'importation et d'exportation d'animaux à des fins de reproduction. Des permis de garde en captivité à des fins d'éducation ou de recherche seraient requis pour la capture ou l'importation de mammifères marins vivants au Canada, et des permis de garde en captivité délivrés annuellement seraient requis.

Pour aider à recueillir un corpus de documentation sur l'impact éducatif de l'exposition de mammifères marins en captivité, l'auteur recommande que le MPO encourage les études visant à évaluer et à optimaliser les programmes d'éducation des aquariums. Le Canada pourrait être un chef de file dans ce domaine.

Sont aussi présentés des projets de normes pour la garde de mammifères marins en captivité. Afin de voir à ce que les normes soient respectées, on recommande une procédure d'évaluation engageant le Conseil canadien de protection des animaux à surveiller la mise en application des normes de soin et de protection dans tous les établissements et un Comité consultatif de conseillers pédagogiques à fournir des conseils et à évaluer les programmes d'éducation offerts dans chaque établissement gardant des mammifères marins. Ces dispositions assureront la transparence, l'indépendance et l'obligation redditionnelle des évaluations des établissements gardant des animaux en captivité et devraient calmer nombre des préoccupations du public au sujet des animaux et de la pratique qui consiste à les garder en captivité.

Sont enfin formulées des recommandations sur d'autres manières de voir des mammifères marins, comme l'observation des baleines, sur la réglementation de cette activité, sur les examens des demandes de permis et sur le leadership dont doit faire preuve le MPO en matière de gestion des mammifères marins.

Table des matières


2.  Introduction

a.   Historique de la capture d'animaux vivants et de leur mise en captivité
b.  Inventaire des mammifères marins en captivité au Canada
c.  Captures accidentelles de mammifères marins dans des engins de pêche


Le ministère des Pêches et des Océans (MPO) a commandé le présent examen du programme de capture de mammifères marins vivants au Canada afin d’être en mesure de formuler des recommandations quant à sa pertinence au rôle du MPO en matière de gestion des mammifères marins. Les vues sur la gestion des mammifères marins, l’intérêt public pour ces animaux, le mandat du MPO au titre de la gestion des océans et la technologie requise pour l’étude des mammifères marins sauvages ont évolué rapidement au cours des dernières années. À la lumière de ces réalités, le MPO voulait réévaluer le rôle de la capture et de la mise en captivité d’animaux vivants à l’égard de ses activités de gestion. Il s’intéressait surtout à la capture en vue de la mise en captivité à long terme, en particulier de baleines. L’orientation donnée à l’examen réfléchit l’objectif du Ministre voulant que le Canada agisse en tant que vrai chef de file dans ce domaine, comme énoncé dans la Loi sur les océans de 1996, plus précisément que le Canada désire réaffirmer son rôle en tant que chef de file mondial en matière de gestion des océans et des ressources marines.

Le mandat de l’examen exigeait la formulation de recommandations précises à l’intention du Ministère couvrant les points suivants :

  • les avantages potentiels pour les Canadiens de la capture de mammifères marins vivants à titre de pêche;
  • les avantages potentiels de la capture de mammifères marins vivants pour la science et la gestion des mammifères marins dans leur milieu;
  • les avantages potentiels des résultats scientifiques obtenus d’animaux en captivité par rapport à ceux obtenus d’animaux en liberté;
  • les normes applicables aux mammifères marins en captivité au Canada et le bien-être des animaux gardés en captivité en vertu de ces normes;
  • les vues des groupes d’intérêt au sujet des captures d’animaux vivants;
  • les normes applicables à l’utilisation aux fins de recherches, à l’éducation du public en vue d’accroître son appui pour la conservation et la gestion, et à l’exposition et aux spectacles.

J’ai en outre inclus plusieurs autres éléments nécessitant la formulation de recommandations, notamment :

  • la relation entre les mammifères marins et le mandat du MPO;
  • les avantages qu’offrent les mammifères marins en captivité sur les plans de l'éducation et de la sensibilisation;
  • la valeur informative comparée d’autres moyens de contact avec des mammifères marins, plus particulièrement l’observation des baleines;
  • la contribution des mammifères marins aux facteurs d’attraction et de viabilité des aquariums;
  • les changements particuliers qui doivent être apportés aux permis de capture et de mise en captivité de mammifères marins au Canada.

Des mammifères marins vivants sont fréquemment capturés au Canada à titre de prises accessoires dans le cadre des opérations de pêche et, à l’heure actuelle, délibérément aux fins de traitement clinique, de recherche et d’éducation. Beaucoup des animaux sont remis en liberté peu après la capture; il est rare qu’on les garde en captivité à long terme. Mon examen couvre tous les cétacés capturés vivants, ainsi que les phoques et les loutres.

Table des matières


2 a.   Historique de la capture d'animaux vivants et de leur mise en captivité

La capture de cétacés vivants est un phénomène relativement récent au Canada et à l’étranger, la plupart ayant été capturés dans les cinquante dernières années. Au total, huit espèces de cétacés ont été capturées à l’état vivant et/ou mises en captivité au Canada, dont l’épaulard (Orcinus orca), le béluga (Delphinapterus leucas), le narval (Monodon monoceros), le phoque commun (Phocoena phocoena), le dauphin à nez blanc (Lagenorhynchus albirostris), le dauphin à flancs blancs du Pacifique (Lagenorhynchus obliquidens), le dauphin de Dall (Phocoenoides dalli) et le dauphin à gros nez (Tursiops truncatus) (Baird, 1992). Le béluga et l’épaulard constituent la plus grande part des captures.

Le programme de capture de l’épaulard dans les eaux canadiennes du Pacifique a débuté en 1964 (Newman et McGeer, 1966), pour rapidement prendre de l’expansion (Bigg et Wolman, 1975; Reeves et Leatherwood, 1984; Hoyt, 1992). Au total, 25 épaulards ont été capturés au large de la Colombie-Britannique (Hoyt, 1992); d’autres individus ont aussi été capturés dans les eaux du nord-ouest des États-Unis (Asper et Cornell, 1977). Des épaulards ont aussi été importés de l’Islande.

Les premières captures de bélugas vivants dans le fleuve Saint-Laurent étaient faibles. Entre les années 1800 et 1965, année de la dernière capture, quelque 30 animaux ont été pris (Reeves et Leatherwood, 1984). Les premiers bélugas en captivité signalés au Canada en 1967 étaient des individus capturés accidentellement en Alaska. Ils ont été gardés au Vancouver Aquarium pendant 9 et 13 ans, respectivement (Cowan, 1992).

L’intention première du MPO lorsqu’il a élaboré un programme de capture de bélugas vivants en 1967 était de promouvoir la compréhension et l’appui du public pour la gestion et la conservation des cétacés de l’Arctique par le biais de l’éducation et de la sensibilisation. Au total, 68 bélugas ont été capturés dans l’estuaire du fleuve Churchill entre 1967 et 1992.

La capture du béluga dans les eaux canadiennes aux fins d’exportation a été interdite en 1992, tandis que la capture de l’épaulard à quelque fin que ce soit a été interdite en 1975 (Cowan, 1992). En 1983, on a délivré des permis pour la capture du dauphin à nez blanc emprisonné dans les glaces aux fins de présentation au Mystic Aquarium (Buck et Spottee, 1986). On a essayé de capturer le narval jusqu’en 1987 (Goodman, 1988). Aucun cétacé vivant n’a été capturé au Canada aux fins d’exposition au public depuis 1992 (Cowan, 1992).

Il se peut que des cétacés aient été capturés et gardés pour de courtes périodes à des fins scientifiques ou cliniques, mais il est difficile d’obtenir les dossiers pertinents. La capture de baleines et de phoques vivants en vue de les munir de dispositifs de télémesure avant de les remettre en liberté peu après au même endroit a continué depuis ce temps (Richard et al., 1998; Heide-Jorgensen et al., 1998; Richard et al., 1997; Stenson et al., 1998). La capture de phoques et de loutres de mer a aussi été permise; certains des animaux capturés ont été gardés en captivité, mais encore là, il est difficile de trouver les dossiers pertinents. À l’heure actuelle, les dossiers de demande de permis de capture de mammifères marins et les résultats des efforts de capture sont difficiles à obtenir des bureaux régionaux du MPO ou de l’administration centrale du MPO à Ottawa. Il ne semble pas exister d’inventaire systématique des demandes de permis, du traitement des demandes ou des captures réalisées, sauf dans le cas du béluga capturé vivant aux fins de garde en captivité (Moshenko, 1992; 1999).

Table des matières


2 b.  Inventaire des mammifères marins en captivité au Canada

Un total de 13 établissements canadiens gardent des mammifères marins en captivité, au moins pendant une certaine période: 24 otaries, 36 phoques, 3 loutres et 17 baleines. Est présentée au tableau 1 une liste des établissements et des animaux en captivité.

Tableau 1: Inventaire des mammifères marins gardés en captivité au Canada


1 male
Établissement Espèce nbre/sexe Source

Valley Zoo
Edmonton, (Alb.)
otarie de Californie 3 femelles 2 capturées au Pérou

19 ans née en captivité;
8,,5 ans


Canada's Wonderland
Niagra Falls, (Ont.)
otarie de Californie ? Louées à la saison de la Marine Animal Prod., Biloxi
Miss.

Zoo de Granby

Qc

phoque gris 1 mâle

2 femelles

1 né au zoo, 1 de l'Université de Granby
Guelph et 1 de Marineland

Centre des sciences de la mer Huntsman
St.Andrew's (N.B.)
Animaux viennent de l’Aquarium de   Shippagan, où ils sont gardés pendant l’été)

Marineland
Niagra Falls, (Ont.)
épaulard
dauphin à nez blanc
phoque gris
phoque commun
otarie de Californie
7
1
2
1
16
aucune autre information reçue

Zoo de Saint-Félicien phoque gris 1 mâle
1 femelles
né en captivité en 1986
né en captivité en 1984

Bioparc de la Gaspesie
Bonaventure, Qc
phoque  commun 1 mâle

1 femelle
1 femelle
né en captivité,  2 ans
née à l’Î.-P.-É., 15 ans
né en captivité, 5 ans
né en captivité, 1 ans.

Ocean Sciences Centre
St. John's, (T.-N.)
phoque du  Groenland 

phoque commun
1 mâle
l mâle
1 femelle
l mâle
en captivité depuis 10 ans
captivité
en captivité depuis 10 ans
en captivité depuis plus de 10 ans

Provincial Wildlife Park
Subernacadie,  (N.-É.)
U. Dalhousie
phoque commun 2 né au parc il y a 20 ans,; 1 obtenu en 1998

Aquarium du Québec

Québec (Qc)

phoque  commun

phoque à capuchon

phoque gris
l femelle

6 femelles

l mâle
l femelle

2 femelles

Capturée en mer en 1969,
l5 petits nés à l’Aquarium
nées en 1990; 1991; 1996; 1998
capturé en 1983
obtenue du Biodôme en 1984;
née en captivité en 1984; 1985.

Aquarium et Centre marin, ,
Shippigan, (N.-B.)
phoque commun 1 femelle

1 mâle

1 femelle

1 femelle

25 ans

15 ans, capturé en 1984

née à l'Aquarium en 1996

née à l'Aquarium en 1998


Vancouver Public Aquarium Vancouver, (C.-B.) épaulard 1 femelle 23 ans+,
capturée en Islande
béluga 1 mâle capturée en Churchill
3 femelles capturée en Churchill11, 15, 28 ans
1 femelle née au VA, 3 ans
1 femelle capturée en Californie, 33 ans
flancs blancs
loutre de mer 2  mâles nés en captivité, 9 et l6 ans
1 femelle capturée à Valdez, en Alaska, 10 ans
otarie de Stellar 3 mâles capturée à l'in Scott 5, 1, 1 ans
2 femelles Captured in Scott Is.:toutes deux 1 an
phoque commun 2 femelles captures cliniques en C.-B. 1 et  2 ans
1 an

West Edmonton Mall
Edmonton (Alb.)
dauphin à gros nez 2 mâles
2 femelles
capturés en mer
obtenues en 1985 du Dolphin Research en Floride

Quelque 1429 mammifères marins sont gardés en captivité dans les 116 établissements qui existent aux États-Unis (APHIS, 1999), soit 443 cétacés, 812 pinnipèdes, 29 siréniens, 21 mustélidés et 111 ours polaires. Le dauphin à gros nez, le phoque commun (Phoca vitulina), l’otarie de Californie (Zalophus californianus) et l’ours polaire (Ursus maritimus) sont les principales espèces concernées, constituant 74 % de la population de mammifères marins gardés en captivité (APHIS, 1999).

Il est important de voir dans son contexte l’ampleur de la garde en captivité et le nombre d’animaux réellement touchés.

Table des matières


2 c.  Captures accidentelles de mammifères marins dans des engins de pêche

Les opérations de pêche sont responsables de la plupart des captures de mammifères marins vivants au Canada, des milliers étant ainsi pris chaque année. De telles captures accidentelles se produisent à l’échelle de la planète, constituant souvent la principale cause anthropique de mortalité chez de nombreuses populations.

On estime que quelque six millions de dauphins ont été capturés et tués dans les eaux tropicales du Pacifique est, dans le cadre de la pêche du thon à la senne coulissante (Hofman, 1990; Joseph, 1994). Bien qu’ayant été réduites, ces captures atteignaient encore un total de 15 539 animaux par année aussi récemment que 1992 (Joseph, 1994). Quelque 15 000 marsouins de Dall ont été capturés dans le Pacifique nord, dans le cadre de la pêche du saumon au filet dérivant (Hofman, 1990). La pêche au filet tendu en Californie réalisée du milieu des années 1980 à 1994 a récolté entre 2 000 et 4 000 otaries de Californie par année et des phoques communs à un taux variant entre 500 à 2 000 par année. Selon des estimations, les captures accidentelles ont réduit de moitié les populations du phoque commun (Barlow et. al., 1994). Les pêches dans l’Atlantique affichent des niveaux aussi élevés de captures accidentelles (Waring et al., 1990). Perrin et al.(1994) font un excellent résumé de l’étendue des captures de cétacés dans des engins de pêche passifs à l’échelle mondiale. En particulier, il est évident que, dans le cas des petits cétacés, les captures accidentelles représentent la plus grande menace à laquelle ils font présentement face.

De grosses baleines à fanons et une variété de dauphins et de phoques sont capturés au Canada, les captures accidentelles de phoque du Groenland (Phoca groenlandia) et de phoque commun étant extrêmement communes. Le phoque commun, le dauphin de Dall, le dauphin à flancs blancs du Pacifique, l’épaulard, la baleine grise de Californie (Eschrichtius robustus) et le rorqual à bosse (Megaptera novaeangliae) sont capturés dans le cadre de la pêche du saumon au filet dérivant en Colombie-Britannique (Barlow et al., 1994). Baird et al. (1990) ont estimé que quelque 11 baleines grises de Californie sont capturées chaque année en Colombie-Britannique. Des mammifères marins sont aussi capturés accidentellement dans les eaux canadiennes de l’Arctique (Lien, MUN, obs. pers.). Dans le cas de l’Atlantique, Lien (1994) a documenté la capture accidentelle d’une moyenne de 80 grosses baleines par année entre 1979 et 1990. Les prises de phoque commun et de phoque du Groenland dans les pêches aux filets fixes à Terre-Neuve et au Labrador sont particulièrement élevées, se chiffrant dans les milliers par année (Lien et al., 1994) . Fontaine et al. (1994) estiment que quelque 1 900 marsouins communs sont capturés accidentellement chaque année dans les eaux québécoises du golfe du Saint-Laurent. Des marsouins communs sont aussi capturés dans la baie de Fundy (Gaskin, 1994; Tripple et al., 1996; Richter, 1998).

L’ampleur des captures de mammifères marins dans des engins de pêche est un problème beaucoup plus grave pour les populations sauvages de mammifères marins que ne l’est la capture délibérée d’animaux vivants aux fins d’étude scientifique ou de mise en captivité. Bien qu’il soit extrêmement peu probable que la capture délibérée d’animaux vivants ait un impact même minime sur les populations sauvages, cela n’est pas le cas des captures accidentelles, tant sur le plan du bien-être des animaux que de leur conservation.

Les organismes responsables de la gestion de la faune doivent faire appel à une quelconque pondération numérique. La capture délibérée de mammifères marins aux fins de mise en captivité ne représente qu’un minuscule pourcentage de toutes les captures à l’état vivant. Dans certains cas, les captures accidentelles dans des engins de pêche constituent une grave menace à la conservation des populations sauvages. Typiquement, le bien-être de l’animal ainsi capturé est gravement compromis. Le niveau d’inquiétude et d’importance que le public donne à la capture délibérée de mammifères marins vivants et à leur maintien en captivité est fortement disproportionné par rapport à n’importe quel impact sur le plan du bien-être ou de la conservation. Je crois que cela vient de l’exposition proche et répétée à des individus en captivité, de la connaissance personnelle et individuelle d’animaux en captivité et des préoccupations conséquentes pour le bien-être de ceux-ci.

Table des matières


3.  Méthodes utilisées dans le présent examen

a.   Vues publiques
b.   MPO
c.   Capture d’animaux vivants dans d’autres pays
d.   Règlements et normes pour la mise en captivité au Canada
e.   Recherches documentaires


3 a.    Vues publiques

Pour obtenir les vues du public sur la capture d’animaux et leur mise en captivité, des bulletins ont été affichés à des babillards électroniques, y compris MARMAM, Scuttlebutt (National Marine Education Association) et AQUARIA. Des lettres ont aussi été envoyées à des intervenants canadiens s’intéressant à la question, soit sur le plan professionnel ou personnel (n = 42), à des groupes intéressés (n = 32) et à des directeurs d’aquariums à l’échelle de l’Amérique du Nord (n = 21). Le MPO a accepté que je recherche l’opinion de certains de ses chercheurs qui se servent de mammifères marins vivants dans le cadre de leurs recherches et de certains de ses gestionnaires qui administrent ces activités.

Les individus et les groupes approchés ont été invités à me présenter un mémoire et j’ai demandé à chacun la permission explicite de l’y inclure. Le premier contact a souvent été suivi de discussions ultérieures.

J’ai approché plusieurs journaux nationaux pour mettre les gens au courant de l’examen et leur dire que je tiendrai compte de leurs commentaires sur les questions touchant la capture et la mise en captivité de mammifères marins.

Après un premier contact par courriel, j’ai communiqué avec de nombreuses personnes pour discuter de leurs vues ou obtenir d’autres renseignements. Dans de nombreux cas, les discussions par voie électronique m’ont permis de mieux comprendre les inquiétudes et les valeurs des intervenants, ainsi que la situation des mammifères marins gardés en captivité du point de vue de leurs gardiens et d’autres personnes.

Lors de consultations tenues à Ottawa (du 22 au 26 janvier), à Winnipeg (du 1er au 3 février), à Vancouver (du 4 au 10 février), à Niagara Falls (les 25 et 26 février), à Toronto (le 27 février) et à nouveau à Ottawa (du 1er au 3 mars), j’ai consacré la plus grande partie de mon temps à rencontrer les personnes et les groupes intéressés. La plus grande partie du temps des consultations a été consacrée à la rencontre des personnes pouvant particulièrement contribuer à l’évaluation des questions de capture d’animaux et à l’examen des recommandations.

Table des matières


3 b.    MPO

Le MPO a mis à ma disposition des dossiers et des renseignements internes sur la capture de mammifères marins, ainsi que des rapports de contrats (Baird, 1992) et des examens antérieurs (Cowan, 1992). J’ai obtenu de Ian McTaggert Cowan (ancien président) et de Dan Goodman (ancien conseiller du MPO sur les mammifères marins) de l’information additionnelle recueillie dans le cadre de discussions sur la capture à l’état vivant organisées par le Comité consultatif des mammifères marins. Pour mieux comprendre les méthodes antérieures de capture de béluga, j’ai interviewé Robert Moshenko, qui gérait le programme de capture de mammifères marins vivants dans la région Centre et Arctique du MPO avant de prendre sa retraite.

Table des matières


3 c.    Capture d’animaux vivants dans d’autres pays

Afin d’établir les méthodes et les normes appliquées dans d’autres pays, en particulier aux États-Unis, j’ai eu des entretiens téléphoniques avec John Twiss et Bob Hoffman, de la Marine Mammal Commission des États-Unis, Kevin Chu et Art Jeffers, du National Marine Fisheries Service de la NOAA, et Terri Rowles, du Plant and Animal Health Inspection Service du ministère américain de l’Agriculture. Michael Woodford m’a fourni de l’information sur la politique de l’UICN pour la capture d’animaux vivants. Cam Elliott m’a expliqué les politiques du Manitoba relatives aux normes applicables aux établissements destinées à abriter les ours polaires capturés. Margaret Kilinoska et Peter Barrett m’ont fourni des documents et des renseignements utiles sur les examens et les politiques en Angleterre, tandis que Neil Gribble m’a aidé avec les examens de l’Australie.

Table des matières


3 d.  Règlements et normes pour la mise en captivité au Canada

J’ai eu des discussions avec des représentants du Conseil canadien de protection des animaux, du groupe de l’hygiène vétérinaire du ministère de l’Agriculture, du ministère de la Justice, d’Environnement Canada et des autorités provinciales. Le Comité de protection des animaux de l’Association canadienne des vétérinaires (ACV) m’a aidé à élaborer des projets de normes pour la mise en captivité basées sur les normes CAZPA (CAZPA, 1995) et le règlement sur les mammifères marins de la USDA (APHIS, 1992; 1999).

Table des matières


3 e.  Recherches documentaires

Searches of current contents were made on Unicorn using live-capture of marine mammals, marine mammal captivity, captive cetaceans, captive whales, captive seals, captive pinnipeds. Searches were also made on informal education, values education, animal rights, animal welfare, educational evaluation and the like. Searches for relevant literature were also made using the Internet database of Aquatic Sciences and Fisheries Abstracts, ERIC, Biological Abstracts, Psychological Abstracts. In addition, contacts with individuals and groups solicited relevant reports in grey literature, or unpublished studies that were relevant. A bibliography of literature consulted during the review is presented. Although I consulted the listed publications I have not used them all, or uniformly, in finally forming my ideas. At the end of my study I was left with the unpalatable feeling that the wisdom required for this review had not adequately been yet expressed in published words, or existed only in grey literature which eluded me.

Table des matières


4.  Mandat de Pêches et Océans

Le ministère des Pêches et des Océans se voit comme un chef de file mondial en matière de gestion des océans et des ressources marines. Il est « responsable des politiques et des programmes à l’appui des intérêts économiques, écologiques et scientifiques du Canada dans les océans... ; de la conservation et de l’utilisation durable des ressources halieutiques du Canada... ; et de services maritimes sécuritaires, efficaces et écologiques qui répondent aux besoins des Canadiens... » (MPO, 1998). « Le Canada est déterminé à promouvoir la connaissance des océans, des phénomènes océaniques ainsi que des ressources et des écosystèmes marins, en vue d’assurer la préservation des océans et la durabilité de leurs ressources ». En outre, « le Canada reconnaît que les océans et les ressources marines offrent des possibilités importantes de diversification et de croissance économiques » (Loi sur les océans, 1996). Pour satisfaire à son mandat, le Ministère recueille et analyse de l’information, présente des communications aux intervenants de la collectivité maritime et au grand public, élabore des plans de gestion intégrée, et gère et protège les ressources océaniques. Pour atteindre ces objectifs, les Canadiens devront comprendre, apprécier et accepter la valeur de l’environnement marin et appuyer les mesures du MPO pour sa gestion. Le MPO s’acquitte de son mandat en recherchant l’appui de ses activités et le respect des règlements nécessaires. Pour ce faire, il s’assure le concours des intervenants du milieu océanique aux programmes du Ministère et exige qu’ils prennent plus de responsabilités et qu’ils rendent des comptes (MPO, 1997).

Le MPO gère des gens, et non des poissons ou des océans. Un public sensibilisé, qui se préoccupe des océans et de leurs habitants, et bien renseigné au sujet des besoins de les conserver et de les protéger, est donc un élément essentiel du processus gestionnel. Le public doit comprendre le besoin d’initiatives de gestion et, en fin de compte, les appuyer.

Comme la plupart des Canadiens portent un intérêt passionné aux mammifères marins, ils tiennent à coeur leur conservation et leur protection. Ces animaux sont devenus des symboles de l’abus que nous faisons de la nature et de la santé de l’écosystème océanique, et un sujet de prédilection pour les pionniers de l'exploration de la relation entre l’homme, les animaux et la nature. Leur existence dans un paysage que nous exploitons et que nous modifions rapidement est considérée comme le grand défi de la conservation moderne (Lien, 1992). Ce groupe d’animaux fournit au MPO un point de contact naturel avec la plus grande partie du public canadien.

La popularité des mammifères marins signifie que le MPO ne peut pas les gérer comme le poisson. Le public appuie fortement les programmes de gestion et de recherche scientifique portant sur toutes les espèces de mammifères marins, y compris celles désignées comme des espèces n’ayant pas un intérêt commercial. Il veut que sa passion pour ces animaux soit exprimée par des mesures gouvernementales et une gestion de haute qualité; aucun autre organisme de réglementation ou de gestion ne peut remplir ce mandat. Le Ministère devrait reconnaître cette réalité fondamentale dans ses politiques et programmes. La réputation du MPO auprès du public canadien dépendra plus des activités qu’il mènera à l’égard de ces animaux que tout autre groupe. Les mammifères marins offrent au MPO l’occasion inégalée de communiquer avec le public canadien, que le MPO le veuille ou non. La popularité des mammifères marins est pour le Ministère tout autant une responsabilité qu’une occasion.

 


5.  Attitudes envers la faune et l’utilisation d’animaux

a.    Utilisation et protection des animaux
b.    Protection des animaux  

Les vues sur la capture et la mise en captivité de mammifères marins sont un exemple très ciblé d’une attitude générale en évolution envers la faune.

Dans son étude des jardins zoologiques, Croke (1997) conclut qu’ils ne sont pas une fenêtre sur la nature mais plutôt un prisme qui dévie la direction de la lumière selon la culture où il est placé. Bien que diverses cultures aient fréquemment considéré que les hommes sont inexorablement liés aux autres créatures par une conscience commune ou des liens spirituels, elles ont quand même utilisé celles-ci comme des symboles, des exemples et des sources d’aliments, de vêtements et de travail. Le concept que tous les êtres vivants sont sacrés n’interdisait pas forcément leur utilisation, mais assurait que cela était fait avec respect (McLuhan, 1994). Respect et protection des animaux ne signifient pas typiquement que nous ne les utilisons pas à nos propres fins. Bien que notre droit de le faire puisse être mis en question, nos besoins ne le sont pas. Par contre, nos besoins changent avec le temps.

La culture urbaine commerciale qui enveloppe maintenant le monde voit la nature comme une ressource. En Amérique du Nord, cette valeur commerciale de la faune est généralement reconnue et nombreux sont ceux qui l’inscrivent dans une catégorie du marché (écotourisme, produits de la faune). Mais la distance même qui sépare l’homme de la nature semble avoir causé une névrose d’abandon qui est en voie de se résoudre par des attitudes profondément modifiées (Singer, 1975; Wilson, 1984; Kellert, 1996). Notre culture a de nombreuses sortes de valeurs : morales, religieuses, esthétiques, politiques, juridiques, scientifiques, sociales, éducationnelles, historiques, etc. La faune, adéquatement valorisée, possède toutes ces sortes de valeurs; il est impossible de bien l’évaluer si l’on insiste que celles-ci doivent se limiter à une catégorie particulière (Rolston, 1994). Le monde moderne commence à estimer les animaux sous de nombreux angles.

Les mammifères marins en particulier ont commencé à être valorisés dans le monde industrialisé. Ellis (1991) décrit les baleines comme des mythes et des déités qui sont devenus des produits pour ensuite redevenir des mythes. En regroupant toutes les diverses espèces en un symbole unique, nous avons maintenant élevé un animal à un statut presque divin. Les gens qui ont fait cela l’ont fait involontairement, sans l’idée de créer un nouveau mythe mais plutôt pour des raisons d’ordre pratique. Dans la nouvelle religion qu’est la conservation environnementale, nous avons élu la baleine comme notre porte-drapeau, le symbole de tout ce qui est bon ou mauvais pour notre planète (Ellis, 1991).

Mais les attitudes envers les animaux, plus précisément les mammifères marins, sont complexes. Kellert (1984; 1996) a examiné les attitudes des Américains envers la faune et a établi une topologie des traits complexes. Les attitudes envers les animaux et l’environnement incluent des grappes de croyances qu’il identifie comme des vues naturalistes, écologiques, humanistes, moralistes, scientifiques, esthétiques, utilitaires, dominantes et négatives (Kellert, 1984). Bien qu’il soit commun d’étiqueter des individus d’après une seule dimension stéréotypée comme des conservationnistes, des scientifiques ou des consommateurs par rapport à la faune, la topologie de Kellert nous sensibilise certainement à la diversité des valeurs et des attitudes possibles envers les animaux.

Table des matières


5 a.  Utilisation et protection des animaux

En général, les Nord-Américains considèrent la faune comme très importante. Environnement Canada mène des sondages sur l’importance de la faune pour les Canadiens depuis 1981 (Fillion et al., 1985; Fillion et al., 1993; F.L.Fillion, comm. pers., 1999). Ces études ont révélé sans exception un niveau très élevé d’activités liées à la faune au Canada, auxquelles a participé de 85 à 90 % de la population. Les activités respectueuses de la faune, trois fois plus communes que les interactions non rationnelles, ont affiché une hausse régulière dans les années 80 et 90. L’observation de la faune dans les jardins zoologiques et les aquariums constitue une part de plus en plus forte de cette tendance.

Il importe beaucoup aux Canadiens (86 %) que les animaux abondants soient protégés et que les espèces animales en déclin ou en voie de disparition soient conservées (83 %). Ils sont prêts à payer plus pour des produits (60 %) si cela signifie que les animaux et l’habitat seront protégés. Beaucoup ont demandé que le gouvernement poursuive des politiques proactives favorisant les efforts de conservation et les lois sur la protection de l’environnement et qu’il mette de l’avant l’éducation environnementale dans les écoles et auprès du grand public (Fillion et al., 1993). Il existe toutefois d’importantes différences culturelles même à l’échelle du Canada, clairement apparentes dans les activités visant la faune. En 1991, la Colombie-Britannique a enregistré le niveau le plus élevé de participation à des activités respectueuses de la faune, tandis que les provinces de l’Atlantique affichaient le niveau le plus bas (Fillion et al.,1993).

Les Nord-Américains s’intéressent non seulement à la faune et à sa conservation, mais ils s’inquiètent de plus en plus du traitement et de l’utilisation des animaux. Un sondage mené en 1989 auprès d’Américains adultes a révélé que le public se préoccupe plus du traitement des animaux relativement petits utilisés pour la recherche que de l’abattage d’un nombre beaucoup plus élevé d’animaux aux fins d’alimentation (Animal Policy Report, 1995). De 15 à 20 % du public américain voudraient que l’on cesse d’utiliser des animaux à des fins de recherches et d’expériences. Mais 85 % croient qu’il est acceptable de tuer des animaux comme source d’aliments. Dans le cadre du même sondage, 66 % des Américains croyaient qu’il était acceptable de capturer des animaux en vue de les garder en captivité dans des jardins zoologiques et des aquariums et 63 % approuvaient les spectacles d’animaux. Mais 74 % des personnes sondées s’inquiétaient beaucoup de la manière dont les jardins zoologiques, les aquariums et les parcs d’animaux traitaient les animaux en captivité (Roper, 1992). Même les enfants partagent cette attitude.

Le financement de la recherche sur les animaux est une question complexe : seuls de 11 à 12 % des gens s’opposent à l’utilisation d’animaux pour la recherche sur le cancer, mais 60 % s’opposent à leur utilisation pour la recherche sur les produits de beauté (Animal Policy Report, 1995). Il est important de noter que les vues à ce titre changent rapidement. Lorsqu’on a demandé si la recherche faisant appel à des chiens et à des chimpanzés et leur causant des souffrances devait être permise, 63 % des sondés se sont dits d’accord ou fortement d’accord en 1988; ce pourcentage est passé à 50 % en 1990 et à 53 % en 1993 (Animal Policy Report, 1995). Un examen plus récent de l’utilisation d’animaux en recherche médicale indique peut-être que d’autres changements sont en vue (Barnard et Kaufman, 1997). Le virage des vues du public sur les utilisations particulières d’animaux suit les tendances générales des vues sur les animaux dans l’ensemble et de notre relation avec eux (Carson, 1972; Hoage, 1989; Bostock, 1993; Norton et al., 1994, Croke, 1997; Honey, 1999). Lauerman (1999) a fait un excellent examen de ces changements.

Les préoccupations au sujet de la protection des animaux sauvages utilisés pour la recherche limitent généralement les recherches légitimes aux études qui contribuent directement à la conservation et à la protection d’une espèce ou d’espèces apparentées (Mayer, 1998). Mais cette exigence doit souvent être soigneusement interprétée étant donné que la recherche fondamentale doit fournir les réponses et les applications scientifiques les plus importantes. Certains chercheurs, dont Mayer (1998) et Barnard et Kaufman (1997), sont d’avis que l’information obtenue d’animaux sauvages en captivité est typiquement trompeuse, inutile ou superflue, tandis que leurs collègues considèrent de telles recherches comme nécessaires et utiles. Ceux-ci préconisent toutefois des contrôles et des normes applicables à toutes les recherches sur les animaux en captivité (Anon., 1984; 1995).

La publication de l’ouvrage de Singer (1975) sur les droits des animaux est souvent citée comme étant à l’origine de la sensibilisation du public à la protection des animaux. Singer signale que nous avons de bonnes raisons de croire que les animaux ont une mémoire et des émotions et qu’ils sont sensibles, mais nous n’accordons pas aux hommes des droits basés sur des traits comme l’intelligence ou la capacité de fonctionner. Plutôt, nous les accordons également à tous de sorte à optimiser le bien-être individuel. Par conséquent, les animaux, comme les hommes, ont le droit de maximiser leur bien-être. Un sous-comité parlementaire de la Nouvelle-Zélande délibère présentement d’une loi qui accorderait pour la première fois des droits légaux fondamentaux aux chimpanzés et à d’autres grands singes (Chandler, 1999). D’après Zupko (in Lauerman, 1999), on ne peut pas dire que les animaux sont assez différents des hommes pour qu’il soit acceptable de les utiliser à des fins expérimentales et qu’ils ressemblent assez aux hommes pour que les résultats des expériences soient valides.

Bien que les débats sur l’utilisation d’animaux en science font rage depuis plusieurs décennies, le public est de plus en plus préoccupé par la question (Jasper et Nelkin, 1992). La réglementation actuelle sur la protection des animaux que le ministère de la Justice est en voie de passer en revue a reçu un appui massif de la part du public canadien favorisant des lois plus sévères (Anderssen, 1999).

On s’accorde clairement pour dire que les animaux, s’ils sont utilisés, doivent être traités de façon optimale. Selon Rowen (in Lauerman 1999), tous les intervenants, qu’ils fassent des recherches sur les animaux ou non, reconnaissent que cela n’est pas le cas. Il est d’avis que si la société ne croyait pas que les chercheurs ont besoin de données, ceux-ci ne feraient pas de recherches sur les animaux. Mais la société le croit, tout comme les scientifiques. Il existe par contre un conflit entre l’inquiétude des chercheurs de causer des souffrances et de la détresse, et de tuer des animaux, et leur besoin de nouvelles connaissances. Ils veulent encourager les gens à donner une plus grande priorité à la protection des animaux sans compromettre leur capacité de recueillir de l’information. Ils communiquent avec les comités d’utilisation et de protection des animaux et leur demandent de les aider à identifier les techniques causant des souffrances et de la détresse et à cerner des moyens de les éliminer des recherches. L’utilisation d’animaux occasionne la responsabilité d’assurer leur bien-être et de minimiser dans la mesure du possible tous les coûts pour l’animal. Mais il se peut que la société considère certaines utilisations comme n’étant pas acceptables.

Table des matières


5 b.  Protection des animaux

On a donné beaucoup d’attention à la tâche de fournir des installations et des soins adéquats aux mammifères marins en captivité. L’élevage de tous les animaux domestiques et sauvages inclut maintenant toutes les exigences visant le bien-être des animaux, que Olfert et al. (1993) décrivent comme suit:

  • l’état d’un animal en ce qui concerne ses efforts pour faire face à son environnement (Broom, 1988);

    - le maintien de normes appropriées de logement, d’alimentation et de soins généraux, et la prévention et le traitement des maladies (Blood et Studdert, 1988);

  • tous les aspects du bien-être des animaux, y compris le logement, la gestion, la nutrition, la prévention et le traitement des maladies, les soins responsables, la manutention sans cruauté et, lorsque nécessaire, l’euthanasie sans cruauté (AVMA, 1990);

    - le bien-être physique et psychologique des animaux (Fraser, 1989);

  • un état ou une condition d’harmonie physique et psychologique entre l’organisme et son environnement (Hurnik, 1988);

    - l’absence de stress (RSPCA, 1992);

  • la dignité - accorder aux animaux la dignité naturelle qui leur est due à titre de créatures vivantes sensibles (Hollands, 1980).

L’absence de stress, l’acoustique des bassins, la reconnaissance des conditions sociales typiques de l’animal et l’inclusion d’éléments de son milieu naturel dans son maintien comptent parmi les exigences de toute conception récente du bien-être des mammifères marins en captivité. Il est difficile d’assurer cela avec un quelconque jeu de normes minimales acceptées car, une fois établies, ces normes minimales sont considérées comme étant la seule norme. La mauvaise connaissance des besoins des animaux et la carence d’information limitent la portée des normes de bien-être, tandis que les limites du développement de la technologie et des techniques gênent leur mise en oeuvre pratique. Les disciplines cliniques ont adopté des normes des meilleures pratiques de soin pour pallier cette carence. L’application d’une meilleure pratique jugée par des spécialistes compétents comme une norme intègre de manière opportune à l’élevage des animaux les nouvelles données et les nouveaux développements en matière de bien-être et permet d’éviter la difficulté de voir des normes minimales devenir la règle (J. Wong, CCAC, comm. pers.).

Les plaintes au sujet de la protection inadéquate de mammifères marins en captivité sont raisonnablement communes. Le décès d’animaux au début de leur mise en captivité en a alimenté une partie. Klinowska et Brown (1986) notent que le comportement stéréotypé chez les dauphins en captivité est commun (Pilleri, 1983); ce comportement anormal est typiquement interprété comme étant le résultat du stress et de l’ennui (Hediger, 1950; 1958; Fox, 1968). Dans presque tous les cas, les animaux sont isolés au moment de la mise en captivité, la plupart des établissements ne permettant pas de les loger adéquatement ensemble (Cowan, 1992; Hoyt, 1992). Qui plus est, presque toutes les établissements ne peuvent pas inclure d’éléments naturels dans les bassins. On ne fait que commencer à offrir aux mammifères marins en captivité une diversité environnementale par le biais de techniques d’enrichissement des bassins. Tous ces problèmes communément signalés donnent lieu à des inquiétudes au sujet du bien-être de ces animaux.

Table des matières


6.  Attitudes envers les mammifères marins et leur utilisation

Les descriptions des attitudes et de l’attachement de l’homme à des mammifères marins sont principalement anecdotiques, mais des sondages révèlent aussi souvent que les baleines et les phoques sont les animaux sauvages privilégiés (Walter et Lien 1985). Les baleines sont considérées comme intelligentes, très sociales et « nous ressemblant »; elles ont la faveur des Nord-Américains (Lien et Walter, 1985; Lien et Atkinson, 1988). Les phoques, considérés comme mignons, suivent de près (Walters et Lien, 1985; Henke, 1985).

Tilt (1986) a mené un sondage (n = 310) des connaissances et des attitudes en relation avec l’observation des baleines en Californie, qui incluait des énoncés de perception, d’attitude et de connaissance. En général, les personnes sondées étaient bien informées au sujet de l’impact de la chasse baleinière sur la baleine grise, mais elles l’étaient moins au sujet de la biologie des animaux. Les observateurs de baleines (70 %) avaient typiquement visité des parcs marins ou des océanariums une fois ou plus. Les participants au sondage s’opposaient vivement à la chasse baleinière (74 %), mais approuvaient la mise en captivité de baleines aux fins de recherche et d’éducation. Quatre-vingt-six pour cent jugeaient que voir une baleine en mer était l’une de leurs expériences du plein air les plus intenses, tandis que 88 % voulaient toucher une baleine. L’activisme peut accompagner l’intérêt pour les animaux et leur observation: ainsi, 55 % des observateurs de baleines sondés ont indiqué qu’ils étaient prêts à consacrer du temps à des activités de protection de ces animaux. Les résultats de Tilt (1986) sur les attitudes résultant de l’observation des baleines sont présentés au tableau 2.

La classification des observateurs de baleines ne correspondait pas exactement à la topologie des attitudes de Kellert (1984). La plupart des personnes sondées se classaient dans les catégories des attitudes naturalistes (76 %), moralistes (63 %), scientifiques (38 %), humanistes (31 %) ou utilitaires (30 %), tandis qu’environ 80 % des personnes qui avaient participé à des activités d’observation des baleines croyaient que ces dernières avaient peu d’incidence sur les cétacés.

Tableau 2: Réponses aux énoncés de la valeur accordée à l’expérience de l’observation des baleines (Tilt, 1986).


Énoncé % fortement/modérément d’accord

L’observation des baleines est l’une des plus fantastiques expériences de la faune que j’ai jamais eues.

75

Voir des baleines en mer m’a convaincu qu’elles sont des créatures magnifiques et gracieuses.

88

Réellement voir des baleines en mer a nettement accru mon appui et mon engagement à la cause de la conservation des baleines.

83

Table des matières

En 1989, le MPO a chargé la société Angus Reid Associates, Inc.de mener un sondage d’opinion des Canadiens (n = 1 500) au sujet de la capture de bélugas vivants. Les résultats du rapport sont résumés au Tableau 3. Les personnes sondées approuvaient la mise en captivité de cétacés et trouvaient ce contact avec les animaux intéressant et éducatif.

Tableau 3 :
Résultats du sondage d’opinion des Canadiens fait en 1989 par la société Angus Reid au sujet de la capture de bélugas vivants.


Énoncé % fortement/modérément d’accord

J’ai visité un parc marin.

67 (49-94)

La visite de l’aquarium était « éducative ».

80 (74-89)

La visite était intéressante

93 (90-96)

La visite était excitante.

81

J’appuie la capture de bélugas vivants pour l’observation éducative.

71

J’appuie la capture de bélugas vivants pour la recherche.

75

Table des matières

La société Decima Research a mené un sondage semblable auprès de 1 200 Canadiens en 1992. Les résultats, présentés au Tableau 4, révèlent que 71 % des personnes sondées avaient visité un parc marin ou un aquarium. La population recensée approuvait la mise en captivité du béluga, mais non de l’épaulard; elle était en outre d’avis que le maintien en captivité devait être régi par des normes et que le gouvernement était probablement responsable de celles-ci.

Les résultats du sondage Decima (1992) reflètent l’importance des différences individuelles des vues envers les animaux et leur utilisation. Les habitants de la Colombie-Britannique sont beaucoup plus susceptibles de visiter un aquarium, tout comme les individus plus riches et cultivés. En général, le niveau d’appui de la mise en captivité de baleines se rapprochait de celui du sondage Roper (1999).

En août 1991, le Vancouver Aquarium a fait un sondage auprès de personnes choisies au hasard dans le grand public (n = 400), de 200 visiteurs de l’aquarium (n = 200) et de 100 membres de l’aquarium (n = 100). Au total, 70 % approuvait la présence d’épaulards et d’autres cétacés à l’aquarium; l’appui était plus marqué chez les visiteurs (88 %) et les membres de l’aquarium (91 %) (VA, 1992).

Tableau 4 :
Résultats du sondage d’opinion des Canadiens mené par la société Decima Research (1992) au sujet des parcs marins et de la capture et de la mise en captivité de baleines aux fins de divertissement, d’exposition publique et de recherche.


Énoncé % d’accord

La visite au parc marin était excitante.

96%

La visite au parc marin était éducative

83%

La visite au parc marin était excitante.

59%

J’appuie la mise en captivité du béluga aux fins d’éducation.

72%

J’appuie la mise en captivité du béluga aux fins de recherche.

78%

J’appuie la mise en captivité du béluga aux fins d’observation publique.

61%

J’appuie la mise captivité de l’épaulard aux fins d’observation publique.

39%
Des normes devraient régir le maintien en captivité et le soin des baleines. 95%

Le gouvernement devrait être responsable des normes.

48%

Table des matières

Lors du sondage de 1991, 49 % des résidants de la Colombie-Britannique enquêtés ont mentionné que l’éducation était la principale priorité du Vancouver Aquarium, tandis que 33 % considéraient que c’était le divertissement. Mais ces pourcentages ont été inversés moins d’un an plus tard. Environ 50 % des personnes enquêtées en 1992 croyaient que les cétacés vivaient moins longtemps en captivité et seule une faible majorité était encore d’accord avec le maintien en captivité de cétacés. Cela tranche sur les résultats du sondage de 1991 lorsque 61 % des enquêtés appuyait la mise en captivité de baleines (VA, 1992a; 1992b; 1992c; 1996; Poyser, 1992). Dans l’intervalle, l’aquarium avait perdu un épaulard nouveau-né. En général, l’appui pour la mise en captivité de baleines en Colombie-Britannique était plus faible que dans le reste du pays.

En 1996, le Vancouver Aquarium chargea Mark Trend de sonder l’opinion de 803 personnes; 47 % des sondés étaient d’avis que l’épaulard était l’habitant le plus important de l’aquarium et 20 % ont mentionné le béluga. L’établissement a estimé que si l’épaulard était éliminé de la liste de ses habitants, le nombre de visiteurs chuterait de l8 %; si l’épaulard et le béluga étaient tous deux éliminés, le taux de fréquentation chuterait de 28 % (VA, 1996).

Kellert (1991) a effectué un sondage des perceptions des Canadiens à l’endroit de la conservation et de la gestion des mammifères marins, dont les résultats sont résumés au tableau 5. Le public canadien s’est révélé très protecteur des mammifères marins en général, mais des différences hautement significatives ont été relevées entre les vues du public et les vues des pêcheurs et des chasseurs de phoques.

En 1992, Sea World retint les services de la Roper Organization pour sonder les attitudes du public envers les aquariums, les parcs à thème d’animaux et les jardins zoologiques (Roper, 1992). Le sondage visait un échantillon transversal représentatif d’un total de 1 987 Américains adultes. Quarante pour cent des sondés ont déclaré qu’ils avaient visité un aquarium, un parc à thème d’animaux ou un jardin zoologique au cours de l’année précédente. Les personnes interrogées (80%) étaient très protectrices des animaux et se préoccupaient de la faune. Près de 75 % s’inquiétaient de la manière dont les animaux étaient traités en captivité. Les aquariums et les océanariums étaient considérés comme des établissements importants qui permettent de connaître les animaux et de se sensibiliser à la faune (76 %). Les aquariums étaient aussi considérés comme utiles à titre d’établissements cliniques pour les mammifères marins sauvages malades ou blessés (88 %) et de centres de reproduction de la faune menacée de disparition (85 %), tandis que le personnel des établissements de mise en captivité était considéré comme véritablement bienveillant envers les animaux et bien renseigné au sujet des soins à leur donner. Les sondages menés ultérieurement par Roper (1995) ont donné des résultats semblables.

Un sondage effectué en 1998 visait les gens sortant de quatre aquariums abritant des mammifères marins (Roper-Starch, 1998); 97 % des sondés ont indiqué que les mammifères marins en captivité avaient eu un effet sur leur appréciation et leur connaissance des animaux, tandis que 96 % croyaient que voir des animaux vivants était le meilleur moyen de les connaître. L’observation de mammifères marins en captivité (27 %) plutôt qu’en mer (15 %) était le moyen favorisé pour voir ces animaux. Trente-huit pour cent des enquêtés étaient d’avis que la télévision, les livres, les vidéos et les animaux naturalisés étaient les meilleurs outils éducatifs. Le sondage a aussi révélé que 33 % des visiteurs allaient faire quelque chose pour l’environnement suite à leur visite de l’aquarium. Les résultats du sondage sont présentés au tableau 6.

Tableau 5 :
Résultats d’une étude des perceptions du public canadien au sujet de la conservation et de la gestion des mammifères marins (Kellert, 1991).


Énoncé % fortement/modérément d’accord
Peut-être que je ne verrai jamais une baleine ou un phoque, mais il est important de savoir qu’ils existent dans l’Atlantique nord. 94%
Je suis fier de vivre dans un pays qui a vu au rétablissement des baleines et des phoques à leur ancien niveau d’abondance. 92%
Je m’oppose à la capture de mammifères marins pour les aquariums ou les jardins zoologiques à moins qu’aucun mal ne leur soit et que cela donne des résultats éducatifs mesurables. 79%
La chasse du phoque de l’Atlantique devrait être permise si les pêcheurs n’ont pas d’autres possibilités d’emploi pendant la saison de chasse. 49%
J’approuve la chasse du phoque pour les raisons suivantes :

la chair

64%

la fourrure

39%

les dommages aux filets

43%

l’amélioration de l’économie

66%

la culture autochtone

73%
Je m’oppose à la chasse baleinière dans n’importe quelle circonstance. 64%
Je serai plus porté à visiter Terre-Neuve et Labrador si j’étais sûr de voir des phoques ou des baleines. 57%

Table des matières

Tableau 6 :
Résultats d’un sondage mené en 1998 auprès de personnes sortant d’aquariums abritant des mammifères marins (Roper Starch, 1998).


Connaissances acquises par les visiteurs : Pourcentage
Comportement des mammifères marins 86%

Aliments des mammifères marins

83%

Habitat naturel des mammifères marins

81%

Anatomie des mammifères marins

78%

Dangers menaçant les mammifères marins en mer

73%

Impact de la pollution sur les mammifères marins

71%

Moyens de protéger les mammifères marins sauvages ou leur habitat

65%
Recherches sur les mammifères marins 63%
Traitements médicaux des mammifères marins blessés ou malades 54%

Le sentiment populaire au sujet du maintien en captivité de mammifères marins est manifesté par l’achalandage. Un pourcentage extrêmement élevé du grand public nord-américain a visité un aquarium. En outre, les visites sont le résultat direct de l’exposition de mammifères marins, en particulier des cétacés. Le Vancouver Aquarium a déterminé d’après des sondages que la fréquentation de l’établissement chuterait de 28 % s’il n’abritait pas de cétacés (VA, 1996). Les circonstances économiques de trois établissements canadiens illustrent bien la différence qu’apportent les cétacés aux programmes d’aquarium. Le Vancouver Aquarium est un établissement sans but lucratif qui comble facilement son budget de fonctionnement tandis que Marineland est une entreprise privée rentable; les deux établissements gardent des baleines. Mais le Biodôme de Montréal, un établissement public qui ne garde pas de baleines, requiert un important apport annuel de fonds publics.

Table des matières


7.  Attitudes du public envers la mise en captivité:

Les premières captures de mammifères marins, cruelles et mal contrôlées (Baird, 1992; Hoyt, 1990; Reeves et Mitchell, 1984; Reeves et Leatherwood, 1984; Newman et McGeer, 1966; Newman, 1994), étaient sans objectifs scientifiques ou éducatifs clairs. Au fur et à mesure que les intervenants ont acquis de l’expérience en méthodes de capture (Jack Orr et G. Ellis, MPO, comm. pers.) et de mise en captivité (Cowan, 1992), les procédures sont devenues plus humaines; elles ont été conçues de sorte à causer moins de stress aux animaux capturés et aux troupeaux d’origine. Grâce à la surveillance étendue par télémétrie suite à la remise en liberté des animaux capturés, on sait que la capture en soi ne semble pas avoir d’incidence sur le comportement ultérieur de l’animal en mer ou de celui de son groupe social.

L’époque où l’exposition de baleines et de dauphins en captivité est devenue populaire, où l’on a découvert qu’il était possible de les dresser en captivité et où un grand nombre de gens ont pu observer des animaux en captivité a coïncidé avec le moment où le public nord-américain a reconnu que la chasse baleinière avait appauvri les stocks de cétacés sauvages et que nos pratiques leur avaient gravement nui (Cowan, 1992). Dans son dernier examen de la capture d’animaux vivants au Canada, le Comité consultatif des mammifères marins a conclu qu’il n’y avait pas de doute que le contact avec des baleines vivantes gardées dans des aquariums permettait au public d’apprécier davantage la vie de ces animaux en général. Les spécialistes des animaux ont rapidement sauté sur la chance de faire des recherches sur les cétacés en captivité. Les premiers animaux gardés en captivité ont joué un rôle de premier plan dans le culte croissant de la baleine, qui a mené directement à d’importants changements dans la chasse baleinière à l’échelle du monde et qui, en 1982, a résulté en l’adoption d’un moratoire de dix ans sur la chasse commerciale des grandes baleines (Cowan, 1992).

L’information et les histoires sur les baleines sauvages (Lilly, 1978; McIntyre, 1974) et les études d’animaux en captivité (Lilly, 1978; O’Barry, 1989) ont commencé à mettre en lumière la vulnérabilité, la conscience et la vie émotionnelle et intellectuelle des animaux. Les campagnes menées par les organisations non gouvernementales (ONG) en vue de protéger les mammifères marins ont graduellement transmis des messages contradictoires de conservation, de droits et de bien-être (Henke, 1985; Herscovici, 1985; Dale, 1996). Ellis (1991; 1994) décrit comment les baleines ont autrefois été mythifiées comme des monstres marins vivant aux frontières des connaissances, des objets d’intérêt et de spéculation intenses. Puis, au fur et à mesure que de l’information a été recueillie, elles sont devenues des objets de curiosité et d’étude plus réalistes, pour ensuite ressurgir dans la mythologie moderne comme une mégafaune charismatique occupant à nouveau la frontière de l’exploration de la conscience animale et des relations de l’homme avec les animaux et la nature.

Les premiers mammifères marins vivants présentés au public, notamment des baleines, peuvent avoir joué un rôle important pour ce qui est de vulgariser ces espèces animales. L’intérêt pour celles-ci, en particulier les cétacés, va au-delà de l’importance du groupe dans l’écosystème océanique ou des problèmes de gestion actuels. Ils sont devenus des espèces totémiques qui ont maintenant une signification symbolique pour le public.

Certains ont changé d’opinion quant à la valeur et à l’acceptabilité de maintenir des baleines en captivité depuis le dernier examen canadien de la capture de mammifères marins vivants (Cowan, 1992; VA, 1996). Le comité spécial du Sénat australien qui a examiné la mise en captivité de cétacés est l’un de ceux-là. Il a reconnu la contribution passée des océanariums pour ce qui est de sensibiliser davantage aux cétacés et d’élargir les connaissances sur ce groupe d’animaux, mais il a conclu que les cétacés en captivité souffrent de stress, de comportements anormaux, de taux de mortalité élevés, d’une durée de vie plus courte et de problèmes de reproduction. Il était aussi d’avis que les cétacés ont généralement payé très cher les avantages douteux de la captivité (Anon., 1985). D’autres ont de même changé d’opinion quant aux coûts et aux avantages du maintien en captivité (Spong, 1991; O'Barry, 1989; Obee, 1992).

Aujourd’hui, les attitudes sont encore diversifiées. Le maintien en captivité de mammifères marins, en particulier de cétacés, est une question de sentiment controversée. Des données expliquent les coûts et les avantages de la mise en captivité, mais les vues de beaucoup de personnes sont fondées sur des valeurs et des opinions profondément enracinées au sujet des animaux qui ne tiennent essentiellement pas compte des résultats empiriques. On doit accepter et respecter ces valeurs, mais il n’est pas approprié de fonder les politiques sur les vues et les valeurs d’un seul segment de la société. Les politiques doivent être représentatives de la gamme de ces vues et de leurs répercussions; les décisions d’orientation gouvernementale au sujet de l’acceptabilité de la capture et de la mise en captivité de mammifères marins doivent donc être basées sur des évaluations empiriques des coûts et des avantages de telles activités.

Certaines ONG représentent des individus qui croient que la mise en captivité est contraire à la morale et à l’éthique (p. ex., No Whales in Captivity). Bien qu’elles fassent appel à des arguments empiriques à l’occasion, aucune information sur les coûts ou les avantages de la mise en captivité n’est vraiment pertinente. D’autres groupes croient qu’il est mal de garder des mammifères marins en captivité pour des motifs commerciaux (IFAW) ou qu’il n’est pas approprié d’utiliser des animaux à des fins de divertissement ou de spectacle (Davis, 1997). Certains jugent le maintien en captivité d’après les coûts et les avantages d’une telle pratique. D’où leur opposition à la mise en captivité de certaines espèces, comme l’épaulard, et à certaines pratiques, comme les spectacles. D’autres jugent la mise en captivité d’après l’absence d’avantages éducatifs (HSUS) ou scientifiques (WDCS) manifestes. Puis il y a ceux qui, d’un côté, croient que les coûts l’emportent sur les avantages et ceux qui, de l’autre côté, croient que les avantages l’emportent sur les coûts.

Dans le cadre du présent examen, des gens de bonne foi m’ont fait part de vues et de valeurs essentiellement opposées à celles de gens de tout aussi bonne foi. Abstraction faite de mes opinions personnelles, les décisions formulées dans le présent document sont fondées sur les coûts et les avantages de la capture et de la mise en captivité de mammifères marins et sur les risques que les pratiques posent aux animaux et aux populations concernés.

Table des matières


8.  Décès de mammifères marins en captivité

Les premiers essais de maintien en captivité de mammifères marins, surtout des cétacés, ont souvent été infructueux; ils se terminaient typiquement par le décès des animaux parce que les installations étaient inadéquates et que les besoins des animaux étaient mal compris. On se préoccupait surtout de garder les animaux en vie. Bien que les taux de mortalité eux-mêmes ne soient pas un indicateur suffisant du bien-être des animaux, ils sont en quelque sorte le fin mot de l’histoire; s’ils sont trop élevés, cela indique que les installations ou les soins ne sont pas ce qu’ils devraient être (Klinowska et Brown, 1996).

On a présenté pour de nombreux premiers essais de mise captivité le nombre total d’individus capturés d’une espèce donnée de mammifères marins défalqué du nombre encore vivant. À prime abord, les résultats sont plutôt choquants, mais ils sont biaisés du fait qu’ils ne tiennent pas compte de l’importance du temps écoulé. (J’ai le sentiment que des statistiques semblables du nombre total d’employés de groupes de protection, du MPO ou de l’industrie des aquariums qui sont encore vivants seraient tout aussi choquantes.) Est présentée dans d’autres résumés la durée de vie moyenne des animaux en captivité, mais les données ne tiennent pas compte du nombre d’animaux captifs encore vivants. D’autres encore ne considèrent pas le taux de mortalité par âge ou excluent des estimations des taux de survie les animaux récemment capturés ou les jeunes. De tels résumés inexacts des décès sont encore signalés par les ONG et les groupes de l’industrie intéressés dans leurs présentations sur le sujet.

Les Marine Mammal Inventory Reports (MMIR), maintenus par le National Marine Fisheries Service des États-Unis, sont présentement la meilleure source de données qui permet d’analyser le taux de mortalité des mammifères marins en captivité. En vertu de la Marine Mammal Protection Act of 1972, les établissements gardant des mammifères marins doivent fournir des rapports annuels sur les animaux et leur état. Il existe des lacunes dans les MMIR, comme les décès post-partum et néo-natals (Temte, 1993), mais, au fil des ans, ils fournissent la meilleure base de données sur les décès. Il existe aussi quelques autres données provenant d’autres sources (p. ex., Reeves et al., 1994).

La méthode que la plupart des chercheurs (DeMaster et Devenak, 1988; Small et DeMaster, 1995; Woodly et al,. 1997; Steuer, 1989) qui ont étudié le taux de survie des captifs estime le taux de survie annuel moyen (ASR), calculé comme suit :

ASR = [ 1 - (total des décès)/(nombre total de jours de survie)] 365,25

Les ASR n’ont typiquement été calculés que dans le cas de quelques espèces mises en captivité pour lesquelles on dispose de données adéquates, soit le dauphin à gros nez (Woodley et al., 1997; Small et DeMaster, 1995; DeMaster et Drevenak, 1988; Klinowska et Brown, 1996), le béluga (Small et DeMaster, 1995; Moshenko, 1999), l’épaulard (Small et DeMaster, 1995; Woodley et al., 1997), l’otarie de Californie (Small et DeMaster, 1995), l’otarie de Steller (Eumetopias jubatus) (Small et DeMaster, 1995) et le faux-orque (Pseudorca crassidens) (Steuer, 1989). Comme le nombre d’animaux est limité dans tous les cas, il est difficile de comparer les statistiques. Il peut en outre exister d’importantes différences entre les taux de mortalité des nés en captivité et des capturés en mer car de plus en plus d’animaux naissent en captivité. L’absence d’ASR pour les populations sauvages ou les problèmes rencontrés pour les calculer complique davantage la situation. De telles incertitudes dans les données donnent aux groupes intéressés la marge de manoeuvre leur permettant de faire une gamme de déclarations sur le taux de mortalité des cétacés en captivité.

Les ASR du dauphin à gros nez et de l’otarie de Californie montrent une tendance à la hausse au cours des cinq dernières années (1988-1992), mais ils diffèrent nettement d’un établissement à l’autre (Small et DeMaster, 1995). Cette augmentation semble indiquer une amélioration des soins apportés aux individus en captivité au fil des ans. Mais, sans exception, les petits se débrouillent moins bien que les plus âgés et, chez certaines espèces, les animaux nés en captivité se débrouillent mieux que ceux capturés en mer. Le taux de survie des individus autres que les petits du dauphin à gros nez (Small et DeMaster, 1995; Woodley et al., 1997) et de l’épaulard (Richter, 1988; Small et DeMaster, 1995; Woodley et al., 1997) était plus faible que chez les populations sauvages. Richter (1988) signale que le taux de survie de l’épaulard n’augmente pas en fonction du temps, tandis que Bain (1988) indique une certaine amélioration dans des données plus récentes sur l’espèce. Baird (1992) signale un taux de survie d’épaulards en captivité autres que des petits qui est très probablement égal ou supérieur à celui d’animaux sauvages. Les variations de ces estimations reflètent l’utilisation de petites ou de grandes bases de données et les hypothèses formulées par les auteurs quant à l’inclusion ou à l’exclusion de certaines données.

Le taux de survie en captivité de l’otarie de Steller, à l’exclusion des petits, est supérieur à celui des populations sauvages (Small et DeMaster, 1995), dans le cas du faux-orque, il est nettement plus faible (Steuer, 1989); et chez le béluga, il est environ égal ou supérieur (DeMaster et Drevenak, 1988; Moshenko, 1999).

Les estimations du taux de mortalité qui comparent les populations sauvages aux animaux en captivité ne tiennent toutefois pas suffisamment compte de l’impact du décès de mammifères marins en captivité. Le public connaît en particulier les cétacés d’aquariums par leur nom. Leur décès a le même impact que le décès d’une connaissance, d’un ami, d’un héros. Il en va de même du décès d’un petit - c’est comme si une connaissance perdait un bébé. Même si les taux de mortalité estimés des mammifères marins en captivité sont égaux ou supérieurs à ceux des populations sauvages, les données seront en grande partie étrangères à un public qui voit le décès comme une chose personnelle.

Table des matières


9.  Examens antérieurs de la capture et de la mise en captivité au Canada

a.   Baird (1992)
b.   Comité consultatif des mammifères marins
c.   Klinowska
d.   Moshenko 

Quatre chercheurs ont déjà examiné certains aspects de la capture et de la mise en captivité de mammifères marins au Canada : Baird (1992), Cowan (1992), Klinowska (1995) et Moshenko (1992; 1999).


9 a.  Baird (1992)

Commandé par le Comité consultatif des mammifères marins, le rapport de Baird (1992) ne porte que sur la capture de cétacés éventuellement mis en captivité. Il passe en revue l’historique de la capture de cétacés vivants, présente un inventaire des animaux gardés dans des aquariums canadiens à ce moment-là et examine le taux de mortalité en captivité, les soins, les normes des établissements et l’utilisation des animaux en captivité. L’auteur conclut que le MPO a typiquement été en mesure de réglementer les facteurs pertinents au maintien de cétacés dans des aquariums du Canada par le biais de l’émission de permis de capture. Par contre, le Ministère n’est pas responsable de la réglementation des établissements gardant des animaux qui n’ont pas été capturés au Canada. Mais comme il faut un permis de la CITES émis par le MPO pour les importer au Canada, Baird estime que cela pourrait être réglementé par l’inclusion de conditions aux permis. D’autres mesures seront toutefois nécessaires pour réglementer les mammifères marins capturés ailleurs mais déjà gardés en captivité au Canada (Baird, 1992).

Baird ne formule aucune recommandation dans son rapport, mais il cerne le dilemme auquel fait face le MPO (1992). Bien que le Ministère ait l’autorité légale de contrôler les prélèvements dans les populations sauvages, il ne peut essentiellement pas faire respecter les conditions incluses dans les permis de capture à l’état vivant. Cela signifie qu’il est responsable de lancer un processus sur lequel il a une autorité morale mais essentiellement aucun contrôle. On peut ainsi garder des mammifères marins au Canada sans avoir à respecter les normes, sauf peut-être la réglementation locale ou provinciale sur la prévention de la cruauté envers les animaux.

Table des matières


9 b.  Comité consultatif des mammifères marins

Le Comité consultatif des mammifères marins a tenté de résoudre, dans l’examen qu’il a fait (Cowan, 1992), le dilemme du MPO. Il a reconnu que certaines normes de soin étaient carencées et que tous les établissements étaient déficients pour ce qui était de satisfaire aux besoins de l’épaulard, mais il les comparait typiquement aux niveaux américains. Il a toutefois réaffirmé sa conviction que les animaux en captivité constituaient un moyen acceptable et utile d’initier un grand nombre de gens aux mammifères marins.

Le Comité a conclu que la réglementation en vigueur (Règlement sur les mammifères marins de 1982 pris en vertu de la Loi sur les pêches) donnait au MPO le contrôle adéquat des captures à l’état vivant. Il était en outre d’avis que l’importation et l’exportation d’animaux pouvaient être contrôlées en vertu de la Loi sur la protection d’espèces animales ou végétales sauvages (finalement adoptée en 1996) par le biais de conditions de permis. Cette loi, qui met la CITES en oeuvre au Canada, exige que les normes de transport soient conformes aux normes de la Réglementation du transport des animaux vivants de l’IATA (1995). Elle ne couvre toutefois pas les animaux nés en captivité ou qui font partie d’un programme de reproduction en captivité; elle ne doit pas en outre servir à enfreindre les droits des Autochtones au commerce ou au troc traditionnel d’animaux sauvages. Des agents nommés par le Ministre voient à l’application de la loi, ils peuvent retenir les animaux expédiés, mener des inspections et déménager les animaux.

Le Comité consultatif (Cowan, 1992) a recommandé que l’Association canadienne des jardins zoologiques et des aquariums (CAZPA) utilise son processus d’agrément comme moyen d’assurer le respect des conditions de permis de capture d’animaux vivants et d’arriver à des normes appropriées en matière d’établissements et de soins des mammifères marins en captivité. La CAZPA est une association professionnelle dotée d’un processus d’inspection et d’agrément, mais il n’est pas obligatoire d’en être membre. Pour contourner ce problème, le Comité a recommandé que tous les établissements demandant un permis de capture d’animaux vivants soient membre de la CAZPA et que le MPO élabore et adopte, en coopération avec la CAZPA, des normes visant les mammifères marins en captivité, qui pourraient être incluses dans le processus d’agrément. Il a en outre recommandé que des examens indépendants des établissements et des opérations soient effectués et que, si l’industrie des aquariums n’adoptait pas de normes et de mécanismes de conformité, le MPO considère l’option d’imposer de telles normes. Les mammifères marins déjà gardés en captivité au Canada n’étaient pas couverts dans le rapport.

Le Comité a établi un processus d’examen des demandes et des conditions de permis de capture d’animaux vivants et a formulé d’autres recommandations visant à améliorer les programmes d’éducation et de reproduction. Il a reconnu les problèmes au titre du maintien en captivité de l’épaulard, ainsi que les carences dans les établissements. Enfin, il a recommandé que l’on continue à interdire la capture d’épaulard vivant et que l’on décourage la reproduction en captivité et l’importation de l’espèce.

Table des matières


9 c.  Klinowska

L’examen de Klinowska (1995) est une évaluation du projet 1994 de normes visant les cétacés proposé par la CAZPA (1995). L’auteure est d’avis que le contrôle de la conformité aux normes proposées par la CAZPA (1995) n’est pas adéquat et s’objecte à de nombreuses conditions spécifiques. Lorsque les établissements ne répondent pas aux normes, elle considère qu’un délai de grâce de cinq ans devrait suffire à planifier et à apporter les modifications nécessaires.

Table des matières


9 d.   Moshenko

Robert Moshenko était responsable de la gestion du programme de capture de bélugas vivants du MPO de 1968 à 1992 et contrôlait la survie des animaux en captivité de 1968 à 1998 (Moshenko, 1999). Le rapport de Moshenko (1999) était au point de l’ébauche au moment où le présent examen a été présenté.

De 1967 à 1992, un total de 68 bélugas ont été capturés vivants dans l’estuaire de la rivière Churchill, se déversant dans le secteur ouest de la baie d’Hudson. Richard et al. (1990) ont fait un relevé de cette population comptant environ 23 000 animaux et ont confirmé par le biais d’études télémétriques que toute son aire de répartition avait été bien couverte (P. Richard, MPO, comm. pers.). Les ponctions d’individus n’ont donc pas eu d’incidence. Les conditions de permis de capture visaient la taille (femelles : de 245 à 290 cm; mâles: de 245 à 395 cm), les individus capturés étaient donc des animaux sevrés ou sexuellement immatures, âgés de 3 à 6 ans.

L’examen des données sur la survie en captivité couvrant 13 ans a révélé que seuls 30 des 68 bélugas capturés vivants depuis 1967 sont encore en vie (44 %). Des 35 animaux capturés depuis 1984, 24 (69 %) sont encore vivants. Un béluga est en captivité depuis 25 ans et 20 le sont depuis plus de 15 ans (Moshenko, 1999). Les ASR donnent un aperçu plus réaliste de la survie.

DeMasters et Drevenak (1988) ont obtenu un ASR en captivité de 0,94 basé sur 48 bélugas, ce qui indique une espérance de vie de 16 ans. Ils n’ont toutefois pas relevé de différence des ASR entre 1975-1979 et 1980-1984; Richter (1988) signale aussi que les taux de survie 1975-1979 et 1980-1984 étaient semblables. Les ASR calculés par Small et DeMasters (1995) varient entre 0,94 et 0.95; Moshenko (1999) a aussi obtenu un ASR de 0,94, mais il n’a pas relevé de différence dans le taux de survie entre 1975-1979 et 1980-1984, entre les sexes et entre les aquariums. Woodly et al. (1997) ont eu de la difficulté à établir les taux de survie du béluga des populations sauvages, qui vont de 0,71 chez les baleineaux à 0,91 chez les autres; enfin Sergeant (1973) estime l’ASR d’un an à 0,82. Moshenko (1999) conclut que le taux de survie en captivité pourrait être égal ou supérieur à celui des animaux en mer.

Les bélugas capturés dans les eaux canadiennes entre 1972 et 1988 ont donné naissance à un total de 20 petits (Moshenko, 1999). Six de ces baleineaux ont vécu moins de 4 jours, certains étant morts en-deçà de quelques minutes de leur naissance. Trois autres sont morts quelques mois après leur naissance. Des 15 baleineaux nés en captivité depuis 1991, six sont encore vivants. Le faible nombre d’animaux connu ne permet pas de calculer un ASR. Les huit aquariums de l’Amérique du Nord gardant des bélugas d’origine canadienne en captivité les échangent à des fins de reproduction (Moshenko, 1999), mais des détails ne sont pas disponibles.

Table des matières


10.  Réglementation canadienne

Plusieurs documents habilitants autorisaient la capture de cétacés au Canada. Le Règlement sur la protection du béluga de 1962 régissait les premières captures, tandis que la capture d’épaulard était autorisée en vertu du Règlement de pêche de la Colombie-Britannique. Avant 1982, la réglementation des cétacés en captivité dans cette province était assurée par la Wildlife Act (Baird, 1992). Enfin, le narval pouvait être capturé vivant en vertu du Règlement sur la protection des narvals de 1971.

La Loi sur les pêches assure le contrôle des prélèvements d’animaux marins. Le Règlement de pêche (dispositions générales) en application de cette loi a été révisé la dernière fois en 1998, tandis que le Règlement sur la protection des cétacés a été élaboré en 1982. Ce dernier donnait au MPO le pouvoir de réglementer la capture d’individus vivants. Le Règlement sur la protection des mammifères marins, révisé la dernière fois en 1993, donne au MPO le pouvoir d’émettre des permis de capture d’animaux vivants.

Le MPO a typiquement fixé une série de conditions aux permis de capture de mammifères marins vivants. Mais dès qu’un animal est capturé, il devient essentiellement une propriété privée; il est clair que le MPO n’a aucun pouvoir de réglementation sur les animaux gardés en captivité. Quoi qu’il en soit, rares sont les employés du Ministère qui possèdent des compétences en matière d’établissements et de soin des animaux en captivité.

L’article 446 du Code criminel régit la protection des animaux au Canada. En 1988, la Commission de réforme du droit du Canada y proposa des changements considérant les animaux comme des êtres sensibles et non simplement comme des biens servant à l’homme (Olfert et al., 1993). Le ministère de la Justice a récemment mené des consultations publiques sur la révision des règlements afférents à cette loi; la réaction populaire, massive, a révélé que les gens s’inquiétaient beaucoup du bien-être des animaux (Anderssen, 1999). Il est interdit en vertu de la loi en vigueur d’infliger des souffrances excessives aux animaux, des amendes étant prévues en cas d’abus, mais elle ne prévoit pas d’inspections régulières des soins aux animaux ou de la mise en application des normes d’entretien.

La Loi sur la santé des animaux a été révisée en 1992, mais elle porte surtout sur les animaux d’élevage agricole. Bien qu’elle contienne des dispositions couvrant l’importation et l’exportation d’animaux qui peuvent transmettre des maladies contrôlées, elle n’est pas assortie d’une règlement sur la protection des mammifères marins.

Au Canada, la CITES trouve son application dans la Loi sur la protection d’espèces animales ou végétales sauvages et la réglementation de leur commerce international et interprovincial, adoptée en 1992. La Loi vise à contrôler l’importation et l’exportation des mammifères marins énumérés à l’Appendice II de la CITES, mais elle ne donne pas le pouvoir adéquat pour assurer des normes de protection et de soin des animaux gardés en captivité.

Certains règlements et lois provinciaux s’appliquent à la captivité de mammifères marins s’ils sont utilisés à des fins de recherche. En Ontario, la Loi sur les animaux destinés à la recherche (adoptée en 1970 et révisée en 1989) contrôle la source des animaux expérimentaux et exige qu’ils soient traités sans cruauté de sorte à éviter de les faire souffrir. Elle établit des normes minimales de soins et de logement et prévoit l’inspection des établissements de recherche. Aucune inspection des établissements abritant des mammifères marins n’a été effectuée en vertu de cette loi. Le NMFS des États-Unis a demandé aux vétérinaires employés comme inspecteurs de superviser le chargement des cétacés avant le transport (B. Holly, HOMAFRA, comm. pers.). Une loi récemment adoptée en Ontario réglemente les espèces animales indigènes, mais ne s’applique pas aux mammifères marins.

Au Manitoba, une directive sert à établir les conditions et les procédures pour le don à des jardins zoologiques d’ours polaires capturés dans une zone de contrôle de l’espèce (Ressources naturelles Manitoba, numéro de contrôle PR 10/14/001), mais elle ne s’applique pas aux autres mammifères marins (C. Elliot, Ressources naturelles Manitoba, comm. pers.)

L’examen de 1992 des cétacés en captivité (Cowan, 1992) tentait de résoudre le dilemme législatif en suggérant que le MPO exige que le demandeur d’un permis de capture d’animaux vivants soit membre de la CAZPA et que le Ministère et la CAZPA élaborent des normes pour le maintien de mammifères marins en captivité. La CAZPA (1995) a de fait élaboré des normes pour les cétacés, qui ont été approuvées par les membres de l’association. Une copie est incluse à l’Appendice VI. De même, les États-Unis ont impliqué l’industrie des aquariums dans l’élaboration de normes au titre des soins et des établissements. Toutefois, l’abandon du pouvoir d’inspection et, en fin de compte, de la mise en application des normes de maintien en captivité de mammifères marins était imprudent.

L’adhésion à la CAZPA requiert que les établissements soient inspectés tous les cinq ans. Une période de grâce, qui peut être prolongée, est accordée lorsqu’il y a carence au niveau des installations et/ou des pratiques. L’adhésion à la CAZPA est volontaire, et seuls quelques établissements canadiens qui gardent actuellement des mammifères marins en captivité en font partie. Les inspections de la CAZPA, faites par des membres de celle-ci, ne sont pas transparentes. En privé, elles m’ont été décrites comme étant trop officieuses; certaines sources les ont même décrites comme étant soumises à des considérations politiques. Bien qu’il soit approprié que des spécialistes de la CAZPA participent à l’élaboration de normes, il est clair qu’ils ne peuvent pas être responsables de contrôler leur mise en application ou de les faire respecter.

Le Conseil canadien de protection des animaux (CCPA) a été créé en 1968 à titre de comité permanent de l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC). Il est financé en grande partie par les deux principaux organismes subventionnaires du Canada, soit le Conseil de recherches médicales et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG). Le CCPA contrôle le soin et l’utilisation des animaux destinés à la recherche, à l’enseignement et aux essais dans tous les collèges et universités du Canada, ainsi que dans tous les programmes scientifiques et technologiques fédéraux. Il offre un processus indépendant d’examen par les pairs, des vétérinaires, des scientifiques et des représentants de la collectivité participant aux évaluations du CCPA. Celui-ci est comptable au public des normes appliquées dans les établissements participant au programme d’évaluation.

Les autres établissements gouvernementaux et privés peuvent aussi se prévaloir à leurs frais du programme d’évaluation. Le CCPA est en voie de passer en revue l’application universelle de celui-ci dans les limites de la recherche, de l’enseignement, des essais et de la production (à l’exception des aliments et des fibres) telles que définies par le conseil du CCPA en 1996 (C. Gauthier, CCPA, comm. pers.). Le CCPA offre le seul mécanisme pratique transparent, indépendant et comptable au public assurant que les normes pour le maintien et le soin de mammifères marins en captivité soient adéquatement évaluées, contrôlées et appliquées. Ces qualités sont nécessaires pour satisfaire aux attentes du public dans ce secteur.

Table des matières


11. Réglementation étrangère

a.   États-Unis
b.   Royaume-Uni  

Certaines juridictions ont tout simplement interdit le maintien de cétacés en captivité, mais permettent le maintien de pinnipèdes. Klinowska et Brown (1996) ont noté que les normes de soin des cétacés en captivité font généralement l’unanimité, ce qui n’est pas le cas des établissements. Il est relativement facile d’établir des normes pour les établissements à un niveau tel qu’il est impossible de garder des cétacés en captivité.


11 a.  États-Unis

La réglementation des activités liées aux mammifères marins a évolué rapidement aux États-Unis depuis les années 60 (MMC, 1995). La Marine Mammal Protection Act of 1972, à l’origine de la Marine Mammal Commission (MMC), imposait un moratoire sur la capture et l’importation de mammifères marins sauf dans des conditions expressément stipulées. On pouvait obtenir un permis pour la recherche scientifique et l’exposition de mammifères marins au public. Dans ce dernier cas, la délivrance d’un permis était assujettie à la prestation par les établissements d’un programme aux fins d’éducation ou de conservation basé sur des normes reconnues par des spécialistes. Les captures à des fins cliniques étaient aussi reconnues, tout comme le besoin de réadapter les animaux et de les remettre en liberté. La MMC a été chargée de mettre sur pied des programmes de sauvetage et de réadaptation des mammifères marins échoués et de déterminer par consultation à quel point un animal réadapté peut être libéré en mer (MMC, 1995).

En 1988, le rôle éducatif des mammifères marins en captivité a été réitéré dans des modifications apportées à la loi; celles-ci spécifiaient en outre que les établissements devaient offrir des programmes incluant l’éducation ou la conservation. La loi précisait bien que l’intention du gouvernement n’était pas de réglementer la teneur des programmes d’éducation ou de conservation, mais plutôt d’assurer qu’ils étaient fondés sur des normes reconnues par les spécialistes de la présentation au public, nommément celles de la American Association of Zoological Parks and Aquaria (AAZPA).

La Marine Mammal Protection Act a été modifiée à nouveau en 1994 pour clarifier les pouvoirs des divers organismes fédéraux au titre des établissements d’exposition au public, mais le National Marine Fisheries Service (NMFS) retenait le pouvoir d’émettre les permis de capture d’animaux vivants au nom de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). En vertu de la Animal Welfare Act, le Department of Agriculture (USDA) était responsable de la mise en application des normes de protection et de soin, ainsi que de l’inspection des établissements de mise en captivité.

Le Negotiated Rule-Making Committee (APHIS, 1999) a récemment présenté des projets de normes de maintien en captivité révisées, incluses à l’Appendice IV (Vol. 8). Les rapports annuels sur les activités que le comité présente au Congrès (1990-1999) permettent de suivre l’évolution des politiques et de la réglementation américaines.

Table des matières


11 b. Royaume-Uni

L’étude de Klinowska et Brown (1996) et le rapport du Dolphinaria Steering Group (1996) ont guidé la réglementation récente de la capture et du maintien de mammifères marins en captivité au Royaume-Uni.

L’étude de Klinowska et Brown (1996) ne couvre que les dauphins. Ces chercheurs indiquent que la protection et la santé des cétacés en captivité sont les éléments qui préoccupent le plus; ils notent que ni les préoccupations au sujet du bien-être physique ou mental des animaux ni les arguments favorisant la mise en captivité de cétacés sont bien fondés, mais qu’ils sont plutôt liés à des anecdotes spécifiques. Ils signalent en outre qu’il est difficile de garder des dauphins en captivité, mais que les problèmes observés chez des cétacés en captivité ne sont pas différents de ceux d’autres animaux sauvages gardés en captivité. Ils évaluent les programmes d’éducation offerts dans les océanariums comme médiocres et en déficit de contenu éducatif important et les recherches menées dans les établissements, surtout dans des domaines vétérinaires, comme étant généralement mal financées. Ils sont d’avis que de nouvelles initiatives coordonnées sont nécessaires pour optimaliser les recherches.

Après avoir passé en revue les normes au titre de la protection, des établissements et des soins appliquées dans 17 pays, Klinowska et Brown (1996) ont conclu que les normes visant les bâtiments, le milieu aquatique, les aliments, la santé et l’hygiène concordaient plus ou moins à l’échelle mondiale, les principaux écarts se situant au niveau de la grandeur minimale des bassins et, dans une moindre mesure, de la présence de bassins secondaires.

Le Dolphinaria Steering Group a formulé des recommandations sur les taux de mortalité, le traitement de l’eau, la réglementation, la protection, l’éducation, la recherche et la reproduction, en plus d’établir des normes de soin en captivité (DSG, 1996). Les recommandations ont été incluses comme supplément aux Standards of Modern Zoo Practice (1990) du Secrétaire d’État à titre de normes additionnelles pour le maintien de cétacés en captivité au Royaume-Uni en vertu de la Zoo Licensing Act of 1981.

Les mammifères marins sont aussi visés dans la Endangered Species (Import and Export) Act of 1976, qui contient des dispositions de la CITES pour le contrôle des espèces sauvages.

Je conclus de mon survol relativement court de la réglementation étrangère qu’une gamme de mécanismes réglementaires a été utilisée pour couvrir la capture et la mise en captivité de mammifères marins. Certaines exigences sont tellement rigoureuses qu’il n’est pas pratique ou possible de les appliquer; elles peuvent ou non être nécessaires. L’enjeu maintenant est d’établir un régime de réglementation qui, d’un côté, protège adéquatement les animaux et satisfait au besoin d’assurer le public qu’ils sont bien soignés et qui, de l’autre côté, est réalisable pour le gestionnaire, les enquêteurs et les établissements qui doivent l’appliquer. Cela ne sera pas facile, mais c’est peut-être possible.

Table des matières


12.  Recherches sur les mammifères marins en captivité

Les milliers de baleines mortes disponibles aux fins de recherche à l’époque de la chasse à la baleine ont permis de recueillir quelques connaissances fondamentales sur ce groupe d’animaux, mais beaucoup de renseignements qui auraient pu être recueillis pendant ce carnage commercial ne l’ont tout simplement pas été. De même pour de nombreuses espèces de pinnipèdes, l’exploitation commerciale s’est déroulée sans le bénéfice de renseignements scientifiques et sans beaucoup d’effort pour en recueillir. Ce n’est que lorsqu’on a réalisé que la surexploitation mettait en danger les populations de mammifères marins que l’on a commencé à les étudier activement. La chasse du phoque du Groenland au Canada (Bonner, 1978; Royal Commission, 1996; Sergeant, 1991) et des grandes baleines à l’échelle mondiale (MMC, 1995) en sont des exemples.

Les premières études de mammifères marins gardés en captivité ont permis de comprendre les éléments fondamentaux de la biologie complexe de ces animaux (Pryor et Norris, 1998) et ont mis l’eau à la bouche des scientifiques. En dehors de la collectivité scientifique s’intéressant aux mammifères marins, on a encore plusieurs idées fausses au sujet de la recherche sur les dauphins (ou sur n’importe quelle espèce de mammifères marins). L’idée qu’ont les profanes des dauphins diffère parfois radicalement de celle des étudiants sérieux. Les travailleurs authentiques, qui peinent pour établir des faits tout comme le font les autres scientifiques, sont inévitablement entourés du vacarme de la publicité et de suppositions qui a fait du dauphin un animal mythique, une sorte de Hobbit flottant. Pryor et Norris (1998) espèrent qu’ils peuvent démontrer que l’on a fait beaucoup de progrès depuis les premières recherches sur les dauphins. D’après eux, les faits vrais sur les dauphins sont plus intéressants que les suppositions imaginaires. Bien que l’élan de la recherche sur les mammifères marins ait pris un virage vers les populations sauvages, il est évident que la recherche sur les individus en captivité continuera d’être utile.

Mais cela ne fait pas l’unanimité. Mayer (1998) a récemment passé en revue les raisons scientifiques justifiant le maintien en captivité de cétacés et a conclu que les conditions physiquement restreignantes en captivité, ajoutées au fait que le comportement des animaux est appris dans un milieu artificiel, que le nombre d’animaux bien dressés est faible et que la base génétique de la population de cétacés en captivité change, font qu’il est de plus en plus douteux sur le plan scientifique que les animaux en captivité servent de modèle des animaux sauvages. Les études de plus en plus sophistiquées d’animaux sauvages et la pertinence plus grande des données de ces études mettent en doute la justification de recherches sur des cétacés en captivité (Mayer, 1998).

Tous les examens de la recherche potentielle sur les mammifères marins en captivité ne sont pas aussi négatifs. La Society of Marine Mammalogy, la plus importante association de spécialistes du domaine, a adopté, lors d’une réunion biennale sur la biologie des mammifères marins, une résolution avalisant l’utilisation appropriée de mammifères marins gardés en captivité comme des sujets de recherche utiles. À ma demande, le comité exécutif a passé cette résolution en revue et a réaffirmé sa décision antérieure (D. DeMasters, NOAA, comm. pers.).

Les critiques de Mayer (1998) reposent sur plusieurs arguments fondamentaux. (1) Bien que la recherche sur des individus en captivité puisse avoir été utile et même nécessaire à un moment donné, l’information recueillie dans le cadre de ces premiers travaux est suffisante, de sorte qu’ils ne sont plus nécessaires ni appropriés. (2) Le maintien en captivité change la biologie fondamentale des animaux de sorte que l’information recueillie sur ces individus peut être trompeuse ou sans rapport lorsque appliquée aux populations sauvages de mammifères marins. (3) Les contraintes imposées par les bassins et le milieu artificiel limitent les tests. (4) La recherche menée dans une situation de captivité parce que c’est commode peut aussi être faite sur des animaux sauvages. (5) La plus grande partie de l’information recueillie, de nature appliquée, a déjà servi directement à régler des problèmes de protection et de santé des animaux en captivité eux-mêmes (Mayer, 1998). Davis (1998) ajoute que la recherche sur des animaux en captivité semble souvent un stratagème de vente et de marketing des intérêts commerciaux dans l’industrie des aquariums. Il est évident que chacune de ces critiques est fondée dans une certaine mesure. Mais toute la recherche scientifique comme moyen de connaître est une activité humaine; elle a des limites, qu’elle soit faite en laboratoire ou sur le terrain.

Je dois préciser dès le départ qu’il est approprié, de mon avis, d’utiliser la science pour surveiller et traiter les animaux en captivité. Il serait stupide et cruel de ne pas utiliser un tel outil pour améliorer les soins, le traitement et le bien-être de ceux-ci. Il faut aussi préciser que la science est parfois à son meilleur lorsqu’on pose des questions fondamentales sur la nature de la vie; la science dirigée par les applications ou guidée par des buts ne donne pas forcément les meilleurs résultats. Je crois donc comprendre que la recherche sur les animaux en captivité pourrait avoir des avantages potentiels pour les populations sauvages. Mais cela n’exclut pas les études scientifiques fondamentales dont l’application immédiate aux populations sauvages est incertaine ou la recherche axée sur les soins, le maintien et le bien-être des animaux en captivité, qui est de même appropriée. Les critiques qui rejettent ces possibilités comme n’étant pas acceptables ne comprennent pas la science ou sont prêts à restreindre son utilisation par des moyens inappropriés.

L’évaluation de l’importance de n’importe quelle science dépend toutefois de nos propres intérêts. Driedzic (MUN, comm. pers.) raisonne que les études de la physiologie de plongée des phoques ont été essentielles pour comprendre ce qui se passe lorsqu’on retient son souffle. Selon lui, de telles études auront des implications importantes pour nos problèmes de santé. Le Ocean Sciences Centre qu’il dirige a mené beaucoup d’études sur les phoques en captivité, mais ceux-ci sont aussi utilisés dans un programme d’interprétation. Trites et Rosen (UBC, comm. pers.) soutiennent que leurs études du métabolisme d’animaux en captivité sont importantes pour comprendre les besoins alimentaires de l’otarie de Steller et la baisse de leur abondance dans la nature. Quelques-unes des plus importantes recherches récentes portent sur la physiologie et la capacité sensorielles, qui ont des applications directes dans la réduction des prises accessoires d’animaux dans les engins de pêche.

St. Aubin (Mystic Aquarium, comm. pers.) signale qu’il est l’auteur de plus de 40 documents scientifiques sur des animaux en captivité et note que, sur une période de deux décennies, trois universités canadiennes ont publié plus de 100 articles scientifiques sur des mammifères marins en captivité. Baird (1992) semble indiquer une baisse marquée du nombre d’articles publiés par le Vancouver Aquarium, mais un dossier complet des publications, des thèses et des articles scientifiques révèle que, de fait, la recherche dans cet établissement est très productive. Le programme du béluga de la US Navy, qui a trois bélugas canadiens, a produit plus de 60 documents scientifiques sur l’espèce au cours des deux dernières décennies (S. Ridgeway, US. Navy, comm. pers.).

Outre les recherches spécifiques déjà achevées, des programmes de surveillance quotidienne exécutés à la plupart des établissements gardant des mammifères marins servent d’importantes bases de données pour l’évaluation de l’impact de la captivité elle-même et de divers processus vitaux. Ces données deviendront de plus en plus utiles au fil des ans.

Souvent, les établissements qui gardent des mammifères marins en captivité n’offrent pas de programmes d’appui à la recherche. Certains hésitent à soumettre leurs animaux de grande valeur à toute activité qui ne s’inscrit pas dans la routine normale ou qui pourrait nuire à leur exposition. Qui plus est, il est souvent difficile d’harmoniser les exigences de la recherche et les activités courantes d’entretien. Mais ces établissements et les spécialistes des mammifères marins pourraient faire plus d’efforts pour maximiser l’utilisation coordonnée des mammifères marins en captivité. Il est rare que les établissements exécutent des programmes actifs recherchant des chercheurs externes ou les finançant.

La suggestion que m’ont faite des ONG américaines voulant que les recherches nécessaires sur les cétacés en captivité puissent toutes être faites dans des établissements de recherche consacrés à ces animaux n’est pas vraiment appropriée. Comme de tels établissements n’existent pas au Canada, cette approche pourrait exclure les scientifiques canadiens ou exiger qu’ils travaillent à l’étranger.

Des ouvrages récents (p. ex., Nachtigall et More, 1996; Leatherwood et Reeves, 1990; Au, 1993; Thomas et Kastelein, 1990; Kastelein et al., 1995; Nachtigall et al., 1995; Read et al., 1997) révèlent l’importance de la recherche sur les animaux en captivité au titre de la physiologie sensorielle, métabolique et de plongée, du comportement, de la cognition et de l’apprentissage, et de l’ontogénèse du comportement. Il est difficile, même lorsqu’on reconnaît pleinement les limites imposées par n’importe quel milieu de recherche, de rejeter l’importance de ces travaux (Norris, 1991) et de leurs avantages potentiels pour ce qui est de comprendre et de préserver les populations sauvages.

La recherche sur des animaux en captivité est de loin moins commune que celle ciblant des animaux et des populations sauvages, mais la documentation regorge d’exemples (Herman, 1980; 1991; Sylvestre, 1983; Watkins et Wartzok, 1985; Schusterman et al., 1996; Geraci et Bruce-Allen, 1987; Myrick et al., 1988; Renouf et al., 1990; Recchia et Tyack, 1991; Cheal et Ross, 1991; Drew, 1993; Kastelein et Noseworthy, 1994; Recchia, 1994; Nelson et Lien, 1994; Lien et al., 1995; Dalton et al., 1996; Helwig et al., 1996; Russell et al., 1997; Anderson et al., 1997). Cette liste est loin d’être exhaustive. La recherche particulièrement avantageuse sur des mammifères marins en captivité est celle qui exige le contrôle expérimental des conditions. C’est là l’avantage unique de tels travaux que le milieu naturel ne peut pas offrir. Et cela ne changera pas.

Table des matières


13.  Techniques d’étude des mammifères marins en mer

a.    Évaluations des programmes d'éducation présentés dans les aquariums au moyen de mammifères marins en captivité
i.    Contenu des programmes d'éducation sur les mammifères marins
ii.    Évaluations empiriques  

Les mammifères marins sont difficiles à étudier: ils ne peuvent généralement être observés que pendant de courtes périodes de temps dans un environnement hostile. Intimidante, fastidieuse et dispendieuse caractérisent l’étude scientifique de ce groupe de mammifères (Read, 1998).

Le développement de nouvelles techniques a beaucoup amélioré notre capacité d’étudier les mammifères marins. On n’aurait pu imaginer les grands progrès qui ont été faits lors des premiers examens de la technologie scientifique servant à l’étude des baleines (Norris, 1996). Grâce au perfectionnement des navires océaniques au cours des dernières décennies, il est plus facile d’avoir accès au milieu océanique intimidant et d’y travailler en sécurité. De même, le transport aérien est devenu plus utile, plus sécuritaire et plus diversifié.

La mise au point de nouvelles caméras qui permettent de prendre des photographies à prix modique permet d’identifier les individus d’après des marques naturelles (Lien et Katona, 1990) ou des relevés aériens spécialisés (Stenson et al., 1993; Estep et al., 1994). Les nouvelles caméras permettent d’utiliser dans une plus grande mesure des aéronefs pour effectuer des relevés des populations de mammifères marins, tandis que les dénombrements faits à partir de photographies de haute qualité permettent aux chercheurs d’établir la fiabilité des recensements.

Une vaste gamme de développements techniques, biologiques et électroniques ont amélioré davantage notre capacité de mener des études dans le milieu. Il est maintenant possible et même courant de faire des études qui n’étaient pas réalisables il n’y a de cela que dix ans. Read (1998) a récemment passé en revue les nouvelles approches technologiques à l’étude des mammifères marins sauvages. On peut minimiser les risques pour les animaux que pose l’utilisation de nombre de celles-ci par une analyse détaillée du risque (Cheneliere, 1998).

Il existe une panoplie de méthodes par satellite qui peuvent être utilisées pour étudier les mammifères marins sauvages. Les nouveaux systèmes par satellite et le transfert de la technologie militaire existante à des applications scientifiques offrent de nouvelles possibilités intéressantes. Ainsi, des radiomètres portés sur de récents satellites de la NOAA fournissent des données sur la température de la surface des océans, les fronts océaniques et la couverture des glaces, tandis que le radar à ouverture synthétique (SAR) fournit des images à petite échelle de la surface terrestre (Read, 1998).

De grands progrès ont aussi été faits en technologie sous-marine. Les interactions entre les animaux, et entre les animaux et leurs proies, peuvent être observées à l’aide d’une petite télécaméra attachée à des individus (Davis et al., 1992; 1993). Les appareils d’écoute sous-marine de la US Navy (Clark, 1994; 1995) permettent de surveiller les populations et de suivre des baleines individuelles sur de longues distances, tandis que les technologies de surface, comme le radar à onde de sol et l’imagerie thermique (Cuyler et al., 1992; Perryman et Laake, 1994; Barton, 1995; Duck et al., 1995), permettent de mieux surveiller les déplacements des mammifères marins à la surface de l’eau.

Notre capacité d’étudier les mammifères marins a beaucoup bénéficié de la technologie permettant de surveiller des individus particuliers. Les premières tentatives d’identification de ceux-ci (Katona et al., 1980) faisaient appel à l’appariement visuel des photographies de marques naturelles (Lien et Katona, 1990). Le développement de la technologie d’appariement informatisé (Hammond et al., 1990; Hiby, 1995) a grandement amélioré notre capacité de fournir rapidement et efficacement de l’information sur les concordances. Au fil des ans, les répertoires d’individus identifiés se révéleront des outils de recherche encore plus précieux grâce à l’ajout de nouvelles données, comme le démontre le projet YoNAH (Smith et al., 1999). Ainsi, les répertoires d’individus identifiés commencent à fournir de l’information sur la dynamique des populations, y compris la maturité, la survie de la progéniture, les menaces environnementales, comme les engins de pêche, et la survie (Wells et Scott, 1990). Des repères acoustiques obtenus de l’analyse des vocalisations des animaux permettent aussi d’identifier les individus (Clark, 1994; Read, 1998), tout comme des puces de transpondeur (Thomas et al., 1987).

L’avènement de systèmes de télémesure qui peuvent être transportés par les mammifères marins pendant un certain temps élargit davantage notre capacité d’étudier les populations sauvages. Par exemple, les enregistreurs de données fournissent de l’information détaillée sur les plongées, l’alimentation et une panoplie de facteurs physiologiques et comportementaux (Read, 1995; Baird et Hanson, 1996; Westgate et al., 1995; Read et Westgate, 1997).

Grâce à l’analyse génétique des tissus prélevés, on peut maintenant obtenir de l’information importante sur les sous-populations et les relations au sein d’une population ou entre les populations ou les espèces (Amos et Hoelzel, 1991). Ces techniques constituent d’importants nouveaux moyens de comprendre les populations sauvages (Brennin et al., 1997). Ainsi, l’analyse des lipides (Iverson et al., 1995a; 1995b) ou des isotopes stables (Ostrom et al., 1992; Abend et Smith, 1995; Todd, 1998; Todd et al., 1998) des échantillons de tissus peut fournir de l’information détaillée sur les habitudes alimentaires des animaux et, dans le cas des tissus durs, sur l’âge (Schell et al., 1999). Les travaux récents (Mackay et al., 1998) visent à déterminer l’état de reproduction des animaux ponctionnés par analyse des teneurs en hormone des échantillons.

Ensemble, ces progrès ont permis d’enrichir considérablement nos connaissances sur les mammifères marins sauvages et, sans aucun doute, ils continueront à contribuer à notre compréhension de leur vie. La science, s’appuyant sur nos connaissances antérieures, est un moyen cumulatif d’acquérir le savoir. Certaines connaissances proviennent d’études de la chasse des baleines et des phoques, d’autres d’études de cétacés en captivité. Aujourd’hui, la plus grande partie de la recherche sur les mammifères marins est effectuée dans le milieu naturel en grande partie à cause des conditions sociales et des nouvelles techniques mises au point au cours des dernières décennies; grâce à celles-ci, les connaissances sur les mammifères marins ont fait boule de neige (Whitehead, 1990).

Malgré les progrès technologiques, il reste toutefois des limites à la recherche en mer. Les conditions non contrôlables limitent en grande partie les chercheurs à des études qui permettent une manipulation expérimentale minimale des variables environnementales ou, dans de nombreux cas, des animaux ciblés.


Education
Divertissement ou éducation
Choix des objectifs pédagogiques
Apprentissage de l’information, des émotions, des attitudes et des valeurs
Éducation informelle
Contribution des auditoires à l’effort d’éducation

Education:   

L’éducation est généralement une exigence pour garder des mammifères marins en captivité. Les mémoires que m’ont présentés des ONG sont unanimes sur ce point. Des sondages de l’opinion publique (Roper, 1992; 1993) arrivent aussi à la même conclusion.

Nous avons tous notre propre idée de ce que l’éducation est ou devrait être. Apprendre étant un processus et un produit (Falk et al., 1995), le dialogue porte parfois à confusion. Certains raisonnent qu’il n’est pas justifié de garder des mammifères marins en captivité parce que l’éducation faisant appel à ceux-ci n’est peut-être pas d’attaque. D’autres réclament une étude indépendante concluante pour démontrer ce que les gens apprennent avant d’aller de l’avant. Enfin d’autres argumentent que l’éducation n’est pas parfaite, mais devrait et peut être améliorée. La plupart réalisent que cela prendra des efforts réels. Des programmes de planification extraordinaires sont en voie d’exécution (voir Developing and promoting caring attitudes toward the natural world, Brookfield Zoo, 1999).

L’éducation est une activité humaine complexe qui aboutit à diverses formes d’apprentissage. Il est peu probable que l’on puisse vérifier ce que les gens apprennent suite à l’exposition à des mammifères marins en captivité par une quelconque manière qui satisfasse totalement à tous ou un sondage rapide, fruste et ponctuel. Un nombre croissant d’ouvrages aide à clarifier certaines des questions qui devraient être résolues et indique les résultats éducatifs de certains programmes. Curieusement, il existe peu de données empiriques démontrant sans équivoque ce que les efforts d’éducation faisant appel à des mammifères marins en captivité donnent réellement. La nature transitoire et changeante de la variable dépendante - une cible en mouvement dans le temps, dans les cultures et dans l’esprit des gens - complique la mesure de l’impact de l’éducation.

Ont été identifiés dans les mémoires qui m’ont été présentés quatre grands problèmes au titre de l’animation faite dans les établissements présentant des mammifères marins, soit: (1) aucune animation n’était faite; (2) les faits présentés n’étaient pas pertinents; (3) les techniques pédagogiques utilisées n’étaient pas appropriées; et (4) l’animation n’était pas efficace. Les deux premières plaintes concernent les objectifs de l’animation et les deux autres, le processus éducatif réel.

Divertissement ou éducation:  En général, l’appui du public pour le maintien de mammifères marins en captivité limite leur utilisation à des fins scientifiques ou pédagogiques. Il n’est généralement pas acceptable d’utiliser les animaux uniquement à des fins de divertissement. Bien que nous admettrons presque tous que les animaux que nous connaissons personnellement nous divertissent et nous éduquent, le divertissement en soi à des fins commerciales ou publiques n’est pas considéré comme acceptable. La polarisation des deux éléments pourrait aider à analyser les avantages pédagogiques de l’exposition à des mammifères marins.

L’utilisation d’une grosse brosse à dents pour nettoyer les dents d’un épaulard est l’anecdote classique illustrant le fait que les mammifères marins gardés en captivité sont surtout utilisés aux fins de divertissement. Pour de nombreuses personnes, l’activité est une utilisation offensante de ces animaux. Mais un tel truc pourrait se révéler utile si la démonstration du fait que certaines baleines ont des dents et que d’autres n’en ont pas est un objectif pédagogique approprié et si le programme cible de très jeunes enfants. Absolument dégoûtés, des adultes m’ont raconté cette histoire. Lorsque j’ai interrogé de jeunes enfants au sujet de ce truc, ils m’ont répondu qu’ils savaient que les baleines ont des dents et que l’on devait en prendre soin (du moins en captivité) « comme moi ». Cette leçon peut être raisonnable pour de très jeunes enfants.

Les réactions à ce truc bien connu illustre la difficulté de séparer les notions de divertissement et d’éducation. L’éducation est définie comme le développement ou la formation systématique de l’esprit, des capacités ou du caractère par l’enseignement théorique. Un dictionnaire définit typiquement « divertissement » comme une occupation qui détourne l’homme de penser aux problèmes essentiels qui devraient le préoccuper (Webster, 1999). Tous ceux qui doivent relever le défi d’éduquer un auditoire savent que le divertissement est un facteur critique pour atteindre les objectifs de communication ou d’éducation. En éducation institutionnelle, comme les études obligatoires, le divertissement peut être quelque peu moindre, bien que mon expérience à empêcher une classe d’étudiants d’université de dormir pendant les cours me dit que son rôle ne doit pas être minimisé. En éducation informelle, comme les programmes offerts dans des musées, des parcs, des jardins zoologiques et d’autres du même genre, l’auditoire n’est pas forcé à participer (Edeiken, 1992; Luckhurst, 1998). Le divertissement dans un tel cadre doit être irrésistible et suffisant pour assurer la participation du public.

Cela ne signifie pas forcément que des « trucs » ou des « spectacles » d’animaux soient essentiels à l’éducation fructueuse, ou qu’ils doivent être permis. Des programmes d’éducation faisant appel à des mammifères marins en captivité doivent être à prime abord divertissants, mais la qualité de tels programmes doit être jugée d’après l’acceptabilité des composantes pédagogiques (Baker, 1990). La Humane Society of the United States est d’avis que la qualité des programmes détermine si les visiteurs en retirent ou non des avantages importants. Le processus d’émission de permis doit donc veiller à ce qu’ils ne soient octroyés qu’à des établissements exécutant des programmes éducatifs de haute qualité, en mesure de profiter au public par l’accroissement des connaissances, de la compréhension, de l’appréciation des mammifères marins et de leur rôle dans l’écosystème naturel (NMFS, 1999).

Dans les mémoires qu’ils m’ont présentés, plusieurs groupes ont mentionné les spectacles faisant appel à des mammifères marins en captivité. Ils les décrivent typiquement en termes négatifs à cause des comportements « artificiels », des numéros dégradants ou des objectifs éducatifs sans rapport. D’autres ont insisté sur des innovations dans les présentations publiques qui modifient considérablement le rôle des spectacles (Kelsey, 1991). Kelsey est d’avis que le paradigme du divertissement au sein duquel ont traditionnellement évolué les jardins zoologiques et les aquariums ne concorde pas à l’objectif contemporain de la sensibilisation au respect de la nature.

Le visiteur moyen d’un jardin zoologique ou d’un aquarium passe de 30 secondes à deux minutes (Bitgood et al., 1988; Marcellini et Jenssen, 1988), et parfois beaucoup moins de temps (Lien, 1990), devant un élément d’exposition typique. Mais il est souvent prêt à assister à un spectacle ou à une démonstration de 20 à 30 minutes. Les spectacles et les démonstrations sont des techniques éducatives qui peuvent capter l’attention d’un auditoire pendant de plus longues périodes et donc servir à présenter des programmes plus complexes. Bien que certaines ONG s’objectent aux spectacles, je crois que leurs plaintes concernent les objectifs pédagogiques plutôt que la pertinence des techniques d’animation (p. ex., Davis, 1998).

Choix des objectifs pédagogiques: Ce que l’on enseigne dépend de ce que l’on veut que les étudiants fassent ou apprennent jusqu’à la fin du programme éducatif. Une raison d’éduquer les gens aux mammifères marins est tout simplement parce que ce sont des êtres étonnants. Cette notion peut être élargie de sorte à ce que les programmes éducatifs visant les cétacés favorisent une compréhension et une appréciation meilleures des cétacés et de leur écosystème (CAZPA, 1995). L’éducation est un outil important qui peut servir à enseigner au public que les mammifères marins sont des ressources de grande importance esthétique, récréative et économique, ainsi qu’un élément important de l’écosystème (MMC, 1995). Traditionnellement, les objectifs des programmes sont d’éduquer les gens à une espèce et donc de les amener à s’intéresser à celle-ci et à son habitat (HSUS, 1995). À ce niveau abstrait et vague, il est évidemment possible à n’importe qui de déclarer que les programmes d’animation faisant appel à des mammifères marins en captivité répondent aux objectifs.

L’élaboration de programmes requiert typiquement l’identification d’objectifs intermédiaires ou de sous-objectifs à partir des objectifs éducatifs généraux. L’appréciation d’un mammifère marin peut passer par des objectifs d’appréciation de la manière dont il vit ou de ce qu’il peut faire. L’établissement d’un lien entre l’animal et ses besoins sur le plan de l’habitat peut nécessiter des connaissances fondamentales en biologie et en comportement, ainsi que de l’information sur le milieu de vie de l’animal. L’appréciation d’un individu peut exiger que l’on sache d’où il vient, quelle est sa situation actuelle et qu’est-ce qui l’attend à l’avenir. « S’intéresser » à une espèce peut engager des objectifs d’activisme environnemental. Il est essentiel de déterminer si les objectifs pédagogiques sont de nature cognitive/exploratoire ou affective/attitudinale (Eggerton, 1996; Forestall, 1997).

Dans les mémoires qu’elles m’ont présentés, plusieurs ONG ont souligné que les résultats éducatifs des expositions de mammifères marins étaient négatifs. Elles étaient d’avis que les mammifères marins en captivité transmettaient l’idée de la dominance de l’homme sur l’animal et que ce dernier pouvait servir au premier. D’autres (Davis, 1998) allèguent que les objectifs pédagogiques sont soigneusement élaborés et que les programmes d’exposition d’animaux en captivité font appel à des techniques rigoureusement choisies pour y satisfaire. Mais ces programmes sont basés sur des objectifs commerciaux qui bénéficient essentiellement peu aux animaux eux-mêmes ou à leur environnement (Davis, 1998). Les ONG et Davis (1998) ont peut-être tous deux raison, du moins pour ce qui est de certains programmes et de certains établissements.

Un énoncé plus ou moins officiel des buts et des objectifs pédagogiques semble être l’élément absent de la plupart des programmes d’éducation aux mammifères marins. Sans un tel cadre, il est difficile de choisir les techniques d’enseignement appropriées et impossible d’évaluer l’efficacité pour ce qui est d’atteindre les objectifs (Lien, 1988; 1989; 1990). L’identification claire des buts et des objectifs des programmes d’éducation offerts dans les établissements gardant des mammifères marins en captivité est une première étape essentielle nécessaire à la mise en oeuvre de programmes d’éducation plausibles. Il faut déterminer les types d’apprentissage qui atteignent ces objectifs car l’éducation requiert un cadre clair si l’on veut qu’elle porte fruit et qu’elle soit évaluée avec succès.

Apprentissage de l’information, des émotions, des attitudes et des valeurs: Les buts de l’apprentissage peuvent être multiples. Certains programmes ne visent qu’à sensibiliser en partant de la prémisse qu’un étudiant sensibilisé réagira davantage à une exposition ultérieure à de l’information semblable ou additionnelle. Certains apprentissages étant assortis de buts cognitifs, la maîtrise de certaines informations est requise. Le développement d’une sensibilité émotionnelle ou d’émotions envers les sujets peut être un autre but de l’éducation. L’apprentissage affectif est le développement de liens fondamentaux qui guident l’attention ultérieure, le point de mire éducatif et les actions. L’éducation aux valeurs vise à enseigner les attitudes et les valeurs fondamentales (Knapp, 1972; Lien et Walter, 1985; Callicot, 1991; Churchman et Marcoulides, 1991; Serrell et Raphling, 1993; Poole, 1995; Negra, 1997).

Lien (1985; 1993) est d’avis que les différents processus d’apprentissage limitent les différents types d’apprentissage. Il note que l’apprentissage de l’information peut se faire dans presque n’importe quel contexte, mais que le plan social limite l’apprentissage affectif et l’acquisition d’attitudes et de valeurs. Dans un examen de programmes de valeurs, il conclut que les évaluations des programmes visant des objectifs d’attitudes et d’information ne sont pas très efficaces pour ce qui est d’inculquer des attitudes ou de les changer. Il a toutefois relevé une exception, qui était typiquement liée à des changements d’attitude positifs; elle n’avait rien à voir avec le programme en soi mais plutôt avec la technique d’enseignement. Un changement d’attitude positif se produisait lorsque des gens aimés ou respectés présentaient leurs propres attitudes et les raisons les sous-tendant; le développement d’attitudes n’était pas lié à l’information mais plutôt au présentateur. Bien que l’information puisse être obtenue de sources sociales ou non, l’apprentissage des attitudes semble se faire plus facilement dans un milieu social. Ainsi, les enfants prennent comme modèle les vues exprimées par des adultes ou des pairs aimés et respectés (Lien, 1993).

Il me semble que nous connaissons mal l’activité humaine complexe de l’apprentissage. L’encadrement de l’éducateur sérieux travaillant dans des aquariums qui désire faire appel aux meilleures techniques d’enseignement pour atteindre divers buts est loin d’être adéquat. J’ai constaté lors du présent examen que l’orientation donnée dans la documentation pédagogique est souvent basée sur rien de plus que des conjectures, truffées de jargon, qui n’aident pas beaucoup à comprendre ou à structurer le processus d’enseignement. D’après moi, c’est un domaine où il reste encore beaucoup de travail de base à faire.

Éducation informelle: L’éducation informelle est volontaire, non-structurée, non consécutive, non évaluée, ouverte et orientée par et sur l’apprenant, l’accent étant mis sur l’interaction sociale et un programme minimum (Hofstein et Rosenfeld, 1996). Heimlich (1993) décrit les possibilités d’apprentissage non structuré, y compris les expositions et les spectacles, comme étant structurées par les éducateurs, mais que la décision d’y participer revient à l’individu. Les visiteurs n’étant pas obligés de rendre des comptes quant aux résultats de l’apprentissage, ils peuvent partir si l’expérience ne leur plaît pas (Birney, 1988).

On dit ainsi que chaque visiteur établit sa propre expérience d’apprentissage par le biais du choix et de l’engagement. Cela pourrait n’être qu’une dérobade. Attirer les visiteurs de différents contextes sociaux, éducatifs et culturels est un but ambitieux mais valable (Thompson et Diem, 1994; Bitgood et al., 1994). L’établissement de liens systématiques aux programmes d’éducation formelle serait peut-être la meilleure manière d’élaborer des programmes d’éducation informelle fructueux (Milson, 1999; Bitgood, 1989; Rennie et McClafferty, 1993; Tunnicliffe, 1994).

La principale exigence de l’éducation informelle est qu’elle soit divertissante dans le sens qu’elle capte l’attention de l’auditoire visé. Des sondages des visiteurs le confirment. Rosenfeld (1980) a constaté que ceux-ci mentionnent le plus souvent le divertissement ou des motifs sociaux comme la raison de leur visite d’un jardin zoologique. Mais ils veulent aussi apprendre (Balling et al., 1981), la plupart des chercheurs ayant noté qu’ils s’intéressent tant à l’éducation qu’au divertissement (Hill et Knowlton, 1987). Les sondages effectués par Kellert (1980) ont révélé que les avantages pédagogiques pour les enfants (38 %), le divertissement (26 %), la fascination des animaux (24 %) et des raisons d’ordre esthétique (11 %) étaient tous d’importants motifs des visiteurs de jardins zoologiques.

Dans les années 60 et 70, lorsque l’impact des programmes d’éducation informelle a été étudié pour la première fois, les évaluations étaient généralement assez critiques. Les gens avaient du plaisir, mais souvent leur intérêt pour la science, la nature ou l’art n’était pas excité et ils ne tiraient pas grand’chose de l’expérience. D’après ces résultats, les éducateurs de musées, de jardins zoologiques, de galeries, et d’aquariums ont choisi les techniques d’enseignement avec plus grand discernement et ils ont commencé à mettre en valeur les expériences guidées à interaction tactile. Enfin, les concepteurs de programmes ont pris conscience du bagage des visiteurs. Mais il faudra de l’information précise sur la manière dont les programmes d’éducation faisant appel à des mammifères marins en captivité fonctionnent si l’on veut que la conception et les résultats des évaluations s’améliorent.

Contribution des auditoires à l’effort d’éducation: La notion que nous sommes tous tabula rasa, même les bébés, au bord de l’environnement d’apprentissage a été abandonné il y a longtemps. Ce que l’on enseigne et comment on l’enseigne dépendent de l’auditoire visé et de la contribution de celui-ci à l’interaction éducative. Thomson et Diem (1994) examinent la capacité des visiteurs de comprendre l’information, leur durée d’attention et la rapidité de perception. Ils classent les enfants comme tactiles, auditifs ou visuels. On peut facilement identifier ces styles d’apprentissage en suivant des enfants dans un musée ou un aquarium et en observant leurs interactions avec les éléments d’exposition (Luckhurst, 1998; Birney, 1988). Dunn et Dunn (1993) évaluent l’importance de structurer l’enseignement de sorte qu’il corresponde aux styles d’apprentissage individuels.

Les connaissances et les attitudes acquises des participants aux programmes d’éducation sont d’importants facteurs déterminants de leurs résultats. Lien (1988; 1993) note comment les attitudes des enfants envers les animaux ont influé sur les résultats d’un programme d’information et d’éducation aux valeurs portant sur les baleines et les pêcheurs. Les connaissances sur les baleines de tous les étudiants qui ont participé au programme ont marqué une amélioration; les groupes les moins au courant au départ montrant la plus grande amélioration. Les attitudes des enfants, basées sur la typologie de Kellert (1988), ont aussi évolué, mais d’une manière différente. Le programme avait tendance à mettre en valeur n’importe quelle attitude que l’enfant avait déjà envers les baleines. Les résultats de l’éducation ne concernent pas seulement l’impact du programme lui-même mais aussi comment celui-ci interagit avec l’étudiant. Les différences sur le plan culturel, social, développemental et individuel déterminent tous les résultats pédagogiques. Les programmes d’éducation informelle ne visent pas des puits humains passifs dans lesquels on verse de l’information; les participants humains établissent activement leurs propres buts et résultats pédagogiques.

Il est important de reconnaître que la plupart des visiteurs des aquariums viennent en groupes comprenant des enfants (Brookfield Zoo, 1996). Il existe un nombre assez important d’études de visiteurs évaluant la participation familiale (Borum et al., 1995; Borum et Cleghorn, 1996; Borum et al., 1997; Borum et Dritsas, 1997) qui indiquent l’importance de tels groupes et les possibilités d’apprentissage offertes (Diamond, 1986; McManus, 1987).

Dans le cadre du présent examen, j’ai passé un week-end au Vancouver Aquarium à observer les visiteurs entrant dans la galerie d’observation passant sous le bassin des bélugas. Quatre-vint deux pour cent de tous les visiteurs arrivaient en groupes comprenant des enfants. Une visite moyenne durait trois minutes, bien que la durée par groupe variait considérablement. Le temps que consacrait un groupe à un élément d’exposition semblait clairement lié à l’âge du plus jeune enfant et à sa durée d’attention (à l’exception des bébés en poussette ou portés). Les jeunes enfants (de 3 à 5 ans) observaient très rapidement l’élément puis passaient aux éléments à interaction tactile, tandis que les enfants plus âgés l’observaient pendant plus longtemps. Des études systématiques ont de même révélé que les enfants règlent la trame et le rythme des activités dans le contexte de l’éducation informelle (Rosenfeld et al., 1982).

La qualité du contact entre l’enfant et les baleines semblait lié aux réactions et aux activités des parents. En moyenne, les membres du groupe familial faisaient moins de huit commentaires au sujet des baleines. Mais certains parents favorisaient les interactions par des questions adaptées à l’âge ou aux intérêts de l’enfant, à savoir par exemple combien de baleines voyait-il, si c’était des gars ou des filles, pourquoi l’une en particulier montait à la surface, pourquoi la trouvait-il belle, ou qu’est-ce qu’elle regardait. Un tel leadership éducatif de la part des parents donnait souvent lieu à de longues discussions et recherches. Étant donné l’importance des parents et de la famille dans l’apprentissage d’attitudes et de valeurs, il me semble clair que les programmes d’éducation faisant appel à des mammifères marins en captivité doivent aider les parents plus efficacement à titre d’éducateurs au sein de leurs établissements. Il ne faut pas non plus négliger l’importance des pairs car une grande majorité des enfants les choisissent comme leur groupe social favori pour visiter des établissements d’éducation informelle (Birney, 1988).

Table des matières


13 a.   Évaluations des programmes d'éducation présentés dans les aquariums au moyen de mammifères marins en captivité

13 a. i.  Contenu des programmes d'éducation sur les mammifères marins:

Je dis souvent à mes étudiants que l'éducation consiste davantage à éveiller l'esprit plutôt qu'à le meubler. Mais c'est l'action de meubler l'esprit qui permet de transmettre la sagesse, l'enthousiasme et la curiosité. Ainsi, la qualité de l'information dans les programmes d'éducation est la clé servant à mesurer la qualité de ceux-ci.

L'évaluation de contenu est le processus par lequel les pédagogues évaluent si un programme répond aux exigences de base en matière d'éducation; c'est-à-dire si le contenu reflète réellement les connaissances du domaine. Hoyt et al. (1999) ont évalué les contenus des programmes de plusieurs établissements de mammifères marins, contenus qui se sont révélés déficients; selon eux l'information présentée ne correspond pas aux meilleures connaissances scientifiques. L'établissement qui s'est le mieux classé dans leur étude est heureusement l'aquarium de Vancouver. Je ne crois pas qu'il y ait eu des analyses de contenus semblables dans le cas des médias ou des excursions touristiques d'observation des baleines, etc. Les normes d'éducation exigent que les programmes soient fondés sur les meilleures connaissances scientifiques actuelles (CAZPA 1995). Tous les établissements doivent adapter leur contenu pédagogique à ces normes.

13 a. ii.  Évaluations empiriques: 

Les évaluations empiriques des programmes offerts dans les aquariums sont assez difficiles à trouver. On en trouve davantage sur l'incidence des autres programmes d'éducation informels. Un bon nombre d'auteurs (Koran et al. 1999; Bitgood 1989; Wellington 1990; Falk et Dierking 1992; Bitgood et al. 1994; Ramey-Gassert et al. 1994; Tunnicliffe 1995; et autres) se sont penchés sur l'évaluation de la valeur pédagogique des musées. Ces études évaluent en général les effets à court terme; certains sont arrivés à des résultats positifs et d'autres non.

Falk et Dierking (1997) ont interrogé des personnes d'âges variés, soit de 0 à 10 ans jusqu'à l'âge adulte, au sujet des excursions scolaires qu'elles avaient effectuées durant leur primaire et ce, des années après cette excursion. Quatre-vingt-seize pour cent de tous les participants se souvenaient de leur excursion et même de l'âge auquel elles l'avaient effectué; 79 % d'entre elles pouvaient se rappeler les détails de l'excursion, comme les personnes qui les accompagnaient; presque toutes pouvaient se souvenir d'au moins un événement précis survenu lors de l'excursion. Près de 80 % des personnes interrogées, tous âges confondus, ont mentionné qu'elles ont souvent pensé à cette excursion par la suite; 75 % déclaraient qu'elles y pensent encore fréquemment (Falk et Dierking 1997).

Lors d'enquêtes menées à la sortie d'aquariums américains abritant des mammifères marins, les visiteurs ont en général décrit leur expérience comme étant pédagogique (97 %), agréable (98 %), touchante (98 %) et leur permettant d'être plus sensibilisés à la protection de ces animaux (91 %) (Roper-Starch 1998). Bien sûr, cet échantillon de personnes s'est très probablement rendu à l'aquarium, du moins au début, dans le but premier d'apprendre quelque chose (Brookfield Zoo 1996). Les expériences pédagogiques sont en général moulées sur les attentes des visiteurs (Rosenfeld et al. 1982), même celles des enfants (Birney 1988).

Ce sondage est encourageant pour ceux qui croient que l'éducation est une retombée importante de la captivité des mammifères marins, mais il ne procure pas d'information précise sur les expériences précises les plus importantes, sur leur influence relative selon les différents publics ou sur l'efficacité comparée des autres programmes d'éducation. En général, il y a un manque flagrant de données empiriques sur les retombées pédagogiques de l'observation des animaux en captivité. Les raisons à cela sont classiques: en général, l'éducation est une valeur incontestable, mais en plus, la compétence des humains en tant qu'apprenants semble faire en sorte que toute exposition rende l'apprentissage inévitable.

Selon certaines études (Yerke et Burns 1991; Brookfield Zoo 1996), les entrevues ont permis de déceler des différences importantes sur le plan des connaissances avant et après les spectacles. On note toutefois des scores déjà très élevés lors des premières entrevues (soit déjà 80 % à 90 % de bonnes réponses); il est donc difficile de montrer des différences importantes au moyen d'un échantillon aussi mince. Certaines études ont permis de remarquer un accroissement des scores liés aux connaissances et à l'attitude à la suite du contact avec des animaux vivants durant la présentation d'un programme (Saunders et Young 1985). Heinrich et Birney (1992) ont constaté que les démonstrations d'animaux vivants dans les jardins zoologiques atteignent remarquablement leurs buts. Des taux de rétention allant jusqu'à 83 % pour certains messages ont été observés six semaines après l'expérience. Selon Lien (1990), les effets des contacts concrets des enfants avec les animaux dans des bassins tactiles peuvent se mesurer à l'accroissement de l'intérêt et de la sensibilisation face aux animaux marins, six mois plus tard.

Certaines études (Serrell et Raphling 1993) décrivent les difficultés que posent la mesure de l'apprentissage affectif découlant d'expériences pédagogiques informelles. Selon Sherwood et al. (1989), qui ont étudié les effets, sur l'apprentissage des élèves, des animaux vivants comparativement à ceux de spécimens préservés, ont déterminé que des gains à court et à long termes mesurés par les changements d'attitudes, ont été réalisés seulement quand les élèves interagissaient avec des animaux vivants. Bien des études font état d'une constatation importante selon laquelle les enfants ne font souvent pas la distinction entre l'expérience et l'apprentissage (Rosenfeld et al. 1982).

On trouve de plus en plus de documentation évaluant l'incidence de l'éducation informelle (voir, le Museum Learning Collective http://mlc.lrdc.pitt.edu.mlc/) mais très peu sur l'incidence du contact avec les mammifères marins en captivité. Il s'agit là d'une erreur importante de la part de ceux qui se préoccupent des programmes d'éducation fondés sur les mammifères marins en captivité, et cette erreur doit être rectifiée. Les déclarations d'intention au sujet de l'éducation ne permettent pas de déterminer ce qui est ou n'est pas appris dans le cadre des programmes d'éducation, le bon fonctionnement de ceux-ci, ni s'il est possible de les améliorer. De solides évaluations empiriques sont nécessaires pour y arriver et pour justifier la poursuite de la conservation de mammifères marins en captivité et ce, à l'intention du public. De telles évaluations ne peuvent être rudimentaires, pas plus que leur conduite ne peut être rapide ni facile. Mais elles sont nécessaires et, malheureusement, elles brillent en ce moment par leur absence.

Table des matières


14.  Autres méthodes d'enseignement sur les baleines

a.    Whale watching  

Les autres programmes d'éducation fondés sur les mammifères marins en captivité sont notamment les émissions télévisées, les vidéos, les films, le cinéma IMAX, les magazines, les livres, les cassettes audio, les présentations dans les écoles, les démonstrations, l'Internet, les jeux informatiques, etc. Cela dépasse le cadre de la présente étude de commenter tous ces programmes. En général, on s'attendrait à ce que chacun rejoigne des publics différents (Ostman et Parker 1996) et convienne mieux à la transmission de certains types de messages pédagogiques que d'autres, tout en ayant ses limite propre. Il existe peut-être des liens entre les différents types de contacts pédagogiques. Par exemple, quelqu'un peut se procurer un livre sur les phoques après avoir vu un film sur le sujet. Du fait que le public moderne sait tant de chose sur les baleines avant de se rendre à l'aquarium (voir Brookfield Zoo 1996), il est clair que d'autres moyens de contacts sont disponibles et qu'ils sont utilisés. La relation interactive entre les types de programmes ou de contacts est importante et il se peut, ou non, que le contact avec les mammifères marins en captivité joue un rôle unique ou important dans la stimulation des interactions. On ne le sait tout simplement pas.

La recherche a montré qu'il y a une relation entre les connaissances sur l'océan et le nombre d'émissions télévisées portant sur les océans (Fortner 1985). Walters et Lien (1985) ont montré que même chez les enfants canadiens qui vivent près de l'océan, les connaissances sur cet environnement et ses habitants proviennent des émissions télévisées. Il y a plusieurs années, le réseau de télévision britannique a mené une étude d'impact intéressante portant sur le public qui regarde les émissions sur la faune. On a préparé à cette fin un court métrage à partir de différents scénarios présentant des récits scientifiques, anthropocentriques ou animaliers. Parmi les personnes qui ont regardé tous les scénarios, bon nombre ont indiqué que la télévision était mieux que la réalité, tout comme dans le sports, « on voit davantage de choses à la télévision que sur place ». Bien des téléspectateurs ont préféré les films du type « eco-porn » qui ne présentaient l'animal que sous son beau jour sans montrer l'aspect de la prédation ni celui de l'accouplement. La plupart des téléspectateurs ont préféré le scénario anthropomorphique (Bunker 1999).

Dans la présente étude, nous discuterons de la seule autre méthode de contact direct avec les mammifères marins, soit les excusions d'observation des baleines.


14 a.  L'observation des baleines:

L'observation des baleines est devenue, au cours des vingt dernières années, l'industrie la plus florissante au monde dans le domaine animalier. En 1991, aux États-Unis, on estimait à 3 430 225 le nombre d'observateurs de baleines. Les dépenses totales liées à cette activité s'élevaient à 46,25 millions de dollars US. En 1994, ces chiffres ont grimpé à 4 074 195 observateurs et à plus 65,75 millions de dollars US par an au chapitre des dépenses (Hoyt 1992; 1995). Au Canada, en 1991, ces chiffres totalisaient 185 200 observateurs de baleines ayant dépensé 5,75 millions de dollars US; en 1994, ce nombre a atteint les 462 000 pour des dépenses de 14,20 millions de dollars US (Hoyt 1995).

Selon les sondages effectués à la fin des excursions, on estime que 44,5 % de tous les visiteurs de Terre-Neuve, entre juin et septembre, ont participé à une excursion d'observation des baleines; de plus, cette activité gagne de plus en plus de popularité auprès des résidents. Les excursions d'observation des baleines comptent une clientèle de 120 000 à 150 000 passagers par an et sont devenues une des principales entreprises, en plus d'être le pilier de l'écotourisme marin en pleine expansion (Lien 1999; données inédites). Au Québec, on compte plus de 300 000 visites par an pour l'observation des bélugas du parc marin du Saguenay- Saint-Laurent (Patrimoine Canada 1999). Plus de 50 bateaux d'excursion y sillonnent les eaux. De nombreuses autres excursions se déroulent aussi aux îles de Mingan et à Rimouski.

En Nouvelle-Écosse, un seul béluga attire des milliers de visiteurs par an (Kinsman 1999). Un récent sondage révèle qu'on y trouve 32 organisateurs d'excursions pour l'observation des baleines. Ceux-ci utilisent des bateaux de 45 passagers, qu'ils exploitent de juin à octobre au rythme de deux excursions par jour. Au Nouveau-Brunswick on trouve 25 entreprises d'excursion pour l'observation des baleines, munies de matériel similaire. Dans ces deux provinces, le prix pour ce genre d'excursion varie de 20 à 37 dollars (J. Conway, MPO, com. pers.). Récemment, le MPO a évalué à plus de 300 000 le nombre d'excursions commerciales qui se déroulent le long de la côte de la Colombie-Britannique (Lochman et Ellis 1999).

En 1998, on estimait à plus d'un million le nombre de personnes engagées dans les excursions commerciales pour l'observation des baleines au Canada (Lien 1999, données inédites). Le prix d'une excursion varie de 25 $ à 80 $; on estime que les revenus directs tirés de cette activité sont d'au moins 50 millions de dollars par an. Duffus et Dearden (1993) ont estimé que les observateurs de baleines du détroit de Johnstone dépensent de 370 à 400 dollars par excursion. Si on utilise un coeficient multiplicateur des retombées économiques plus réaliste, on en déduit que l'industrie de l'observation des baleines est maintenant évaluée à plus d'un quart de milliard de dollars par an au Canada. Selon Duffus et Dearden (1993), les dépenses totales peuvent atteindre 400 millions de dollars par an.

La plupart des retombées de l'observation des baleines peuvent être très locales. À Churchill, au Manitoba, il y a deux principaux organisateurs d'excursions qui utilisent trois gros bateaux et de nombreux petits pour l'observation des baleines. On estime qu'environ 10 000 observateurs de baleines se rendent dans cette petite localité durant les deux mois d'été. Cette attraction suffit à remplir les restaurants et les hôtels; et c'est sur cette entreprise estivale que se fonde l'économie de toute l'année.

La plupart des études sur les incidences de l'observation des baleines portent sur les répercussions de cette activité sur les animaux eux-mêmes (Johnstone Strait Killer Whale Committee 1992; Postle et Simmons 1994; IFAW 1997; Gilbert et le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent 1998). Peu de travaux ont cherché à évaluer systématiquement les incidences à court et à long termes du contact avec ces animaux. Forestall et Kaufman (1994) ont fait remarquer la valeur des excursions commerciales d'observation des baleines sur le plan de la recherche et de la surveillance. On a tenté d'élaborer des lignes directrices sur l'aspect pédagogique de l'observation des baleines (IFAW 1997). Kinsman (1999) a fait remarquer que les attentes crées à la suite de l'observation de baleines en captivité peuvent avoir un effet négatif se transférant sur l'observation des baleines en liberté. Cette auteure décrit des situations où les gens venus observer un béluga sauvage, hébergé dans un secteur confiné, lui donnaient des jouets, ou tentaient de mettre une main ou un pied dans sa bouche ou tentaient même de le chevaucher.

Les excursions d'observation des baleines peuvent présenter une solution de rechange parfaite aux retombées pédagogiques du contact du public avec les mammifères marins en captivité. L'Alliance of Marine Mammal Parks and Aquariums a fait remarquer que cette solution peut toutefois se révéler impraticable, puisque s'il fallait qu'autant de gens qui se rendent dans les aquariums pour y observer des mammifères marins en captivité participent à des excursions d'observation des baleines, cela créerait une escalade phénoménale de cette activité qui, selon certains, fait déjà l'objet d'une croissance anarchique. Étant donné qu'on s'inquiète des répercussions sur les animaux et de l'absence de retombées pédagogiques incontestables, un tel scénario entraînerait des inquiétudes encore plus grandes quant au bien-être et à la conservation de la faune. Les coûts pour ces animaux ne doivent pas être justifiés par les avantages pédagogiques.

Table des matières


15.  Réadaptation et remise en liberté des cétacés en captivité

Depuis un certain temps, les spécialistes de la mammalogie marine se préoccupent de la remise en liberté des mammifères marins et ne s'entendent pas sur les facteurs biologiques et pratiques de ces remises en liberté. La plupart des discussions portent sur les animaux capturés pour des raisons cliniques, gardés pendant de courtes périodes et réintroduits dans leur milieu une fois guéris ou réadaptés. Le projet de libération du célèbre épaulard qui tenait le rôle principal dans la série de films Mon ami Willy (Free Willy) a fait couler beaucoup d'encre au sujet de la réadaptation et de la remise en liberté des épaulards en particulier et a amené certaines personnes à croire que tous les cétacés en captivité pouvaient être relâchés dans la nature.

La remise en liberté peut se justifier par des raisons pratiques, pédagogiques ou de bien-être, mais rarement pour des raisons de conservation. En fait, elle pourrait même constituer une menace pour les populations en liberté en raison de l'introduction de nouvelles maladies ou infections, qui pourraient certes être minimes si on porte attention aux détails médicaux de toute remise en liberté, mais il n'en demeure pas moins qu'il faut adopter une approche prudente.

La remise en liberté d'animaux capturés à des fins cliniques se pratique plus couramment pour des raisons concrètes. Les aquariums et les établissements de soins seraient vite remplis de marsouins communs, de phoques du Groënland et d’otaries.

La remise en liberté pourrait être encouragée et menée à des fins pédagogiques. Dans ce cadre, les objectifs pédagogiques pourraient porter sur le bien-être des animaux, l'information biologique et écologique de base et la sensibilisation aux dangers que devront affronter les mammifères marins sauvages. Pour certains publics, et certains objectifs pédagogiques, la remise en liberté peut tenir lieu de spectacle captivant pouvant avoir une incidence pédagogique importante. Mais ces événements peuvent aussi être critiqués pour leur point de vue environnemental sous-jacent, tel que celui que Davis (1998) a décrit au sujet des programmes de captivité à des fins pédagogiques. En effet, la remise en liberté d'animaux gardés depuis longtemps pourraient véhiculer le message selon lequel il n'est pas grave de violer l'ordre naturel, puisque nous aurons toujours les ressources et les connaissances pour y remédier. Quoi qu'il en soit, il faut au moins mener des évaluations empiriques des incidences pédagogiques de la remise en liberté, car les remises en liberté massives à des fins pédagogiques ne sont pas justifiées en ce moment.

La remise en liberté des mammifères marins gardés en captivité pendant longtemps peut se justifier pour des raisons de bien-être. Si les avantages scientifiques et pédagogiques ne sont pas dominants, si les conditions de captivité se révèlent inadéquates pour le soin et le bien-être des animaux et si la remise en liberté ne nuit pas aux animaux demeurés dans les populations sauvages, alors la remise en liberté précédée d'une réadaptation suffisante pourrait améliorer le bien-être de l'animal. Mais à l'heure actuelle, l'expérience est insuffisante pour nous permettre d'approuver la remise en liberté à grande échelle des mammifères marins capturés depuis longtemps.

En fait, seuls quelques animaux actuellement gardés en captivité pourraient être remis en liberté prioritairement. Au Canada, bien des mammifères marins sont nés en captivité. La mise en liberté de ces animaux est peu prioritaire. Certains d'entre-eux sont le fruit de croisements de différents stocks et sont peu aptes génétiquement à être relâchés. Tous les mammifères marins en captivité au Canada, sauf quelques-uns capturés à des fins cliniques, ont été gardés pendant plus d'un an. La réadaptation et la remise en liberté des animaux capturés pour des projets scientifiques à court terme (moins d'un an) seraient plus praticables et auraient les plus grandes chances de succès. Tout animal gardé en captivité depuis plus d'un an ne représente pas une priorité pour l'instant.

La Marine Mammal Commission des É.-U. est responsable de l'élaboration de normes de réadaptation et de remise en liberté des mammifères marins dans leur milieu naturel. Cette entreprise nécessite du temps. Parmi les 20 groupes de dauphins à gros nez gardés en captivité pendant plus d'un an puis relâché, seuls 6 ont pu faire l'objet d'un suivi. Aucun épaulard gardé en captivité pendant plus d'un an n'a pu être relâché avec succès à ce jour (K. Balcomb, AZA, 1995). St. Aubin et al. (1988), Brill et Friedl (1993), Kleiman et al. (1992), UFAW (1992) , Beck et al. (1994), NMFS (1996), ainsi que d'autres chercheurs, ont présenté leurs résultats de recherches sur la réadaptation et la remise en liberté des animaux en captivité dans leur milieu naturel. À ce chapitre, ils ont avancé les suggestions générales suivantes: financement suffisant, nécessité de renforcer une population sauvage viable, remises en liberté effectuées seulement dans les régions adéquates sur le plan écologique et dans des habitats où les menaces pour l'animal sont minimes, planification pédagogique adéquate, consultation auprès des organismes de réglementation et du public intéressé, menaces minimes pour les populations sauvages, populations sauvages devant se situer sous leur capacité biogénique, normes vétérinaires vigoureuses, chances raisonnables de survie dans le milieu naturel et entraînement adéquat des capacités en vue de la survie. Toutes ces tâches sont formidables.

Selon l'atelier sur la remise en liberté des mammifères marins (Workshop on Releasing Marine Mammals into the Wild (MMC 1991), à l'exception des espèces grandement menacées, tout entreprise de remise en liberté d'animaux captifs réadaptés est à déconseiller en raison des risques de transmission de maladies virales aux populations sauvages. Bien qu'on conserve l'espoir d'acquérir de l'expérience, le précédent rapport canadien sur la capture et la conservation de mammifères marins (Cowan 1992) concluait ce qui suit: « Compte tenu de l'état actuel des connaissances, la remise en liberté des cétacés sauvages gardés en captivité pendant de longues périodes est inappropriée. » Le NMFS insiste sur le type d'information requise avant de pouvoir encourager les remises en liberté. À mon sens, il est difficile de ne pas en venir à la même conclusion bien que les discussions actives qui se déroulent aux É.-U. (A. Jeffreys, NMFS, com. pers.) puissent servir de fondement aux normes de remise en liberté, et l'expérience acquise grâce aux remises en liberté actuelles dans tous les coins du monde, pourrait dans un proche avenir servir de base pour la détermination des normes de meilleurs pratiques de réadaptation et de remise en liberté dans le milieu sauvage.

Table des matières


16.  Communications reçues au cours de la présente étude

Au cours de cette étude, le public nous a fait parvenir des courriels, des lettres, des télécopies et des textes. Une ONG canadienne a fait un battage publicitaire pour demander qu'on boycotte cette étude, mais sans succès. De nombreux textes de qualité nous ont été envoyés. Plusieurs groupes ont envoyé des vidéos, lesquels ont été remis au MPO. La présente section vise à résumer brièvement les présentations les plus importantes. Je crois, qu'en raison de l'excellence de ces présentations, j'ai été en mesure de saisir le point de vue du public au sujet de la capture et de la mise en captivité des mammifères marins vivants.

Whale and Dolphin Conservation Society (WDCS): Cette société a été créée en 1987 et compte actuellement 70 000 membres partout dans le monde. Son siège social est situé au Royaume-Uni. WDCS oeuvre pour la conservation, le bien-être et l'appréciation de toutes les baleines et de tous les dauphins et marsouins. Sa présentation incluait une étude des justifications scientifiques pour le maintien des cétacés en captivité (Mayer 1998), un résumé des résultats des études préliminaires des programmes d'apprivoisement et d'alimentation des dauphins aux É.-U. (Stark 1998), une étude sur la captivité des épaulards (Hoyt 1992) et un guide à l'intention des défenseurs des cétacés gardés en captivité (Mooney 1998). J'ai aussi consulté leur site web à l'adresse <WWW.WDCS.ORG>.

La WDCS s'oppose à la captivité des cétacés puisque celle-ci procure peu de retombées pédagogiques et qu'il existe d'autres moyens d'atteindre les objectifs scientifiques et pédagogiques visés sans avoir recours à des cétacés en captivité.

Zoocheck et La Fédération des sociétés canadiennes d'assistance aux animaux (Z-FSCAA): Ces deux organismes canadiens travaillent de concert à l'amélioration des normes de captivité des animaux. La FSCAA a un représentant au Conseil canadien de protection des animaux (CCPA).

Ces organismes ont présenté une étude sur la décision du Biodôme de Montréal d'exclure les cétacés vivants de son programme (Brown et Penfound 1995) ainsi qu'un rapport d'enquête sur Marineland, situé à Niagra Falls (Penfound et McHattie 1998). J'ai aussi eu l'occasion de rencontrer ces organismes.

Leurs mémoires portaient surtout sur le taux élevé de mortalité des cétacés capturés pour les aquariums et le fait que les aquariums construits récemment s'étaient opposés à la conservation des cétacés. On y fait remarquer que les retombées pédagogiques, scientifiques et reproductives de cette captivité n'avaient pas réussi à se concrétiser. Ils présentent une analyse profonde des aspects pédagogiques qui ressortent du contact avec les mammifères marins en captivité pour en conclure que ceux-ci font défaut. En raison de la nature de l'environnement naturel des cétacés, on croit que toute norme de captivité est inadéquate.

La FSCAA se préoccupe des conditions qui prévalent à Marineland, plus précisément des conditions de captivité des otaries, du recours à des bassins d'isolement et de l'apprivoisement des épaulards par le public. Cet organisme soutient fermement que les bassins d'apprivoisement ne devraient pas être permis dans les aquariums canadiens. « La question n'est pas de savoir si la présence des mammifères marins ajoute de l'attrait et de la viabilité aux programmes des aquariums, mais bien si ces programmes sont légitimes ou pas, et si les animaux souffrent dans le déroulement de ces programmes. »

Humane Society of the United States (HSUS): La HSUS est l'organisme qui chapeaute toutes les sociétés de protection des animaux aux États-Unis. Elle a fourni des publications sur les spectacles d'épaulards (Hoyt 1992), un cas général d'opposition à la captivité des mammifères marins (Rose et Farinato 1995) et diverses autres publications et normes de captivités (Riley 1993; Small et DeMaster 1995a; 1995b).

Dans sa présentation, la HSUS soutient que les spectacles sont limitées sur le plan de la contribution à la recherche, précisément parce qu'ils limitent les vérifications expérimentales nécessaires. De plus, « il n'existe aucune preuve objective selon laquelle les zoos et les aquariums sont des outils efficaces pour l'éducation du public en général sur la biologie, la conservation et les besoins des espèces sauvages. » La HSUS soutient qu'il faut mener une évaluation sérieuse des incidences pédagogiques des aquariums. Elle énonce des préoccupations quant au manque de normes applicables aux mammifères marins en captivité, en particulier au Canada.

Linda Sheehan: Madame Sheehan a obtenu, il y a plusieurs années, une maîtrise en géographie à l'Université de Victoria (Sheehan 1992) et nous a fait parvenir un exemplaire de son mémoire. De plus, elle nous a présenté ses réflexions sur la captivité des épaulards dans le cadre d'une série d'échanges par courrier électronique.

Madame Sheehan ne croit pas que les retombées pédagogiques, qu'elle met en doute, pas plus d'ailleurs que les retombées scientifiques, ne puissent justifier la conservation des épaulards en captivité. Elle reconnaît que certaines personnes peuvent être profondément touchées par l'exposition à des animaux en captivité, mais elle sait aussi qu'il existe de multiples manières d'influencer les gens. Selon Madame Sheehan, le spectacle d'animaux en captivité ressemble un peu au spectacle d'un Autochtone captif - il peut servir à sensibiliser le public et ce dernier peut en apprendre quelque chose, mais puisqu'il existe d'autres moyens de transmettre les mêmes notions, cela est tout simplement incorrect. Elle était prête à examiner l'aspect scientifique et pédagogique de la captivité des épaulards, mais le manque de données positives l'a amenée à se prononcer contre cette captivité. Fondamentalement, la captivité des épaulards est néfaste, du simple fait qu'elle viole les droits des animaux et cause de la souffrance à un animal sensible et intelligent.

Newfoundland Natural History Society (NNHS): Ce groupe est la plus importante organisation naturaliste de Terre-Neuve et du Labrador et a souvent pris position pour la défense des questions environnementales. Il s'agit d'un des rares organismes environnemental canadien à avoir répondu à notre appel de commentaires auprès du public.

Les raisons pour lesquelles on capture des animaux sont, pour la NNHS, des facteurs importants. Cet organisme n'accepte pas la capture d'animaux dont la population est menacée ni la capture parmi les populations sur lesquelles on ne détient pas d'information adéquate. Les captures menées dans le but de faire des profits ne devraient pas être permises, mais les justifications pédagogiques ou scientifiques sont acceptables. Elle fait remarquer qu'il existe des techniques d'étude des populations sauvages qui ne nécessitent plus de mener des études sur des individus en captivité; toutefois elle souligne aussi que certaines études sur les animaux en captivité sont nécessaires. Elle souligne que ce ne sont pas toutes les captures d'animaux vivants qui mènent nécessairement à la captivité et que certaines ont donc une importante valeur scientifique; elle souligne qu'il importe d'élaborer des normes pour la captivité à court terme. La NNHS souligne aussi que l'éducation se mesure à « ce que les gens peuvent emporter avec eux ».

Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent (PMSSL): Le personnel de Parcs Canada a décrit un cas particulier survenu en 1996, au moment où un groupe de scientifiques souhaitait recueillir des échantillons sanguins de 20 ou 30 bélugas; ce travail impliquait une capture temporaire. En raison de l'incertitude quant à la valeur de cette recherche pour la gestion des espèces menacées des populations de bélugas du Saint-Laurent, et du précédent que ce harcèlement pouvait créer aux yeux des organisateurs d'excursion pour l'observation des baleines, le PMSSL s'est opposé au plan de capture.

Plus de 300 000 visiteurs se rendent au PMSSL chaque année pour participer à des excursions pour l'observation des baleines. On fait remarquer que le potentiel pédagogique de l'observation des baleines « n'est pas toujours à son meilleur quand aucun commentaire n'est présenté, que de nombreux bateaux encerclent les animaux et que ceux-ci approchent les baleines de manière irrespectueuse. Quant aux baleines en captivité, le potentiel pédagogique peut aussi dépendre de la manière dont les animaux sont présentés. »

Atlantic Veterinary College (AVC): Le travail mené à l'AVC au moyen des mammifères marins porte surtout sur la recherche des causes de mortalité des phoques et des baleines. On y effectue aussi des captures à des fins cliniques dans le but de soigner des animaux blessés ou malades, mais ce travail est limité et sporadique. Les phoques sont gardés pendant quatre semaines, au plus, dans de petits réservoirs jusqu'à ce qu'ils soient réadaptés et relâchés. Ces captures sont régies par des permis du MPO et les soins apportés aux animaux de même que les protocoles font l'objet d'examens par le CCPA.

Merritt Clifton (Rédacteur en chef de Animal People): Animal People est décrit comme un service de nouvelles portant sur la protection des animaux dans le monde. Monsieur Clifton a fait remarquer que la collectivité de gens qui s'intéressent à la protection des animaux a récemment tourné son attention vers les questions de réadaptation en raison des quelques captures d'animaux vivants. Si le Canada s'engage dans la capture d'animaux destinés à la captivité, « l'animosité gardée sous silence pendant les dernières années refera surface avec encore plus de moyens financiers et la campagne mise en marche sera dirigée par un groupe d'activistes plus mature et mieux avisé que jamais sur le plan politique.

David St. Aubin: David St. Aubin est un chercheur canadien de grande renommée dans le domaine des mammifères marins. Il a publié 41 articles de journaux, chapitres de livres et ouvrages fondés sur l'information découlant de la recherche sur les mammifères marins en captivité. Il est actuellement directeur des services de recherche et de soins vétérinaires à l'aquarium de Mystic, au Connecticut.

M. St. Aubin, Ph. D., fait remarquer que la capture d'animaux vivants se déroule au Canada depuis des dizaines d'années et ce, dans la plupart des cas, pour une période restreinte, permettant ainsi la prise d'échantillons et le marquage avant la remise en liberté. La technologie des satellites améliore grandement les retombées scientifiques de ces captures. D'autres captures ont donné lieu à des périodes de captivité plus longues, mais ont aussi leur importance pour la cueillette d'information, en particulier sur l'énergétique et le métabolisme, la physiologie sensorielle, la reproduction, la santé et la maladie ainsi que la nutrition. Il fait remarquer qu'un grand nombre de publications des universités canadiennes résultent de la recherche sur les animaux en captivité. Il ajoute qu'il y a eu des épidémies de maladies dans les populations sauvages, qui ont coûté la vie à bien des animaux, nous laissant sans moyens de les contrer en raison du manque de données de base adéquates sur le sang et les tissus. M. St. Aubin, Ph. D., conteste aussi l'examen mené par Mayer (1998) en ce qu'il ignore l'important travail sur le métabolisme, la physiologie rénale, les capacités sensorielles et les fonctions immunologiques qui a été fait grâce aux animaux en captivité.

Au sujet de la capture de bélugas, M. St. Aubin soutient que des données télémétriques intenses montrent actuellement qu'elle ne perturbe pas le comportement normal des animaux. Des données semblables concernant d'autres espèces de mammifères marins devraient diminuer les inquiétudes au sujet de l'incidence des captures elles-mêmes. Il fait aussi remarquer que la survie de certaines espèces de cétacés en captivité, comme le béluga et le dauphin à gros nez, n'est pas différente de celle des populations en liberté.

Biodôme de Montréal: Pendant un certain temps, le Biodôme a étudié la possibilité d'héberger des cétacés, mais en 1993, il a décidé de laisser tomber ses programmes d'éducation impliquant la captivité des mammifères marins. Les raisons de cette décision sont les suivantes: 1) afin de faciliter la sensibilisation et l'éducation environnementales, le Biodôme a choisi de recréer des écosystèmes naturels et non pas de donner en spectacle des espèces « vedettes » 2) ses installations étaient inadéquates et 3) des groupes de pression ont exprimé un forte opposition à cette idée. Le Biodôme est d'avis qu'on « peut offrir une éducation de très grande qualité sur la conservation des mammifères marins sans qu'il n'y ait besoin de garder ces animaux en captivité. »

Aquarium John G. Shedd: Le Shedd compte environ deux millions de visiteurs par année et étudie activement les effets de ses programmes sur ceux-ci. Il fait remarquer la complexité des retombées souhaitées à la suite d'un contact avec des mammifères marins et la difficulté de les mesurer. Il souhaite élaborer des programmes d'évaluation des incidences plus rigoureux et plus exhaustifs. Linda Wilson, qui fait partie du personnel d'évaluation des programmes du Shedd, nous a fourni de nombreuses références utiles sur l'évaluation des incidences pédagogiques.

Cetacean Society International (CSI): La Cetacean Society International est une des ONG les plus anciennes et les plus actives en matière de protection des baleines aux États-Unis. Elle est d'avis qu'« il n'est plus acceptable de capturer des cétacés et de les maintenir en captivité à des fins de spectacles, d'éducation ou de recherche. Nous avons l'obligation morale de conserver les cétacés en captivité dans des conditions optimales pour leur bien-être physique et social et de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réadapter et remettre en liberté les individus gardés en captivité. »

Conformément à ce point de vue, elle s'oppose à la capture de bélugas à des fins d'observation et se demande si la récente demande du Marineland de Niagra Falls concernant l'obtention d'un béluga sera considérée en fonction des anciennes politiques canadiennes ou à la lumière des études actuelles. La CSI soutient que la capture de certaines espèces de cétacés peut avoir des incidences inconnues sur ces animaux et est d'avis que les opérations de capture doivent être considérées comme ayant d'importantes conséquences sur l'ensemble de l'unité sociale.

Selon la CSI, les retombées scientifiques réelles de la captivité sont bien minces et les incidences sur l'éducation et la sensibilisation sont contre-productives. « En fait, presque tous les centres sont bien en deçà des normes professionnelles des programmes d'éducation valables. » Elle croit que le Canada a échoué à mettre en oeuvre ne serait-ce que les normes minimales de conservation des cétacés en captivité, élaborées dans les autres pays.

Alliance of Marine Mammal Parks and Aquariums (AMMPA): L'AMMPA est un organisme international représentant 39 parcs marins, aquariums, zoos, centres de recherche et organismes professionnels. Au Canada, l'aquarium de Vancouver est membre de l'AMMPA. Cet organisme est d'avis que le public est largement en faveur des spectacles de mammifères marins. Bien qu'il appuie ses dires sur certaines statistiques, son argument le plus convaincant soutient que « les gens votent par leur simple présence ». Son intervention porte sur la contribution pédagogique et scientifique de la captivité et sur les normes de conservation des cétacés en captivité.

On cite un sondage Roper, mené en 1998, selon lequel « l'interaction avec des animaux vivants, ou leur simple observation, constitue l'outil pédagogique le plus valable pour l'étude des mammifères marins. Presque toutes les personnes interrogées (97 %) ont déclaré que leur expérience des mammifères marins a eu une certaine influence sur leur appréciation et leur connaissance de ces animaux. » L'AMMPA fait remarquer que des normes sur l'éducation ont été publiées à l'intention de ses membres, ces normes stipulent notamment qu'il faut « promouvoir et améliorer la compréhension et l'appréciation de l'animal et de son écosystème » et avoir recours aux meilleures connaissances scientifiques actuelles ainsi qu'à un personnel pédagogique professionnel.

Les membres de l'AMMPA ont dépensé environ 20 000 000 $, au cours des cinq dernières années pour mener des études fondamentales et appliquées. Cette recherche porte sur la conservation et la protection des animaux captifs, mais aussi sur différentes sciences fondamentales qui s'appliquent davantage aux cétacés en liberté.

Au sujet des normes de captivité, cet organisme souligne que les aquariums américains ont récemment pris part au Marine Mammal Negotiated Rulemaking Advisory Committee et ont conclu des ententes sur la protection des animaux dans le cadre de nombreuses normes.

Veronik de la Cheneliere: Veronik de la Cheneliere a récemment déposé un mémoire de maîtrise, à l'Université McGill (de la Cheneliere, 1998). Son mémoire porte sur les risques et les retombées des techniques invasives utilisées dans les études sur les cétacés en liberté. Elle présente une analyse des risques pour l'animal et des bienfaits scientifiques qui peuvent s'appliquer à d'autres situations où les gains scientifiques peuvent entraîner des pertes pour les animaux ou les petites populations.

Zoo de Brookfield: Le zoo de Brookfield reçoit un million de visiteurs par an. Ses dauphins à gros nez sont présentés dans un milieu recréant le littoral des caraïbes. Il souligne que son personnel participe à divers programmes de recherche scientifique en aquarium et en milieu naturel.

Deux documents du zoo de Brookfield sont dignes de mention, soit une évaluation interne portant sur le spectacle de dauphins, menée en 1996. L'élément intéressant de cette évolution est le fait que 84 % des groupes de visiteurs comptaient des enfants. L'étude examinait les scores de connaissances avant et après le spectacle. Résultats: les connaissances s'étaient accrues dans presque toutes les catégories mesurées.

Le second document présentait les normes éthiques appliquées par le zoo de Brookfield dans ses décisions quant à l'acquisition d'un animal.

Andrew Trites/Dave Rosen: Andrew Trites et Dave Rosen sont des scientifiques du centre de recherche sur les mammifères marins de l'Université de la Colombie-Britannique. M. Trites, Ph. D., est coordonnateur d'un programme de recherche interuniversitaire sur les mammifères marins.

La principale préoccupation des ces chercheurs est la reconnaissance de la recherche menée au moyen d'animaux en captivité. Les études actuelles, effectuées tant en milieu naturel qu'en captivité, portent sur l’otarie de Steller et les causes de son déclin dans le milieu naturel. La recherche au moyen d'animaux en captivité se déroule à l'aquarium de Vancouver. L'examen des recherches locales est effectué par le comité de recherche de l'aquarium de Vancouver et par le Animal Care Committee de l'Université de la Colombie-Britannique. Le travail en milieu naturel et à l'aquarium est coordonné avec soins. L'aquarium qui appuie cette recherche en tire profit, puisqu'en dehors des recherches qui sont menées sur les animaux en captivité, ceux-ci peuvent être utilisés dans les programmes d'éducation visant à décrire les difficultés que doivent surmonter ces animaux dans leurs milieux naturels.

Une des préoccupations de ces chercheurs porte sur le processus de demande de permis par lequel le MPO autorise la capture de mammifères marins vivants. Les deux scientifiques sont d'avis que ce processus pourrait être amélioré par une plus grande transparence et plus de rigueur; ils ont aussi tous deux souligné que ce processus ne doit pas devenir aussi lourd que celui des États-Unis.

Richard Sears: Richard Sears est directeur de la Station de recherche des îles de Mingan et a longtemps exploité une entreprise d'excursions d'observation des baleines qui se spécialisait dans les baleines bleues du golfe Saint-Laurent.

Il fait remarquer que depuis l'essor de l'industrie de l'observation des baleines, les organismes responsables de ce secteur d'activités ont fait preuve de bien peu de leadership judicieux. Il craint l'avènement d'un « cirque écologique » peu soucieux de la réelle interprétation. À l'heure actuelle, l'intérêt pécuniaire domine grandement les objectifs d'éducation, d'interprétation de la nature et de bien-être des animaux. Il réclame qu'on se penche sérieusement sur les objectifs visés en matière d'observation des baleines.

Brad Hanson: Brad Hanson a récemment obtenu un diplôme de premier cycle à l'Université de Guelph et travaille pour le National Marine Fisheries Service (NMFS) des États-Unis. Le point de vue qu'il a présenté est personnel et n'engage pas nécessairement son employeur.

Brad Hanson souligne l'importance de la capture d'animaux vivants à des fins d'échantillonnage biologique, d'installation d'appareils de télémétrie et autres, en vue d'obtenir des données importantes pour l'analyse de la structure des stocks, la surveillance des tendances, l'identification des habitats critiques et des divers besoins en matière de mesure de gestion. Il admet que la capture d'animaux vivants présente toujours certains risques, mais que les nouvelles techniques élaborées depuis 40 ans contribuent à diminuer ces risques. Il fait aussi remarquer que seule une infime fraction de la population animale est soumise à ce type d'échantillonnage, ce qui réduit davantage les incidences possibles sur les populations.

Il relate le refus d'une demande de permis pour la capture de marsouins de Dall, dans les eaux de la C.-B., par le MPO, sous prétexte que cette capture serait effectuée près d'une grande flotte de bateaux d'excursion pour l'observation des baleines et qu'un groupe de défense des droits des animaux s'y opposerait. Il soutien que l'évaluation d'une telle demande de permis devrait se fonder sur des données scientifiques et sur les retombées pour cette population animale, et non pas sur les préoccupations d'un groupe de défense public.

Robin Baird: Robin Baird est un chercheur très actif sur les mammifères marins en Colombie-Britannique et a récemment terminé une étude post-doctorale à l'Université Dalhousie. Il travaille maintenant pour la Pacific Whale Foundation. Il est l'auteur de nombreux articles scientifiques sur les mammifères marins en liberté et est spécialiste de la captivité des mammifères marins; en tant que contractuel, il a rédigé un rapport lors d'un examen précédent (Baird 1992). Il a également participé à la capture de quatre espèces de mammifères marins.

M. Baird, Ph. D., fait généralement remarquer les avantages de la capture d'animaux vivants pour les populations en liberté. Il raconte sa tentative d'obtention d'un permis pour la capture et le marquage de marsouins communs, au large de la Colombie-Britannique. Les permis américains et canadiens ont été demandés; le premier a été délivré mais non le second (du MPO). Il fait remarquer qu'à l'heure actuelle, « les critères de demande et d'examen ne sont pas explicites, le processus n'est pas transparent et il n'y a pas de délai obligatoire pour l'examen d'une demande de permis ». En raison du manque de clarté et de normes dans le processus actuel de demande de permis, M. Baird croit qu'il est possible que celui-ci puisse être biaisé par des influences politiques et des préjugés personnels. Il faut favoriser la recherche scientifique valable pour agir en vue d'une meilleure compréhension de la biologie et des risques qui menacent les mammifères marins.

Jon Lien: (Eh oui, je me suis fait parvenir quelque chose!) Jon Lien est le directeur du groupe de recherche sur les baleines de l'Université Memorial de Terre-Neuve et il travaille depuis assez longtemps sur la question des cétacés en détresse ou capturés accidentellement dans des engins de pêche. La majorité de son travail porte sur les baleines, mais à plusieurs reprises, il a travaillé pendant de courtes périodes auprès de cétacés gardés en captivité dans des aquariums.

Au Canada, la plupart des mammifères marins capturés vivants font l'objet de prises fortuites dans les filets des pêcheurs canadiens, et cette situation est des centaines de fois plus fréquente que les captures délibérées d'animaux. Dans certains cas, comme celui du marsouin commun du nord-ouest de l'Atlantique, les captures fortuites ont des répercussions importantes sur les populations. Il faut donc mettre en perspective le nombre de prises.

Il est important que le MPO, qui est responsable de la délivrance des permis de pêche, voie à atténuer les impacts de la pêche sur les mammifères marins. Les pêcheurs peuvent remettre les baleines en liberté mais ne s'y prennent pas toujours de la bonne manière. En outre, puisqu'on trouve souvent des animaux capturés par des engins de pêche de provenance inconnue, l'industrie de la pêche ne peut pas à elle seule réagir correctement à ces événements. Le MPO doit voir à ce que les captures d'animaux vivants soient régies de la bonne manière.

La seconde préoccupation porte sur le processus de délivrance de permis de Terre-Neuve, qui est extrêmement informel, ce qui présent un certain avantage, mais qui peut aussi porter à négliger la rigueur scientifique dont on devrait tenir compte dans les demandes de permis. On doit élaborer un processus de demande qui, en plus d'être efficace, soit clair, rigoureux et transparent.

Marineland: Le parc Marineland de Niagra Falls, en Ontario, est un parc thématique qui présente des spectacles de phoques, d’otaries, de dauphins à gros nez et d'épaulards. Il s'agit d'un parc privé qui reçoit des millions de visiteurs par année.

Les principales caractéristiques des présentations de Marineland sont les nouvelles installations qui y ont été élaborées, de même que la recherche et les programmes d'éducation qu'y s'y déroulent. Chaque printemps, Marineland organise des journées réservées aux élèves. Des cahiers de programmes sont envoyés aux enseignants, qui présentent les animaux du parc, on y suggère aussi des lectures et des activités scolaires. Plusieurs chercheurs utilisent les mammifères de ce parc pour des projets de recherche en cours. La direction du parc souhaite grandement élargir ces programmes.

Le succès de Marineland dans l'élevage des épaulards et la survie des rejetons est due à la bonne qualité de l'eau et des soins accordés aux animaux. Le parc fait appel à des vétérinaires externes et internes qui voient au soin des animaux.

« Il est certes important de prêter attention au point de vue des défenseurs des droits des animaux et à l'opinion publique, mais il est tout aussi important de prendre en considération la valeur de la recherche et de la sensibilisation lorsque l'opinion publique s'oppose à nos pratiques. Il faut trouver l'équilibre quant à l'utilisation des animaux. » Faisant référence à la captivité et à l'observation des baleines, la présentation de Marineland suscitait la question suivante: « Vaut-il mieux soumettre un petit nombre d'animaux à l'observation de milliers de personnes, ou emmener des milliers de personnes observer les animaux? Tout bien considéré, laquelle de ces activités a la plus grande incidence sur les populations de ces espèces? » 

No Whales in Captivity (NWIC): NWIC est un groupe activiste qui s'est surtout intéressé aux activités de l'aquarium public de Vancouver, mais qui s'occupe aussi des questions liées au bien-être de plus gros mammifères. Son centre d'intérêt est surtout l'épaulard, mais aussi les autres espèces de mammifères marins. NWIC a élaboré un plan progressif visant les cétacés de l'aquarium public de Vancouver, plan qu'il a présenté au conseil des parcs de Vancouver qui est responsable des biens immobiliers de l'aquarium.

NWIC a soumis une entrevue présentant le point de vue de M. Jim Darling, Ph. D., au sujet de l'utilité scientifique de la recherche sur les mammifères marins en captivité. Celui-ci ne croit pas que la recherche menée au moyen de mammifères marins en captivité puisse avoir des applications pour les populations en liberté. Le NWIC critique aussi l'aspect pédagogique de l'exposition aux mammifères marins. « Il n'y a aucune preuve selon laquelle le public qui fréquente les aquariums contribue en quoi que ce soit à la conservation internationale des baleines. Même si cela était le cas, il faudrait établir la corrélation entre cet appui et le fait d'observer des baleines à l'aquarium. »

Pour NWIC, la question de la captivité relève de l'éthique; cette pratique est incorrecte. Même si elle était acceptable sur le plan de l'éthique, de plus grands bassins ne peuvent pas contribuer aux mieux-être des baleines. Selon le NWIC, bien des comportements anormaux apparaissent en raison de la captivité. « Les collections actuelles de cétacés en captivité, dont les taux de survie et de mortalité des rejetons sont sinistres, ne sont tout simplement pas viables. » Si on permet la captivité des cétacés, il faudra permettre d'autres captures d'individus vivants.

Ce groupe réclame un dialogue indépendant entre les parties intéressées en vue d'assurer, pour l'avenir, une gestion adéquate des mammifères marins.

Whale Stewardship Project: Le Whale Stewardship Project vise à améliorer la relation entre les humains et les baleines pour qu'ils puissent se côtoyer n'importe où. Ce groupe étudie les interactions des humains au moyen d'un spécimen de béluga qui vit tout près d'une localité située en Nouvelle-Écosse. Il a surveillé les interactions humain-baleine durant 10 semaines en 1998; ce qui a permis de tourner 200 heures de vidéo.

Le WSP est d'avis que les attitudes à l'égard des baleines, apprises en regardant des vidéos et en observant des animaux en captivité, influencent leurs attentes vis-à-vis des interactions avec les baleines en liberté. En effet, certaines personnes essayaient de monter sur l'animal, de s'y tenir debout, de le nourrir de poisson mort, de lui donner des jouets et de mettre leurs mains, leurs pied et même leur tête dans sa bouche. Quand quelqu'un intervenait pour les en empêcher, ces personnes ne comprenaient pas ce qu'elles faisaient d'incorrect, puisque leurs attentes étaient moulées sur ce qu'elles avaient observés dans les vidéos et au moyen des animaux captifs.

Selon WSP, « jusqu'à ce qu'on ait la preuve empirique que l’interaction entre baleines et humains n'a aucun lien avec l'expression de tels comportements... il semble qu'il serait plus prudent d'imposer un moratoire sur toutes futures captures..."

Conclusion: Le public canadien se soucie grandement du soin accordé aux mammifères marins et considère le MPO comme étant l'organisme de gestion responsable de leur conservation et de leur bien-être. Les mammifères marins jouent un le rôle de figure de proue en matière de préoccupations plus générales des droits, du bien-être et de la conservation des animaux. Une partie du public se préoccupe de toutes les captures de mammifères marins vivants, en particulier celle des cétacés, mais se préoccupent davantage de la captivité à long terme. Les cétacés sont ceux qui suscitent le plus d'attention et évoquent le plus d'émotion, bien plus que les phoques, les otaries et les loutres. Une grande partie du public canadien appuie la conservation des mammifères marins en captivité et une portion plus petite s'y oppose. Ceux qui l'appuient, le font tout de même conditionnellement, puisque à leurs yeux la captivité doit avoir une valeur pédagogique et scientifique. Ceux qui s'y opposent le font parce qu'ils sont d'avis que cela brime les droits des animaux, qu'il s'agit d'une pratique cruelle en raison de la nature des animaux visés, ou parce que cela est inutile. Il est peu probable que les gens en viennent à éprouver les mêmes sentiments à l'égard des mammifères marins en captivité, ou aient besoin d'en arriver là.

Table des matières


17.  Recommendations

a.    Le mandat du MPO et les mammifères marins
b.    Le MPO et le public
c.    Problèmes concernant l'actuelle réglementation sur la capture et la captivité
d.    Règlements et cadre stratégique
e.    Examen des demandes de capture et de mise en captivité d'animaux vivants
f.     Examen des demandes de permis de capture à des fins scientifiques
g.    Examen des demandes de permis de mise en captivité à des fins scientifiques
h.    Examen des demandes de permis de mise en captivité à des fins pédagogiques
 i.    Conditions de demande de permis 


17 a.  Le mandat du MPO et les mammifères marins

  1. Comme la plupart des Canadiens portent un intérêt passionné aux mammifères marins, ils tiennent à coeur leur conservation et leur protection. Ces animaux sont devenus des symboles de l’abus que nous faisons de la nature et de la santé de l’écosystème océanique, et un sujet de prédilection pour les pionniers de l'exploration de la relation entre l’homme, les animaux et la nature. Le MPO ne peut pas gérer les mammifères de la même manière qu’il gère le poisson. Le public appuie fortement les programmes de gestion et de recherche scientifique portant sur toutes les espèces de mammifère marin, y compris celles désignées comme des espèces n’ayant pas un intérêt commercial. Il veut que sa passion pour ces animaux soit exprimée par des mesures gouvernementales et une gestion de haute qualité; aucun autre organisme de réglementation ou de gestion ne peut remplir ce mandat. Le Ministère doit reconnaître cette réalité fondamentale dans ses politiques et programmes. La popularité des mammifères marins est pour le Ministère tout autant une responsabilité qu’une opportunité.
  2. La manière dont les ressources marines sont utilisées a grandement évolué. Les baleines et les phoques suscitent maintenant un grand intérêt sur le plan récréatif. Le point de vue commercial à l'égard de ce groupe d'animaux (observation des baleines) est un élément central de l'écotourisme marin qui a connu un essor important dans toutes les régions du Canada, rivalisant même les pêches sur le plan des revenus et ce, dans bien des régions. L'investissement du Ministère en matière de sciences et de gestion doit tenir compte de ce changement. Le faible pourcentage des ressources du MPO actuellement consacrées à l'étude et à la gestion des baleines et des phoques est inacceptable pour la plupart des Canadiens. Le Ministère doit grandement intensifier son travail actuel sur les plans de la science, des communications et de la gestion en ce qui a trait aux mammifères marins afin de prendre en considération les réalités économiques et sociales actuelles.
  3. Le MPO offre actuellement aux Canadiens de nombreux programmes d'information et de communication sur l'habitat marin, les processus océanographiques et biologiques et les espèces marines afin de se conformer aux lignes directrices ou aux règlements, d'améliorer l'appui aux initiatives et aux programmes de gestion, de favoriser les activités récréatives et commerciales sécuritaires, de susciter des comportements acceptables à l'égard des océans et de faire évoluer le mandat du Ministère en général. Le MPO gère les personnes et leur influence sur les océans et leurs habitants; il ne gère pas réellement les mammifères marins ni la vie marine. Les mammifères marins représentent un point de contact important entre le Ministère et le public canadien, et lui offre une possibilité inégalée de communiquer de l'information au public au sujet de l'écosystème marin et de son rôle dans la gestion de celui-ci. Le Ministère doit exploiter au maximum cette possibilité.
  4. La capture de mammifères marins vivants en vue de leur mise en captivité est restreinte à un petit nombre d'organismes au Canada. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une grande industrie, elle peut avoir des retombées scientifiques et pédagogiques importantes. Le MPO est le seul organisme responsable pouvant réglementer cette activité, et le public croit fermement qu'il doit le faire. La présente étude conclut qu'il n'y a pas d'autres possibilités permettant de réglementer la capture et la conservation de mammifères marins en captivité au Canada et recommande que le MPO en accepte l'entière responsabilité.
  5. La capture de mammifères marins vivants en vue de les garder en captivité ne peut pas faire l'objet d'un examen indépendant en ce qui concerne le mandat du MPO, sauf peut-être en ce qui a trait à ses responsabilités générales à l'égard des mammifères marins. Sur le plan quantitatif, les captures à des fins de mise en captivité ne portent que sur très peu d'animaux. Des captures de mammifères marins pour de courtes périodes à des fins scientifiques se produisent beaucoup plus souvent et ont une grande valeur. Les captures fortuites de mammifères marins dans les engins de pêche canadiens se produisent à des milliers de reprises chaque année et, à cet égard, des mesures doivent être prises pour en minimiser les incidences. La capture de mammifères marins à des fins de traitement cliniques se fait régulièrement et doit aussi être surveillée. Le MPO doit mettre de l'avant des programmes de gestion responsables afin de gérer toutes ces captures d'animaux vivants. Pour répondre aux attentes du public et remplir son mandat en ce qui concerne la gestion des mammifères marins, le Ministère doit assumer une responsabilité entière et équilibrée à l'égard de chacun de ces volets.
  6. L'objectif énoncé par le cabinet du Ministre dans le cadre du présent examen, est de jouer un rôle de chef de file mondial en matière de programmes de gestion des mammifères marins. Pour se consacrer à cette tâche, le MPO doit disposer des ressources nécessaires. Le Ministre soit s'assurer que ces ressources sont disponibles et mettre en oeuvre les recommandations du présent rapport.

Table des matières


17 b.  Le MPO et le public

  1. Le présent rapport doit servir d'amorce à une participation plus rigoureuse et plus active du MPO auprès du public qu'il dessert afin d'optimiser ses contacts d'éducation et de consultation et de remplir son mandat de gestion des mammifères marins. Le Ministère doit faire circuler le présent rapport de manière systématique à toutes les personnes et les groupes intéressés afin de recueillir leurs commentaires.
  2. Le Ministre aurait avantage à ce que le public en général et les professionnels lui fassent part de leurs opinions et conseils au sujet des politiques du Ministère sur les mammifères marins. Le public canadien est d'opinion qu'il n'est pas adéquat que la gestion des mammifères marins ne repose que sur les conseils des fonctionnaires du MPO. Le Ministère doit remettre sur pied le Comité consultatif des mammifères marins afin de colliger systématiquement ces conseils et de présenter des recommandations au Ministre. Les nominations à ce comité doivent faire en sorte que tous les groupes d'intérêts et de professionnels y soient représentés. Le Conseil canadien de protection des animaux (CCPA), le Comité sur le bien-être des animaux de l'Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV), l'Association canadienne des jardins zoologiques et des aquariums (ACJZA), des représentants des milieux professionnels de l'éducation des ONG ainsi que des membres d'office du MPO doivent faire partie de ce comité. Ce comité consultatif peut se réunir par voie de communication électronique à un rythme régulier. Ses fonctions doivent être notamment, l'examen des demandes de permis de mise en captivité et l'élaboration de recommandations au sujet de la recherche et de la gestion du MPO en ce qui a trait aux mammifères marins.
  3. Le public canadien et américain, la Marine Mammal Society, l'UICN et d'autres organismes appuient, à certaines conditions, la capture de mammifères marins à des fins de mise en captivité. Ces conditions sont que la captivité ait des incidences pédagogiques et scientifiques valables. Tout un segment du public canadien, engagé et sincère, est d'opinion que la capture et la conservation des mammifères marins en captivité brime les droits des animaux en plus d'être cruelle et inutile. L'opinion publique en matière de relation entre les humains et les animaux et celle entre les humains et la nature ont beaucoup évolué au cours des dernières décennies, et il semble que cette évolution se poursuivra. À cet égard, il existe toutefois d'importantes différences d'une région à l'autre du Canada quant aux sentiments que suscitent les mammifères marins. Il est recommandé que le Ministère, dans l'élaboration de ses politiques, prennent en considération le bien-être des populations animales en premier lieu, tout en étant aussi conscient des sentiments de la minorité et de la majorité des Canadiens à l'égard de la captivité des mammifères marins.
  4. Il est recommandé que le Ministère consulte le Conseil inuvialuit de gestion du gibier, le Comité mixte de gestion de la pêche et le Conseil consultatif de gestion de la faune du Nunavut pour connaître leur point de vue sur les recommandations et les normes présentées dans ce rapport. Les ententes ce cogestion conclues avec ces organismes peuvent limiter les politiques et les pratiques du MPO quant à la capture d'animaux vivants et à leur mise en captivité

Table des matières


17 c.  Problèmes concernant l'actuelle réglementation sur la capture et la captivité

  1. Le MPO ne doit pas ignorer les lacunes actuelles de la réglementation concernant la mise en captivité des mammifères marins au Canada.

    a) Ni le MPO, ni aucun autre organisme de réglementation, ne détient suffisamment de pouvoir pour faire respecter les conditions régissant les soins et le bien-être des mammifères marins en captivité.

    b) Il n'existe actuellement aucune norme reconnue pour le soin des mammifères marins en captivité dans les établissements du Canada.

    c) Il n'existe pas de programme d'inspection indépendant et transparent qui soit redevable au public sur les soins appropriés à apporter aux mammifères marins en captivité.

    d) Il n'y a pas de mécanismes de contrôle des importations et des exportations de mammifères marins au Canada.

    e) Au Canada, les règlements et les mécanismes de contrôle des autres programmes d'exposition aux mammifères marins, comme l'observation des baleines, sont inadéquats.
     
  2. Il y a d'autres problèmes relatifs à la gestion et à l'évaluation de la garde des mammifères marins en captivité.

    a) Les programmes de reproduction fonctionnent selon une base génétique très petite et sans coordination ni planification adéquates.

    b) Les preuves de la valeur pédagogique de l'exposition aux mammifères marins en captivité sont inadéquates.
     
  3. Il est donc recommandé que jusqu'à ce que ces problèmes aient été corrigés, le MPO impose un moratoire sur la capture de mammifères marins à des fins de captivité. Une telle démarche motivera les intervenants à corriger les lacunes. Toutefois, cela ne veut pas dire qu'un tel moratoire doive être permanent. Lorsque les lacunes réglementaires auront été comblées, que les conditions des programmes coopératifs de reproduction en captivité seront jugées satisfaisantes et quand un processus d'évaluation des programmes d'éducation aura été établi, le MPO pourra, sur avis du Comité consultatif des mammifères marins, réexaminer et modifier le moratoire au besoin.

Table des matières


17 d.  Règlements et cadre stratégique

  1. À l'heure actuelle, les pouvoirs conférés par la Loi sur les pêches et les règlements qui en découlent, sont suffisants pour contrôler les captures de mammifères marins vivants. Les conditions qui régissent les permis de capture à court terme à des fins scientifiques peuvent faire en sorte de minimiser les stress imposés aux animaux capturés et toute incidence possible sur les populations sauvages.
  2. Dans le cas des mammifères marins capturés en vue de leur mise en captivité, le MPO a imposé des conditions de permis qui établissent les normes de soins et de bien-être. Bien que ces conditions de permis puissent avoir une autorité morale, en vertu des lois et règlements actuellement en vigueur au Canada, elles n'ont pas de caractère obligatoire, ce qui n'est pas acceptable. Ainsi on peut garder des animaux provenant de l'extérieur du Canada et ceux qui se trouvent déjà dans les centres marins sans que le Ministère ne puisse contrôler la situation. Cela est inadéquat pour ce qui est de garantir au public que ses préoccupations à l'égard du bien-être des mammifères marins sont correctement prises en comptes. Il est recommandé que le MPO établisse de nouveaux mécanismes de contrôle sur la capture et la conservation d'animaux vivants, dans le cadre du Règlement sur les mammifères marins. Nous recommandons de créer plusieurs catégories de permis: 1) autorisations d'intervention clinique, autorisations d'aide en cas de capture fortuite, 2) permis de possession de mammifères marins, 3) permis d'importation et d'exportation de mammifères marins et 4) permis d'exploitation d'une entreprise d'excursion pour l'observation des baleines. Tous les détenteurs de permis seraient tenus de se conformer à des normes.
  3. Autorisations d'intervention clinique: La nécessité des captures à des fins cliniques et des interventions auprès des mammifères marins blessés ou malades est reconnue. Le MPO doit voir à ce que chaque région dispose des moyens de prévenir les autorités compétentes si un mammifère marin est en détresse. Il est recommandé que les conditions de permis appropriées soient précisées dans le cadre du Règlement sur les mammifères marins. Celles-ci doivent comprendre les éléments suivants :

    a) On recommande la création d'une classe de permis autorisant des professionnels qualifiés (personnes ou groupes) à porter assistance aux mammifères marins en détresse, blessés ou malades. Ces arrangements peuvent être souples et s'adapter aux circonstances, comme l'espèce et le nombre d'animaux à secourir, ainsi que les autres conditions locales. Les installations utilisées pour le traitement doivent être évaluées par le Conseil canadien de protection des animaux (CCPA) et régies par les meilleures pratiques vétérinaires. Les permis doivent être renouvelés chaque année pour accorder l'autorisation de répondre à de tels événements sporadiques.

    b) Les autorisations de capture à des fins cliniques doivent être examinées sur une base régionale. Le Comité consultatif des mammifères marins et le MPO-Ottawa doivent être informés des ententes conclues par les régions.

    c) Les autorisations de capture à des fins cliniques doivent permettre la conservation des animaux pour des périodes adéquates, adaptées aux traitements nécessaires. Si ces traitements, pour des raisons pratiques ou humanitaires, se poursuivent sur une période de plus de quelques mois, le Ministère doit en être informé afin que les plans concernant l'animal soient examinés selon les procédures d'application de permis à des fins scientifiques ou pédagogiques.

    d) On doit être suffisamment souple quant à l'élimination des animaux capturés à des fins cliniques ou pour des raisons de bien-être et qui ne peuvent être réhabilités et remis en liberté dans leur milieu. Les détenteurs de permis de capture à des fins cliniques doivent être autorisés, pour des raisons humanitaires, à pratiquer l'euthanasie sur les animaux qui souffrent ou sur ceux qui selon leur opinion professionnelle n'ont aucune chance de survivre après leur remise en liberté. L'euthanasie doit respecter les lignes directrices de l'ACMV et du CCPA. Les animaux capturés peuvent être utilisés dans le cadre de programmes pédagogiques ou scientifiques à condition que le programme d'accréditation des bonnes pratiques du CCPA soit mis en oeuvre. Ces conditions doivent être permises après l'approbation de la demande de permis approprié.

    e) Les animaux qui meurent durant la capture à des fins cliniques doivent servir à des fins pédagogiques et scientifiques. Le Comité consultatif des mammifères marins et le MPO se doivent de faciliter cette pratique.

    f) Les animaux remis en liberté après leur capture à des fins cliniques doivent répondre aux normes précisées dans les lignes directrices sur la réadaptation et la remise en liberté.

    g) Les détenteurs de permis de capture à des fins cliniques doivent présenter au Ministère, chaque année, un résumé de leurs activités, résumé que le MPO se devra de conserver dans ses dossiers. Dans les cas de taux élevés de mortalité ou de maladie inattendus, le détenteur de permis devra en informer immédiatement le MPO.
     
  4. Autorisation d'aide en cas de capture fortuite: Le MPO doit accorder une autorisation d'aide en pareil cas dans le cadre du Règlement sur les mammifères marins, afin de reconnaître la nécessité de porter assistance aux mammifères marins qui sont capturés accidentellement dans les engins de pêche. Un bon nombre d'exigences doivent être reconnues dans le cadre de cette autorisation:

    a) Le Ministère doit voir à ce qu'il n'y ait pas de pénalité ni d'obstacle empêchant les pêcheurs de signaler les captures fortuites de mammifères marins. La collaboration et l'assistance de l'industrie de la pêche est cruciale pour l'atténuation des incidences de leurs activités sur la vie des mammifères marins. Le public appuie fortement les programmes de soutien visant l'aide aux mammifères marins en difficulté.

    b) Il est recommandé que le MPO établisse, dans chaque région, des moyens clairs et bien diffusés permettant aux pêcheurs et au public de signaler les prises au pièges accidentelles.

    c) Le signalement des animaux en danger nécessite une intervention. Le Ministre doit voir à ce que chaque région du MPO dispose d'un programme d'aide aux mammifères marins pris au piège afin d'aider les pêcheurs et les mammifères marins en cas de capture fortuite.

    d) Une entente permanente dans le cadre d'un permis doit être conclue avec les individus ou les groupes reconnus par le Ministère comme étant aptes à s'occuper des cas de capture fortuite. Ces personnes ou groupes devront, chaque année, présenter au Ministère un résumé de leurs activités. Le Comité consultatif des mammifères marins devra, de temps à autres, examiner les programmes d'assistance pour voir à ce qu'ils soient menés conformément aux exigences appropriées qui peuvent comprendre la conformité aux politiques et lignes directrices du CCPA. Un résumé des prises au piège signalées doit être présenté chaque année au MPO.

    e) Les animaux qui meurent par suite de capture fortuite doivent servir à des fins pédagogiques et scientifiques. Le Comité consultatif des mammifères marins et le MPO devraient faciliter cette pratique.
     
  5. Permis visant la possession de mammifères marins: Il est recommandé que dans le cadre du Règlement sur les mammifères marins, le MPO crée une catégorie de permis visant la possession de mammifères marins. Ces permis ne doivent être délivrés qu'à des fins scientifiques ou pédagogiques; on devra exiger que les animaux obtenus principalement à des fins de reproduction en captivité répondent à des normes visant leur utilisation à des fins scientifiques ou pédagogiques. Certaines exigences doivent être imposées pour l'obtention d'un permis de possession.
    a) Les permis de possession doivent être renouvelés chaque année.

    b) Afin d'être admissibles à l'obtention d'un permis de possession, les établissements doivent être évalués par le Conseil canadien de protection des animaux et se conformer aux lignes directrices et aux politiques du CCPA, telles que révisées à l'occasion. Une évaluation complète doit être menée par le CCPA tous les trois ans, au moyen de visites spéciales, si nécessaire et, en particulier, si une demande de capture à des fins de mise en captivité est présentée.

    c) Il est exigé que les établissements créent un Comité de protection des animaux (CPA) local, selon le mandat des comités de protection des animaux du CCPA, dont le rôle serait d'examiner et d'approuver toute proposition d'utilisation des animaux en accord avec les politiques et les lignes directrice du CCPA, telles que révisées à l'occasion.

    d) Afin d'être admissibles à un permis de possession, les établissements doivent mettre sur pied un Comité consultatif de conseillers pédagogiques (CCCP) composé de pédagogues professionnels reconnus, provenant de la collectivité desservie par l'établissement visé. Le rôle de ce CCCP est de conseiller l'établissement au sujet de ses programmes d'éducation, de l'aider dans l'élaboration de ceux-ci, de voir à leur coordination avec les autres programmes d'éducation dans la collectivité et d'examiner chaque année les réalisations de l'établissement sur le plan pédagogique et de certifier la qualité de ses programmes d'éducation.

    e) Les renouvellements annuels doivent nécessiter la présentation de la fiche d'utilisation des animaux d'expérimentation du CCPA pour les mammifères marins qui sont hébergés dans l'établissement, le rapport annuel du Comité consultatif de conseillers pédagogiques (CCCP) et une copie du Certificat de bonnes pratiques du CCPA.

    f) En cas d'échecs à répétitions aux inspections ou en matière de respect des normes, le MPO doit avoir le pouvoir de saisir les animaux.
     
  6. Permis d'importation et d'exportation: Il est recommandé que le MPO établisse une condition de permis d'importation et d'exportation dans le cadre du Règlement sur les mammifères marins. Il n'y a actuellement aucune exigence visant la présentation d'un avis à qui que ce soit, sauf pour ce qui est des mammifères marins énumérés à l'Annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Un permis d'importation ou d'exportation dans le cadre de la CITES est requis pour le transport de ces mammifères vers le Canada ou vers l'étranger. Aucune exigence d'accréditation n'est imposée quant à la santé de l'animal, à l'examen des lieux ou aux normes de soins en vigueur dans l'établissement qui héberge l'animal. La supervision de ces activités ne se fait que sur demande des autorités américaines.

    a) Le Ministre doit demander à la Division de la santé des animaux d'Agriculture Canada d'imposer immédiatement un moratoire sur l'importation et l'exportation de mammifères marins et ce, jusqu'à ce que des mécanismes satisfaisants soient en place pour assurer le bien-être des animaux au moment du transport. En outre, le Ministre doit aussi demander à cette Division d'établir dans le cadre de la Loi sur la santé des animaux des règlements concernant les mammifères, comprenant notamment l'exigence d'obtention d'un permis du MPO avant l'importation ou l'exportation et d'inspection des lieux à la satisfaction du Ministère.

    b) Le transfert d'animaux à des établissements qui ne sont pas accrédités par des associations professionnelles comparables à celles du Canada, ou à des endroits où les normes sur le bien-être et les soins diffèrent grandement de celles en vigueur au Canada, ne doivent pas être pris en considération.

    c) Les établissements canadiens qui importent ou exportent des mammifères marins doivent détenir les permis de possession appropriés.

    d) Dans le cas des demandes de permis d'importation ou d'exportation à des fins de reproduction, l'établissement doit présenter un livre d'origine satisfaisant et faire la preuve de l'existence de programmes de reproduction collectifs satisfaisants pour l'espèce en question avant que le permis ne soit délivré.

    e) Si les animaux doivent être acquis pour leur conservation à long terme à des fins scientifiques ou pédagogiques, les permis appropriés pour ces activités doivent être obtenus avant de procéder à toute importation.
     
  7. Les établissements qui hébergent actuellement des mammifères marins au Canada doivent être obligés de se conformer à toutes les nouvelles exigences dans un délai de trois ans.
  8. Permis d'observation des baleines: Il est recommandé que le MPO établisse, dans le cadre du Règlement sur les mammifères marins, un permis d'organisateur d'excursion pour l'observation des baleines; permis qui serait nécessaire pour l'exploitation de toute entreprise commerciale pratiquant cette activité.

    a) Le MPO doit mettre en oeuvre une étude systématique visant à déterminer les normes et les politiques de délivrance des permis d'organisateurs d'excursion pour l'observation des baleines.

    b) Les lignes directrices visant à contrôler l'observation des baleines doivent être décrites dans les règlements mais le mode de mise en oeuvre choisi sera la conformité volontaire plutôt que l'application.

Table des matières


17 e.  Examen des demandes de capture et de mise en captivité d'animaux vivants

  1. Chaque région du MPO doit compter un coordonnateur des programmes visant les mammifères marins, qui jouera le rôle de responsable principal de la coordination des activités portant sur les mammifères marins et de la mise en oeuvre de l'examen des demandes de permis pour la capture d'animaux vivants.
  2. Il y a des différences importantes de sensibilités culturelles entre les régions du Canada à l'égard de la capture et de la captivité des mammifères marins. Qui plus est, ces différences ne semblent pas vouloir s'estomper. Ainsi, l'examen initial de toute demande de permis de capture doit se dérouler à l'échelle régionale, où on tiendra davantage compte des valeurs locales. Le Comité consultatif des mammifères marins devra être informé de la réception des demandes de permis afin de faire connaître ses commentaires. Le MPO-Ottawa doit consigner toutes les demandes reçues et les décisions prises. C'est au Comité que revient la décision finale quant à la recommandation ou non au Ministre des permis de capture.
  3. Les émotions à l'égard de la capture et de la captivité des mammifères marins vivants sont exacerbées et le public est généralement en faveur de la captivité des mammifères marins, mais seulement à certaines conditions. Ainsi, le Ministère doit disposer de lignes directrices explicites concernant la captivité de ces mammifères, indiquer en quoi ces politiques ont trait au mandat du Ministère et expliquer clairement ses principes et ses normes visant la capture et la captivité des mammifères marins. Les régions doivent suivre le même processus général pour les demandes de permis et l'étude de celles-ci.
  4. Le MPO doit préciser clairement que les décisions concernant les captures de mammifères marins vivants sont basées sur des politiques et des principes établis et ne sont pas soumises à l'influence politique ni à l'exercice des groupes des pression. Une brochure doit être élaborée en vue, d'une part, d'informer les demandeurs de permis éventuels du processus de demande de permis et de la manière dont les demandes sont examinées et, d'autre part, de rendre ce processus transparent pour le public
  5. Le public intéressé doit être informé de toute demande de permis de capture de mammifères marins et disposer d'une période de 60 jours pour faire part au Ministère de tout point de vue ou de toute information pertinente. Cela peut se faire par l'intermédiaire du site Web du MPO. Les examinateurs des demandes de permis peuvent tenir compte des commentaires du public dans leurs décisions, mais les principes régissant la capture ne doivent pas être violés.
  6. Il n'est pas clair que la nécessité d'obtenir l'appui du public en ce qui a trait à la conservation des populations de mammifères marins en liberté, ou celle d'obtenir de l'information scientifique sur ces populations, soit limitée à nos frontières. Il est recommandé de lever toute interdiction portant sur l'exportation d'une espèce du Canada, si cette interdiction se fonde uniquement sur la provenance étrangère de la demande. Les exportations d'animaux de certaines populations du Canada peuvent être nécessaires afin de maintenir les programmes de reproduction de certaines populations en captivité. Il importe toutefois de souligner qu'il peut être viable de limiter la captivité des mammifères marins à certaines espèces locales étudiées
  7. Dans des circonstances normales, la location de mammifères marins devrait être interdite.
  8. Les demandes de permis de capture de mammifères marins en vue de leur mise en captivité doivent être assorties de droits d'utilisation (dont le montant sera évalué au moment de l'examen) suffisants pour couvrir les coûts d'examen de la demande par les Ministères.

Table des matières


17 f.  Examen des demandes de permis de capture à des fins scientifiques

  1. Les captures à court terme de mammifères marins à des fins scientifiques doivent être permises. Cela comprend les captures qui exigent de garder l'animal pour une courte période pour le marquage à des fins de télémétrie ou pour le prélèvement d'échantillons. Ces captures n'exigent pas de déplacer l'animal de l'endroit où il a été capturé. L'examen des ces demandes devra être mené sur une base régionale par le MPO; le Comité consultatif des mammifères marins et le MPO-Ottawa doivent être informés de ces demandes et avoir la possibilité de faire connaître leurs commentaires quant à leur acceptation. Cette activité est en général très profitable et doit être favorisée.
  2. Une procédure de demande standard doit être adoptée dans toutes les régions. Elle peut être adéquate si elle tient compte des recommandations de 1992 du Comité consultatif des mammifères marins. Le processus d'examen doit être fondé sur un système consultatif d'examen par les pairs et se dérouler à l'échelle régionale. L'examen des demandes doit être mené par le MPO et par des professionnels qualifiés provenant du public. La période d'examen d'une demande ne devrait pas dépasser 90 jours.
  3. Une proposition décrivant le travail à entreprendre doit être présentée au Ministère et aux examinateurs pour l'examen par les pairs. Cet examen doit comporter des commentaires sur les qualités techniques du travail expérimental, sur ses chances de succès, sur sa contribution au bien-être d'animaux semblables en liberté et doit évaluer les solutions de rechange à la capture des animaux.
  4. On doit présenter une preuve selon la quelle le Comité de protection des animaux local a examiné le protocole de recherche conformément au lignes directrices du Conseil canadien de protection des animaux (CCPA). Puisque dans la plupart des établissements, peu de personnes travaillent directement dans le domaine des mammifères marins, on doit demander la participation d'examinateurs supplémentaires choisis parmi les mammalogistes reconnus comme étant des spécialistes du domaine sur lequel porte la demande.
  5. Le processus d'examen doit faire en sorte que les captures menées à des fins scientifiques ne soient pas effectuées dans des zones protégées, à moins que la gestion des populations de cette région ne fassent l'objet d'une préoccupation particulière. En général, il faut qu'à l'endroit où la capture a lieu, celle-ci n'entre pas en conflit avec d'autres activités, comme l'observation des baleines.
  6. Tous les six mois, les chercheurs et les établissements qui capturent les mammifères marins à des fins d'études scientifiques doivent présenter au Ministère des rapports d'étape sur leur travail scientifique. Le Ministère (la région et Ottawa) doit consigner les captures de mammifères marins et conserver les rapports d'inventaires et les publications qui en résultent.
  7. Si la recherche sur les cétacés en liberté doit devenir une source principale d'information dans le cadre du mandat du MPO, alors le Ministre doit voir à ce que les fonds nécessaires soient disponibles pour ces recherches. Le travail du Ministère et ses fonds de recherche ne doivent pas se limiter à quelques espèces d'intérêt commercial, mais servir à la gestion de tous les mammifères marins.

Table des matières


17 g.  Examen des demandes de permis de mise en captivité à des fins scientifiques

(Les conditions des captures à des fins scientifiques et pédagogiques figurent ici dans des catégories séparées, mais puisque la plupart des mammifères marins sont utilisés pour ces deux activités, toute capture d'animaux en vue de leur conservation doit répondre à toutes les conditions des captures effectuées à des fins tant scientifiques que pédagogiques.)

  1. La conservation des mammifères marins en captivité est acceptable aux yeux du public et des professionnels parce qu'elle a des retombées sur les populations de mammifères marins en liberté. La grande majorité des mammalogistes s'entendent pour dire que la recherche sur les animaux en captivité est nécessaire. Il est recommandé que celle-ci soit permise à condition d'accorder une grande attention au bien-être des animaux et à condition qu'elle comporte des applications éventuelles pour la conservation et la gestion des populations de mammifères marins en liberté.
  2. Il est recommandé que seules les demandes de permis visant la captivité à des fins scientifiques, provenant des établissements ayant mis sur pied un comité d'inspection conforme au mandat du Conseil canadien de protection des animaux et un Comité consultatif de conseillers pédagogiques (CCCP) soient examinées.
  3. Les nouvelles normes sur le soin, les établissements et le bien-être des animaux, recommandées dans le présent rapport, doivent s'appliquer à toutes les futures demandes de permis visant la garde en captivité.
  4. Il est recommandé que les demandes de permis visant la garde en captivité à des fins scientifiques soient présentées au MPO-Ottawa qui procédera à leur examen en collaboration avec les régions. Un processus de demande standard doit être adopté. Celui-ci doit être basé sur un système consultatif d'évaluation par les pairs. Une fois que la proposition décrivant le travail est présentée au Ministère, celle-ci doit être remise aux personnes intéressées et aux organismes professionnels en vue de l'examen par les pairs. Cet examen doit comporter des commentaires sur les qualités techniques du travail expérimental, sur ses chances de succès, sur sa contribution au bien-être d'animaux semblables en liberté et doit évaluer les solutions de rechange à la capture des animaux. Il doit être mené par le personnel du MPO-Ottawa. Comme il se peut que le personnel du MPO ne connaisse pas bien la captivité des mammifères marins, le Ministère doit compenser le manque de compétences par le recours à des spécialistes externes. La recommandation finale au Ministre concernant les demandes de permis visant la garde en captivité à des fins scientifiques doit être faite par le Comité consultatif des mammifères marins.
  5. Puisque la longévité des mammifères marins en captivité dépasse en général la durée d'un seul programme de recherche, de même que les idées et le financement d'un seul chercheur, il est recommandé que les demandes à cet effet comportent des plans pour l'utilisation des animaux à la suite de la recherche précisée. Si la captivité à long terme est précisée, la demande doit inclure un plan détaillé de l'utilisation et du soin de l'animal. Si on précise la disponibilité de l'animal pour une étude scientifique non déterminée, l'établissement doit disposer d'une procédure permettant aux chercheurs de faire une demande visant une recherche portant sur l'animal (ou les animaux) en question et d'un programme de subvention à l'appui de telles recherches. Le Ministère doit disposer des fonds suffisants pour appuyer la recherche au moyen des mammifères marins. Il est recommandé que le Ministère examine régulièrement la productivité des établissements où les animaux sont hébergés en captivité. Des plans de réadaptation et de remise en liberté des mammifères marins devraient aussi être présentés si on ne prévoit pas de recherche à long terme ni de programme d'éducation. La réadaptation et la réintroduction doivent répondre à des normes précises.
  6. Certains animaux peuvent être capturés et conservés pour de courtes périodes de captivité dans le cadre de programmes de recherche précis à la fin desquels la remise en liberté de l'animal est prévue. Normalement, ces gardes en captivité doivent être aussi courtes que possible. Selon l'expérience actuelle, il est recommandé que ces animaux ne soient pas remis en liberté si la durée de la captivité dépasse un an. Si un animal est remis en liberté, certaines normes à cet effet doivent être respectées.

Table des matières


17 h.  Examen des demandes de permis de mise en captivité à des fins pédagogiques

  1. Les établissements qui hébergent des mammifères marins à des fins pédagogiques soutiennent que le public ayant la possibilité d'observer des animaux captifs en retire de l'information, modifie son attitude et développe de l'affection à l'égard de ces animaux, ce qui est important pour la conservation et le bien-être des animaux en liberté. Ceux qui s'opposent à cette activité soutiennent que ses retombées pédagogiques sont limitées, et qu'elles sont même négatives, puisque les personnes qui observent des animaux en captivité adoptent des attitudes de domestication à l'égard des animaux. De plus, les retombées de cette observation sur le plan pédagogique sont faibles comparativement aux retombées des autres moyens d'exposition aux mammifères marins. Toutefois, aucun de ces deux points de vue ne s'appuie sur des preuves substantielles. L'évaluation de ces allégations contradictoires devrait constituer une priorité importante. Le manque d'information nourrit l'opposition du public à l'égard de la captivité des mammifères marins. Il est recommandé que le Ministère prenne les mesures nécessaires pour voir à ce que cette information soit colligée, en participant à l'organisation et au financement de la recherche. Cela constituerait une initiative de leadership important de la part du MPO et du Canada, qui aurait des répercussions dans le monde entier.
     
  2. Il est recommandé d'imposer un moratoire sur les captures de mammifères marins à des fins pédagogiques jusqu'à ce qu'on ait rassemblé un corpus de preuves empiriques documentant les retombées pédagogiques du contact du public avec des mammifères marins en captivité. L'élaboration de programmes d'évaluation professionnels relève de la responsabilité des aquariums et devrait être favorisée par le MPO. Ce moratoire ne devrait pas être vu comme étant une interdiction permanente visant toute capture de mammifères marins vivants ou leur mise en captivité. Le MPO devrait établir un mécanisme consultatif par lequel, au fur et à mesure que l'information pertinente est colligée, la recommandation pourrait être faite de maintenir ou de lever le moratoire.
     
  3. Le Ministre doit demander à la CAZPA d'adopter les normes visant l'éducation énoncées dans le présent rapport. Les établissements qui font une demande de permis visant la garde en captivité de mammifères marins doivent être membres de la CAZPA, ou d'un organisme étranger équivalent.
     
  4. Chaque établissement abritant des mammifères marins doit posséder un Comité consultatif de conseillers pédagogiques (CCCP). Les membres de ces comités doivent être des spécialistes de l'éducation de la collectivité desservie par l'établissement. Ce comité doit, en particulier dans les établissements qui ne répondent pas aux normes actuellement, élaborer un plan général d'éducation comportant des buts et des priorités. Le CCCP doit conseiller régulièrement les établissements quant à leurs programmes et les aider à créer des liens avec la collectivité et à évaluer l'atteinte de leurs objectifs pédagogiques.
     
  5. Les établissements qui demandent des permis de capture à des fins pédagogiques doivent clairement démontrer une longue expérience en matière de programmes d'éducation professionnels fondés sur les mammifères marins. Les exigences de ces programmes sont énoncées dans la section intitulée « normes d'éducation ». Le Ministère doit voir à ce que tout établissement demandant un permis de capture de mammifères marins vivants améliore l'utilisation pédagogique qu'il fait des animaux actuellement en captivité. Sur réception des demandes de permis visant la capture, les membres du CCCP doivent inspecter l'établissement qui en est l'auteur.
     
  6. Les établissements qui demandent un permis de capture de mammifères marins vivants doivent faire la preuve qu'aucun des animaux, ou des rejetons nés en captivité, dont ils disposent déjà ne peut répondre à leurs objectifs pédagogiques.
     
  7. Les méthodes pédagogiques autres que la captivité des mammifères marins, comme l'observation des baleines, n'ont pas été évaluées adéquatement et on ne dispose d'aucune information empirique sur leurs incidences pédagogiques, ni sur leur incidence sur les animaux en liberté. L'essor commercial de cette activité s'est fait rapidement, de manière draconienne et sans réglementation. Il est recommandé que le Ministère élabore un plan de gestion des excursions d'observation des baleines, crée des partenariat avec les personnes et les groupes intéressés dans chaque région et mette sur pied des programmes évaluant les retombées pédagogiques de cette activité ainsi que ses conséquences pour les animaux. L'objectif est d'améliorer la conformité aux normes de sécurité et aux normes pédagogiques visant l'observation des baleines et de minimiser les perturbations causées aux animaux. Si les retombées pédagogiques de l'observation des baleines ne dépassent pas les incidences sur les animaux, alors il est recommandé d'imposer un moratoire sur tout développement futur de cette activité.

Table des matières


17 i.  Conditions de demande de permis

  1. Les demandes de capture de mammifères marins doivent prendre prioritairement en considération la conservation des populations en liberté. Dans des conditions normales, les captures ne doivent être permises que s'il peut être démontré avec satisfaction qu'elles n'auront aucune conséquence négative pour les populations.
     
  2. Les captures d'animaux vivants dans les populations qui sont classées par le CSEMDC, ou tout organisme équivalent, comme étant rares, menacées ou en danger de disparition ne doivent être permises que dans des circonstances spéciales où la recherche sur les spécimens en captivité, ou leur reproduction, comporte des applications directes sur la conservation des populations en liberté.
     
  3. De nos jours, les normes de pratique sont largement fondées sur les incidences de la captivité sur la mortalité et ne garantissent pas adéquatement les meilleures pratiques en matière de traitement. Il est recommandé que la santé et le bien-être des animaux soient pleinement pris en considération dans les normes régissant les établissements, la capture, le soin, le dressage, la reproduction, le transport et l'échange des animaux. Il est recommandé que l'évaluation du bien-être des animaux gardés longtemps en captivité ne soit pas fondée uniquement sur le fait de garder l'animal en vie, mais aussi de le garder « heureux », ce qui comporte la prise en considération de l'environnement naturel et social de l'animal. Ces facteurs peuvent être atténués par le fait que les conditions de captivité ne peuvent jamais reproduire complètement l'environnement naturel des mammifères marins et que de nouvelles techniques d'enrichissements des bassins sont nécessaires pour rendre les milieux de captivité variés et stimulants.
     
  4. L'interdiction visant la capture des épaulards doit être maintenue. Aucune demande de permis visant la capture à des fins de reproduction ne doit être prise en considération. Si l'ASR des animaux en captivité n'égale pas celui des animaux en liberté, on ne doit pas encourager la garde des épaulards en captivité.
     
  5. Les animaux nés en captivité peuvent contribuer aux objectifs pédagogiques et scientifiques en plus de réduire et de limiter le nombre de captures requises au sein d'une population, mais ils ne pourront pas les remplacer. En fait, compte tenu de la taille actuelle des populations en captivité, toutes espèces confondues, et de la nécessité de diversifier le bagage génétique des populations captives, la reproduction en captivité nécessitera la capture d'autres spécimens vivants. Les rejetons des populations en captivité ne sont pas aptes à se reproduire, ni à être réadaptés en vue de leur mise en liberté; ils devront donc demeurer en captivité. Les politiques du MPO doivent reconnaître cela. Il est recommandé que tous les animaux principalement capturés à des fins de reproduction répondent aux normes régissant leur utilisation à des fins pédagogiques et scientifiques.
     
  6. Les programmes de tenue des livres d'origines de toutes les espèces de mammifères marins actuellement en captivité sont inadéquats, et la coordination entre les différents établissements à ce chapitre est très informelle. Un moratoire sur la capture de toutes les espèces de mammifères marins à des fins de reproduction est recommandé jusqu'à ce que des plans de reproduction intégrés et coopératifs soient mis au point par tous les établissements en Amérique du Nord. Ces plans doivent tenir compte pleinement de la génétique des populations actuelles, notamment des besoins prévus en matière de captures futures, et démontrer la contribution des programmes de reproduction en matière de conservation des espèces en liberté, ou leur contribution à la nécessité minimale d'effectuer d'autres captures. Ces plans doivent présenter toute l'information sur la mortalité des animaux reproducteurs et de leurs rejetons, en captivité. Le Comité consultatif des mammifères marins doit examiner les plans élaborés afin de déterminer s'ils sont acceptables.
     
  7. Il est recommandé que dans l'évaluation de toute demande, le Ministère s'assure que tout établissement faisant une demande de permis pour l'obtention de nouveaux animaux ait d'abord optimisé l'utilisation des animaux qu'il possède déjà.
     
  8. Il est recommandé que les chercheurs et les établissements abritant des mammifères marins en captivité remettent au Ministère des exemplaires des rapports et des publications résultant de leur travail. Le Ministère doit tenir un inventaire des ces publications et être capable de fournir aux scientifiques et au public intéressés de l'information sur les inventaires de mammifères marins en captivité au Canada et sur la recherche dont ils font l'objet.
     
  9. Il est recommandé que les animaux qui meurent durant leur captivité servent à des fins scientifiques ou pédagogiques.

Table des matières


18.  Normes proposées pour la garde des mammifères marins en captivité

Introduction

Il existe déjà de nombreuses normes visant le soin des mammifères marins (Klinowska et Brown 1996; Alliance of Marine Mammal Parks and Aquariums 1998; CAZPA 1994; APHIS 1990; APHIS 1999; et autres). Plusieurs personnes ont fait remarquer qu'en général la garde, le soin et le traitement des mammifères marins en captivité font l'unanimité (Klinoska et Brown 1996; Rose 1999), mais que les avis sont partagés en ce qui a trait à la taille des établissements. Rose (1999) résume ces discussions en soulignant que les groupes de défense du bien-être des mammifères marins soutiennent que « plus grands sont les bassins, mieux sont les animaux », tandis que les représentants des établissements soutiennent que « plus grands sont les bassins, plus cher il en coûte ». Les recommandations au sujet de la taille des bassins représentent clairement un compromis entre ce qu'il serait souhaitable et ce qu'il est possible de faire.

Le règlement des différends concernant les établissements dépasse le cadre de la présente étude. J'ai donc retenu, les catégories utilisées aux É.-U. (bien que je ne sois pas totalement en accord avec celles-ci) puisque l'ACMV n'a pas présenté de commentaires spécifiques à leur sujet et que celle-ci a en outre insisté sur l'avantage de l'uniformisation des normes en Amérique du Nord.

Une possibilité consistait à élaborer une série complète de normes régissant la mise en captivité des mammifères marins. Il est probable que ces normes ne plaisent pas à tout le monde, mais elle fourniront une base de discussion et serviront même de moteurs de discussions lors de leur examen par les groupes intéressés. Le moratoire en place jusqu'à ce que les règlements soient adoptés devrait faire en sorte que cet examen se déroule assez rapidement.

Le processus d'élaboration des normes proposées était assez simple. Les normes de la CAZPA (1995) sur les cétacés et ce celles de l'APHIS (1990 et 1999) ont été présentées au Comité sur le bien-être des animaux du CCPA qui les a examinées et a suggéré un projet de normes pour le Canada. Ces recommandations ont été envoyées au CCPA pour commentaires. Le projet de normes final se trouve dans le présent rapport. Mon principe directeur consistait à éviter de recourir à un trop grand nombre d'énoncés prescriptifs, ce qui me semble être un problème dans les règlements élaborés aux États-Unis. La micro-gestion fonctionne rarement et, dans ce cas-ci, ne servirait pas nécessairement les intérêts des animaux.

Le MPO devra soumettre ces normes à un examen du CAZPA, et de tout autre groupe qui pourrait être intéressé. D'ici à ce que tout examen supplémentaire soit effectué, le MPO devrait adopter les normes ci-dessous dans le cadre de ses décisions portant sur la capture et la mise en captivité des mammifères marins. Il devrait aussi demander au CCPA d'adopter ces normes pour son programme d'inspection.

Dans son rapport, le Comité sur le bien-être des animaux de l'ACMV soulignait que les normes de base de la CAZPA (1995) sur les mammifères marins constituent des normes minimales. Il soulignait aussi qu'« il est relativement facile d’établir des normes pour les établissements à un niveau tel qu’il est impossible de garder des cétacés en captivité ». Par exemple, il n'y pas de cétacés en captivité au R.-U. où les normes sont extrêmement exigeantes. Pour éviter la tendance selon laquelle les normes minimales deviennent la règle, d'autres ont recommandé que les « meilleures pratiques » constituent les exigences en matière de soins et de bien-être (J.Wong, CCAC, com. pers.). Cela signifie que ces pratiques doivent dans tous les cas refléter l'opinion des meilleurs professionnels en matière de soin et de traitement appropriés. Le Comité sur le bien-être des animaux de l'ACMV fait remarquer que d'autres normes, telles que celles l'Association européenne des mammifères aquatiques (EAAM) et les règlements découlant de la loi sur le bien-être des animaux du ministère de l'agriculture des É.-U. et de l'APHIS, sont plus ou moins comparables à celles de la CAZPA.

Le Comité sur le bien-être des animaux de l'ACMV fait remarquer que les normes de la CAZPA concernant les cétacés datent déjà de quatre ans et n'ont pas encore été mises en oeuvre. « Il est reconnu que le développement de normes et de lignes directrices est un processus dynamique. L'ACMV appuie la recommandation de la CAZPA selon laquelle on devrait procéder à un examen officiel des normes tous les deux ans, afin de tenir compte de toute nouvelle information sur la captivité des cétacés. Nous appuyons aussi l'énoncé selon lequel, afin de maintenir l'uniformité en Amérique du Nord, les normes seront répertoriées afin qu'elles soient au moins équivalentes à ces des États-Unis. » J'ai tenté de suivre les normes de l'APHIS, des É.-U., mais j'ai laissé tombé certains points qui me semblaient des détails trop excessifs.

Les normes de base de la CAZPA sur les mammifères marins en captivité au Canada n'ont pas été élaborées à l'intention des phoques, des otaries et des loutres.

Après l'examen de l'ACMV, mon propre examen des normes du R.-U., de l'U.-E. et des É.-U., ainsi que les commentaires du CCPA, le projet de normes ci-dessous concernant la conservation des mammifères marins est proposé. Les normes pour les cétacés sont fondées sur celles de la CAZPA (1995) à quelques suggestions de modifications près, telles que proposées par le Marine Mammal Negotiated Rulemaking Advisory Committee des É.-U. (APHIS 1999). Les normes proposées ici pour les phoques, les otaries et les loutres sont fondées principalement sur les règlements de l'APHIS. Les normes concernant l'éducation sont fondées sur mes discussions avec des pédagogues et sur les propositions du NMFS en matière d'éducation au moyen de mammifères marins en captivité, présentées dans un document de travail rédigé par cet organisme.

Table des matières


19.  Règlements généraux visant tous les mammifères marins en captivité

a.     Normes concernant l'éducation
b.      Normes concernant la recherche scientifique
c.      Normes de reproduction en captivité
d.     Normes de transport
e.      Record keeping standards
f.       Normes d'élevage
g.      Normes du programme médical et vétérinaire
h.       Normes sur le dressage des animaux
i.        Normes sur la qualité de l'eau
j.        Exigences concernant les enceintes
k.      Évaluations
l.       Rehabilitation and reintroduction standards
m.     Autres  


19 a.  Normes concernant l'éducation

Chaque établissement abritant des mammifères marins en captivité doit créer un Comité consultatif de conseillers pédagogiques (CCCP). Les membres de ces comités doivent être des spécialistes de l'éducation provenant de la collectivité desservie par l'établissement. Ce comité doit, en particulier dans les établissements qui ne répondent pas aux normes actuellement, élaborer un plan général d'éducation comportant des buts et des priorités. Le CCCP doit conseiller régulièrement les établissements quant à leurs programmes, et les aider à créer des liens avec la collectivité et à évaluer l'atteinte de leurs objectifs pédagogiques. Les établissements qui hébergent des mammifères marins en captivité à des fins pédagogiques doivent posséder des programmes d'éducation conçus par des professionnels et qui doivent soutenir l'épreuve de l'examen par les pairs du milieu professionnel de l'éducation.

Les programmes d'éducation des établissements dépendent quelque peu des espèces, de la capacité de l'établissement ainsi que des intérêts et des problèmes locaux, et leur contenu peut varier considérablement. Tous doivent comporter des objectifs clairement définis qui favorisent l'intérêt et le respect envers l'animal, la préoccupation pour son bien-être et sa survie en liberté et le soutien en matière de gestion des populations en liberté; l'éducation sur le plan affectif et celui des valeurs est donc tout aussi important que l'éducation informationnelle. Les objectifs doivent être incorporés au plan du programme. Le programme d'éducation doit faire appel à une méthode pédagogique acceptable et ayant fait ses preuves.

Les programmes d'éducation doivent comprendre les programmes scolaires (qui peuvent être plus ou moins profitables), comporter du matériel pédagogique à

consulter avant et après les visites ainsi qu'un programme de formation des enseignants en exercice. Le matériel scolaire et les spectacles publics doivent présenter de l'information à emporter et des liens avec d'autres programmes d'éducation. Les plus grands établissements devraient offrir des programmes de formation aux guides et aux bénévoles. La formation des bénévoles doit comprendre des programmes de stages de formation destinés aux personnes intéressées et qualifiées, dans les domaines de l'élevage des animaux et des techniques de réadaptation.

Toutes les présentations pédagogiques, ainsi que la documentation les accompagnant, doit avoir pour base les meilleures connaissances scientifiques actuelles.

Il est impératif que les programmes d'éducation soit évalués par des professionnels quant à leurs incidences à court et à long termes et ce, au moyen d'examen par les pairs et d'études empiriques servant à évaluer les changements sur les plans de l'attitude, de l'information et du comportement. Les seules déclarations d'intention concernant la valeur des programmes d'éducation ne sont pas suffisantes pour en valider le mérite. Ces programmes ne peuvent être optimisés qu'à la suite d'une évaluation soignée.

Lors du renouvellement des permis annuels de possession, le CCCP de chaque établissement doit préparer un rapport sur les programmes d'éducation qui décrit ces programmes, présente les plans des nouveaux programmes et évalue la situation actuelle de ces activités au sein de l'établissement. Les évaluations empiriques des programmes doivent accompagner ce rapport.

Table des matières


19 b.  Normes concernant la recherche scientifique

Toutes les normes et les règlements du MPO concernant la conservation des mammifères marins en captivité doivent être respectées. Cela comprend l'inspection obligatoire des établissements ainsi que l'évaluation des soins par le CCPA.

Les propositions de recherche impliquant l'utilisation d'animaux doivent être examinées par le Comité de protection des animaux local en vertu des normes et des lignes directrices du CCPA. Ce comité doit comprendre un représentant d'une ONG intéressée afin de garantir sa transparence. On doit demander à des spécialistes externes, du domaine de la proposition, de participer à l'examen par les pairs. Cet examen doit comporter des commentaires sur les qualités techniques du travail expérimental, sur ses chances de succès, sur sa contribution au bien-être d'animaux semblables en liberté et doit évaluer les solutions de rechange à la capture des animaux.

Les établissements doivent comporter un processus de demande de recherche publicisé. Les établissements qui hébergent des mammifères marins en captivité doivent encourager les propositions de chercheurs externes et disposer de programmes de financement pour aider ceux-ci. Les établissements doivent disposer de suffisamment de fonds pour aider tous les chercheurs à publier les résultats de leurs travaux menés au moyen de leurs animaux.

Le personnel professionnel de l'établissement doit être encouragé à s'engager dans des domaines de recherche répondant à leurs intérêts. Un inventaire de toutes les activités scientifiques doit être maintenu, incluant notamment des évaluations et des mesures de routines menées sur les animaux.

Dans les établissements, des programmes doivent mettre en valeur le travail scientifique qui y est mené.

Puisque les établissements utilisent normalement des mammifères marins en captivité dans les programmes d'éducation et pour la recherche scientifique, ils doivent élaborer des plans pour que ce soient les mêmes animaux qui servent dans les deux cas.

Table des matières


19 c.  Normes de reproduction en captivité

Chaque établissement doit participer pleinement aux programmes de tenue des livres d'origine et de reproduction coopératives. Les plans doivent tenir compte pleinement de la génétique des populations actuelles.

Les circonstances spéciales où les femelles sont enceintes ou sont accompagnées de leur petit exigent que les établissements disposent de suffisamment d'espace pour isoler les animaux. Les conditions de soin durant la maternité et l'élevage du baleineau doivent faire en sorte que les groupes sociaux soient conservés. Cette norme s'applique aux mâles et aux femelles.

Les possibilités de multiplication des mâles et des femelles doivent être évaluées au moyen de dosages hormonaux et d'échographies.

Durant la reproduction et la maternité, du personnel vétérinaire expérimenté dans les domaines des soins liés à la gestation et à la mise bas ainsi que dans les soins postnataux doit être présent.

Les naissances de baleineaux doivent être filmées sur vidéocassette. L'accès du public durant ces événements doit être limité adéquatement. Chaque naissance doit être surveillée afin de décrire la séquence et l'enchaînement des événements. Les signes vitaux de la femelle parturiente, comme la respiration et le rythme cardiaque, doivent être mesurés au besoin. La surveillance attentive et complète des baleineaux est nécessaire durant toute la période postnatale.

Des plans d'urgence doivent être dressés en cas d'intervention nécessaire avant, pendant ou après la mise bas ou en cas de gestation non prévue, de sevrage, de maladie ou de comportement anormal.

Les décès qui se produisent dans le cadre des programmes de reproduction, en particuliers ceux des nouveau-nés, doivent être soigneusement documentés.

L'accumulation d'animaux par suite de reproduction en captivité doit s'accompagner d'une augmentation appropriée de la capacité de l'établissement d'héberger des animaux.

Table des matières


19 d.  Normes de transport

Les données indiquent un taux de mortalité et de stress supérieurs durant le transport, même de courte de durée, d'un établissement à l'autre. Il est donc de la plus grande importance que le transport soit sécuritaire, humanitaire et veille à la santé et au bien-être de l'animal. Tout transport de plus de deux heures doit être considéré comme une menace pour la santé des animaux. Le transport des mammifères marins doit toujours faire appel aux meilleures pratiques de transport indiquées par les spécialistes. Cette exigence suppose qu'on consulte les spécialistes indiqués à cet égard.

Les règlements de l'IATA, de la CITES et du MPO visant le transport des animaux doivent être respectés. Dans la préparation des animaux en vue d'un déplacement, un examen général doit être effectué au cours des 3 à 10 jours précédant le transport. Cet examen doit inclure l'évaluation du comportement, de l'alimentation et des dossier médicaux. Pour les plus gros mammifères marins, un vétérinaire ou un spécialiste en mammalogie doit accompagner l'animal durant le transport et tenir un dossier de surveillance médicale durant tout le transfert.

Les conteneurs de transport doivent être à la fine pointe de la technologie et adéquatement verrouillés en tout temps. Ils doivent être conçus en vue de minimiser le stress causé à l'animal. Ces conteneurs doivent permettre le mouvement des nageoires pectorales en tout temps et permettre à l'animal d'adapter sa position. Les conteneurs ne doivent pas transporter différentes espèces d'animaux. L'embarquement et le débarquement des animaux doit se faire en toute sécurité pour l'animal et pour ceux qui le manipulent. Les lieux de conservation et de manutention ainsi que le matériel de transport doivent être propres.

Durant le transport, l'humidité de la peau des cétacés doit être maintenue au moyen d'un émollient non toxique. Toutes les exigences nécessaires au maintien de la température appropriée à l'animal doivent être respectées.

Les loutres de mer doivent être transportées dans des conteneurs munis de faux planchers par lequel l'eau et les déchets peuvent circuler librement afin de garder l'intérieur de l'unité de transport propre.

Chaque transfert doit être décrit dans un document détaillant le traitement et les soins préalables, les plans de transfert et les plans d'urgence en cas de difficultés éventuelles. Ce document doit aussi décrire le suivi effectué auprès de l'animal. Normalement, ce document sera exigé par le MPO pour toute demande de permis d'importation ou d'exportation. Les envois d'animaux doivent être accompagnés d'une série complète de documents.

Table des matières


19 e.  Normes de tenue des dossiers

Les établissements doivent tenir des dossiers de leur inventaire d'animaux, leurs acquisitions et dispositions, les aliments et la nutrition, la santé et l'information médicale, la qualité du milieu, les activités quotidiennes ainsi que les activités de reproduction.

Les dossiers d'acquisition et de disposition comprendront : la date et le lieu d'acquisition, la méthode d'acquisition, le sexe, l'espèce, l'historique de reproduction, les marques d'identification, la date et le lieu de la disposition, la méthode de disposition et l'information sur la santé. Lorsqu'un animal meurt en captivité, on doit aussi consigner aux dossiers l'usage que l'on fait du corps. Toute information pertinente doit être partagée avec les responsables des programmes de livres d'origine.

Les dossiers sur la nourriture et l'alimentation de chaque animal doivent comprendre le type et l'espèce d'aliments; la provenance des aliments; la valeur calorique estimée; l'analyse nutritionnelle, la ration alimentaire quotidienne, les données sur la conservation des aliments, notamment le roulement, la consignation et la température des réfrigérateurs.

Les dossiers de santé et médicaux comprendront : les dates des examens, le nom du vétérinaire ayant procédé à l'examen, les raisons de l'examen, les conditions de l'examen, les résultats, les mesures prises, la médication et les suppléments, les estimations quant aux exigences en matière d'apport calorique, les mesures, les résultats des tests sanguins, les résultats des autres tests physiologiques, les observations du comportement, l'opinion du vétérinaire, les activités de reproduction, le transport et, finalement, les résultats d'autopsie.

Les dossiers sur la qualité du milieu comprendront : les tests d'essai sur la qualité de l'eau, notamment la température, le pH, la salinité et la numération bactérienne. Il faudra effectuer des tests des niveaux résiduels de produits chimiques servant au traitement de l'eau et tenir des registres de filtrage.

Les registres quotidiens des animaux comprennent l'observation du comportement, les anomalies et les habitudes, les facteurs externes, le type et la quantité de nourriture consommée ainsi que la quantité et le type d'interaction avec les gardiens.

Les programmes de propagation comprendront les dossiers complets sur la génétique et la démographie, les tentatives de reproduction, les ententes de prêts pour la reproduction et la descendance.

La description de l'établissement comprendra la taille et le lieu des enceintes, la description des systèmes d'adduction d'eau, les relations entre les bassins principaux et les bassins d'isolement à des fins médicales et les protocoles en cas d'urgence.

La sécurité des dossiers garantira qu'ils sont protégés du feu, de l'eau et de tout autre risque. Un double de tous les dossiers sera conservé, au besoin, dans un endroit séparé.

Tous les dossiers doivent être accessibles pour inspection. Tous les dossiers non nécessaires aux fins des exigences actuelles doivent être archivés.

Table des matières


19 f.  Normes d'élevage

Les normes d'élevage des mammifères marins doivent toujours être basées sur les meilleures pratiques énoncées par les spécialistes. Celles-ci doivent constituer les normes prépondérantes à respecter pour tous les soins et l'élevage des animaux.

Les aliments offerts par un établissement à ses animaux doivent fournir à ceux-ci une diète de haute qualité prévoyant suffisamment de types d'aliments pour être adaptée aux modifications quant à la disponibilité des aliments et aux préférences de l'animal. La qualité des aliments doit être vérifiée au moyen de fréquentes analyses de routine, portant au moins sur les qualités organoleptiques et la valeur calorique. Des tests supplémentaires évaluant la qualité des aliments à l'achat et durant l'entreposage peuvent aussi porter sur la teneur en triméthylamine en peroxyde d'hydrogène, en histamine, en azote volatile, en métaux lourds et sur la numération bactérienne. Les aliments doivent être entreposés dans les meilleurs contenants et à des températures optimales en plus d'être achetés au moment optimal. Les programmes d'entreposage à court terne ainsi que les méthodes de décongélation et de préparation des aliments doivent être conçus pour prévenir la contamination bactérienne et la perte d'éléments nutritifs. Cet entreposage ne doit pas dépasser 12 heures et les aliments doivent demeurer sains et conserver leurs qualités nutritives jusqu'à ce qu'ils soient consommés. Toute nourriture dégelée doit être consommée en moins de 24 heures. L'apport de suppléments vitaminiques, le cas échéant, doit être conçu pour chaque animal. Ces suppléments ne doivent pas être utilisés si leur délai de conservation ou leur date de péremption sont dépassés.

Les installations d'entreposage et de préparation des aliments doivent être nettoyées et désinfectées adéquatement; la contamination bactérienne de tout le matériel et de toutes les installations doit être surveillée. Le matériel et les ustensiles utilisés pour la préparation des aliments doivent être nettoyés et aseptisés après chaque utilisation. Les préposés et le reste du personnel doivent adopter un régime de santé personnel sain. Les installations doivent favoriser l'hygiène du personnel. L'élimination des déchets doit minimiser les risques d'infestation d'animaux indésirables, d'odeurs indésirables ou de risques de maladies.

Les animaux doivent être nourris de manière à ce chacun reçoive une quantité de nourriture adéquate. On doit tenir compte de l'âge, de l'espèce, de l'état de santé et de la taille de l'animal nourri. Les exigences nutritives et caloriques de chacun d'eux doivent être évaluées et adaptées à leur croissance, à leur niveau d'activité, à leurs besoins d'entretien, à la température de l'air et de l'eau ainsi qu'aux situations de gestation et de lactation. Les animaux doivent être maintenus à un niveau optimal individuel. Les préposés responsables de les nourrir doivent savoir reconnaître et consigner toute modification de l'état normal de santé de chaque animal, puisqu'une perte d'appétit peut indiquer un problème médical. Toute perte d'appétit de plus de 24 heures doit être signalée au vétérinaire. Un nombre suffisant d'employés ou de préposés renseignés à ce sujet doivent superviser l'alimentation devant public. Les dossiers sur l'alimentation de chacun des animaux doivent être accessibles pendant les inspections.

Table des matières


19 g.  Normes du programme médical et vétérinaire

Chaque établissement doit disposer d'un vétérinaire traitant pleinement qualifié et breveté qui voit à la supervision du programme de médecine préventive et de soins cliniques, et qui soutient les autres programmes visant la santé et le bien-être des animaux de l'établissement. Les établissements doivent se conformer pleinement à toutes les lois pertinentes en matière de médecine vétérinaire. Le vétérinaire traitant doit connaître toutes les politiques et lignes directrices du CCPA et toutes les recommandations du Comité sur le bien-être des animaux de l'Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV). On doit toujours adopter les meilleures pratiques fondées sur l'opinion éclairée des vétérinaires et des spécialistes en mammalogie marine. La principale responsabilité du programme de médecine vétérinaire est de voir à ce que ces pratiques soit toujours adoptées.

Le vétérinaire mettra en oeuvre un programme d'examens de soins de santé comprenant l'examen des dossiers d'élevage, des inspections visuelles des lieux et l'examen physique des animaux en captivité. La fréquence de ces examens est à la discrétion du vétérinaire en consultation avec le personnel de soins. Le vétérinaire doit faire sa tournée au moins une fois par semaine. Le contrôle quotidien par le personnel d'élevage doit comprendre l'examen visuel de l'apparence de chaque animal, de son activité, de son tempérament et de tout changement de comportement. Tous les employés et les préposés travaillent sous la supervision d'un conservateur chevronné en matière d'élevage de mammifères marins et ce, de concert avec le vétérinaire traitant. Un programme de formation doit être offert par le conservateur et le vétérinaire à tous les employés, en fonction de leurs tâches, et doit comprendre notamment les techniques d'élevage, de manutention et de consignation ainsi que les protocoles de tenue des dossiers.

Des dossiers doivent être tenus sur toutes les activités prévues ainsi que sur tous les processus physiologiques contrôlés. Les contrôles médicaux de routine porteront notamment sur le poids, l'alimentation, l'hématologie, l'analyse hormonale du profil biochimique, des vaccinations, des commentaires sur l'état de santé général et le comportement de l'animal.

Le vétérinaire mettra en oeuvre des plans favorisant la communication entre le vétérinaire traitant et les employés qui nourrissent, dressent et soignent l'animal. Un protocole d'urgence doit être élaboré de concert avec le personnel de soins. Le vétérinaire doit veiller à ce que l'établissement conserve un inventaire adéquat de médicaments et de matériel médical. Les médicaments doivent être entreposés et utilisés de la manière prescrite par la loi. Les schémas thérapeutiques doivent être appliqués par le vétérinaire. Des tests pour la détection des parasites doivent être effectués au besoin.

Le vétérinaire traitant prodiguera aussi ses conseils relatifs à l'entretien, à l'organisation et à l'amélioration de l'établissement.

Table des matières


19 h.  Normes sur le dressage des animaux

Chaque établissement doit disposer d'un plan de dressage décrivant la philosophie de base dans ce domaine et énumérant les objectifs et les critères de succès. Ce plan doit contenir des énoncés clairs au sujet du soin et du traitement des animaux ainsi que des méthodes de dressage utilisées. Des procédures visant l'obligation redditionnelle et l'examen de ces programmes de dressage doivent être élaborées. Les meilleures pratiques recommandées par les experts du domaine du dressage doivent toujours être adoptées.

Les normes de dressage prescrites par les organismes professionnels, tels que l'International Marine Animal Trainers Association, doivent être adoptées.

Le personnel de dressage doit être suffisamment qualifié pour être en mesure de satisfaire aux exigences du programme. L'établissement doit encourager les dresseurs professionnels à être membres d'organismes professionnels, à participer à des programmes d'échange entre dresseurs, à suivre des stages de formation et de préceptorat, à s'abonner à des revues professionnelles et à bien connaître la documentation du domaine. Le personnel de dressage doit faire preuve d'une grande expérience auprès des mammifères marins.

Le dressage et les spectacles des animaux doivent être évalués régulièrement de même que leur incidence sur la santé et le bien-être général des animaux.

Le dressage des animaux en vue de leur faire adopter des comportements clownesques durant les spectacles, ou cherchant à les diminuer ou à se moquer d'eux, ce qui n'a aucun mérite sur le plan pédagogique, n'est pas acceptable.

Table des matières


19 i.  Normes sur la qualité de l'eau

La qualité de l'eau des bassins contenant des mammifères marins doit garantir la santé des animaux. La numération des bactéries coliformes ne doit pas dépasser l000 NPP/l000 ml d'eau. Des échantillons d'eau doivent être prélevés toutes les 48 heures et les moyennes doivent être établies. Si ces dernières ne se situent pas en dessous de l000 NPP, l'eau du bassin doit être déclarée insatisfaisante et doit être améliorée immédiatement. La salinité de l'eau doit être contrôlée et maintenue à une valeur de 15 à 36 parties par millier.

Si des produits chimiques sont utilisés pour traiter l'eau, leur qualité doit être suffisante pour assurer la santé des animaux. Les échantillons d'eau doivent être prélevés au moins une fois par semaine pour effectuer la numération des bactéries coliformes et au moins tous les jours pour effectuer les tests de pH et détecter la présence d'additifs chimiques. Les établissements qui utilisent de l'eau de mer ne sont pas obligés d'effectuer des tests de pH ni de test chimiques mais doivent effectuer la numération des bactéries coliformes. Les résultats de tous les tests doivent être accessibles lors des inspections.

La qualité de l'eau doit être maintenue par filtration, par traitement chimique ou par tout autre moyen. Les restes d'aliments donnés aux animaux doivent régulièrement être ramassés pour maintenir la qualité de l'eau et l'hygiène du bassin. Les murs et le fond des bassins principaux doivent être recouverts d'un fini non poreux et imperméable facilitant le nettoyage et la désinfection, le cas échéant. Ces surfaces doivent permettre le maintien de la qualité de l'eau. Si des bassins contenant de l'eau de mer sont utilisés ou si l'habitat comprend des surfaces en bois ou texturées, ou tout autre matériau difficile à désinfecter complètement, ceux-ci doivent être nettoyés le mieux possible et toujours en bon état. Les organismes naturels qui vivent à la surface de l'eau et qui ne dégradent pas la qualité de celle-ci ne doivent pas nécessairement être enlevés lors du nettoyage. Les établissements doivent élaborer et respecter un protocole de nettoyage des surfaces des enceintes; les méthodes de nettoyage ne doivent pas présenter de dangers pour les animaux. Pour faciliter le nettoyage, et l'entretien, les bassins doivent être munis d'une canalisation d'écoulement permettant de diminuer efficacement le niveau de l'eau. Toutes les canalisations doivent être conçues pour empêcher que l'animal ne soit pris au piège au moment de leur utilisation.

Chaque établissement doit élaborer des plans d'urgence écrits concernant les sources d'eau et l'alimentation électrique d'urgence en cas de panne des sources principales. Ces plans d'urgence doivent comprendre des plans d'évacuation et d'hébergement des animaux en cas de pannes ou de catastrophes de longue durée.

Table des matières


19 j.  Exigences concernant les enceintes

Les bassins contenant des mammifères marins doivent être à l'abri de la présence indésirée des humains ou des autres animaux. Il est de la responsabilité de l'établissement de veiller à la sécurité et à l'isolement des mammifères marins qu'ils hébergent et ce, en tout temps. Les bassins ouverts au public doivent être surveillés en tout temps par des employés en uniforme afin de protéger les animaux des agressions et du harcèlement de la part du public.

Les bassins et les endroits secs destinés aux mammifères marins doivent présenter une variété de milieux environnementaux favorisant la diversité et la stimulation. Les enceintes ne doivent pas contenir d'objets non fixes ni de surfaces saillantes pointues ou tranchantes pouvant causer des blessures. Les bassins doivent être adéquatement alimentés de lumière naturelle et d'air frais.

Les établissements qui hébergent des mammifères marins doivent procurer de l'air frais à ceux-ci au moyen de fenêtres, de portes, de prises d'air ou de climatisation, et doivent être aérés au moyen de ventilateurs, de souffleries ou d'un système d'air climatisé qui minimisent les courants d'air, les odeurs et la condensation. Dans les établissements, la température de l'air doit être adaptée aux espèces, de même que toute variation de température.

Exigences sur le plan spatial: les enceintes destinées aux mammifères marins doivent être suffisamment grandes pour faciliter l'entretien et le soin de l'animal et favoriser son bien-être, ce qui signifie que la taille de l'enceinte est convenable, mais aussi que l'animal peut se retrouver en groupe et que l'environnement de captivité est suffisamment diversifié. Le caractère adéquat des enceintes a une incidence sur la qualité de tout programme scientifique pouvant y être mené et peut constituer une part importante du message pédagogique transmis. En raison des différences entre les exigences pertinentes aux cétacés et celles des phoques, des otaries et des loutres, chaque groupe sera traité séparément.

Cétacés: la taille des enceintes idéales est généralement plus grande que ce qu'il est possible de s'offrir. Les contraintes financières ne sont toutefois pas un prétexte acceptable pour ne pas se conformer aux normes. Les nouveaux établissements ou ceux qui sont rénovés devraient construire des bassins de dimensions supérieures à ce que prescrivent les normes. En général, plus grands sont les bassins, mieux sont les animaux.

Il peut y avoir des différences importantes d'une espèce à l'autre en ce qui a trait à la taille, à l'activité et aux groupes sociaux. Par exemple, les ONG intéressées suggèrent presque unanimement que les épaulards ne peuvent pas être gardés en captivité de manière adéquate en raison de leur taille, de leur niveau normal d'activité et de leurs vie sociale. D'autres espèces, comme le béluga, peuvent davantage s'adapter aux contraintes de la captivité. Les bassins qui engendrent continuellement des taux de mortalité élevés, des problèmes de santé, des échecs fréquents sur le plan de la reproduction et des comportements anormaux stéréotypés sont des indicateurs montrant que les normes de bien-être de l'animal ne sont pas respectées. En l'absence d'information adéquate, on utilise une formule pour déterminer la taille minimale des bassins destinés aux cétacés.

La taille minimale de l'enceinte principale destinée à deux spécimens de n'importe quelle espèce de cétacés sera calculée au moyen d'une formule basée sur la longueur moyenne d'un adulte (LMA). La LMA est établie à partir de données morphométriques des individus ayant atteint la maturité physique au sein des populations captives ou des stocks en liberté. La LMA standard constitue la mesure en ligne droite prise depuis la partie la plus antérieure de l'animale jusqu'à la fourche de la nageoire caudale.

Les exigences spatiales minimales procurent à l'animal suffisamment d'espace, horizontalement et verticalement, pour être capable de prendre des postures normales et de s'adapter au groupe avec suffisamment de liberté de mouvement. Quatre facteurs doivent être respectés : la dimension horizontale minimale (DHM), la profondeur, le volume et la superficie de la surface.

Cétacés: la DHM de toute enceinte principale destinée aux espèces désignées comme faisant partie du groupe I par APHIS sera de 8,2 m ou de 3 fois la LMA de l'espèce hébergée, en prenant la plus grande de ces deux valeurs. Les cétacés du groupe I (APHIS 1992) comprennent notamment, le béluga, l'épaulard, le dauphin à gros nez, le marsouin commun, le narval et le globicéphale noir à longes nageoires. Les cétacés du groupe II comprennent le dauphin à flancs blancs du Pacifique, le dauphin commun et le marsouin de Dall. Les normes de l'APHIS (1992) précisent la LMA pour chaque espèce. La DHM des bassins destinés aux cétacés du groupe II sera de 7,32 m ou de 4 fois la LMA de l'espèce hébergée dans le bassin.

Dans les bassins abritant plusieurs espèces de cétacés, la DHM requise est celle de l'espèce de plus grandes dimensions.

Une fois la DHM établie, il se peut qu'il faille adapter la taille du bassin afin d'augmenter la superficie de sa surface et son volume si on y ajoute d'autres cétacés. L'APHIS donne des normes pour les cétacés des groupes I et II, ayant trait à la profondeur et au volume d'eau selon les circonstances pour une gamme de DHM (APHIS 1992); ces normes doivent être respectées.

La profondeur minimale exigée (PME) pour tous les cétacés doit être de 1,83 m ou la moitié de la longueur d'un adulte de taille moyenne ou de l'espèce la plus longue hébergée dans le bassin, en prenant la plus élevée de ce deux valeurs. Les parties du bassin qui ne correspondent pas à la PME ne peuvent pas être comprises dans le calcul des exigences en matière d'espace pour les cétacés.

Les bassins qui satisfont à la DHM et à la PME compteront un volume d'eau et une superficie de surface suffisants pour contenir deux cétacés du groupe I ou encore jusqu'à quatre cétacés du groupe II. Les exigences minimales quant au volume sont basées sur la formule suivante:

Volume = { DHM/2 }2 x 3,14 x profondeur

Si d'autres animaux doivent être ajoutés dans le bassin, il se peut qu'on doive adapter le volume et la superficie de surface de celui-ci afin d'agrandir l'espace. Le volume supplémentaire requis doit être basé sur le nombre et l'espèce de cétacés qui seront ajoutés.

Si plus d'un cétacé du groupe I est hébergé dans un bassin principal, le volume supplémentaire d'eau requis pour chaque cétacé additionnel du groupe I, est fondé sur la formule suivante:

Volume = {LMA/2}x 3,14 x profondeur

Quand il y a plus de deux cétacés du groupe II qui sont hébergés dans une enceinte principale, le volume d'eau supplémentaire requis pour chaque cétacés additionnel du groupe II se calcule au moyen de la formule suivante:

Volume = {LMA}2 x 3,14 x profondeur

Quand des cétacés des groupes I et II sont hébergés ensemble dans le même bassin principal, les deux DHM doivent être respectées. Le volume se calcule alors au moyen de la formule suivante:

Volume = {DHM/2}}2 x 3,14 x profondeur

Les volumes d'eau nécessaires pour que les cétacés puissent être hébergés dans le bassin doivent être calculés en faisant la somme des volumes requis pour chaque animal. Si ce volume est plus grand que celui obtenu au moyen de la DHM et des chiffres représentant la profondeur, alors de volume supplémentaire requis peut être ajouté en agrandissant les dimensions latérales du bassin, ou en augmentant sa profondeur, ou les deux.

La superficie de surface minimale (SSM) requise pour les cétacés des groupes I et II se calcule au moyen de la formule suivante:

SSM = { LMA/2 } 2 x 3,14 x 1,5

Les exigences quant à la superficie de surface sont données par l'APHIS (1992).

Les animaux incompatibles pour quelque raison que ce soit ne doivent pas être hébergés dans la même enceinte. Ils ne doivent pas non plus être hébergés près des endroits où se déroulent des activités, ou encore où se trouvent d'autres animaux, qui pourrait leur causer un stress ou un inconfort déraisonnable. Les animaux reconnus comme étant grégaires dans leur milieu naturel doivent être hébergés avec au moins un autre animal compatible de la même espèce ou d'une espèce à laquelle il s'apparente sur le plan biologique.

En général, les animaux doivent être hébergés en groupes sociaux dans les bassins principaux, sauf s'ils sont temporairement maintenus en isolement pour cause de traitement médical, de dressage ou de toute autre raison spéciale. Les établissements doivent avoir sur place des bassins disponibles pour répondre aux besoins en matière d'isolement, de séparation, de traitement médical et de dressage. Les animaux récemment acquis doivent y demeurer en quarantaine jusqu'à ce qu'on puisse procéder à leur évaluation médicale complète. Les installations d'hébergement temporaires doivent être suffisamment grandes pour permettre le confort de l'animal. Il est inacceptable de garder un animal en isolement pendant une longue période. Il faut un plan écrit concernant les animaux hébergés séparément; ce plan doit justifier la durée de la période pendant laquelle l'animal est isolé, le type et la fréquence des activités d'enrichissement et les plans d'interaction. Ces plans doivent être approuvés pas le vétérinaire et doivent faire partie intégrante du dossier de l'animal.

Dans le cas des cétacés, les établissements doivent offrir à chaque animal le groupe social dont il a besoin. Des programmes favorisant la diversité et l'enrichissement des bassins sont nécessaires. Tous les établissements qui hébergent des cétacés doivent compter au moins une enceinte principale et une enceinte réservée à l'usage médical. Les enceintes secondaires ne peuvent servir à l'hébergement à long terme.

L'enrichissement des bassins est important pour accroître la stimulation et permettre la diversité. Tout article non alimentaire utilisé pour le dressage et la stimulation doit être de taille suffisante pour éviter qu'il ne soit ingéré ou qu'il se brise et cause des blessures. Ces articles doivent aussi pouvoir être nettoyés ou remplacés.

Le niveau sonore dans les bassins doit être surveillé et des dossiers doivent être maintenus montrant le spectre et les niveaux de bruit dans les bassins dans toutes les conditions. On peut s'attendre à ce que des normes sur le niveau de bruit soient élaborées prochainement.

Normes visant les pinnipèdes: L'hébergement des pinnipèdes doit comprendre un bassin aquatique et un espace sec ou une aire d'activité sociale qui doit être à proximité de la surface de l'eau pour faciliter la sortie du bassin. Les pinnipèdes se divisent en espèces des groupes I et II. Les espèces du groupe I sont notamment le phoque commun, le phoque du Groënland, le phoque gris, l'otarie de Californie et l’otarie de Steller. Les pinnipèdes du groupe II sont notamment, le phoque annelé, le phoque barbu et le phoque à capuchon. On trouve dans APHIS (1992) les LMA pour les mâles et les femelles.

La superficie minimale de l'aire de repos au sec ou de l'aire d'activités sociales des pinnipèdes du groupe I doit être basée sur la LMA de chaque animal du groupe. Si un seul animal du groupe I est hébergé dans une enceinte, la superficie minimale de l'aire de repos au sec doit être le carré de la LMA. Pour les pinnipèdes du groupe II, cette aire doit représenter la somme du carré de la LMA de chaque animal de l'enceinte. Si un seul pinnipède du groupe II est hébergé, alors le carré de la LMA doit être doublé. Si des pinnipèdes des groupes I et II sont hébergés ensemble, la superficie minimale de l'aire de repos au sec doit être la somme du carré de la LMA de chacun des animaux. Dans les enceintes mixtes, ces aires doivent être clôturées pour assurer la protection des animaux contre les autres animaux qui pourraient être agressifs. Quand des mâles sont hébergés ensemble, cette aire doit comporter des divisions permettant d'éviter les stress excessifs causés par les animaux agressifs.

La superficie de surface minimale du bassin de tous les pinnipèdes doit être au moins égale à l'aire minimale de repos au sec. La DHM des bassins doit être de une fois et demie la LMA de l'espèce de plus grande taille hébergée dans les enceintes. L'eau des bassins doit avoir au moins 1 m de profondeur ou la moitié de la LMA de l'espèce de plus grande taille hébergée. Les parties du bassin qui ne satisfont pas aux exigences minimales de profondeur ne peuvent être utilisées dans le calcul de la superficie de l'aire de repos au sec ou de l'aire d'activités sociales.

Les conditions d'hébergement doivent autant que possible permettre la formation de groupes sociaux normaux. L'enrichissement des bassins doit se concrétiser par la diversité dans les routines, l'aménagement et les programmes d'activités. Chaque établissement qui héberge des pinnipèdes doit compter des enceintes principales et des enceintes secondaires pour les besoins médicaux.

Normes régissant les établissements qui hébergent des loutres de mer: Les enceintes destinées aux loutres de mer doivent comporter des bassins et des aires sèches qui doivent représenter, pour une ou deux loutres, le produit du carré de la LMA x 3,14. Pour chaque loutre supplémentaire, il faut ajouter 1,96 m de surface sèche de plus. La LMA des loutres de mer est de 1,25 m. La DHM des bassins doit être de 3 fois la LMA. Pour chaque loutre de plus, il faut ajouter 2,23 mètres cubes d'eau. Tous les établissements qui hébergent des loutres de mer doivent disposer d'enceintes principales et d'enceintes secondaires disponibles pour les besoins médicaux.

Table des matières


19 k.  Évaluations

Les évaluations menées par le CCPA pourraient servir à vérifier la conformité aux normes. Les rapports d'évaluation du CCPA sont confidentiels et remis seulement à l'établissement évalué. Le CCPA pourrait remettre au MPO une copie du certificat de bonnes pratiques animales accordé à l'établissement évalué, indiquant ainsi sa conformité aux normes du CCPA, sans mettre en péril l'entente de confidentialité conclue entre le CCPA et l'établissement.

Table des matières


19 l.  Normes de réadaptation et de remise en liberté

La réadaptation et la remise en liberté des mammifères marins doit normalement se dérouler avec des individus qui ont été gardés en captivité pendant une courte période, par suite d'une capture pour des raisons cliniques. Dans de tels cas, les programmes de réhabilitation doivent faire appel aux meilleures pratiques guidées par l'opinion des vétérinaires traitants et des spécialistes en matière de soins des mammifères marins. Ces remises en liberté ne doivent pas créer de menaces aux populations sauvages.

La remise en liberté des mammifères marins gardés en captivité pendant des périodes de plus d'un an peut se révéler impossible et ne doit pas, à l'heure actuelle, être encouragée. Si l'expérience le justifie, des remises en liberté expérimentales pourraient être planifiées avec soin; il s’agirait d’exceptions à cette règle.

Tous les animaux remis en liberté doivent être marqués ou porter des dispositifs de télémesure permettant de contrôler le succès de leur remise en liberté.

Comme mesures provisoires, si des remises en liberté étaient tentées, les politiques et les normes recommandées par la U.S. Marine Mammal Commission devraient être respectées.

Reintroductions of animals held in captivity for periods longer than one year may not be practical or beneficial and should, at the present time, be discouraged. If experience warrants experimental releases may be carefully planned that are exceptions to this rule.

All released animals should be fitted with tags or telemetry devices which permit the success of the release to be monitored.

As an interim measure, if reintroductions are attempted, policy and standards recommended by the U.S. Marine Mammal Commission should be followed.

Table des matières


19 m.  Autres

De plus amples détails au sujet des normes peuvent être obtenus en consultant APHIS (1992). Pour toute ambiguïté ou toute question au sujet de l'application de ces normes dans un établissement particulier, on doit se référer au CCPA, ou au Comité de protection des animaux de l'ACMV.

Toutes les normes doivent être examinées par le MPO, le CCPA, l'ACMV, la CAZPA et le public intéressé à des intervalles ne dépassant pas deux ans.

Table des matières


Documentation consultée

Vidéos consultés

Personnes et groupes consultés – Remerciements

To Table of Contents


Mise à jour sur l'Internet le * septembre, 1999


   

Dernière mise à jour : 2004-09-07

Avis importants