a.
Utilisation et protection des animaux
b.
Protection des animaux
Les vues sur la capture et la mise en captivité de mammifères marins
sont un exemple très ciblé d’une attitude générale en évolution envers la
faune.
Dans son étude des jardins zoologiques, Croke (1997) conclut qu’ils ne
sont pas une fenêtre sur la nature mais plutôt un prisme qui dévie la
direction de la lumière selon la culture où il est placé. Bien que
diverses cultures aient fréquemment considéré que les hommes sont
inexorablement liés aux autres créatures par une conscience commune ou des
liens spirituels, elles ont quand même utilisé celles-ci comme des
symboles, des exemples et des sources d’aliments, de vêtements et de
travail. Le concept que tous les êtres vivants sont sacrés n’interdisait
pas forcément leur utilisation, mais assurait que cela était fait avec
respect (McLuhan, 1994). Respect et protection des animaux ne signifient
pas typiquement que nous ne les utilisons pas à nos propres fins. Bien que
notre droit de le faire puisse être mis en question, nos besoins ne le
sont pas. Par contre, nos besoins changent avec le temps.
La culture urbaine commerciale qui enveloppe maintenant le monde voit
la nature comme une ressource. En Amérique du Nord, cette valeur
commerciale de la faune est généralement reconnue et nombreux sont ceux
qui l’inscrivent dans une catégorie du marché (écotourisme, produits de la
faune). Mais la distance même qui sépare l’homme de la nature semble avoir
causé une névrose d’abandon qui est en voie de se résoudre par des
attitudes profondément modifiées (Singer, 1975; Wilson, 1984; Kellert,
1996). Notre culture a de nombreuses sortes de valeurs : morales,
religieuses, esthétiques, politiques, juridiques, scientifiques, sociales,
éducationnelles, historiques, etc. La faune, adéquatement valorisée,
possède toutes ces sortes de valeurs; il est impossible de bien l’évaluer
si l’on insiste que celles-ci doivent se limiter à une catégorie
particulière (Rolston, 1994). Le monde moderne commence à estimer les
animaux sous de nombreux angles.
Les mammifères marins en particulier ont commencé à être valorisés dans
le monde industrialisé. Ellis (1991) décrit les baleines comme des mythes
et des déités qui sont devenus des produits pour ensuite redevenir des
mythes. En regroupant toutes les diverses espèces en un symbole unique,
nous avons maintenant élevé un animal à un statut presque divin. Les gens
qui ont fait cela l’ont fait involontairement, sans l’idée de créer un
nouveau mythe mais plutôt pour des raisons d’ordre pratique. Dans la
nouvelle religion qu’est la conservation environnementale, nous avons élu
la baleine comme notre porte-drapeau, le symbole de tout ce qui est bon ou
mauvais pour notre planète (Ellis, 1991).
Mais les attitudes envers les animaux, plus précisément les mammifères
marins, sont complexes. Kellert (1984; 1996) a examiné les attitudes des
Américains envers la faune et a établi une topologie des traits complexes.
Les attitudes envers les animaux et l’environnement incluent des grappes
de croyances qu’il identifie comme des vues naturalistes, écologiques,
humanistes, moralistes, scientifiques, esthétiques, utilitaires,
dominantes et négatives (Kellert, 1984). Bien qu’il soit commun
d’étiqueter des individus d’après une seule dimension stéréotypée comme
des conservationnistes, des scientifiques ou des consommateurs par rapport
à la faune, la topologie de Kellert nous sensibilise certainement à la
diversité des valeurs et des attitudes possibles envers les animaux.

En général, les Nord-Américains considèrent la faune comme très
importante. Environnement Canada mène des sondages sur l’importance de la
faune pour les Canadiens depuis 1981 (Fillion et al., 1985; Fillion et
al., 1993; F.L.Fillion, comm. pers., 1999). Ces études ont révélé sans
exception un niveau très élevé d’activités liées à la faune au Canada,
auxquelles a participé de 85 à 90 % de la population. Les activités
respectueuses de la faune, trois fois plus communes que les interactions
non rationnelles, ont affiché une hausse régulière dans les années 80 et
90. L’observation de la faune dans les jardins zoologiques et les
aquariums constitue une part de plus en plus forte de cette tendance.
Il importe beaucoup aux Canadiens (86 %) que les animaux abondants
soient protégés et que les espèces animales en déclin ou en voie de
disparition soient conservées (83 %). Ils sont prêts à payer plus
pour des produits (60 %) si cela signifie que les animaux et
l’habitat seront protégés. Beaucoup ont demandé que le gouvernement
poursuive des politiques proactives favorisant les efforts de conservation
et les lois sur la protection de l’environnement et qu’il mette de l’avant
l’éducation environnementale dans les écoles et auprès du grand public
(Fillion et al., 1993). Il existe toutefois d’importantes différences
culturelles même à l’échelle du Canada, clairement apparentes dans les
activités visant la faune. En 1991, la Colombie-Britannique a enregistré
le niveau le plus élevé de participation à des activités respectueuses de
la faune, tandis que les provinces de l’Atlantique affichaient le niveau
le plus bas (Fillion et al.,1993).
Les Nord-Américains s’intéressent non seulement à la faune et à sa
conservation, mais ils s’inquiètent de plus en plus du traitement et de
l’utilisation des animaux. Un sondage mené en 1989 auprès d’Américains
adultes a révélé que le public se préoccupe plus du traitement des animaux
relativement petits utilisés pour la recherche que de l’abattage d’un
nombre beaucoup plus élevé d’animaux aux fins d’alimentation (Animal
Policy Report, 1995). De 15 à 20 % du public américain voudraient que
l’on cesse d’utiliser des animaux à des fins de recherches et
d’expériences. Mais 85 % croient qu’il est acceptable de tuer des
animaux comme source d’aliments. Dans le cadre du même sondage, 66 %
des Américains croyaient qu’il était acceptable de capturer des animaux en
vue de les garder en captivité dans des jardins zoologiques et des
aquariums et 63 % approuvaient les spectacles d’animaux. Mais
74 % des personnes sondées s’inquiétaient beaucoup de la manière dont
les jardins zoologiques, les aquariums et les parcs d’animaux traitaient
les animaux en captivité (Roper, 1992). Même les enfants partagent cette
attitude.
Le financement de la recherche sur les animaux est une question
complexe : seuls de 11 à 12 % des gens s’opposent à l’utilisation
d’animaux pour la recherche sur le cancer, mais 60 % s’opposent à
leur utilisation pour la recherche sur les produits de beauté (Animal
Policy Report, 1995). Il est important de noter que les vues à ce titre
changent rapidement. Lorsqu’on a demandé si la recherche faisant appel à
des chiens et à des chimpanzés et leur causant des souffrances devait être
permise, 63 % des sondés se sont dits d’accord ou fortement d’accord
en 1988; ce pourcentage est passé à 50 % en 1990 et à 53 % en
1993 (Animal Policy Report, 1995). Un examen plus récent de l’utilisation
d’animaux en recherche médicale indique peut-être que d’autres changements
sont en vue (Barnard et Kaufman, 1997). Le virage des vues du public sur
les utilisations particulières d’animaux suit les tendances générales des
vues sur les animaux dans l’ensemble et de notre relation avec eux
(Carson, 1972; Hoage, 1989; Bostock, 1993; Norton et al., 1994, Croke,
1997; Honey, 1999). Lauerman (1999) a fait un excellent examen de ces
changements.
Les préoccupations au sujet de la protection des animaux sauvages
utilisés pour la recherche limitent généralement les recherches légitimes
aux études qui contribuent directement à la conservation et à la
protection d’une espèce ou d’espèces apparentées (Mayer, 1998). Mais cette
exigence doit souvent être soigneusement interprétée étant donné que la
recherche fondamentale doit fournir les réponses et les applications
scientifiques les plus importantes. Certains chercheurs, dont Mayer (1998)
et Barnard et Kaufman (1997), sont d’avis que l’information obtenue
d’animaux sauvages en captivité est typiquement trompeuse, inutile ou
superflue, tandis que leurs collègues considèrent de telles recherches
comme nécessaires et utiles. Ceux-ci préconisent toutefois des contrôles
et des normes applicables à toutes les recherches sur les animaux en
captivité (Anon., 1984; 1995).
La publication de l’ouvrage de Singer (1975) sur les droits des animaux
est souvent citée comme étant à l’origine de la sensibilisation du public
à la protection des animaux. Singer signale que nous avons de bonnes
raisons de croire que les animaux ont une mémoire et des émotions et
qu’ils sont sensibles, mais nous n’accordons pas aux hommes des droits
basés sur des traits comme l’intelligence ou la capacité de fonctionner.
Plutôt, nous les accordons également à tous de sorte à optimiser le
bien-être individuel. Par conséquent, les animaux, comme les hommes, ont
le droit de maximiser leur bien-être. Un sous-comité parlementaire de la
Nouvelle-Zélande délibère présentement d’une loi qui accorderait pour la
première fois des droits légaux fondamentaux aux chimpanzés et à d’autres
grands singes (Chandler, 1999). D’après Zupko (in Lauerman, 1999), on ne
peut pas dire que les animaux sont assez différents des hommes pour qu’il
soit acceptable de les utiliser à des fins expérimentales et qu’ils
ressemblent assez aux hommes pour que les résultats des expériences soient
valides.
Bien que les débats sur l’utilisation d’animaux en science font rage
depuis plusieurs décennies, le public est de plus en plus préoccupé par la
question (Jasper et Nelkin, 1992). La réglementation actuelle sur la
protection des animaux que le ministère de la Justice est en voie de
passer en revue a reçu un appui massif de la part du public canadien
favorisant des lois plus sévères (Anderssen, 1999).
On s’accorde clairement pour dire que les animaux, s’ils sont utilisés,
doivent être traités de façon optimale. Selon Rowen (in Lauerman 1999),
tous les intervenants, qu’ils fassent des recherches sur les animaux ou
non, reconnaissent que cela n’est pas le cas. Il est d’avis que si la
société ne croyait pas que les chercheurs ont besoin de données, ceux-ci
ne feraient pas de recherches sur les animaux. Mais la société le croit,
tout comme les scientifiques. Il existe par contre un conflit entre
l’inquiétude des chercheurs de causer des souffrances et de la détresse,
et de tuer des animaux, et leur besoin de nouvelles connaissances. Ils
veulent encourager les gens à donner une plus grande priorité à la
protection des animaux sans compromettre leur capacité de recueillir de
l’information. Ils communiquent avec les comités d’utilisation et de
protection des animaux et leur demandent de les aider à identifier les
techniques causant des souffrances et de la détresse et à cerner des
moyens de les éliminer des recherches. L’utilisation d’animaux occasionne
la responsabilité d’assurer leur bien-être et de minimiser dans la mesure
du possible tous les coûts pour l’animal. Mais il se peut que la société
considère certaines utilisations comme n’étant pas acceptables.

On a donné beaucoup d’attention à la tâche de fournir des installations
et des soins adéquats aux mammifères marins en captivité. L’élevage de
tous les animaux domestiques et sauvages inclut maintenant toutes les
exigences visant le bien-être des animaux, que Olfert et al. (1993)
décrivent comme suit:
- l’état d’un animal en ce qui concerne ses efforts pour faire face à
son environnement (Broom, 1988);
- le maintien de normes appropriées de logement, d’alimentation et
de soins généraux, et la prévention et le traitement des maladies
(Blood et Studdert, 1988);
- tous les aspects du bien-être des animaux, y compris le logement, la
gestion, la nutrition, la prévention et le traitement des maladies, les
soins responsables, la manutention sans cruauté et, lorsque nécessaire,
l’euthanasie sans cruauté (AVMA, 1990);
- le bien-être physique et psychologique des animaux (Fraser,
1989);
- un état ou une condition d’harmonie physique et psychologique entre
l’organisme et son environnement (Hurnik, 1988);
- l’absence de stress (RSPCA, 1992);
- la dignité - accorder aux animaux la dignité naturelle qui leur est
due à titre de créatures vivantes sensibles (Hollands, 1980).
L’absence de stress, l’acoustique des bassins, la reconnaissance des
conditions sociales typiques de l’animal et l’inclusion d’éléments de son
milieu naturel dans son maintien comptent parmi les exigences de toute
conception récente du bien-être des mammifères marins en captivité. Il est
difficile d’assurer cela avec un quelconque jeu de normes minimales
acceptées car, une fois établies, ces normes minimales sont considérées
comme étant la seule norme. La mauvaise connaissance des besoins des
animaux et la carence d’information limitent la portée des normes de
bien-être, tandis que les limites du développement de la technologie et
des techniques gênent leur mise en oeuvre pratique. Les disciplines
cliniques ont adopté des normes des meilleures pratiques de soin pour
pallier cette carence. L’application d’une meilleure pratique jugée par
des spécialistes compétents comme une norme intègre de manière opportune à
l’élevage des animaux les nouvelles données et les nouveaux développements
en matière de bien-être et permet d’éviter la difficulté de voir des
normes minimales devenir la règle (J. Wong, CCAC, comm. pers.).
Les plaintes au sujet de la protection inadéquate de mammifères marins
en captivité sont raisonnablement communes. Le décès d’animaux au début de
leur mise en captivité en a alimenté une partie. Klinowska et Brown (1986)
notent que le comportement stéréotypé chez les dauphins en captivité est
commun (Pilleri, 1983); ce comportement anormal est typiquement interprété
comme étant le résultat du stress et de l’ennui (Hediger, 1950; 1958; Fox,
1968). Dans presque tous les cas, les animaux sont isolés au moment de la
mise en captivité, la plupart des établissements ne permettant pas de les
loger adéquatement ensemble (Cowan, 1992; Hoyt, 1992). Qui plus est,
presque toutes les établissements ne peuvent pas inclure d’éléments
naturels dans les bassins. On ne fait que commencer à offrir aux
mammifères marins en captivité une diversité environnementale par le biais
de techniques d’enrichissement des bassins. Tous ces problèmes communément
signalés donnent lieu à des inquiétudes au sujet du bien-être de ces
animaux.

Les descriptions des attitudes et de l’attachement de l’homme à des
mammifères marins sont principalement anecdotiques, mais des sondages
révèlent aussi souvent que les baleines et les phoques sont les animaux
sauvages privilégiés (Walter et Lien 1985). Les baleines sont considérées
comme intelligentes, très sociales et « nous ressemblant »; elles ont la
faveur des Nord-Américains (Lien et Walter, 1985; Lien et Atkinson, 1988).
Les phoques, considérés comme mignons, suivent de près (Walters et Lien,
1985; Henke, 1985).
Tilt (1986) a mené un sondage (n = 310) des connaissances et des
attitudes en relation avec l’observation des baleines en Californie, qui
incluait des énoncés de perception, d’attitude et de connaissance. En
général, les personnes sondées étaient bien informées au sujet de l’impact
de la chasse baleinière sur la baleine grise, mais elles l’étaient moins
au sujet de la biologie des animaux. Les observateurs de baleines
(70 %) avaient typiquement visité des parcs marins ou des océanariums
une fois ou plus. Les participants au sondage s’opposaient vivement à la
chasse baleinière (74 %), mais approuvaient la mise en captivité de
baleines aux fins de recherche et d’éducation. Quatre-vingt-six pour cent
jugeaient que voir une baleine en mer était l’une de leurs expériences du
plein air les plus intenses, tandis que 88 % voulaient toucher une
baleine. L’activisme peut accompagner l’intérêt pour les animaux et leur
observation: ainsi, 55 % des observateurs de baleines sondés ont
indiqué qu’ils étaient prêts à consacrer du temps à des activités de
protection de ces animaux. Les résultats de Tilt (1986) sur les attitudes
résultant de l’observation des baleines sont présentés au tableau 2.
La classification des observateurs de baleines ne correspondait pas
exactement à la topologie des attitudes de Kellert (1984). La plupart des
personnes sondées se classaient dans les catégories des attitudes
naturalistes (76 %), moralistes (63 %), scientifiques
(38 %), humanistes (31 %) ou utilitaires (30 %), tandis
qu’environ 80 % des personnes qui avaient participé à des activités
d’observation des baleines croyaient que ces dernières avaient peu
d’incidence sur les cétacés.
Tableau 2: Réponses
aux énoncés de la valeur accordée à l’expérience de l’observation des
baleines (Tilt, 1986).
Énoncé
|
%
fortement/modérément d’accord |
L’observation des baleines est l’une des plus fantastiques
expériences de la faune que j’ai jamais eues. |
75 |
Voir des baleines en mer m’a convaincu qu’elles sont des
créatures magnifiques et gracieuses. |
88 |
Réellement voir des baleines en mer a nettement accru mon appui
et mon engagement à la cause de la conservation des baleines.
|
83 |

En 1989, le MPO a chargé la société Angus Reid Associates, Inc.de mener
un sondage d’opinion des Canadiens (n = 1 500) au sujet de la capture de
bélugas vivants. Les résultats du rapport sont résumés au Tableau 3. Les
personnes sondées approuvaient la mise en captivité de cétacés et
trouvaient ce contact avec les animaux intéressant et éducatif.
Tableau 3 :
Résultats du sondage d’opinion des Canadiens fait en 1989 par la
société Angus Reid au sujet de la capture de bélugas vivants.
Énoncé
|
%
fortement/modérément d’accord |
J’ai visité un parc marin. |
67
(49-94) |
La visite de l’aquarium était « éducative ». |
80
(74-89) |
La visite était intéressante |
93
(90-96) |
La visite était excitante. |
81
|
J’appuie la capture de bélugas vivants pour l’observation
éducative. |
71 |
J’appuie la capture de bélugas vivants pour la recherche. |
75 |

La société Decima Research a mené un sondage semblable auprès de 1 200
Canadiens en 1992. Les résultats, présentés au Tableau 4, révèlent que
71 % des personnes sondées avaient visité un parc marin ou un
aquarium. La population recensée approuvait la mise en captivité du
béluga, mais non de l’épaulard; elle était en outre d’avis que le maintien
en captivité devait être régi par des normes et que le gouvernement était
probablement responsable de celles-ci.
Les résultats du sondage Decima (1992) reflètent l’importance des
différences individuelles des vues envers les animaux et leur utilisation.
Les habitants de la Colombie-Britannique sont beaucoup plus susceptibles
de visiter un aquarium, tout comme les individus plus riches et cultivés.
En général, le niveau d’appui de la mise en captivité de baleines se
rapprochait de celui du sondage Roper (1999).
En août 1991, le Vancouver Aquarium a fait un sondage auprès de
personnes choisies au hasard dans le grand public (n = 400), de 200
visiteurs de l’aquarium (n = 200) et de 100 membres de l’aquarium
(n = 100). Au total, 70 % approuvait la présence
d’épaulards et d’autres cétacés à l’aquarium; l’appui était plus marqué
chez les visiteurs (88 %) et les membres de l’aquarium (91 %)
(VA, 1992).
Tableau 4 :
Résultats du sondage d’opinion des Canadiens mené par la société
Decima Research (1992) au sujet des parcs marins et de la capture et de la
mise en captivité de baleines aux fins de divertissement, d’exposition
publique et de recherche.
Énoncé |
%
d’accord |
La visite au parc marin était excitante. |
96% |
La visite au parc marin était éducative |
83% |
La visite au parc marin était excitante. |
59% |
J’appuie la mise en captivité du béluga aux fins
d’éducation. |
72% |
J’appuie la mise en captivité du béluga aux fins de recherche.
|
78% |
J’appuie la mise en captivité du béluga aux fins d’observation
publique. |
61% |
J’appuie la mise captivité de l’épaulard aux fins d’observation
publique. |
39% |
Des normes devraient régir le
maintien en captivité et le soin des baleines. |
95% |
Le gouvernement devrait être responsable des normes. |
48% |

Lors du sondage de 1991, 49 % des résidants de la
Colombie-Britannique enquêtés ont mentionné que l’éducation était la
principale priorité du Vancouver Aquarium, tandis que 33 %
considéraient que c’était le divertissement. Mais ces pourcentages ont été
inversés moins d’un an plus tard. Environ 50 % des personnes
enquêtées en 1992 croyaient que les cétacés vivaient moins longtemps en
captivité et seule une faible majorité était encore d’accord avec le
maintien en captivité de cétacés. Cela tranche sur les résultats du
sondage de 1991 lorsque 61 % des enquêtés appuyait la mise en
captivité de baleines (VA, 1992a; 1992b; 1992c; 1996; Poyser, 1992). Dans
l’intervalle, l’aquarium avait perdu un épaulard nouveau-né. En général,
l’appui pour la mise en captivité de baleines en Colombie-Britannique
était plus faible que dans le reste du pays.
En 1996, le Vancouver Aquarium chargea Mark Trend de sonder l’opinion
de 803 personnes; 47 % des sondés étaient d’avis que l’épaulard était
l’habitant le plus important de l’aquarium et 20 % ont mentionné le
béluga. L’établissement a estimé que si l’épaulard était éliminé de la
liste de ses habitants, le nombre de visiteurs chuterait de l8 %; si
l’épaulard et le béluga étaient tous deux éliminés, le taux de
fréquentation chuterait de 28 % (VA, 1996).
Kellert (1991) a effectué un sondage des perceptions des Canadiens à
l’endroit de la conservation et de la gestion des mammifères marins, dont
les résultats sont résumés au tableau 5. Le public canadien s’est révélé
très protecteur des mammifères marins en général, mais des différences
hautement significatives ont été relevées entre les vues du public et les
vues des pêcheurs et des chasseurs de phoques.
En 1992, Sea World retint les services de la Roper Organization pour
sonder les attitudes du public envers les aquariums, les parcs à thème
d’animaux et les jardins zoologiques (Roper, 1992). Le sondage visait un
échantillon transversal représentatif d’un total de 1 987 Américains
adultes. Quarante pour cent des sondés ont déclaré qu’ils avaient visité
un aquarium, un parc à thème d’animaux ou un jardin zoologique au cours de
l’année précédente. Les personnes interrogées (80%) étaient très
protectrices des animaux et se préoccupaient de la faune. Près de
75 % s’inquiétaient de la manière dont les animaux étaient traités en
captivité. Les aquariums et les océanariums étaient considérés comme des
établissements importants qui permettent de connaître les animaux et de se
sensibiliser à la faune (76 %). Les aquariums étaient aussi
considérés comme utiles à titre d’établissements cliniques pour les
mammifères marins sauvages malades ou blessés (88 %) et de centres de
reproduction de la faune menacée de disparition (85 %), tandis que le
personnel des établissements de mise en captivité était considéré comme
véritablement bienveillant envers les animaux et bien renseigné au sujet
des soins à leur donner. Les sondages menés ultérieurement par Roper
(1995) ont donné des résultats semblables.
Un sondage effectué en 1998 visait les gens sortant de quatre aquariums
abritant des mammifères marins (Roper-Starch, 1998); 97 % des sondés
ont indiqué que les mammifères marins en captivité avaient eu un effet sur
leur appréciation et leur connaissance des animaux, tandis que 96 %
croyaient que voir des animaux vivants était le meilleur moyen de les
connaître. L’observation de mammifères marins en captivité (27 %)
plutôt qu’en mer (15 %) était le moyen favorisé pour voir ces
animaux. Trente-huit pour cent des enquêtés étaient d’avis que la
télévision, les livres, les vidéos et les animaux naturalisés étaient les
meilleurs outils éducatifs. Le sondage a aussi révélé que 33 % des
visiteurs allaient faire quelque chose pour l’environnement suite à leur
visite de l’aquarium. Les résultats du sondage sont présentés au tableau
6.
Tableau 5 :
Résultats d’une étude des
perceptions du public canadien au sujet de la conservation et de la
gestion des mammifères marins (Kellert, 1991).
Énoncé |
%
fortement/modérément d’accord |
Peut-être que je ne verrai
jamais une baleine ou un phoque, mais il est important de savoir
qu’ils existent dans l’Atlantique nord. |
94% |
Je suis fier de vivre dans un
pays qui a vu au rétablissement des baleines et des phoques à leur
ancien niveau d’abondance. |
92% |
Je m’oppose à la capture de
mammifères marins pour les aquariums ou les jardins zoologiques à
moins qu’aucun mal ne leur soit et que cela donne des résultats
éducatifs mesurables. |
79% |
La chasse du phoque de
l’Atlantique devrait être permise si les pêcheurs n’ont pas d’autres
possibilités d’emploi pendant la saison de chasse. |
49% |
J’approuve la chasse du phoque
pour les raisons suivantes : |
|
la chair |
64% |
la fourrure |
39% |
les dommages aux filets |
43% |
l’amélioration de l’économie |
66% |
la culture autochtone |
73% |
Je m’oppose à la chasse
baleinière dans n’importe quelle circonstance. |
64% |
Je serai plus porté à visiter
Terre-Neuve et Labrador si j’étais sûr de voir des phoques ou des
baleines. |
57% |

Tableau 6 :
Résultats d’un sondage mené
en 1998 auprès de personnes sortant d’aquariums abritant des mammifères
marins (Roper Starch, 1998).
Connaissances acquises
par les visiteurs : |
Pourcentage |
Comportement des mammifères
marins |
86% |
Aliments des mammifères marins |
83% |
Habitat naturel des mammifères marins |
81% |
Anatomie des mammifères marins |
78% |
Dangers menaçant les mammifères marins en mer |
73% |
Impact de la pollution sur les mammifères marins |
71% |
Moyens de protéger les mammifères marins sauvages ou leur
habitat |
65% |
Recherches sur les mammifères
marins |
63% |
Traitements médicaux des
mammifères marins blessés ou malades |
54% |
Le sentiment populaire au sujet du maintien en captivité de mammifères
marins est manifesté par l’achalandage. Un pourcentage extrêmement élevé
du grand public nord-américain a visité un aquarium. En outre, les visites
sont le résultat direct de l’exposition de mammifères marins, en
particulier des cétacés. Le Vancouver Aquarium a déterminé d’après des
sondages que la fréquentation de l’établissement chuterait de 28 %
s’il n’abritait pas de cétacés (VA, 1996). Les circonstances économiques
de trois établissements canadiens illustrent bien la différence
qu’apportent les cétacés aux programmes d’aquarium. Le Vancouver Aquarium
est un établissement sans but lucratif qui comble facilement son budget de
fonctionnement tandis que Marineland est une entreprise privée rentable;
les deux établissements gardent des baleines. Mais le Biodôme de Montréal,
un établissement public qui ne garde pas de baleines, requiert un
important apport annuel de fonds publics.

Les premières captures de mammifères marins, cruelles et mal contrôlées
(Baird, 1992; Hoyt, 1990; Reeves et Mitchell, 1984; Reeves et Leatherwood,
1984; Newman et McGeer, 1966; Newman, 1994), étaient sans objectifs
scientifiques ou éducatifs clairs. Au fur et à mesure que les intervenants
ont acquis de l’expérience en méthodes de capture (Jack Orr et G. Ellis,
MPO, comm. pers.) et de mise en captivité (Cowan, 1992), les procédures
sont devenues plus humaines; elles ont été conçues de sorte à causer moins
de stress aux animaux capturés et aux troupeaux d’origine. Grâce à la
surveillance étendue par télémétrie suite à la remise en liberté des
animaux capturés, on sait que la capture en soi ne semble pas avoir
d’incidence sur le comportement ultérieur de l’animal en mer ou de celui
de son groupe social.
L’époque où l’exposition de baleines et de dauphins en captivité est
devenue populaire, où l’on a découvert qu’il était possible de les dresser
en captivité et où un grand nombre de gens ont pu observer des animaux en
captivité a coïncidé avec le moment où le public nord-américain a reconnu
que la chasse baleinière avait appauvri les stocks de cétacés sauvages et
que nos pratiques leur avaient gravement nui (Cowan, 1992). Dans son
dernier examen de la capture d’animaux vivants au Canada, le Comité
consultatif des mammifères marins a conclu qu’il n’y avait pas de doute
que le contact avec des baleines vivantes gardées dans des aquariums
permettait au public d’apprécier davantage la vie de ces animaux en
général. Les spécialistes des animaux ont rapidement sauté sur la chance
de faire des recherches sur les cétacés en captivité. Les premiers animaux
gardés en captivité ont joué un rôle de premier plan dans le culte
croissant de la baleine, qui a mené directement à d’importants changements
dans la chasse baleinière à l’échelle du monde et qui, en 1982, a résulté
en l’adoption d’un moratoire de dix ans sur la chasse commerciale des
grandes baleines (Cowan, 1992).
L’information et les histoires sur les baleines sauvages (Lilly, 1978;
McIntyre, 1974) et les études d’animaux en captivité (Lilly, 1978;
O’Barry, 1989) ont commencé à mettre en lumière la vulnérabilité, la
conscience et la vie émotionnelle et intellectuelle des animaux. Les
campagnes menées par les organisations non gouvernementales (ONG) en vue
de protéger les mammifères marins ont graduellement transmis des messages
contradictoires de conservation, de droits et de bien-être (Henke, 1985;
Herscovici, 1985; Dale, 1996). Ellis (1991; 1994) décrit comment les
baleines ont autrefois été mythifiées comme des monstres marins vivant aux
frontières des connaissances, des objets d’intérêt et de spéculation
intenses. Puis, au fur et à mesure que de l’information a été recueillie,
elles sont devenues des objets de curiosité et d’étude plus réalistes,
pour ensuite ressurgir dans la mythologie moderne comme une mégafaune
charismatique occupant à nouveau la frontière de l’exploration de la
conscience animale et des relations de l’homme avec les animaux et la
nature.
Les premiers mammifères marins vivants présentés au public, notamment
des baleines, peuvent avoir joué un rôle important pour ce qui est de
vulgariser ces espèces animales. L’intérêt pour celles-ci, en particulier
les cétacés, va au-delà de l’importance du groupe dans l’écosystème
océanique ou des problèmes de gestion actuels. Ils sont devenus des
espèces totémiques qui ont maintenant une signification symbolique pour le
public.
Certains ont changé d’opinion quant à la valeur et à l’acceptabilité de
maintenir des baleines en captivité depuis le dernier examen canadien de
la capture de mammifères marins vivants (Cowan, 1992; VA, 1996). Le comité
spécial du Sénat australien qui a examiné la mise en captivité de cétacés
est l’un de ceux-là. Il a reconnu la contribution passée des océanariums
pour ce qui est de sensibiliser davantage aux cétacés et d’élargir les
connaissances sur ce groupe d’animaux, mais il a conclu que les cétacés en
captivité souffrent de stress, de comportements anormaux, de taux de
mortalité élevés, d’une durée de vie plus courte et de problèmes de
reproduction. Il était aussi d’avis que les cétacés ont généralement payé
très cher les avantages douteux de la captivité (Anon., 1985). D’autres
ont de même changé d’opinion quant aux coûts et aux avantages du maintien
en captivité (Spong, 1991; O'Barry, 1989; Obee, 1992).
Aujourd’hui, les attitudes sont encore diversifiées. Le maintien en
captivité de mammifères marins, en particulier de cétacés, est une
question de sentiment controversée. Des données expliquent les coûts et
les avantages de la mise en captivité, mais les vues de beaucoup de
personnes sont fondées sur des valeurs et des opinions profondément
enracinées au sujet des animaux qui ne tiennent essentiellement pas compte
des résultats empiriques. On doit accepter et respecter ces valeurs, mais
il n’est pas approprié de fonder les politiques sur les vues et les
valeurs d’un seul segment de la société. Les politiques doivent être
représentatives de la gamme de ces vues et de leurs répercussions; les
décisions d’orientation gouvernementale au sujet de l’acceptabilité de la
capture et de la mise en captivité de mammifères marins doivent donc être
basées sur des évaluations empiriques des coûts et des avantages de telles
activités.
Certaines ONG représentent des individus qui croient que la mise en
captivité est contraire à la morale et à l’éthique (p. ex., No Whales in
Captivity). Bien qu’elles fassent appel à des arguments empiriques à
l’occasion, aucune information sur les coûts ou les avantages de la mise
en captivité n’est vraiment pertinente. D’autres groupes croient qu’il est
mal de garder des mammifères marins en captivité pour des motifs
commerciaux (IFAW) ou qu’il n’est pas approprié d’utiliser des animaux à
des fins de divertissement ou de spectacle (Davis, 1997). Certains jugent
le maintien en captivité d’après les coûts et les avantages d’une telle
pratique. D’où leur opposition à la mise en captivité de certaines
espèces, comme l’épaulard, et à certaines pratiques, comme les spectacles.
D’autres jugent la mise en captivité d’après l’absence d’avantages
éducatifs (HSUS) ou scientifiques (WDCS) manifestes. Puis il y a ceux qui,
d’un côté, croient que les coûts l’emportent sur les avantages et ceux
qui, de l’autre côté, croient que les avantages l’emportent sur les
coûts.
Dans le cadre du présent examen, des gens de bonne foi m’ont fait part
de vues et de valeurs essentiellement opposées à celles de gens de tout
aussi bonne foi. Abstraction faite de mes opinions personnelles, les
décisions formulées dans le présent document sont fondées sur les coûts et
les avantages de la capture et de la mise en captivité de mammifères
marins et sur les risques que les pratiques posent aux animaux et aux
populations concernés.

Les premiers essais de maintien en captivité de mammifères marins,
surtout des cétacés, ont souvent été infructueux; ils se terminaient
typiquement par le décès des animaux parce que les installations étaient
inadéquates et que les besoins des animaux étaient mal compris. On se
préoccupait surtout de garder les animaux en vie. Bien que les taux de
mortalité eux-mêmes ne soient pas un indicateur suffisant du bien-être des
animaux, ils sont en quelque sorte le fin mot de l’histoire; s’ils sont
trop élevés, cela indique que les installations ou les soins ne sont pas
ce qu’ils devraient être (Klinowska et Brown, 1996).
On a présenté pour de nombreux premiers essais de mise captivité le
nombre total d’individus capturés d’une espèce donnée de mammifères marins
défalqué du nombre encore vivant. À prime abord, les résultats sont plutôt
choquants, mais ils sont biaisés du fait qu’ils ne tiennent pas compte de
l’importance du temps écoulé. (J’ai le sentiment que des statistiques
semblables du nombre total d’employés de groupes de protection, du MPO ou
de l’industrie des aquariums qui sont encore vivants seraient tout aussi
choquantes.) Est présentée dans d’autres résumés la durée de vie moyenne
des animaux en captivité, mais les données ne tiennent pas compte du
nombre d’animaux captifs encore vivants. D’autres encore ne considèrent
pas le taux de mortalité par âge ou excluent des estimations des taux de
survie les animaux récemment capturés ou les jeunes. De tels résumés
inexacts des décès sont encore signalés par les ONG et les groupes de
l’industrie intéressés dans leurs présentations sur le sujet.
Les Marine Mammal Inventory Reports (MMIR), maintenus par le National
Marine Fisheries Service des États-Unis, sont présentement la meilleure
source de données qui permet d’analyser le taux de mortalité des
mammifères marins en captivité. En vertu de la Marine Mammal Protection
Act of 1972, les établissements gardant des mammifères marins doivent
fournir des rapports annuels sur les animaux et leur état. Il existe des
lacunes dans les MMIR, comme les décès post-partum et néo-natals (Temte,
1993), mais, au fil des ans, ils fournissent la meilleure base de données
sur les décès. Il existe aussi quelques autres données provenant d’autres
sources (p. ex., Reeves et al., 1994).
La méthode que la plupart des chercheurs (DeMaster et Devenak, 1988;
Small et DeMaster, 1995; Woodly et al,. 1997; Steuer, 1989) qui ont étudié
le taux de survie des captifs estime le taux de survie annuel moyen (ASR),
calculé comme suit :
ASR = [ 1 - (total des décès)/(nombre total de jours de survie)]
365,25
Les ASR n’ont typiquement été calculés que dans le cas de quelques
espèces mises en captivité pour lesquelles on dispose de données
adéquates, soit le dauphin à gros nez (Woodley et al., 1997; Small et
DeMaster, 1995; DeMaster et Drevenak, 1988; Klinowska et Brown, 1996), le
béluga (Small et DeMaster, 1995; Moshenko, 1999), l’épaulard (Small et
DeMaster, 1995; Woodley et al., 1997), l’otarie de Californie (Small et
DeMaster, 1995), l’otarie de Steller (Eumetopias jubatus) (Small et
DeMaster, 1995) et le faux-orque (Pseudorca crassidens) (Steuer, 1989).
Comme le nombre d’animaux est limité dans tous les cas, il est difficile
de comparer les statistiques. Il peut en outre exister d’importantes
différences entre les taux de mortalité des nés en captivité et des
capturés en mer car de plus en plus d’animaux naissent en captivité.
L’absence d’ASR pour les populations sauvages ou les problèmes rencontrés
pour les calculer complique davantage la situation. De telles incertitudes
dans les données donnent aux groupes intéressés la marge de manoeuvre leur
permettant de faire une gamme de déclarations sur le taux de mortalité des
cétacés en captivité.
Les ASR du dauphin à gros nez et de l’otarie de Californie montrent une
tendance à la hausse au cours des cinq dernières années (1988-1992), mais
ils diffèrent nettement d’un établissement à l’autre (Small et DeMaster,
1995). Cette augmentation semble indiquer une amélioration des soins
apportés aux individus en captivité au fil des ans. Mais, sans exception,
les petits se débrouillent moins bien que les plus âgés et, chez certaines
espèces, les animaux nés en captivité se débrouillent mieux que ceux
capturés en mer. Le taux de survie des individus autres que les petits du
dauphin à gros nez (Small et DeMaster, 1995; Woodley et al., 1997) et de
l’épaulard (Richter, 1988; Small et DeMaster, 1995; Woodley et al., 1997)
était plus faible que chez les populations sauvages. Richter (1988)
signale que le taux de survie de l’épaulard n’augmente pas en fonction du
temps, tandis que Bain (1988) indique une certaine amélioration dans des
données plus récentes sur l’espèce. Baird (1992) signale un taux de survie
d’épaulards en captivité autres que des petits qui est très probablement
égal ou supérieur à celui d’animaux sauvages. Les variations de ces
estimations reflètent l’utilisation de petites ou de grandes bases de
données et les hypothèses formulées par les auteurs quant à l’inclusion ou
à l’exclusion de certaines données.
Le taux de survie en captivité de l’otarie de Steller, à l’exclusion
des petits, est supérieur à celui des populations sauvages (Small et
DeMaster, 1995), dans le cas du faux-orque, il est nettement plus faible
(Steuer, 1989); et chez le béluga, il est environ égal ou supérieur
(DeMaster et Drevenak, 1988; Moshenko, 1999).
Les estimations du taux de mortalité qui comparent les populations
sauvages aux animaux en captivité ne tiennent toutefois pas suffisamment
compte de l’impact du décès de mammifères marins en captivité. Le public
connaît en particulier les cétacés d’aquariums par leur nom. Leur décès a
le même impact que le décès d’une connaissance, d’un ami, d’un héros. Il
en va de même du décès d’un petit - c’est comme si une connaissance
perdait un bébé. Même si les taux de mortalité estimés des mammifères
marins en captivité sont égaux ou supérieurs à ceux des populations
sauvages, les données seront en grande partie étrangères à un public qui
voit le décès comme une chose personnelle.

a.
Baird (1992)
b.
Comité consultatif des mammifères marins
c.
Klinowska
d.
Moshenko
Quatre chercheurs ont déjà examiné certains aspects de la capture et de
la mise en captivité de mammifères marins au Canada : Baird (1992), Cowan
(1992), Klinowska (1995) et Moshenko (1992; 1999).
Commandé par le Comité consultatif des mammifères marins, le rapport de
Baird (1992) ne porte que sur la capture de cétacés éventuellement mis en
captivité. Il passe en revue l’historique de la capture de cétacés
vivants, présente un inventaire des animaux gardés dans des aquariums
canadiens à ce moment-là et examine le taux de mortalité en captivité, les
soins, les normes des établissements et l’utilisation des animaux en
captivité. L’auteur conclut que le MPO a typiquement été en mesure de
réglementer les facteurs pertinents au maintien de cétacés dans des
aquariums du Canada par le biais de l’émission de permis de capture. Par
contre, le Ministère n’est pas responsable de la réglementation des
établissements gardant des animaux qui n’ont pas été capturés au Canada.
Mais comme il faut un permis de la CITES émis par le MPO pour les importer
au Canada, Baird estime que cela pourrait être réglementé par l’inclusion
de conditions aux permis. D’autres mesures seront toutefois nécessaires
pour réglementer les mammifères marins capturés ailleurs mais déjà gardés
en captivité au Canada (Baird, 1992).
Baird ne formule aucune recommandation dans son rapport, mais il cerne
le dilemme auquel fait face le MPO (1992). Bien que le Ministère ait
l’autorité légale de contrôler les prélèvements dans les populations
sauvages, il ne peut essentiellement pas faire respecter les conditions
incluses dans les permis de capture à l’état vivant. Cela signifie qu’il
est responsable de lancer un processus sur lequel il a une autorité morale
mais essentiellement aucun contrôle. On peut ainsi garder des mammifères
marins au Canada sans avoir à respecter les normes, sauf peut-être la
réglementation locale ou provinciale sur la prévention de la cruauté
envers les animaux.

Le Comité consultatif des mammifères marins a tenté de résoudre, dans
l’examen qu’il a fait (Cowan, 1992), le dilemme du MPO. Il a reconnu que
certaines normes de soin étaient carencées et que tous les établissements
étaient déficients pour ce qui était de satisfaire aux besoins de
l’épaulard, mais il les comparait typiquement aux niveaux américains. Il a
toutefois réaffirmé sa conviction que les animaux en captivité
constituaient un moyen acceptable et utile d’initier un grand nombre de
gens aux mammifères marins.
Le Comité a conclu que la réglementation en vigueur (Règlement sur les
mammifères marins de 1982 pris en vertu de la Loi sur les pêches) donnait
au MPO le contrôle adéquat des captures à l’état vivant. Il était en outre
d’avis que l’importation et l’exportation d’animaux pouvaient être
contrôlées en vertu de la Loi sur la protection d’espèces animales ou
végétales sauvages (finalement adoptée en 1996) par le biais de conditions
de permis. Cette loi, qui met la CITES en oeuvre au Canada, exige que les
normes de transport soient conformes aux normes de la Réglementation du
transport des animaux vivants de l’IATA (1995). Elle ne couvre toutefois
pas les animaux nés en captivité ou qui font partie d’un programme de
reproduction en captivité; elle ne doit pas en outre servir à enfreindre
les droits des Autochtones au commerce ou au troc traditionnel d’animaux
sauvages. Des agents nommés par le Ministre voient à l’application de la
loi, ils peuvent retenir les animaux expédiés, mener des inspections et
déménager les animaux.
Le Comité consultatif (Cowan, 1992) a recommandé que l’Association
canadienne des jardins zoologiques et des aquariums (CAZPA) utilise son
processus d’agrément comme moyen d’assurer le respect des conditions de
permis de capture d’animaux vivants et d’arriver à des normes appropriées
en matière d’établissements et de soins des mammifères marins en
captivité. La CAZPA est une association professionnelle dotée d’un
processus d’inspection et d’agrément, mais il n’est pas obligatoire d’en
être membre. Pour contourner ce problème, le Comité a recommandé que tous
les établissements demandant un permis de capture d’animaux vivants soient
membre de la CAZPA et que le MPO élabore et adopte, en coopération avec la
CAZPA, des normes visant les mammifères marins en captivité, qui
pourraient être incluses dans le processus d’agrément. Il a en outre
recommandé que des examens indépendants des établissements et des
opérations soient effectués et que, si l’industrie des aquariums
n’adoptait pas de normes et de mécanismes de conformité, le MPO considère
l’option d’imposer de telles normes. Les mammifères marins déjà gardés en
captivité au Canada n’étaient pas couverts dans le rapport.
Le Comité a établi un processus d’examen des demandes et des conditions
de permis de capture d’animaux vivants et a formulé d’autres
recommandations visant à améliorer les programmes d’éducation et de
reproduction. Il a reconnu les problèmes au titre du maintien en captivité
de l’épaulard, ainsi que les carences dans les établissements. Enfin, il a
recommandé que l’on continue à interdire la capture d’épaulard vivant et
que l’on décourage la reproduction en captivité et l’importation de
l’espèce.

L’examen de Klinowska (1995) est une évaluation du projet 1994 de
normes visant les cétacés proposé par la CAZPA (1995). L’auteure est
d’avis que le contrôle de la conformité aux normes proposées par la CAZPA
(1995) n’est pas adéquat et s’objecte à de nombreuses conditions
spécifiques. Lorsque les établissements ne répondent pas aux normes, elle
considère qu’un délai de grâce de cinq ans devrait suffire à planifier et
à apporter les modifications nécessaires.

Robert Moshenko était responsable de la gestion du programme de capture
de bélugas vivants du MPO de 1968 à 1992 et contrôlait la survie des
animaux en captivité de 1968 à 1998 (Moshenko, 1999). Le rapport de
Moshenko (1999) était au point de l’ébauche au moment où le présent examen
a été présenté.
De 1967 à 1992, un total de 68 bélugas ont été capturés vivants dans
l’estuaire de la rivière Churchill, se déversant dans le secteur ouest de
la baie d’Hudson. Richard et al. (1990) ont fait un relevé de cette
population comptant environ 23 000 animaux et ont confirmé par le biais
d’études télémétriques que toute son aire de répartition avait été bien
couverte (P. Richard, MPO, comm. pers.). Les ponctions d’individus n’ont
donc pas eu d’incidence. Les conditions de permis de capture visaient la
taille (femelles : de 245 à 290 cm; mâles: de 245 à 395 cm), les individus
capturés étaient donc des animaux sevrés ou sexuellement immatures, âgés
de 3 à 6 ans.
L’examen des données sur la survie en captivité couvrant 13 ans a
révélé que seuls 30 des 68 bélugas capturés vivants depuis 1967 sont
encore en vie (44 %). Des 35 animaux capturés depuis 1984, 24
(69 %) sont encore vivants. Un béluga est en captivité depuis 25 ans
et 20 le sont depuis plus de 15 ans (Moshenko, 1999). Les ASR donnent un
aperçu plus réaliste de la survie.
DeMasters et Drevenak (1988) ont obtenu un ASR en captivité de 0,94
basé sur 48 bélugas, ce qui indique une espérance de vie de 16 ans. Ils
n’ont toutefois pas relevé de différence des ASR entre 1975-1979 et
1980-1984; Richter (1988) signale aussi que les taux de survie 1975-1979
et 1980-1984 étaient semblables. Les ASR calculés par Small et DeMasters
(1995) varient entre 0,94 et 0.95; Moshenko (1999) a aussi obtenu un ASR
de 0,94, mais il n’a pas relevé de différence dans le taux de survie entre
1975-1979 et 1980-1984, entre les sexes et entre les aquariums. Woodly et
al. (1997) ont eu de la difficulté à établir les taux de survie du béluga
des populations sauvages, qui vont de 0,71 chez les baleineaux à 0,91 chez
les autres; enfin Sergeant (1973) estime l’ASR d’un an à 0,82. Moshenko
(1999) conclut que le taux de survie en captivité pourrait être égal ou
supérieur à celui des animaux en mer.
Les bélugas capturés dans les eaux canadiennes entre 1972 et 1988 ont
donné naissance à un total de 20 petits (Moshenko, 1999). Six de ces
baleineaux ont vécu moins de 4 jours, certains étant morts en-deçà de
quelques minutes de leur naissance. Trois autres sont morts quelques mois
après leur naissance. Des 15 baleineaux nés en captivité depuis 1991, six
sont encore vivants. Le faible nombre d’animaux connu ne permet pas de
calculer un ASR. Les huit aquariums de l’Amérique du Nord gardant des
bélugas d’origine canadienne en captivité les échangent à des fins de
reproduction (Moshenko, 1999), mais des détails ne sont pas
disponibles.

Plusieurs documents habilitants autorisaient la capture de cétacés au
Canada. Le Règlement sur la protection du béluga de 1962 régissait les
premières captures, tandis que la capture d’épaulard était autorisée en
vertu du Règlement de pêche de la Colombie-Britannique. Avant 1982, la
réglementation des cétacés en captivité dans cette province était assurée
par la Wildlife Act (Baird, 1992). Enfin, le narval pouvait être capturé
vivant en vertu du Règlement sur la protection des narvals de 1971.
La Loi sur les pêches assure le contrôle des prélèvements d’animaux
marins. Le Règlement de pêche (dispositions générales) en application de
cette loi a été révisé la dernière fois en 1998, tandis que le Règlement
sur la protection des cétacés a été élaboré en 1982. Ce dernier donnait au
MPO le pouvoir de réglementer la capture d’individus vivants. Le Règlement
sur la protection des mammifères marins, révisé la dernière fois en 1993,
donne au MPO le pouvoir d’émettre des permis de capture d’animaux
vivants.
Le MPO a typiquement fixé une série de conditions aux permis de capture
de mammifères marins vivants. Mais dès qu’un animal est capturé, il
devient essentiellement une propriété privée; il est clair que le MPO n’a
aucun pouvoir de réglementation sur les animaux gardés en captivité. Quoi
qu’il en soit, rares sont les employés du Ministère qui possèdent des
compétences en matière d’établissements et de soin des animaux en
captivité.
L’article 446 du Code criminel régit la protection des animaux au
Canada. En 1988, la Commission de réforme du droit du Canada y proposa des
changements considérant les animaux comme des êtres sensibles et non
simplement comme des biens servant à l’homme (Olfert et al., 1993). Le
ministère de la Justice a récemment mené des consultations publiques sur
la révision des règlements afférents à cette loi; la réaction populaire,
massive, a révélé que les gens s’inquiétaient beaucoup du bien-être des
animaux (Anderssen, 1999). Il est interdit en vertu de la loi en vigueur
d’infliger des souffrances excessives aux animaux, des amendes étant
prévues en cas d’abus, mais elle ne prévoit pas d’inspections régulières
des soins aux animaux ou de la mise en application des normes
d’entretien.
La Loi sur la santé des animaux a été révisée en 1992, mais elle porte
surtout sur les animaux d’élevage agricole. Bien qu’elle contienne des
dispositions couvrant l’importation et l’exportation d’animaux qui peuvent
transmettre des maladies contrôlées, elle n’est pas assortie d’une
règlement sur la protection des mammifères marins.
Au Canada, la CITES trouve son application dans la Loi sur la
protection d’espèces animales ou végétales sauvages et la réglementation
de leur commerce international et interprovincial, adoptée en 1992. La Loi
vise à contrôler l’importation et l’exportation des mammifères marins
énumérés à l’Appendice II de la CITES, mais elle ne donne pas le pouvoir
adéquat pour assurer des normes de protection et de soin des animaux
gardés en captivité.
Certains règlements et lois provinciaux s’appliquent à la captivité de
mammifères marins s’ils sont utilisés à des fins de recherche. En Ontario,
la Loi sur les animaux destinés à la recherche (adoptée en 1970 et révisée
en 1989) contrôle la source des animaux expérimentaux et exige qu’ils
soient traités sans cruauté de sorte à éviter de les faire souffrir. Elle
établit des normes minimales de soins et de logement et prévoit
l’inspection des établissements de recherche. Aucune inspection des
établissements abritant des mammifères marins n’a été effectuée en vertu
de cette loi. Le NMFS des États-Unis a demandé aux vétérinaires employés
comme inspecteurs de superviser le chargement des cétacés avant le
transport (B. Holly, HOMAFRA, comm. pers.). Une loi récemment adoptée en
Ontario réglemente les espèces animales indigènes, mais ne s’applique pas
aux mammifères marins.
Au Manitoba, une directive sert à établir les conditions et les
procédures pour le don à des jardins zoologiques d’ours polaires capturés
dans une zone de contrôle de l’espèce (Ressources naturelles Manitoba,
numéro de contrôle PR 10/14/001), mais elle ne s’applique pas aux autres
mammifères marins (C. Elliot, Ressources naturelles Manitoba, comm. pers.)
L’examen de 1992 des cétacés en captivité (Cowan, 1992) tentait de
résoudre le dilemme législatif en suggérant que le MPO exige que le
demandeur d’un permis de capture d’animaux vivants soit membre de la CAZPA
et que le Ministère et la CAZPA élaborent des normes pour le maintien de
mammifères marins en captivité. La CAZPA (1995) a de fait élaboré des
normes pour les cétacés, qui ont été approuvées par les membres de
l’association. Une copie est incluse à l’Appendice VI. De même, les
États-Unis ont impliqué l’industrie des aquariums dans l’élaboration de
normes au titre des soins et des établissements. Toutefois, l’abandon du
pouvoir d’inspection et, en fin de compte, de la mise en application des
normes de maintien en captivité de mammifères marins était imprudent.
L’adhésion à la CAZPA requiert que les établissements soient inspectés
tous les cinq ans. Une période de grâce, qui peut être prolongée, est
accordée lorsqu’il y a carence au niveau des installations et/ou des
pratiques. L’adhésion à la CAZPA est volontaire, et seuls quelques
établissements canadiens qui gardent actuellement des mammifères marins en
captivité en font partie. Les inspections de la CAZPA, faites par des
membres de celle-ci, ne sont pas transparentes. En privé, elles m’ont été
décrites comme étant trop officieuses; certaines sources les ont même
décrites comme étant soumises à des considérations politiques. Bien qu’il
soit approprié que des spécialistes de la CAZPA participent à
l’élaboration de normes, il est clair qu’ils ne peuvent pas être
responsables de contrôler leur mise en application ou de les faire
respecter.
Le Conseil canadien de protection des animaux (CCPA) a été créé en 1968
à titre de comité permanent de l’Association des universités et collèges
du Canada (AUCC). Il est financé en grande partie par les deux principaux
organismes subventionnaires du Canada, soit le Conseil de recherches
médicales et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie
(CRSNG). Le CCPA contrôle le soin et l’utilisation des animaux destinés à
la recherche, à l’enseignement et aux essais dans tous les collèges et
universités du Canada, ainsi que dans tous les programmes scientifiques et
technologiques fédéraux. Il offre un processus indépendant d’examen par
les pairs, des vétérinaires, des scientifiques et des représentants de la
collectivité participant aux évaluations du CCPA. Celui-ci est comptable
au public des normes appliquées dans les établissements participant au
programme d’évaluation.
Les autres établissements gouvernementaux et privés peuvent aussi se
prévaloir à leurs frais du programme d’évaluation. Le CCPA est en voie de
passer en revue l’application universelle de celui-ci dans les limites de
la recherche, de l’enseignement, des essais et de la production (à
l’exception des aliments et des fibres) telles que définies par le conseil
du CCPA en 1996 (C. Gauthier, CCPA, comm. pers.). Le CCPA offre le seul
mécanisme pratique transparent, indépendant et comptable au public
assurant que les normes pour le maintien et le soin de mammifères marins
en captivité soient adéquatement évaluées, contrôlées et appliquées. Ces
qualités sont nécessaires pour satisfaire aux attentes du public dans ce
secteur.

a.
États-Unis
b.
Royaume-Uni
Certaines juridictions ont tout simplement interdit le maintien de
cétacés en captivité, mais permettent le maintien de pinnipèdes. Klinowska
et Brown (1996) ont noté que les normes de soin des cétacés en captivité
font généralement l’unanimité, ce qui n’est pas le cas des établissements.
Il est relativement facile d’établir des normes pour les établissements à
un niveau tel qu’il est impossible de garder des cétacés en captivité.
11 a. États-Unis
La réglementation des activités liées aux mammifères marins a évolué
rapidement aux États-Unis depuis les années 60 (MMC, 1995). La Marine
Mammal Protection Act of 1972, à l’origine de la Marine Mammal Commission
(MMC), imposait un moratoire sur la capture et l’importation de mammifères
marins sauf dans des conditions expressément stipulées. On pouvait obtenir
un permis pour la recherche scientifique et l’exposition de mammifères
marins au public. Dans ce dernier cas, la délivrance d’un permis était
assujettie à la prestation par les établissements d’un programme aux fins
d’éducation ou de conservation basé sur des normes reconnues par des
spécialistes. Les captures à des fins cliniques étaient aussi reconnues,
tout comme le besoin de réadapter les animaux et de les remettre en
liberté. La MMC a été chargée de mettre sur pied des programmes de
sauvetage et de réadaptation des mammifères marins échoués et de
déterminer par consultation à quel point un animal réadapté peut être
libéré en mer (MMC, 1995).
En 1988, le rôle éducatif des mammifères marins en captivité a été
réitéré dans des modifications apportées à la loi; celles-ci spécifiaient
en outre que les établissements devaient offrir des programmes incluant
l’éducation ou la conservation. La loi précisait bien que l’intention du
gouvernement n’était pas de réglementer la teneur des programmes
d’éducation ou de conservation, mais plutôt d’assurer qu’ils étaient
fondés sur des normes reconnues par les spécialistes de la présentation au
public, nommément celles de la American Association of Zoological Parks
and Aquaria (AAZPA).
La Marine Mammal Protection Act a été modifiée à nouveau en 1994 pour
clarifier les pouvoirs des divers organismes fédéraux au titre des
établissements d’exposition au public, mais le National Marine Fisheries
Service (NMFS) retenait le pouvoir d’émettre les permis de capture
d’animaux vivants au nom de la National Oceanic and Atmospheric
Administration (NOAA). En vertu de la Animal Welfare Act, le Department of
Agriculture (USDA) était responsable de la mise en application des normes
de protection et de soin, ainsi que de l’inspection des établissements de
mise en captivité.
Le Negotiated Rule-Making Committee (APHIS, 1999) a récemment présenté
des projets de normes de maintien en captivité révisées, incluses à
l’Appendice IV (Vol. 8). Les rapports annuels sur les activités que le
comité présente au Congrès (1990-1999) permettent de suivre l’évolution
des politiques et de la réglementation américaines.

L’étude de Klinowska et Brown (1996) et le rapport du Dolphinaria
Steering Group (1996) ont guidé la réglementation récente de la capture et
du maintien de mammifères marins en captivité au Royaume-Uni.
L’étude de Klinowska et Brown (1996) ne couvre que les dauphins. Ces
chercheurs indiquent que la protection et la santé des cétacés en
captivité sont les éléments qui préoccupent le plus; ils notent que ni les
préoccupations au sujet du bien-être physique ou mental des animaux ni les
arguments favorisant la mise en captivité de cétacés sont bien fondés,
mais qu’ils sont plutôt liés à des anecdotes spécifiques. Ils signalent en
outre qu’il est difficile de garder des dauphins en captivité, mais que
les problèmes observés chez des cétacés en captivité ne sont pas
différents de ceux d’autres animaux sauvages gardés en captivité. Ils
évaluent les programmes d’éducation offerts dans les océanariums comme
médiocres et en déficit de contenu éducatif important et les recherches
menées dans les établissements, surtout dans des domaines vétérinaires,
comme étant généralement mal financées. Ils sont d’avis que de nouvelles
initiatives coordonnées sont nécessaires pour optimaliser les
recherches.
Après avoir passé en revue les normes au titre de la protection, des
établissements et des soins appliquées dans 17 pays, Klinowska et Brown
(1996) ont conclu que les normes visant les bâtiments, le milieu
aquatique, les aliments, la santé et l’hygiène concordaient plus ou moins
à l’échelle mondiale, les principaux écarts se situant au niveau de la
grandeur minimale des bassins et, dans une moindre mesure, de la présence
de bassins secondaires.
Le Dolphinaria Steering Group a formulé des recommandations sur les
taux de mortalité, le traitement de l’eau, la réglementation, la
protection, l’éducation, la recherche et la reproduction, en plus
d’établir des normes de soin en captivité (DSG, 1996). Les recommandations
ont été incluses comme supplément aux Standards of Modern Zoo Practice
(1990) du Secrétaire d’État à titre de normes additionnelles pour le
maintien de cétacés en captivité au Royaume-Uni en vertu de la Zoo
Licensing Act of 1981.
Les mammifères marins sont aussi visés dans la Endangered Species
(Import and Export) Act of 1976, qui contient des dispositions de la CITES
pour le contrôle des espèces sauvages.
Je conclus de mon survol relativement court de la réglementation
étrangère qu’une gamme de mécanismes réglementaires a été utilisée pour
couvrir la capture et la mise en captivité de mammifères marins. Certaines
exigences sont tellement rigoureuses qu’il n’est pas pratique ou possible
de les appliquer; elles peuvent ou non être nécessaires. L’enjeu
maintenant est d’établir un régime de réglementation qui, d’un côté,
protège adéquatement les animaux et satisfait au besoin d’assurer le
public qu’ils sont bien soignés et qui, de l’autre côté, est réalisable
pour le gestionnaire, les enquêteurs et les établissements qui doivent
l’appliquer. Cela ne sera pas facile, mais c’est peut-être possible.

Les milliers de baleines mortes disponibles aux fins de recherche à
l’époque de la chasse à la baleine ont permis de recueillir quelques
connaissances fondamentales sur ce groupe d’animaux, mais beaucoup de
renseignements qui auraient pu être recueillis pendant ce carnage
commercial ne l’ont tout simplement pas été. De même pour de nombreuses
espèces de pinnipèdes, l’exploitation commerciale s’est déroulée sans le
bénéfice de renseignements scientifiques et sans beaucoup d’effort pour en
recueillir. Ce n’est que lorsqu’on a réalisé que la surexploitation
mettait en danger les populations de mammifères marins que l’on a commencé
à les étudier activement. La chasse du phoque du Groenland au Canada
(Bonner, 1978; Royal Commission, 1996; Sergeant, 1991) et des grandes
baleines à l’échelle mondiale (MMC, 1995) en sont des exemples.
Les premières études de mammifères marins gardés en captivité ont
permis de comprendre les éléments fondamentaux de la biologie complexe de
ces animaux (Pryor et Norris, 1998) et ont mis l’eau à la bouche des
scientifiques. En dehors de la collectivité scientifique s’intéressant aux
mammifères marins, on a encore plusieurs idées fausses au sujet de la
recherche sur les dauphins (ou sur n’importe quelle espèce de mammifères
marins). L’idée qu’ont les profanes des dauphins diffère parfois
radicalement de celle des étudiants sérieux. Les travailleurs
authentiques, qui peinent pour établir des faits tout comme le font les
autres scientifiques, sont inévitablement entourés du vacarme de la
publicité et de suppositions qui a fait du dauphin un animal mythique, une
sorte de Hobbit flottant. Pryor et Norris (1998) espèrent qu’ils peuvent
démontrer que l’on a fait beaucoup de progrès depuis les premières
recherches sur les dauphins. D’après eux, les faits vrais sur les dauphins
sont plus intéressants que les suppositions imaginaires. Bien que l’élan
de la recherche sur les mammifères marins ait pris un virage vers les
populations sauvages, il est évident que la recherche sur les individus en
captivité continuera d’être utile.
Mais cela ne fait pas l’unanimité. Mayer (1998) a récemment passé en
revue les raisons scientifiques justifiant le maintien en captivité de
cétacés et a conclu que les conditions physiquement restreignantes en
captivité, ajoutées au fait que le comportement des animaux est appris
dans un milieu artificiel, que le nombre d’animaux bien dressés est faible
et que la base génétique de la population de cétacés en captivité change,
font qu’il est de plus en plus douteux sur le plan scientifique que les
animaux en captivité servent de modèle des animaux sauvages. Les études de
plus en plus sophistiquées d’animaux sauvages et la pertinence plus grande
des données de ces études mettent en doute la justification de recherches
sur des cétacés en captivité (Mayer, 1998).
Tous les examens de la recherche potentielle sur les mammifères marins
en captivité ne sont pas aussi négatifs. La Society of Marine Mammalogy,
la plus importante association de spécialistes du domaine, a adopté, lors
d’une réunion biennale sur la biologie des mammifères marins, une
résolution avalisant l’utilisation appropriée de mammifères marins gardés
en captivité comme des sujets de recherche utiles. À ma demande, le comité
exécutif a passé cette résolution en revue et a réaffirmé sa décision
antérieure (D. DeMasters, NOAA, comm. pers.).
Les critiques de Mayer (1998) reposent sur plusieurs arguments
fondamentaux. (1) Bien que la recherche sur des individus en captivité
puisse avoir été utile et même nécessaire à un moment donné, l’information
recueillie dans le cadre de ces premiers travaux est suffisante, de sorte
qu’ils ne sont plus nécessaires ni appropriés. (2) Le maintien en
captivité change la biologie fondamentale des animaux de sorte que
l’information recueillie sur ces individus peut être trompeuse ou sans
rapport lorsque appliquée aux populations sauvages de mammifères marins.
(3) Les contraintes imposées par les bassins et le milieu artificiel
limitent les tests. (4) La recherche menée dans une situation de captivité
parce que c’est commode peut aussi être faite sur des animaux sauvages.
(5) La plus grande partie de l’information recueillie, de nature
appliquée, a déjà servi directement à régler des problèmes de protection
et de santé des animaux en captivité eux-mêmes (Mayer, 1998). Davis (1998)
ajoute que la recherche sur des animaux en captivité semble souvent un
stratagème de vente et de marketing des intérêts commerciaux dans
l’industrie des aquariums. Il est évident que chacune de ces critiques est
fondée dans une certaine mesure. Mais toute la recherche scientifique
comme moyen de connaître est une activité humaine; elle a des limites,
qu’elle soit faite en laboratoire ou sur le terrain.
Je dois préciser dès le départ qu’il est approprié, de mon avis,
d’utiliser la science pour surveiller et traiter les animaux en captivité.
Il serait stupide et cruel de ne pas utiliser un tel outil pour améliorer
les soins, le traitement et le bien-être de ceux-ci. Il faut aussi
préciser que la science est parfois à son meilleur lorsqu’on pose des
questions fondamentales sur la nature de la vie; la science dirigée par
les applications ou guidée par des buts ne donne pas forcément les
meilleurs résultats. Je crois donc comprendre que la recherche sur les
animaux en captivité pourrait avoir des avantages potentiels pour les
populations sauvages. Mais cela n’exclut pas les études scientifiques
fondamentales dont l’application immédiate aux populations sauvages est
incertaine ou la recherche axée sur les soins, le maintien et le bien-être
des animaux en captivité, qui est de même appropriée. Les critiques qui
rejettent ces possibilités comme n’étant pas acceptables ne comprennent
pas la science ou sont prêts à restreindre son utilisation par des moyens
inappropriés.
L’évaluation de l’importance de n’importe quelle science dépend
toutefois de nos propres intérêts. Driedzic (MUN, comm. pers.) raisonne
que les études de la physiologie de plongée des phoques ont été
essentielles pour comprendre ce qui se passe lorsqu’on retient son
souffle. Selon lui, de telles études auront des implications importantes
pour nos problèmes de santé. Le Ocean Sciences Centre qu’il dirige a mené
beaucoup d’études sur les phoques en captivité, mais ceux-ci sont aussi
utilisés dans un programme d’interprétation. Trites et Rosen (UBC, comm.
pers.) soutiennent que leurs études du métabolisme d’animaux en captivité
sont importantes pour comprendre les besoins alimentaires de l’otarie de
Steller et la baisse de leur abondance dans la nature. Quelques-unes des
plus importantes recherches récentes portent sur la physiologie et la
capacité sensorielles, qui ont des applications directes dans la réduction
des prises accessoires d’animaux dans les engins de pêche.
St. Aubin (Mystic Aquarium, comm. pers.) signale qu’il est l’auteur de
plus de 40 documents scientifiques sur des animaux en captivité et note
que, sur une période de deux décennies, trois universités canadiennes ont
publié plus de 100 articles scientifiques sur des mammifères marins en
captivité. Baird (1992) semble indiquer une baisse marquée du nombre
d’articles publiés par le Vancouver Aquarium, mais un dossier complet des
publications, des thèses et des articles scientifiques révèle que, de
fait, la recherche dans cet établissement est très productive. Le
programme du béluga de la US Navy, qui a trois bélugas canadiens, a
produit plus de 60 documents scientifiques sur l’espèce au cours des deux
dernières décennies (S. Ridgeway, US. Navy, comm. pers.).
Outre les recherches spécifiques déjà achevées, des programmes de
surveillance quotidienne exécutés à la plupart des établissements gardant
des mammifères marins servent d’importantes bases de données pour
l’évaluation de l’impact de la captivité elle-même et de divers processus
vitaux. Ces données deviendront de plus en plus utiles au fil des ans.
Souvent, les établissements qui gardent des mammifères marins en
captivité n’offrent pas de programmes d’appui à la recherche. Certains
hésitent à soumettre leurs animaux de grande valeur à toute activité qui
ne s’inscrit pas dans la routine normale ou qui pourrait nuire à leur
exposition. Qui plus est, il est souvent difficile d’harmoniser les
exigences de la recherche et les activités courantes d’entretien. Mais ces
établissements et les spécialistes des mammifères marins pourraient faire
plus d’efforts pour maximiser l’utilisation coordonnée des mammifères
marins en captivité. Il est rare que les établissements exécutent des
programmes actifs recherchant des chercheurs externes ou les
finançant.
La suggestion que m’ont faite des ONG américaines voulant que les
recherches nécessaires sur les cétacés en captivité puissent toutes être
faites dans des établissements de recherche consacrés à ces animaux n’est
pas vraiment appropriée. Comme de tels établissements n’existent pas au
Canada, cette approche pourrait exclure les scientifiques canadiens ou
exiger qu’ils travaillent à l’étranger.
Des ouvrages récents (p. ex., Nachtigall et More, 1996; Leatherwood et
Reeves, 1990; Au, 1993; Thomas et Kastelein, 1990; Kastelein et al., 1995;
Nachtigall et al., 1995; Read et al., 1997) révèlent l’importance de la
recherche sur les animaux en captivité au titre de la physiologie
sensorielle, métabolique et de plongée, du comportement, de la cognition
et de l’apprentissage, et de l’ontogénèse du comportement. Il est
difficile, même lorsqu’on reconnaît pleinement les limites imposées par
n’importe quel milieu de recherche, de rejeter l’importance de ces travaux
(Norris, 1991) et de leurs avantages potentiels pour ce qui est de
comprendre et de préserver les populations sauvages.
La recherche sur des animaux en captivité est de loin moins commune que
celle ciblant des animaux et des populations sauvages, mais la
documentation regorge d’exemples (Herman, 1980; 1991; Sylvestre, 1983;
Watkins et Wartzok, 1985; Schusterman et al., 1996; Geraci et Bruce-Allen,
1987; Myrick et al., 1988; Renouf et al., 1990; Recchia et Tyack, 1991;
Cheal et Ross, 1991; Drew, 1993; Kastelein et Noseworthy, 1994; Recchia,
1994; Nelson et Lien, 1994; Lien et al., 1995; Dalton et al., 1996; Helwig
et al., 1996; Russell et al., 1997; Anderson et al., 1997). Cette liste
est loin d’être exhaustive. La recherche particulièrement avantageuse sur
des mammifères marins en captivité est celle qui exige le contrôle
expérimental des conditions. C’est là l’avantage unique de tels travaux
que le milieu naturel ne peut pas offrir. Et cela ne changera pas.

a.
Évaluations des programmes d'éducation présentés dans les
aquariums au moyen de mammifères marins en captivité
i.
Contenu des programmes d'éducation sur les mammifères
marins
ii.
Évaluations empiriques
Les mammifères marins sont difficiles à étudier: ils ne peuvent
généralement être observés que pendant de courtes périodes de temps dans
un environnement hostile. Intimidante, fastidieuse et dispendieuse
caractérisent l’étude scientifique de ce groupe de mammifères (Read,
1998).
Le développement de nouvelles techniques a beaucoup amélioré notre
capacité d’étudier les mammifères marins. On n’aurait pu imaginer les
grands progrès qui ont été faits lors des premiers examens de la
technologie scientifique servant à l’étude des baleines (Norris, 1996).
Grâce au perfectionnement des navires océaniques au cours des dernières
décennies, il est plus facile d’avoir accès au milieu océanique intimidant
et d’y travailler en sécurité. De même, le transport aérien est devenu
plus utile, plus sécuritaire et plus diversifié.
La mise au point de nouvelles caméras qui permettent de prendre des
photographies à prix modique permet d’identifier les individus d’après des
marques naturelles (Lien et Katona, 1990) ou des relevés aériens
spécialisés (Stenson et al., 1993; Estep et al., 1994). Les nouvelles
caméras permettent d’utiliser dans une plus grande mesure des aéronefs
pour effectuer des relevés des populations de mammifères marins, tandis
que les dénombrements faits à partir de photographies de haute qualité
permettent aux chercheurs d’établir la fiabilité des recensements.
Une vaste gamme de développements techniques, biologiques et
électroniques ont amélioré davantage notre capacité de mener des études
dans le milieu. Il est maintenant possible et même courant de faire des
études qui n’étaient pas réalisables il n’y a de cela que dix ans. Read
(1998) a récemment passé en revue les nouvelles approches technologiques à
l’étude des mammifères marins sauvages. On peut minimiser les risques pour
les animaux que pose l’utilisation de nombre de celles-ci par une analyse
détaillée du risque (Cheneliere, 1998).
Il existe une panoplie de méthodes par satellite qui peuvent être
utilisées pour étudier les mammifères marins sauvages. Les nouveaux
systèmes par satellite et le transfert de la technologie militaire
existante à des applications scientifiques offrent de nouvelles
possibilités intéressantes. Ainsi, des radiomètres portés sur de récents
satellites de la NOAA fournissent des données sur la température de la
surface des océans, les fronts océaniques et la couverture des glaces,
tandis que le radar à ouverture synthétique (SAR) fournit des images à
petite échelle de la surface terrestre (Read, 1998).
De grands progrès ont aussi été faits en technologie sous-marine. Les
interactions entre les animaux, et entre les animaux et leurs proies,
peuvent être observées à l’aide d’une petite télécaméra attachée à des
individus (Davis et al., 1992; 1993). Les appareils d’écoute sous-marine
de la US Navy (Clark, 1994; 1995) permettent de surveiller les populations
et de suivre des baleines individuelles sur de longues distances, tandis
que les technologies de surface, comme le radar à onde de sol et
l’imagerie thermique (Cuyler et al., 1992; Perryman et Laake, 1994;
Barton, 1995; Duck et al., 1995), permettent de mieux surveiller les
déplacements des mammifères marins à la surface de l’eau.
Notre capacité d’étudier les mammifères marins a beaucoup bénéficié de
la technologie permettant de surveiller des individus particuliers. Les
premières tentatives d’identification de ceux-ci (Katona et al., 1980)
faisaient appel à l’appariement visuel des photographies de marques
naturelles (Lien et Katona, 1990). Le développement de la technologie
d’appariement informatisé (Hammond et al., 1990; Hiby, 1995) a grandement
amélioré notre capacité de fournir rapidement et efficacement de
l’information sur les concordances. Au fil des ans, les répertoires
d’individus identifiés se révéleront des outils de recherche encore plus
précieux grâce à l’ajout de nouvelles données, comme le démontre le projet
YoNAH (Smith et al., 1999). Ainsi, les répertoires d’individus identifiés
commencent à fournir de l’information sur la dynamique des populations, y
compris la maturité, la survie de la progéniture, les menaces
environnementales, comme les engins de pêche, et la survie (Wells et
Scott, 1990). Des repères acoustiques obtenus de l’analyse des
vocalisations des animaux permettent aussi d’identifier les individus
(Clark, 1994; Read, 1998), tout comme des puces de transpondeur (Thomas et
al., 1987).
L’avènement de systèmes de télémesure qui peuvent être transportés par
les mammifères marins pendant un certain temps élargit davantage notre
capacité d’étudier les populations sauvages. Par exemple, les
enregistreurs de données fournissent de l’information détaillée sur les
plongées, l’alimentation et une panoplie de facteurs physiologiques et
comportementaux (Read, 1995; Baird et Hanson, 1996; Westgate et al., 1995;
Read et Westgate, 1997).
Grâce à l’analyse génétique des tissus prélevés, on peut maintenant
obtenir de l’information importante sur les sous-populations et les
relations au sein d’une population ou entre les populations ou les espèces
(Amos et Hoelzel, 1991). Ces techniques constituent d’importants nouveaux
moyens de comprendre les populations sauvages (Brennin et al., 1997).
Ainsi, l’analyse des lipides (Iverson et al., 1995a; 1995b) ou des
isotopes stables (Ostrom et al., 1992; Abend et Smith, 1995; Todd, 1998;
Todd et al., 1998) des échantillons de tissus peut fournir de
l’information détaillée sur les habitudes alimentaires des animaux et,
dans le cas des tissus durs, sur l’âge (Schell et al., 1999). Les travaux
récents (Mackay et al., 1998) visent à déterminer l’état de reproduction
des animaux ponctionnés par analyse des teneurs en hormone des
échantillons.
Ensemble, ces progrès ont permis d’enrichir considérablement nos
connaissances sur les mammifères marins sauvages et, sans aucun doute, ils
continueront à contribuer à notre compréhension de leur vie. La science,
s’appuyant sur nos connaissances antérieures, est un moyen cumulatif
d’acquérir le savoir. Certaines connaissances proviennent d’études de la
chasse des baleines et des phoques, d’autres d’études de cétacés en
captivité. Aujourd’hui, la plus grande partie de la recherche sur les
mammifères marins est effectuée dans le milieu naturel en grande partie à
cause des conditions sociales et des nouvelles techniques mises au point
au cours des dernières décennies; grâce à celles-ci, les connaissances sur
les mammifères marins ont fait boule de neige (Whitehead, 1990).
Malgré les progrès technologiques, il reste toutefois des limites à la
recherche en mer. Les conditions non contrôlables limitent en grande
partie les chercheurs à des études qui permettent une manipulation
expérimentale minimale des variables environnementales ou, dans de
nombreux cas, des animaux ciblés.
Education
Divertissement
ou éducation
Choix
des objectifs pédagogiques
Apprentissage
de l’information, des émotions, des attitudes et des valeurs
Éducation
informelle
Contribution
des auditoires à l’effort d’éducation
Education:
L’éducation est généralement une exigence pour garder des mammifères
marins en captivité. Les mémoires que m’ont présentés des ONG sont
unanimes sur ce point. Des sondages de l’opinion publique (Roper, 1992;
1993) arrivent aussi à la même conclusion.
Nous avons tous notre propre idée de ce que l’éducation est ou devrait
être. Apprendre étant un processus et un produit (Falk et al., 1995), le
dialogue porte parfois à confusion. Certains raisonnent qu’il n’est pas
justifié de garder des mammifères marins en captivité parce que
l’éducation faisant appel à ceux-ci n’est peut-être pas d’attaque.
D’autres réclament une étude indépendante concluante pour démontrer ce que
les gens apprennent avant d’aller de l’avant. Enfin d’autres argumentent
que l’éducation n’est pas parfaite, mais devrait et peut être améliorée.
La plupart réalisent que cela prendra des efforts réels. Des programmes de
planification extraordinaires sont en voie d’exécution (voir Developing
and promoting caring attitudes toward the natural world, Brookfield Zoo,
1999).
L’éducation est une activité humaine complexe qui aboutit à diverses
formes d’apprentissage. Il est peu probable que l’on puisse vérifier ce
que les gens apprennent suite à l’exposition à des mammifères marins en
captivité par une quelconque manière qui satisfasse totalement à tous ou
un sondage rapide, fruste et ponctuel. Un nombre croissant d’ouvrages aide
à clarifier certaines des questions qui devraient être résolues et indique
les résultats éducatifs de certains programmes. Curieusement, il existe
peu de données empiriques démontrant sans équivoque ce que les efforts
d’éducation faisant appel à des mammifères marins en captivité donnent
réellement. La nature transitoire et changeante de la variable dépendante
- une cible en mouvement dans le temps, dans les cultures et dans l’esprit
des gens - complique la mesure de l’impact de l’éducation.
Ont été identifiés dans les mémoires qui m’ont été présentés quatre
grands problèmes au titre de l’animation faite dans les établissements
présentant des mammifères marins, soit: (1) aucune animation n’était
faite; (2) les faits présentés n’étaient pas pertinents; (3) les
techniques pédagogiques utilisées n’étaient pas appropriées; et (4)
l’animation n’était pas efficace. Les deux premières plaintes concernent
les objectifs de l’animation et les deux autres, le processus éducatif
réel.
Divertissement ou
éducation: En général, l’appui du public pour le maintien de
mammifères marins en captivité limite leur utilisation à des fins
scientifiques ou pédagogiques. Il n’est généralement pas acceptable
d’utiliser les animaux uniquement à des fins de divertissement. Bien que
nous admettrons presque tous que les animaux que nous connaissons
personnellement nous divertissent et nous éduquent, le divertissement en
soi à des fins commerciales ou publiques n’est pas considéré comme
acceptable. La polarisation des deux éléments pourrait aider à analyser
les avantages pédagogiques de l’exposition à des mammifères marins.
L’utilisation d’une grosse brosse à dents pour nettoyer les dents d’un
épaulard est l’anecdote classique illustrant le fait que les mammifères
marins gardés en captivité sont surtout utilisés aux fins de
divertissement. Pour de nombreuses personnes, l’activité est une
utilisation offensante de ces animaux. Mais un tel truc pourrait se
révéler utile si la démonstration du fait que certaines baleines ont des
dents et que d’autres n’en ont pas est un objectif pédagogique approprié
et si le programme cible de très jeunes enfants. Absolument dégoûtés, des
adultes m’ont raconté cette histoire. Lorsque j’ai interrogé de jeunes
enfants au sujet de ce truc, ils m’ont répondu qu’ils savaient que les
baleines ont des dents et que l’on devait en prendre soin (du moins en
captivité) « comme moi ». Cette leçon peut être raisonnable pour de très
jeunes enfants.
Les réactions à ce truc bien connu illustre la difficulté de séparer
les notions de divertissement et d’éducation. L’éducation est définie
comme le développement ou la formation systématique de l’esprit, des
capacités ou du caractère par l’enseignement théorique. Un dictionnaire
définit typiquement « divertissement » comme une occupation qui détourne
l’homme de penser aux problèmes essentiels qui devraient le préoccuper
(Webster, 1999). Tous ceux qui doivent relever le défi d’éduquer un
auditoire savent que le divertissement est un facteur critique pour
atteindre les objectifs de communication ou d’éducation. En éducation
institutionnelle, comme les études obligatoires, le divertissement peut
être quelque peu moindre, bien que mon expérience à empêcher une classe
d’étudiants d’université de dormir pendant les cours me dit que son rôle
ne doit pas être minimisé. En éducation informelle, comme les programmes
offerts dans des musées, des parcs, des jardins zoologiques et d’autres du
même genre, l’auditoire n’est pas forcé à participer (Edeiken, 1992;
Luckhurst, 1998). Le divertissement dans un tel cadre doit être
irrésistible et suffisant pour assurer la participation du public.
Cela ne signifie pas forcément que des « trucs » ou des « spectacles »
d’animaux soient essentiels à l’éducation fructueuse, ou qu’ils doivent
être permis. Des programmes d’éducation faisant appel à des mammifères
marins en captivité doivent être à prime abord divertissants, mais la
qualité de tels programmes doit être jugée d’après l’acceptabilité des
composantes pédagogiques (Baker, 1990). La Humane Society of the United
States est d’avis que la qualité des programmes détermine si les visiteurs
en retirent ou non des avantages importants. Le processus d’émission de
permis doit donc veiller à ce qu’ils ne soient octroyés qu’à des
établissements exécutant des programmes éducatifs de haute qualité, en
mesure de profiter au public par l’accroissement des connaissances, de la
compréhension, de l’appréciation des mammifères marins et de leur rôle
dans l’écosystème naturel (NMFS, 1999).
Dans les mémoires qu’ils m’ont présentés, plusieurs groupes ont
mentionné les spectacles faisant appel à des mammifères marins en
captivité. Ils les décrivent typiquement en termes négatifs à cause des
comportements « artificiels », des numéros dégradants ou des objectifs
éducatifs sans rapport. D’autres ont insisté sur des innovations dans les
présentations publiques qui modifient considérablement le rôle des
spectacles (Kelsey, 1991). Kelsey est d’avis que le paradigme du
divertissement au sein duquel ont traditionnellement évolué les jardins
zoologiques et les aquariums ne concorde pas à l’objectif contemporain de
la sensibilisation au respect de la nature.
Le visiteur moyen d’un jardin zoologique ou d’un aquarium passe de 30
secondes à deux minutes (Bitgood et al., 1988; Marcellini et Jenssen,
1988), et parfois beaucoup moins de temps (Lien, 1990), devant un élément
d’exposition typique. Mais il est souvent prêt à assister à un spectacle
ou à une démonstration de 20 à 30 minutes. Les spectacles et les
démonstrations sont des techniques éducatives qui peuvent capter
l’attention d’un auditoire pendant de plus longues périodes et donc servir
à présenter des programmes plus complexes. Bien que certaines ONG
s’objectent aux spectacles, je crois que leurs plaintes concernent les
objectifs pédagogiques plutôt que la pertinence des techniques d’animation
(p. ex., Davis, 1998).
Choix des objectifs
pédagogiques: Ce que l’on enseigne dépend de ce que l’on veut que les
étudiants fassent ou apprennent jusqu’à la fin du programme éducatif. Une
raison d’éduquer les gens aux mammifères marins est tout simplement parce
que ce sont des êtres étonnants. Cette notion peut être élargie de sorte à
ce que les programmes éducatifs visant les cétacés favorisent une
compréhension et une appréciation meilleures des cétacés et de leur
écosystème (CAZPA, 1995). L’éducation est un outil important qui peut
servir à enseigner au public que les mammifères marins sont des ressources
de grande importance esthétique, récréative et économique, ainsi qu’un
élément important de l’écosystème (MMC, 1995). Traditionnellement, les
objectifs des programmes sont d’éduquer les gens à une espèce et donc de
les amener à s’intéresser à celle-ci et à son habitat (HSUS, 1995). À ce
niveau abstrait et vague, il est évidemment possible à n’importe qui de
déclarer que les programmes d’animation faisant appel à des mammifères
marins en captivité répondent aux objectifs.
L’élaboration de programmes requiert typiquement l’identification
d’objectifs intermédiaires ou de sous-objectifs à partir des objectifs
éducatifs généraux. L’appréciation d’un mammifère marin peut passer par
des objectifs d’appréciation de la manière dont il vit ou de ce qu’il peut
faire. L’établissement d’un lien entre l’animal et ses besoins sur le plan
de l’habitat peut nécessiter des connaissances fondamentales en biologie
et en comportement, ainsi que de l’information sur le milieu de vie de
l’animal. L’appréciation d’un individu peut exiger que l’on sache d’où il
vient, quelle est sa situation actuelle et qu’est-ce qui l’attend à
l’avenir. « S’intéresser » à une espèce peut engager des objectifs
d’activisme environnemental. Il est essentiel de déterminer si les
objectifs pédagogiques sont de nature cognitive/exploratoire ou
affective/attitudinale (Eggerton, 1996; Forestall, 1997).
Dans les mémoires qu’elles m’ont présentés, plusieurs ONG ont souligné
que les résultats éducatifs des expositions de mammifères marins étaient
négatifs. Elles étaient d’avis que les mammifères marins en captivité
transmettaient l’idée de la dominance de l’homme sur l’animal et que ce
dernier pouvait servir au premier. D’autres (Davis, 1998) allèguent que
les objectifs pédagogiques sont soigneusement élaborés et que les
programmes d’exposition d’animaux en captivité font appel à des techniques
rigoureusement choisies pour y satisfaire. Mais ces programmes sont basés
sur des objectifs commerciaux qui bénéficient essentiellement peu aux
animaux eux-mêmes ou à leur environnement (Davis, 1998). Les ONG et Davis
(1998) ont peut-être tous deux raison, du moins pour ce qui est de
certains programmes et de certains établissements.
Un énoncé plus ou moins officiel des buts et des objectifs pédagogiques
semble être l’élément absent de la plupart des programmes d’éducation aux
mammifères marins. Sans un tel cadre, il est difficile de choisir les
techniques d’enseignement appropriées et impossible d’évaluer l’efficacité
pour ce qui est d’atteindre les objectifs (Lien, 1988; 1989; 1990).
L’identification claire des buts et des objectifs des programmes
d’éducation offerts dans les établissements gardant des mammifères marins
en captivité est une première étape essentielle nécessaire à la mise en
oeuvre de programmes d’éducation plausibles. Il faut déterminer les types
d’apprentissage qui atteignent ces objectifs car l’éducation requiert un
cadre clair si l’on veut qu’elle porte fruit et qu’elle soit évaluée avec
succès.
Apprentissage
de l’information, des émotions, des attitudes et des valeurs: Les
buts de l’apprentissage peuvent être multiples. Certains programmes ne
visent qu’à sensibiliser en partant de la prémisse qu’un étudiant
sensibilisé réagira davantage à une exposition ultérieure à de
l’information semblable ou additionnelle. Certains apprentissages étant
assortis de buts cognitifs, la maîtrise de certaines informations est
requise. Le développement d’une sensibilité émotionnelle ou d’émotions
envers les sujets peut être un autre but de l’éducation. L’apprentissage
affectif est le développement de liens fondamentaux qui guident
l’attention ultérieure, le point de mire éducatif et les actions.
L’éducation aux valeurs vise à enseigner les attitudes et les valeurs
fondamentales (Knapp, 1972; Lien et Walter, 1985; Callicot, 1991;
Churchman et Marcoulides, 1991; Serrell et Raphling, 1993; Poole, 1995;
Negra, 1997).
Lien (1985; 1993) est d’avis que les différents processus
d’apprentissage limitent les différents types d’apprentissage. Il note que
l’apprentissage de l’information peut se faire dans presque n’importe quel
contexte, mais que le plan social limite l’apprentissage affectif et
l’acquisition d’attitudes et de valeurs. Dans un examen de programmes de
valeurs, il conclut que les évaluations des programmes visant des
objectifs d’attitudes et d’information ne sont pas très efficaces pour ce
qui est d’inculquer des attitudes ou de les changer. Il a toutefois relevé
une exception, qui était typiquement liée à des changements d’attitude
positifs; elle n’avait rien à voir avec le programme en soi mais plutôt
avec la technique d’enseignement. Un changement d’attitude positif se
produisait lorsque des gens aimés ou respectés présentaient leurs propres
attitudes et les raisons les sous-tendant; le développement d’attitudes
n’était pas lié à l’information mais plutôt au présentateur. Bien que
l’information puisse être obtenue de sources sociales ou non,
l’apprentissage des attitudes semble se faire plus facilement dans un
milieu social. Ainsi, les enfants prennent comme modèle les vues exprimées
par des adultes ou des pairs aimés et respectés (Lien, 1993).
Il me semble que nous connaissons mal l’activité humaine complexe de
l’apprentissage. L’encadrement de l’éducateur sérieux travaillant dans des
aquariums qui désire faire appel aux meilleures techniques d’enseignement
pour atteindre divers buts est loin d’être adéquat. J’ai constaté lors du
présent examen que l’orientation donnée dans la documentation pédagogique
est souvent basée sur rien de plus que des conjectures, truffées de
jargon, qui n’aident pas beaucoup à comprendre ou à structurer le
processus d’enseignement. D’après moi, c’est un domaine où il reste encore
beaucoup de travail de base à faire.
Éducation informelle:
L’éducation informelle est volontaire, non-structurée, non consécutive,
non évaluée, ouverte et orientée par et sur l’apprenant, l’accent étant
mis sur l’interaction sociale et un programme minimum (Hofstein et
Rosenfeld, 1996). Heimlich (1993) décrit les possibilités d’apprentissage
non structuré, y compris les expositions et les spectacles, comme étant
structurées par les éducateurs, mais que la décision d’y participer
revient à l’individu. Les visiteurs n’étant pas obligés de rendre des
comptes quant aux résultats de l’apprentissage, ils peuvent partir si
l’expérience ne leur plaît pas (Birney, 1988).
On dit ainsi que chaque visiteur établit sa propre expérience
d’apprentissage par le biais du choix et de l’engagement. Cela pourrait
n’être qu’une dérobade. Attirer les visiteurs de différents contextes
sociaux, éducatifs et culturels est un but ambitieux mais valable
(Thompson et Diem, 1994; Bitgood et al., 1994). L’établissement de liens
systématiques aux programmes d’éducation formelle serait peut-être la
meilleure manière d’élaborer des programmes d’éducation informelle
fructueux (Milson, 1999; Bitgood, 1989; Rennie et McClafferty, 1993;
Tunnicliffe, 1994).
La principale exigence de l’éducation informelle est qu’elle soit
divertissante dans le sens qu’elle capte l’attention de l’auditoire visé.
Des sondages des visiteurs le confirment. Rosenfeld (1980) a constaté que
ceux-ci mentionnent le plus souvent le divertissement ou des motifs
sociaux comme la raison de leur visite d’un jardin zoologique. Mais ils
veulent aussi apprendre (Balling et al., 1981), la plupart des chercheurs
ayant noté qu’ils s’intéressent tant à l’éducation qu’au divertissement
(Hill et Knowlton, 1987). Les sondages effectués par Kellert (1980) ont
révélé que les avantages pédagogiques pour les enfants (38 %), le
divertissement (26 %), la fascination des animaux (24 %) et des
raisons d’ordre esthétique (11 %) étaient tous d’importants motifs
des visiteurs de jardins zoologiques.
Dans les années 60 et 70, lorsque l’impact des programmes d’éducation
informelle a été étudié pour la première fois, les évaluations étaient
généralement assez critiques. Les gens avaient du plaisir, mais souvent
leur intérêt pour la science, la nature ou l’art n’était pas excité et ils
ne tiraient pas grand’chose de l’expérience. D’après ces résultats, les
éducateurs de musées, de jardins zoologiques, de galeries, et d’aquariums
ont choisi les techniques d’enseignement avec plus grand discernement et
ils ont commencé à mettre en valeur les expériences guidées à interaction
tactile. Enfin, les concepteurs de programmes ont pris conscience du
bagage des visiteurs. Mais il faudra de l’information précise sur la
manière dont les programmes d’éducation faisant appel à des mammifères
marins en captivité fonctionnent si l’on veut que la conception et les
résultats des évaluations s’améliorent.
Contribution des
auditoires à l’effort d’éducation: La notion que nous sommes tous
tabula rasa, même les bébés, au bord de l’environnement d’apprentissage a
été abandonné il y a longtemps. Ce que l’on enseigne et comment on
l’enseigne dépendent de l’auditoire visé et de la contribution de celui-ci
à l’interaction éducative. Thomson et Diem (1994) examinent la capacité
des visiteurs de comprendre l’information, leur durée d’attention et la
rapidité de perception. Ils classent les enfants comme tactiles, auditifs
ou visuels. On peut facilement identifier ces styles d’apprentissage en
suivant des enfants dans un musée ou un aquarium et en observant leurs
interactions avec les éléments d’exposition (Luckhurst, 1998; Birney,
1988). Dunn et Dunn (1993) évaluent l’importance de structurer
l’enseignement de sorte qu’il corresponde aux styles d’apprentissage
individuels.
Les connaissances et les attitudes acquises des participants aux
programmes d’éducation sont d’importants facteurs déterminants de leurs
résultats. Lien (1988; 1993) note comment les attitudes des enfants envers
les animaux ont influé sur les résultats d’un programme d’information et
d’éducation aux valeurs portant sur les baleines et les pêcheurs. Les
connaissances sur les baleines de tous les étudiants qui ont participé au
programme ont marqué une amélioration; les groupes les moins au courant au
départ montrant la plus grande amélioration. Les attitudes des enfants,
basées sur la typologie de Kellert (1988), ont aussi évolué, mais d’une
manière différente. Le programme avait tendance à mettre en valeur
n’importe quelle attitude que l’enfant avait déjà envers les baleines. Les
résultats de l’éducation ne concernent pas seulement l’impact du programme
lui-même mais aussi comment celui-ci interagit avec l’étudiant. Les
différences sur le plan culturel, social, développemental et individuel
déterminent tous les résultats pédagogiques. Les programmes d’éducation
informelle ne visent pas des puits humains passifs dans lesquels on verse
de l’information; les participants humains établissent activement leurs
propres buts et résultats pédagogiques.
Il est important de reconnaître que la plupart des visiteurs des
aquariums viennent en groupes comprenant des enfants (Brookfield Zoo,
1996). Il existe un nombre assez important d’études de visiteurs évaluant
la participation familiale (Borum et al., 1995; Borum et Cleghorn, 1996;
Borum et al., 1997; Borum et Dritsas, 1997) qui indiquent l’importance de
tels groupes et les possibilités d’apprentissage offertes (Diamond, 1986;
McManus, 1987).
Dans le cadre du présent examen, j’ai passé un week-end au Vancouver
Aquarium à observer les visiteurs entrant dans la galerie d’observation
passant sous le bassin des bélugas. Quatre-vint deux pour cent de tous les
visiteurs arrivaient en groupes comprenant des enfants. Une visite moyenne
durait trois minutes, bien que la durée par groupe variait
considérablement. Le temps que consacrait un groupe à un élément
d’exposition semblait clairement lié à l’âge du plus jeune enfant et à sa
durée d’attention (à l’exception des bébés en poussette ou portés). Les
jeunes enfants (de 3 à 5 ans) observaient très rapidement l’élément puis
passaient aux éléments à interaction tactile, tandis que les enfants plus
âgés l’observaient pendant plus longtemps. Des études systématiques ont de
même révélé que les enfants règlent la trame et le rythme des activités
dans le contexte de l’éducation informelle (Rosenfeld et al., 1982).
La qualité du contact entre l’enfant et les baleines semblait lié aux
réactions et aux activités des parents. En moyenne, les membres du groupe
familial faisaient moins de huit commentaires au sujet des baleines. Mais
certains parents favorisaient les interactions par des questions adaptées
à l’âge ou aux intérêts de l’enfant, à savoir par exemple combien de
baleines voyait-il, si c’était des gars ou des filles, pourquoi l’une en
particulier montait à la surface, pourquoi la trouvait-il belle, ou
qu’est-ce qu’elle regardait. Un tel leadership éducatif de la part des
parents donnait souvent lieu à de longues discussions et recherches. Étant
donné l’importance des parents et de la famille dans l’apprentissage
d’attitudes et de valeurs, il me semble clair que les programmes
d’éducation faisant appel à des mammifères marins en captivité doivent
aider les parents plus efficacement à titre d’éducateurs au sein de leurs
établissements. Il ne faut pas non plus négliger l’importance des pairs
car une grande majorité des enfants les choisissent comme leur groupe
social favori pour visiter des établissements d’éducation informelle
(Birney, 1988).

13
a. i. Contenu des programmes d'éducation sur les mammifères marins:
Je dis souvent à mes étudiants que l'éducation consiste davantage à
éveiller l'esprit plutôt qu'à le meubler. Mais c'est l'action de meubler
l'esprit qui permet de transmettre la sagesse, l'enthousiasme et la
curiosité. Ainsi, la qualité de l'information dans les programmes
d'éducation est la clé servant à mesurer la qualité de ceux-ci.
L'évaluation de contenu est le processus par lequel les pédagogues
évaluent si un programme répond aux exigences de base en matière
d'éducation; c'est-à-dire si le contenu reflète réellement les
connaissances du domaine. Hoyt et al. (1999) ont évalué les contenus des
programmes de plusieurs établissements de mammifères marins, contenus qui
se sont révélés déficients; selon eux l'information présentée ne
correspond pas aux meilleures connaissances scientifiques. L'établissement
qui s'est le mieux classé dans leur étude est heureusement l'aquarium de
Vancouver. Je ne crois pas qu'il y ait eu des analyses de contenus
semblables dans le cas des médias ou des excursions touristiques
d'observation des baleines, etc. Les normes d'éducation exigent que les
programmes soient fondés sur les meilleures connaissances scientifiques
actuelles (CAZPA 1995). Tous les établissements doivent adapter leur
contenu pédagogique à ces normes.
13 a. ii.
Évaluations empiriques:
Les évaluations empiriques des programmes offerts dans les aquariums
sont assez difficiles à trouver. On en trouve davantage sur l'incidence
des autres programmes d'éducation informels. Un bon nombre d'auteurs
(Koran et al. 1999; Bitgood 1989; Wellington 1990; Falk et Dierking 1992;
Bitgood et al. 1994; Ramey-Gassert et al. 1994; Tunnicliffe 1995; et
autres) se sont penchés sur l'évaluation de la valeur pédagogique des
musées. Ces études évaluent en général les effets à court terme; certains
sont arrivés à des résultats positifs et d'autres non.
Falk et Dierking (1997) ont interrogé des personnes d'âges variés, soit
de 0 à 10 ans jusqu'à l'âge adulte, au sujet des excursions scolaires
qu'elles avaient effectuées durant leur primaire et ce, des années après
cette excursion. Quatre-vingt-seize pour cent de tous les participants se
souvenaient de leur excursion et même de l'âge auquel elles l'avaient
effectué; 79 % d'entre elles pouvaient se rappeler les détails de
l'excursion, comme les personnes qui les accompagnaient; presque toutes
pouvaient se souvenir d'au moins un événement précis survenu lors de
l'excursion. Près de 80 % des personnes interrogées, tous âges
confondus, ont mentionné qu'elles ont souvent pensé à cette excursion par
la suite; 75 % déclaraient qu'elles y pensent encore fréquemment
(Falk et Dierking 1997).
Lors d'enquêtes menées à la sortie d'aquariums américains abritant des
mammifères marins, les visiteurs ont en général décrit leur expérience
comme étant pédagogique (97 %), agréable (98 %), touchante
(98 %) et leur permettant d'être plus sensibilisés à la protection de
ces animaux (91 %) (Roper-Starch 1998). Bien sûr, cet échantillon de
personnes s'est très probablement rendu à l'aquarium, du moins au début,
dans le but premier d'apprendre quelque chose (Brookfield Zoo 1996). Les
expériences pédagogiques sont en général moulées sur les attentes des
visiteurs (Rosenfeld et al. 1982), même celles des enfants (Birney
1988).
Ce sondage est encourageant pour ceux qui croient que l'éducation est
une retombée importante de la captivité des mammifères marins, mais il ne
procure pas d'information précise sur les expériences précises les plus
importantes, sur leur influence relative selon les différents publics ou
sur l'efficacité comparée des autres programmes d'éducation. En général,
il y a un manque flagrant de données empiriques sur les retombées
pédagogiques de l'observation des animaux en captivité. Les raisons à cela
sont classiques: en général, l'éducation est une valeur incontestable,
mais en plus, la compétence des humains en tant qu'apprenants semble faire
en sorte que toute exposition rende l'apprentissage inévitable.
Selon certaines études (Yerke et Burns 1991; Brookfield Zoo 1996), les
entrevues ont permis de déceler des différences importantes sur le plan
des connaissances avant et après les spectacles. On note toutefois des
scores déjà très élevés lors des premières entrevues (soit déjà 80 %
à 90 % de bonnes réponses); il est donc difficile de montrer des
différences importantes au moyen d'un échantillon aussi mince. Certaines
études ont permis de remarquer un accroissement des scores liés aux
connaissances et à l'attitude à la suite du contact avec des animaux
vivants durant la présentation d'un programme (Saunders et Young 1985).
Heinrich et Birney (1992) ont constaté que les démonstrations d'animaux
vivants dans les jardins zoologiques atteignent remarquablement leurs
buts. Des taux de rétention allant jusqu'à 83 % pour certains
messages ont été observés six semaines après l'expérience. Selon Lien
(1990), les effets des contacts concrets des enfants avec les animaux dans
des bassins tactiles peuvent se mesurer à l'accroissement de l'intérêt et
de la sensibilisation face aux animaux marins, six mois plus tard.
Certaines études (Serrell et Raphling 1993) décrivent les difficultés
que posent la mesure de l'apprentissage affectif découlant d'expériences
pédagogiques informelles. Selon Sherwood et al. (1989), qui ont étudié les
effets, sur l'apprentissage des élèves, des animaux vivants
comparativement à ceux de spécimens préservés, ont déterminé que des gains
à court et à long termes mesurés par les changements d'attitudes, ont été
réalisés seulement quand les élèves interagissaient avec des animaux
vivants. Bien des études font état d'une constatation importante selon
laquelle les enfants ne font souvent pas la distinction entre l'expérience
et l'apprentissage (Rosenfeld et al. 1982).
On trouve de plus en plus de documentation évaluant l'incidence de
l'éducation informelle (voir, le Museum Learning Collective
http://mlc.lrdc.pitt.edu.mlc/) mais très peu sur l'incidence du contact
avec les mammifères marins en captivité. Il s'agit là d'une erreur
importante de la part de ceux qui se préoccupent des programmes
d'éducation fondés sur les mammifères marins en captivité, et cette erreur
doit être rectifiée. Les déclarations d'intention au sujet de l'éducation
ne permettent pas de déterminer ce qui est ou n'est pas appris dans le
cadre des programmes d'éducation, le bon fonctionnement de ceux-ci, ni
s'il est possible de les améliorer. De solides évaluations empiriques sont
nécessaires pour y arriver et pour justifier la poursuite de la
conservation de mammifères marins en captivité et ce, à l'intention du
public. De telles évaluations ne peuvent être rudimentaires, pas plus que
leur conduite ne peut être rapide ni facile. Mais elles sont nécessaires
et, malheureusement, elles brillent en ce moment par leur absence.

a.
Whale watching
Les autres programmes d'éducation fondés sur les mammifères marins en
captivité sont notamment les émissions télévisées, les vidéos, les films,
le cinéma IMAX, les magazines, les livres, les cassettes audio, les
présentations dans les écoles, les démonstrations, l'Internet, les jeux
informatiques, etc. Cela dépasse le cadre de la présente étude de
commenter tous ces programmes. En général, on s'attendrait à ce que chacun
rejoigne des publics différents (Ostman et Parker 1996) et convienne mieux
à la transmission de certains types de messages pédagogiques que d'autres,
tout en ayant ses limite propre. Il existe peut-être des liens entre les
différents types de contacts pédagogiques. Par exemple, quelqu'un peut se
procurer un livre sur les phoques après avoir vu un film sur le sujet. Du
fait que le public moderne sait tant de chose sur les baleines avant de se
rendre à l'aquarium (voir Brookfield Zoo 1996), il est clair que d'autres
moyens de contacts sont disponibles et qu'ils sont utilisés. La relation
interactive entre les types de programmes ou de contacts est importante et
il se peut, ou non, que le contact avec les mammifères marins en captivité
joue un rôle unique ou important dans la stimulation des interactions. On
ne le sait tout simplement pas.
La recherche a montré qu'il y a une relation entre les connaissances
sur l'océan et le nombre d'émissions télévisées portant sur les océans
(Fortner 1985). Walters et Lien (1985) ont montré que même chez les
enfants canadiens qui vivent près de l'océan, les connaissances sur cet
environnement et ses habitants proviennent des émissions télévisées. Il y
a plusieurs années, le réseau de télévision britannique a mené une étude
d'impact intéressante portant sur le public qui regarde les émissions sur
la faune. On a préparé à cette fin un court métrage à partir de différents
scénarios présentant des récits scientifiques, anthropocentriques ou
animaliers. Parmi les personnes qui ont regardé tous les scénarios, bon
nombre ont indiqué que la télévision était mieux que la réalité, tout
comme dans le sports, « on voit davantage de choses à la télévision
que sur place ». Bien des téléspectateurs ont préféré les films du
type « eco-porn » qui ne présentaient l'animal que sous son beau jour
sans montrer l'aspect de la prédation ni celui de l'accouplement. La
plupart des téléspectateurs ont préféré le scénario anthropomorphique
(Bunker 1999).
Dans la présente étude, nous discuterons de la seule autre méthode de
contact direct avec les mammifères marins, soit les excusions
d'observation des baleines.
L'observation des baleines est devenue, au cours des vingt dernières
années, l'industrie la plus florissante au monde dans le domaine
animalier. En 1991, aux États-Unis, on estimait à 3 430 225 le
nombre d'observateurs de baleines. Les dépenses totales liées à cette
activité s'élevaient à 46,25 millions de dollars US. En 1994, ces chiffres
ont grimpé à 4 074 195 observateurs et à plus 65,75
millions de dollars US par an au chapitre des dépenses (Hoyt 1992; 1995).
Au Canada, en 1991, ces chiffres totalisaient
185 200 observateurs de baleines ayant dépensé
5,75 millions de dollars US; en 1994, ce nombre a atteint les
462 000 pour des dépenses de 14,20 millions de dollars US (Hoyt
1995).
Selon les sondages effectués à la fin des excursions, on estime que
44,5 % de tous les visiteurs de Terre-Neuve, entre juin et septembre,
ont participé à une excursion d'observation des baleines; de plus, cette
activité gagne de plus en plus de popularité auprès des résidents. Les
excursions d'observation des baleines comptent une clientèle de
120 000 à 150 000 passagers par an et sont devenues une des
principales entreprises, en plus d'être le pilier de l'écotourisme marin
en pleine expansion (Lien 1999; données inédites). Au Québec, on compte
plus de 300 000 visites par an pour l'observation des bélugas du
parc marin du Saguenay- Saint-Laurent (Patrimoine Canada 1999). Plus de 50
bateaux d'excursion y sillonnent les eaux. De nombreuses autres excursions
se déroulent aussi aux îles de Mingan et à Rimouski.
En Nouvelle-Écosse, un seul béluga attire des milliers de visiteurs par
an (Kinsman 1999). Un récent sondage révèle qu'on y trouve 32
organisateurs d'excursions pour l'observation des baleines. Ceux-ci
utilisent des bateaux de 45 passagers, qu'ils exploitent de juin à
octobre au rythme de deux excursions par jour. Au Nouveau-Brunswick on
trouve 25 entreprises d'excursion pour l'observation des baleines, munies
de matériel similaire. Dans ces deux provinces, le prix pour ce genre
d'excursion varie de 20 à 37 dollars (J. Conway, MPO, com. pers.).
Récemment, le MPO a évalué à plus de 300 000 le nombre d'excursions
commerciales qui se déroulent le long de la côte de la
Colombie-Britannique (Lochman et Ellis 1999).
En 1998, on estimait à plus d'un million le nombre de personnes
engagées dans les excursions commerciales pour l'observation des baleines
au Canada (Lien 1999, données inédites). Le prix d'une excursion varie de
25 $ à 80 $; on estime que les revenus directs tirés de cette activité
sont d'au moins 50 millions de dollars par an. Duffus et Dearden (1993)
ont estimé que les observateurs de baleines du détroit de Johnstone
dépensent de 370 à 400 dollars par excursion. Si on utilise un coeficient
multiplicateur des retombées économiques plus réaliste, on en déduit que
l'industrie de l'observation des baleines est maintenant évaluée à plus
d'un quart de milliard de dollars par an au Canada. Selon Duffus et
Dearden (1993), les dépenses totales peuvent atteindre 400 millions de
dollars par an.
La plupart des retombées de l'observation des baleines peuvent être
très locales. À Churchill, au Manitoba, il y a deux principaux
organisateurs d'excursions qui utilisent trois gros bateaux et de nombreux
petits pour l'observation des baleines. On estime qu'environ 10 000
observateurs de baleines se rendent dans cette petite localité durant les
deux mois d'été. Cette attraction suffit à remplir les restaurants et les
hôtels; et c'est sur cette entreprise estivale que se fonde l'économie de
toute l'année.
La plupart des études sur les incidences de l'observation des baleines
portent sur les répercussions de cette activité sur les animaux eux-mêmes
(Johnstone Strait Killer Whale Committee 1992; Postle et Simmons 1994;
IFAW 1997; Gilbert et le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent 1998). Peu
de travaux ont cherché à évaluer systématiquement les incidences à court
et à long termes du contact avec ces animaux. Forestall et Kaufman (1994)
ont fait remarquer la valeur des excursions commerciales d'observation des
baleines sur le plan de la recherche et de la surveillance. On a tenté
d'élaborer des lignes directrices sur l'aspect pédagogique de
l'observation des baleines (IFAW 1997). Kinsman (1999) a fait remarquer
que les attentes crées à la suite de l'observation de baleines en
captivité peuvent avoir un effet négatif se transférant sur l'observation
des baleines en liberté. Cette auteure décrit des situations où les gens
venus observer un béluga sauvage, hébergé dans un secteur confiné, lui
donnaient des jouets, ou tentaient de mettre une main ou un pied dans sa
bouche ou tentaient même de le chevaucher.
Les excursions d'observation des baleines peuvent présenter une
solution de rechange parfaite aux retombées pédagogiques du contact du
public avec les mammifères marins en captivité. L'Alliance of Marine
Mammal Parks and Aquariums a fait remarquer que cette solution peut
toutefois se révéler impraticable, puisque s'il fallait qu'autant de gens
qui se rendent dans les aquariums pour y observer des mammifères marins en
captivité participent à des excursions d'observation des baleines, cela
créerait une escalade phénoménale de cette activité qui, selon certains,
fait déjà l'objet d'une croissance anarchique. Étant donné qu'on
s'inquiète des répercussions sur les animaux et de l'absence de retombées
pédagogiques incontestables, un tel scénario entraînerait des inquiétudes
encore plus grandes quant au bien-être et à la conservation de la faune.
Les coûts pour ces animaux ne doivent pas être justifiés par les avantages
pédagogiques.

Depuis un certain temps, les spécialistes de la mammalogie marine se
préoccupent de la remise en liberté des mammifères marins et ne
s'entendent pas sur les facteurs biologiques et pratiques de ces remises
en liberté. La plupart des discussions portent sur les animaux capturés
pour des raisons cliniques, gardés pendant de courtes périodes et
réintroduits dans leur milieu une fois guéris ou réadaptés. Le projet de
libération du célèbre épaulard qui tenait le rôle principal dans la série
de films Mon ami Willy (Free Willy) a fait couler beaucoup d'encre au
sujet de la réadaptation et de la remise en liberté des épaulards en
particulier et a amené certaines personnes à croire que tous les cétacés
en captivité pouvaient être relâchés dans la nature.
La remise en liberté peut se justifier par des raisons pratiques,
pédagogiques ou de bien-être, mais rarement pour des raisons de
conservation. En fait, elle pourrait même constituer une menace pour les
populations en liberté en raison de l'introduction de nouvelles maladies
ou infections, qui pourraient certes être minimes si on porte attention
aux détails médicaux de toute remise en liberté, mais il n'en demeure pas
moins qu'il faut adopter une approche prudente.
La remise en liberté d'animaux capturés à des fins cliniques se
pratique plus couramment pour des raisons concrètes. Les aquariums et les
établissements de soins seraient vite remplis de marsouins communs, de
phoques du Groënland et d’otaries.
La remise en liberté pourrait être encouragée et menée à des fins
pédagogiques. Dans ce cadre, les objectifs pédagogiques pourraient porter
sur le bien-être des animaux, l'information biologique et écologique de
base et la sensibilisation aux dangers que devront affronter les
mammifères marins sauvages. Pour certains publics, et certains objectifs
pédagogiques, la remise en liberté peut tenir lieu de spectacle captivant
pouvant avoir une incidence pédagogique importante. Mais ces événements
peuvent aussi être critiqués pour leur point de vue environnemental
sous-jacent, tel que celui que Davis (1998) a décrit au sujet des
programmes de captivité à des fins pédagogiques. En effet, la remise en
liberté d'animaux gardés depuis longtemps pourraient véhiculer le message
selon lequel il n'est pas grave de violer l'ordre naturel, puisque nous
aurons toujours les ressources et les connaissances pour y remédier. Quoi
qu'il en soit, il faut au moins mener des évaluations empiriques des
incidences pédagogiques de la remise en liberté, car les remises en
liberté massives à des fins pédagogiques ne sont pas justifiées en ce
moment.
La remise en liberté des mammifères marins gardés en captivité pendant
longtemps peut se justifier pour des raisons de bien-être. Si les
avantages scientifiques et pédagogiques ne sont pas dominants, si les
conditions de captivité se révèlent inadéquates pour le soin et le
bien-être des animaux et si la remise en liberté ne nuit pas aux animaux
demeurés dans les populations sauvages, alors la remise en liberté
précédée d'une réadaptation suffisante pourrait améliorer le bien-être de
l'animal. Mais à l'heure actuelle, l'expérience est insuffisante pour nous
permettre d'approuver la remise en liberté à grande échelle des mammifères
marins capturés depuis longtemps.
En fait, seuls quelques animaux actuellement gardés en captivité
pourraient être remis en liberté prioritairement. Au Canada, bien des
mammifères marins sont nés en captivité. La mise en liberté de ces animaux
est peu prioritaire. Certains d'entre-eux sont le fruit de croisements de
différents stocks et sont peu aptes génétiquement à être relâchés. Tous
les mammifères marins en captivité au Canada, sauf quelques-uns capturés à
des fins cliniques, ont été gardés pendant plus d'un an. La réadaptation
et la remise en liberté des animaux capturés pour des projets
scientifiques à court terme (moins d'un an) seraient plus praticables et
auraient les plus grandes chances de succès. Tout animal gardé en
captivité depuis plus d'un an ne représente pas une priorité pour
l'instant.
La Marine Mammal Commission des É.-U. est responsable de l'élaboration
de normes de réadaptation et de remise en liberté des mammifères marins
dans leur milieu naturel. Cette entreprise nécessite du temps. Parmi les
20 groupes de dauphins à gros nez gardés en captivité pendant plus
d'un an puis relâché, seuls 6 ont pu faire l'objet d'un suivi. Aucun
épaulard gardé en captivité pendant plus d'un an n'a pu être relâché avec
succès à ce jour (K. Balcomb, AZA, 1995). St. Aubin et al. (1988), Brill
et Friedl (1993), Kleiman et al. (1992), UFAW (1992) , Beck et al. (1994),
NMFS (1996), ainsi que d'autres chercheurs, ont présenté leurs résultats
de recherches sur la réadaptation et la remise en liberté des animaux en
captivité dans leur milieu naturel. À ce chapitre, ils ont avancé les
suggestions générales suivantes: financement suffisant, nécessité de
renforcer une population sauvage viable, remises en liberté effectuées
seulement dans les régions adéquates sur le plan écologique et dans des
habitats où les menaces pour l'animal sont minimes, planification
pédagogique adéquate, consultation auprès des organismes de réglementation
et du public intéressé, menaces minimes pour les populations sauvages,
populations sauvages devant se situer sous leur capacité biogénique,
normes vétérinaires vigoureuses, chances raisonnables de survie dans le
milieu naturel et entraînement adéquat des capacités en vue de la survie.
Toutes ces tâches sont formidables.
Selon l'atelier sur la remise en liberté des mammifères marins
(Workshop on Releasing Marine Mammals into the Wild (MMC 1991), à
l'exception des espèces grandement menacées, tout entreprise de remise en
liberté d'animaux captifs réadaptés est à déconseiller en raison des
risques de transmission de maladies virales aux populations sauvages. Bien
qu'on conserve l'espoir d'acquérir de l'expérience, le précédent rapport
canadien sur la capture et la conservation de mammifères marins (Cowan
1992) concluait ce qui suit: « Compte tenu de l'état actuel des
connaissances, la remise en liberté des cétacés sauvages gardés en
captivité pendant de longues périodes est inappropriée. » Le NMFS
insiste sur le type d'information requise avant de pouvoir encourager les
remises en liberté. À mon sens, il est difficile de ne pas en venir à la
même conclusion bien que les discussions actives qui se déroulent aux
É.-U. (A. Jeffreys, NMFS, com. pers.) puissent servir de fondement aux
normes de remise en liberté, et l'expérience acquise grâce aux remises en
liberté actuelles dans tous les coins du monde, pourrait dans un proche
avenir servir de base pour la détermination des normes de meilleurs
pratiques de réadaptation et de remise en liberté dans le milieu
sauvage.

Au cours de cette étude, le public nous a fait parvenir des courriels,
des lettres, des télécopies et des textes. Une ONG canadienne a fait un
battage publicitaire pour demander qu'on boycotte cette étude, mais sans
succès. De nombreux textes de qualité nous ont été envoyés. Plusieurs
groupes ont envoyé des vidéos, lesquels ont été remis au MPO. La présente
section vise à résumer brièvement les présentations les plus importantes.
Je crois, qu'en raison de l'excellence de ces présentations, j'ai été en
mesure de saisir le point de vue du public au sujet de la capture et de la
mise en captivité des mammifères marins vivants.
Whale and Dolphin Conservation Society (WDCS): Cette société a été
créée en 1987 et compte actuellement 70 000 membres partout dans
le monde. Son siège social est situé au Royaume-Uni. WDCS oeuvre pour la
conservation, le bien-être et l'appréciation de toutes les baleines et de
tous les dauphins et marsouins. Sa présentation incluait une étude des
justifications scientifiques pour le maintien des cétacés en captivité
(Mayer 1998), un résumé des résultats des études préliminaires des
programmes d'apprivoisement et d'alimentation des dauphins aux É.-U.
(Stark 1998), une étude sur la captivité des épaulards (Hoyt 1992) et un
guide à l'intention des défenseurs des cétacés gardés en captivité (Mooney
1998). J'ai aussi consulté leur site web à l'adresse <WWW.WDCS.ORG>.
La WDCS s'oppose à la captivité des cétacés puisque celle-ci procure
peu de retombées pédagogiques et qu'il existe d'autres moyens d'atteindre
les objectifs scientifiques et pédagogiques visés sans avoir recours à des
cétacés en captivité.
Zoocheck et La Fédération des sociétés canadiennes d'assistance aux
animaux (Z-FSCAA): Ces deux organismes canadiens travaillent de concert à
l'amélioration des normes de captivité des animaux. La FSCAA a un
représentant au Conseil canadien de protection des animaux (CCPA).
Ces organismes ont présenté une étude sur la décision du Biodôme de
Montréal d'exclure les cétacés vivants de son programme (Brown et Penfound
1995) ainsi qu'un rapport d'enquête sur Marineland, situé à Niagra Falls
(Penfound et McHattie 1998). J'ai aussi eu l'occasion de rencontrer ces
organismes.
Leurs mémoires portaient surtout sur le taux élevé de mortalité des
cétacés capturés pour les aquariums et le fait que les aquariums
construits récemment s'étaient opposés à la conservation des cétacés. On y
fait remarquer que les retombées pédagogiques, scientifiques et
reproductives de cette captivité n'avaient pas réussi à se concrétiser.
Ils présentent une analyse profonde des aspects pédagogiques qui
ressortent du contact avec les mammifères marins en captivité pour en
conclure que ceux-ci font défaut. En raison de la nature de
l'environnement naturel des cétacés, on croit que toute norme de captivité
est inadéquate.
La FSCAA se préoccupe des conditions qui prévalent à Marineland, plus
précisément des conditions de captivité des otaries, du recours à des
bassins d'isolement et de l'apprivoisement des épaulards par le public.
Cet organisme soutient fermement que les bassins d'apprivoisement ne
devraient pas être permis dans les aquariums canadiens. « La question
n'est pas de savoir si la présence des mammifères marins ajoute de
l'attrait et de la viabilité aux programmes des aquariums, mais bien si
ces programmes sont légitimes ou pas, et si les animaux souffrent dans le
déroulement de ces programmes. »
Humane Society of the United States (HSUS): La HSUS est l'organisme qui
chapeaute toutes les sociétés de protection des animaux aux États-Unis.
Elle a fourni des publications sur les spectacles d'épaulards (Hoyt 1992),
un cas général d'opposition à la captivité des mammifères marins (Rose et
Farinato 1995) et diverses autres publications et normes de captivités
(Riley 1993; Small et DeMaster 1995a; 1995b).
Dans sa présentation, la HSUS soutient que les spectacles sont limitées
sur le plan de la contribution à la recherche, précisément parce qu'ils
limitent les vérifications expérimentales nécessaires. De plus, « il
n'existe aucune preuve objective selon laquelle les zoos et les aquariums
sont des outils efficaces pour l'éducation du public en général sur la
biologie, la conservation et les besoins des espèces sauvages. » La HSUS
soutient qu'il faut mener une évaluation sérieuse des incidences
pédagogiques des aquariums. Elle énonce des préoccupations quant au manque
de normes applicables aux mammifères marins en captivité, en particulier
au Canada.
Linda Sheehan: Madame Sheehan a obtenu, il y a plusieurs années, une
maîtrise en géographie à l'Université de Victoria (Sheehan 1992) et nous a
fait parvenir un exemplaire de son mémoire. De plus, elle nous a présenté
ses réflexions sur la captivité des épaulards dans le cadre d'une série
d'échanges par courrier électronique.
Madame Sheehan ne croit pas que les retombées pédagogiques, qu'elle met
en doute, pas plus d'ailleurs que les retombées scientifiques, ne puissent
justifier la conservation des épaulards en captivité. Elle reconnaît que
certaines personnes peuvent être profondément touchées par l'exposition à
des animaux en captivité, mais elle sait aussi qu'il existe de multiples
manières d'influencer les gens. Selon Madame Sheehan, le spectacle
d'animaux en captivité ressemble un peu au spectacle d'un Autochtone
captif - il peut servir à sensibiliser le public et ce dernier peut en
apprendre quelque chose, mais puisqu'il existe d'autres moyens de
transmettre les mêmes notions, cela est tout simplement incorrect. Elle
était prête à examiner l'aspect scientifique et pédagogique de la
captivité des épaulards, mais le manque de données positives l'a amenée à
se prononcer contre cette captivité. Fondamentalement, la captivité des
épaulards est néfaste, du simple fait qu'elle viole les droits des animaux
et cause de la souffrance à un animal sensible et intelligent.
Newfoundland Natural History Society (NNHS): Ce groupe est la plus
importante organisation naturaliste de Terre-Neuve et du Labrador et a
souvent pris position pour la défense des questions environnementales. Il
s'agit d'un des rares organismes environnemental canadien à avoir répondu
à notre appel de commentaires auprès du public.
Les raisons pour lesquelles on capture des animaux sont, pour la NNHS,
des facteurs importants. Cet organisme n'accepte pas la capture d'animaux
dont la population est menacée ni la capture parmi les populations sur
lesquelles on ne détient pas d'information adéquate. Les captures menées
dans le but de faire des profits ne devraient pas être permises, mais les
justifications pédagogiques ou scientifiques sont acceptables. Elle fait
remarquer qu'il existe des techniques d'étude des populations sauvages qui
ne nécessitent plus de mener des études sur des individus en captivité;
toutefois elle souligne aussi que certaines études sur les animaux en
captivité sont nécessaires. Elle souligne que ce ne sont pas toutes les
captures d'animaux vivants qui mènent nécessairement à la captivité et que
certaines ont donc une importante valeur scientifique; elle souligne qu'il
importe d'élaborer des normes pour la captivité à court terme. La NNHS
souligne aussi que l'éducation se mesure à « ce que les gens peuvent
emporter avec eux ».
Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent (PMSSL): Le personnel de Parcs
Canada a décrit un cas particulier survenu en 1996, au moment où un groupe
de scientifiques souhaitait recueillir des échantillons sanguins de 20 ou
30 bélugas; ce travail impliquait une capture temporaire. En raison de
l'incertitude quant à la valeur de cette recherche pour la gestion des
espèces menacées des populations de bélugas du Saint-Laurent, et du
précédent que ce harcèlement pouvait créer aux yeux des organisateurs
d'excursion pour l'observation des baleines, le PMSSL s'est opposé au plan
de capture.
Plus de 300 000 visiteurs se rendent au PMSSL chaque année
pour participer à des excursions pour l'observation des baleines. On fait
remarquer que le potentiel pédagogique de l'observation des baleines «
n'est pas toujours à son meilleur quand aucun commentaire n'est présenté,
que de nombreux bateaux encerclent les animaux et que ceux-ci approchent
les baleines de manière irrespectueuse. Quant aux baleines en captivité,
le potentiel pédagogique peut aussi dépendre de la manière dont les
animaux sont présentés. »
Atlantic Veterinary College (AVC): Le travail mené à l'AVC au moyen des
mammifères marins porte surtout sur la recherche des causes de mortalité
des phoques et des baleines. On y effectue aussi des captures à des fins
cliniques dans le but de soigner des animaux blessés ou malades, mais ce
travail est limité et sporadique. Les phoques sont gardés pendant quatre
semaines, au plus, dans de petits réservoirs jusqu'à ce qu'ils soient
réadaptés et relâchés. Ces captures sont régies par des permis du MPO et
les soins apportés aux animaux de même que les protocoles font l'objet
d'examens par le CCPA.
Merritt Clifton (Rédacteur en chef de Animal People): Animal People est
décrit comme un service de nouvelles portant sur la protection des animaux
dans le monde. Monsieur Clifton a fait remarquer que la collectivité de
gens qui s'intéressent à la protection des animaux a récemment tourné son
attention vers les questions de réadaptation en raison des quelques
captures d'animaux vivants. Si le Canada s'engage dans la capture
d'animaux destinés à la captivité, « l'animosité gardée sous silence
pendant les dernières années refera surface avec encore plus de moyens
financiers et la campagne mise en marche sera dirigée par un groupe
d'activistes plus mature et mieux avisé que jamais sur le plan
politique.
David St. Aubin: David St. Aubin est un chercheur canadien de grande
renommée dans le domaine des mammifères marins. Il a publié
41 articles de journaux, chapitres de livres et ouvrages fondés sur
l'information découlant de la recherche sur les mammifères marins en
captivité. Il est actuellement directeur des services de recherche et de
soins vétérinaires à l'aquarium de Mystic, au Connecticut.
M. St. Aubin, Ph. D., fait remarquer que la capture d'animaux vivants
se déroule au Canada depuis des dizaines d'années et ce, dans la plupart
des cas, pour une période restreinte, permettant ainsi la prise
d'échantillons et le marquage avant la remise en liberté. La technologie
des satellites améliore grandement les retombées scientifiques de ces
captures. D'autres captures ont donné lieu à des périodes de captivité
plus longues, mais ont aussi leur importance pour la cueillette
d'information, en particulier sur l'énergétique et le métabolisme, la
physiologie sensorielle, la reproduction, la santé et la maladie ainsi que
la nutrition. Il fait remarquer qu'un grand nombre de publications des
universités canadiennes résultent de la recherche sur les animaux en
captivité. Il ajoute qu'il y a eu des épidémies de maladies dans les
populations sauvages, qui ont coûté la vie à bien des animaux, nous
laissant sans moyens de les contrer en raison du manque de données de base
adéquates sur le sang et les tissus. M. St. Aubin, Ph. D., conteste aussi
l'examen mené par Mayer (1998) en ce qu'il ignore l'important travail sur
le métabolisme, la physiologie rénale, les capacités sensorielles et les
fonctions immunologiques qui a été fait grâce aux animaux en
captivité.
Au sujet de la capture de bélugas, M. St. Aubin soutient que des
données télémétriques intenses montrent actuellement qu'elle ne perturbe
pas le comportement normal des animaux. Des données semblables concernant
d'autres espèces de mammifères marins devraient diminuer les inquiétudes
au sujet de l'incidence des captures elles-mêmes. Il fait aussi remarquer
que la survie de certaines espèces de cétacés en captivité, comme le
béluga et le dauphin à gros nez, n'est pas différente de celle des
populations en liberté.
Biodôme de Montréal: Pendant un certain temps, le Biodôme a étudié la
possibilité d'héberger des cétacés, mais en 1993, il a décidé de laisser
tomber ses programmes d'éducation impliquant la captivité des mammifères
marins. Les raisons de cette décision sont les suivantes: 1) afin de
faciliter la sensibilisation et l'éducation environnementales, le Biodôme
a choisi de recréer des écosystèmes naturels et non pas de donner en
spectacle des espèces « vedettes » 2) ses installations étaient
inadéquates et 3) des groupes de pression ont exprimé un forte opposition
à cette idée. Le Biodôme est d'avis qu'on « peut offrir une éducation de
très grande qualité sur la conservation des mammifères marins sans qu'il
n'y ait besoin de garder ces animaux en captivité. »
Aquarium John G. Shedd: Le Shedd compte environ deux millions de
visiteurs par année et étudie activement les effets de ses programmes sur
ceux-ci. Il fait remarquer la complexité des retombées souhaitées à la
suite d'un contact avec des mammifères marins et la difficulté de les
mesurer. Il souhaite élaborer des programmes d'évaluation des incidences
plus rigoureux et plus exhaustifs. Linda Wilson, qui fait partie du
personnel d'évaluation des programmes du Shedd, nous a fourni de
nombreuses références utiles sur l'évaluation des incidences
pédagogiques.
Cetacean Society International (CSI): La Cetacean Society International
est une des ONG les plus anciennes et les plus actives en matière de
protection des baleines aux États-Unis. Elle est d'avis qu'« il n'est
plus acceptable de capturer des cétacés et de les maintenir en captivité à
des fins de spectacles, d'éducation ou de recherche. Nous avons
l'obligation morale de conserver les cétacés en captivité dans des
conditions optimales pour leur bien-être physique et social et de faire
tout ce qui est en notre pouvoir pour réadapter et remettre en liberté les
individus gardés en captivité. »
Conformément à ce point de vue, elle s'oppose à la capture de bélugas à
des fins d'observation et se demande si la récente demande du Marineland
de Niagra Falls concernant l'obtention d'un béluga sera considérée en
fonction des anciennes politiques canadiennes ou à la lumière des études
actuelles. La CSI soutient que la capture de certaines espèces de cétacés
peut avoir des incidences inconnues sur ces animaux et est d'avis que les
opérations de capture doivent être considérées comme ayant d'importantes
conséquences sur l'ensemble de l'unité sociale.
Selon la CSI, les retombées scientifiques réelles de la captivité sont
bien minces et les incidences sur l'éducation et la sensibilisation sont
contre-productives. « En fait, presque tous les centres sont bien en deçà
des normes professionnelles des programmes d'éducation valables. »
Elle croit que le Canada a échoué à mettre en oeuvre ne serait-ce que les
normes minimales de conservation des cétacés en captivité, élaborées dans
les autres pays.
Alliance of Marine Mammal Parks and Aquariums (AMMPA): L'AMMPA est un
organisme international représentant 39 parcs marins, aquariums, zoos,
centres de recherche et organismes professionnels. Au Canada, l'aquarium
de Vancouver est membre de l'AMMPA. Cet organisme est d'avis que le public
est largement en faveur des spectacles de mammifères marins. Bien qu'il
appuie ses dires sur certaines statistiques, son argument le plus
convaincant soutient que « les gens votent par leur simple
présence ». Son intervention porte sur la contribution pédagogique et
scientifique de la captivité et sur les normes de conservation des cétacés
en captivité.
On cite un sondage Roper, mené en 1998, selon lequel
« l'interaction avec des animaux vivants, ou leur simple observation,
constitue l'outil pédagogique le plus valable pour l'étude des mammifères
marins. Presque toutes les personnes interrogées (97 %) ont déclaré
que leur expérience des mammifères marins a eu une certaine influence sur
leur appréciation et leur connaissance de ces animaux. » L'AMMPA fait
remarquer que des normes sur l'éducation ont été publiées à l'intention de
ses membres, ces normes stipulent notamment qu'il faut « promouvoir
et améliorer la compréhension et l'appréciation de l'animal et de son
écosystème » et avoir recours aux meilleures connaissances
scientifiques actuelles ainsi qu'à un personnel pédagogique professionnel.
Les membres de l'AMMPA ont dépensé environ 20 000 000 $, au
cours des cinq dernières années pour mener des études fondamentales et
appliquées. Cette recherche porte sur la conservation et la protection des
animaux captifs, mais aussi sur différentes sciences fondamentales qui
s'appliquent davantage aux cétacés en liberté.
Au sujet des normes de captivité, cet organisme souligne que les
aquariums américains ont récemment pris part au Marine Mammal Negotiated
Rulemaking Advisory Committee et ont conclu des ententes sur la protection
des animaux dans le cadre de nombreuses normes.
Veronik de la Cheneliere: Veronik de la Cheneliere a récemment déposé
un mémoire de maîtrise, à l'Université McGill (de la Cheneliere, 1998).
Son mémoire porte sur les risques et les retombées des techniques
invasives utilisées dans les études sur les cétacés en liberté. Elle
présente une analyse des risques pour l'animal et des bienfaits
scientifiques qui peuvent s'appliquer à d'autres situations où les gains
scientifiques peuvent entraîner des pertes pour les animaux ou les petites
populations.
Zoo de Brookfield: Le zoo de Brookfield reçoit un million de visiteurs
par an. Ses dauphins à gros nez sont présentés dans un milieu recréant le
littoral des caraïbes. Il souligne que son personnel participe à divers
programmes de recherche scientifique en aquarium et en milieu naturel.
Deux documents du zoo de Brookfield sont dignes de mention, soit une
évaluation interne portant sur le spectacle de dauphins, menée en 1996.
L'élément intéressant de cette évolution est le fait que 84 % des
groupes de visiteurs comptaient des enfants. L'étude examinait les scores
de connaissances avant et après le spectacle. Résultats: les connaissances
s'étaient accrues dans presque toutes les catégories mesurées.
Le second document présentait les normes éthiques appliquées par le zoo
de Brookfield dans ses décisions quant à l'acquisition d'un animal.
Andrew Trites/Dave Rosen: Andrew Trites et Dave Rosen sont des
scientifiques du centre de recherche sur les mammifères marins de
l'Université de la Colombie-Britannique. M. Trites, Ph. D., est
coordonnateur d'un programme de recherche interuniversitaire sur les
mammifères marins.
La principale préoccupation des ces chercheurs est la reconnaissance de
la recherche menée au moyen d'animaux en captivité. Les études actuelles,
effectuées tant en milieu naturel qu'en captivité, portent sur l’otarie de
Steller et les causes de son déclin dans le milieu naturel. La recherche
au moyen d'animaux en captivité se déroule à l'aquarium de Vancouver.
L'examen des recherches locales est effectué par le comité de recherche de
l'aquarium de Vancouver et par le Animal Care Committee de l'Université de
la Colombie-Britannique. Le travail en milieu naturel et à l'aquarium est
coordonné avec soins. L'aquarium qui appuie cette recherche en tire
profit, puisqu'en dehors des recherches qui sont menées sur les animaux en
captivité, ceux-ci peuvent être utilisés dans les programmes d'éducation
visant à décrire les difficultés que doivent surmonter ces animaux dans
leurs milieux naturels.
Une des préoccupations de ces chercheurs porte sur le processus de
demande de permis par lequel le MPO autorise la capture de mammifères
marins vivants. Les deux scientifiques sont d'avis que ce processus
pourrait être amélioré par une plus grande transparence et plus de
rigueur; ils ont aussi tous deux souligné que ce processus ne doit pas
devenir aussi lourd que celui des États-Unis.
Richard Sears: Richard Sears est directeur de la Station de recherche
des îles de Mingan et a longtemps exploité une entreprise d'excursions
d'observation des baleines qui se spécialisait dans les baleines bleues du
golfe Saint-Laurent.
Il fait remarquer que depuis l'essor de l'industrie de l'observation
des baleines, les organismes responsables de ce secteur d'activités ont
fait preuve de bien peu de leadership judicieux. Il craint l'avènement
d'un « cirque écologique » peu soucieux de la réelle
interprétation. À l'heure actuelle, l'intérêt pécuniaire domine grandement
les objectifs d'éducation, d'interprétation de la nature et de bien-être
des animaux. Il réclame qu'on se penche sérieusement sur les objectifs
visés en matière d'observation des baleines.
Brad Hanson: Brad Hanson a récemment obtenu un diplôme de premier cycle
à l'Université de Guelph et travaille pour le National Marine Fisheries
Service (NMFS) des États-Unis. Le point de vue qu'il a présenté est
personnel et n'engage pas nécessairement son employeur.
Brad Hanson souligne l'importance de la capture d'animaux vivants à des
fins d'échantillonnage biologique, d'installation d'appareils de
télémétrie et autres, en vue d'obtenir des données importantes pour
l'analyse de la structure des stocks, la surveillance des tendances,
l'identification des habitats critiques et des divers besoins en matière
de mesure de gestion. Il admet que la capture d'animaux vivants présente
toujours certains risques, mais que les nouvelles techniques élaborées
depuis 40 ans contribuent à diminuer ces risques. Il fait aussi
remarquer que seule une infime fraction de la population animale est
soumise à ce type d'échantillonnage, ce qui réduit davantage les
incidences possibles sur les populations.
Il relate le refus d'une demande de permis pour la capture de marsouins
de Dall, dans les eaux de la C.-B., par le MPO, sous prétexte que cette
capture serait effectuée près d'une grande flotte de bateaux d'excursion
pour l'observation des baleines et qu'un groupe de défense des droits des
animaux s'y opposerait. Il soutien que l'évaluation d'une telle demande de
permis devrait se fonder sur des données scientifiques et sur les
retombées pour cette population animale, et non pas sur les préoccupations
d'un groupe de défense public.
Robin Baird: Robin Baird est un chercheur très actif sur les mammifères
marins en Colombie-Britannique et a récemment terminé une étude
post-doctorale à l'Université Dalhousie. Il travaille maintenant pour la
Pacific Whale Foundation. Il est l'auteur de nombreux articles
scientifiques sur les mammifères marins en liberté et est spécialiste de
la captivité des mammifères marins; en tant que contractuel, il a rédigé
un rapport lors d'un examen précédent (Baird 1992). Il a également
participé à la capture de quatre espèces de mammifères marins.
M. Baird, Ph. D., fait généralement remarquer les avantages de la
capture d'animaux vivants pour les populations en liberté. Il raconte sa
tentative d'obtention d'un permis pour la capture et le marquage de
marsouins communs, au large de la Colombie-Britannique. Les permis
américains et canadiens ont été demandés; le premier a été délivré mais
non le second (du MPO). Il fait remarquer qu'à l'heure actuelle,
« les critères de demande et d'examen ne sont pas explicites, le
processus n'est pas transparent et il n'y a pas de délai obligatoire pour
l'examen d'une demande de permis ». En raison du manque de clarté et
de normes dans le processus actuel de demande de permis, M. Baird
croit qu'il est possible que celui-ci puisse être biaisé par des
influences politiques et des préjugés personnels. Il faut favoriser la
recherche scientifique valable pour agir en vue d'une meilleure
compréhension de la biologie et des risques qui menacent les mammifères
marins.
- Jon Lien: (Eh oui, je me suis fait parvenir quelque chose!) Jon Lien
est le directeur du groupe de recherche sur les baleines de l'Université
Memorial de Terre-Neuve et il travaille depuis assez longtemps sur la
question des cétacés en détresse ou capturés accidentellement dans des
engins de pêche. La majorité de son travail porte sur les baleines, mais
à plusieurs reprises, il a travaillé pendant de courtes périodes auprès
de cétacés gardés en captivité dans des aquariums.
Au Canada, la plupart des mammifères marins capturés vivants font
l'objet de prises fortuites dans les filets des pêcheurs canadiens, et
cette situation est des centaines de fois plus fréquente que les captures
délibérées d'animaux. Dans certains cas, comme celui du marsouin commun du
nord-ouest de l'Atlantique, les captures fortuites ont des répercussions
importantes sur les populations. Il faut donc mettre en perspective le
nombre de prises.
Il est important que le MPO, qui est responsable de la délivrance des
permis de pêche, voie à atténuer les impacts de la pêche sur les
mammifères marins. Les pêcheurs peuvent remettre les baleines en liberté
mais ne s'y prennent pas toujours de la bonne manière. En outre, puisqu'on
trouve souvent des animaux capturés par des engins de pêche de provenance
inconnue, l'industrie de la pêche ne peut pas à elle seule réagir
correctement à ces événements. Le MPO doit voir à ce que les captures
d'animaux vivants soient régies de la bonne manière.
La seconde préoccupation porte sur le processus de délivrance de permis
de Terre-Neuve, qui est extrêmement informel, ce qui présent un certain
avantage, mais qui peut aussi porter à négliger la rigueur scientifique
dont on devrait tenir compte dans les demandes de permis. On doit élaborer
un processus de demande qui, en plus d'être efficace, soit clair,
rigoureux et transparent.
Marineland: Le parc Marineland de Niagra Falls, en Ontario, est un parc
thématique qui présente des spectacles de phoques, d’otaries, de dauphins
à gros nez et d'épaulards. Il s'agit d'un parc privé qui reçoit des
millions de visiteurs par année.
Les principales caractéristiques des présentations de Marineland sont
les nouvelles installations qui y ont été élaborées, de même que la
recherche et les programmes d'éducation qu'y s'y déroulent. Chaque
printemps, Marineland organise des journées réservées aux élèves. Des
cahiers de programmes sont envoyés aux enseignants, qui présentent les
animaux du parc, on y suggère aussi des lectures et des activités
scolaires. Plusieurs chercheurs utilisent les mammifères de ce parc pour
des projets de recherche en cours. La direction du parc souhaite
grandement élargir ces programmes.
Le succès de Marineland dans l'élevage des épaulards et la survie des
rejetons est due à la bonne qualité de l'eau et des soins accordés aux
animaux. Le parc fait appel à des vétérinaires externes et internes qui
voient au soin des animaux.
« Il est certes important de prêter attention au point de vue des
défenseurs des droits des animaux et à l'opinion publique, mais il est
tout aussi important de prendre en considération la valeur de la recherche
et de la sensibilisation lorsque l'opinion publique s'oppose à nos
pratiques. Il faut trouver l'équilibre quant à l'utilisation des
animaux. » Faisant référence à la captivité et à l'observation des
baleines, la présentation de Marineland suscitait la question suivante: «
Vaut-il mieux soumettre un petit nombre d'animaux à l'observation de
milliers de personnes, ou emmener des milliers de personnes observer les
animaux? Tout bien considéré, laquelle de ces activités a la plus grande
incidence sur les populations de ces espèces? »
- No Whales in Captivity (NWIC): NWIC est un groupe activiste qui
s'est surtout intéressé aux activités de l'aquarium public de Vancouver,
mais qui s'occupe aussi des questions liées au bien-être de plus gros
mammifères. Son centre d'intérêt est surtout l'épaulard, mais aussi les
autres espèces de mammifères marins. NWIC a élaboré un plan progressif
visant les cétacés de l'aquarium public de Vancouver, plan qu'il a
présenté au conseil des parcs de Vancouver qui est responsable des biens
immobiliers de l'aquarium.
NWIC a soumis une entrevue présentant le point de vue de M. Jim
Darling, Ph. D., au sujet de l'utilité scientifique de la recherche
sur les mammifères marins en captivité. Celui-ci ne croit pas que la
recherche menée au moyen de mammifères marins en captivité puisse avoir
des applications pour les populations en liberté. Le NWIC critique aussi
l'aspect pédagogique de l'exposition aux mammifères marins. « Il n'y
a aucune preuve selon laquelle le public qui fréquente les aquariums
contribue en quoi que ce soit à la conservation internationale des
baleines. Même si cela était le cas, il faudrait établir la corrélation
entre cet appui et le fait d'observer des baleines à l'aquarium. »
Pour NWIC, la question de la captivité relève de l'éthique; cette
pratique est incorrecte. Même si elle était acceptable sur le plan de
l'éthique, de plus grands bassins ne peuvent pas contribuer aux mieux-être
des baleines. Selon le NWIC, bien des comportements anormaux apparaissent
en raison de la captivité. « Les collections actuelles de cétacés en
captivité, dont les taux de survie et de mortalité des rejetons sont
sinistres, ne sont tout simplement pas viables. » Si on permet la
captivité des cétacés, il faudra permettre d'autres captures d'individus
vivants.
Ce groupe réclame un dialogue indépendant entre les parties intéressées
en vue d'assurer, pour l'avenir, une gestion adéquate des mammifères
marins.
Whale Stewardship Project: Le Whale Stewardship Project vise à
améliorer la relation entre les humains et les baleines pour qu'ils
puissent se côtoyer n'importe où. Ce groupe étudie les interactions des
humains au moyen d'un spécimen de béluga qui vit tout près d'une localité
située en Nouvelle-Écosse. Il a surveillé les interactions humain-baleine
durant 10 semaines en 1998; ce qui a permis de tourner 200 heures de
vidéo.
Le WSP est d'avis que les attitudes à l'égard des baleines, apprises en
regardant des vidéos et en observant des animaux en captivité, influencent
leurs attentes vis-à-vis des interactions avec les baleines en liberté. En
effet, certaines personnes essayaient de monter sur l'animal, de s'y tenir
debout, de le nourrir de poisson mort, de lui donner des jouets et de
mettre leurs mains, leurs pied et même leur tête dans sa bouche. Quand
quelqu'un intervenait pour les en empêcher, ces personnes ne comprenaient
pas ce qu'elles faisaient d'incorrect, puisque leurs attentes étaient
moulées sur ce qu'elles avaient observés dans les vidéos et au moyen des
animaux captifs.
Selon WSP, « jusqu'à ce qu'on ait la preuve empirique que
l’interaction entre baleines et humains n'a aucun lien avec l'expression
de tels comportements... il semble qu'il serait plus prudent d'imposer un
moratoire sur toutes futures captures..."
Conclusion: Le public canadien se soucie grandement du soin accordé aux
mammifères marins et considère le MPO comme étant l'organisme de gestion
responsable de leur conservation et de leur bien-être. Les mammifères
marins jouent un le rôle de figure de proue en matière de préoccupations
plus générales des droits, du bien-être et de la conservation des animaux.
Une partie du public se préoccupe de toutes les captures de mammifères
marins vivants, en particulier celle des cétacés, mais se préoccupent
davantage de la captivité à long terme. Les cétacés sont ceux qui
suscitent le plus d'attention et évoquent le plus d'émotion, bien plus que
les phoques, les otaries et les loutres. Une grande partie du public
canadien appuie la conservation des mammifères marins en captivité et une
portion plus petite s'y oppose. Ceux qui l'appuient, le font tout de même
conditionnellement, puisque à leurs yeux la captivité doit avoir une
valeur pédagogique et scientifique. Ceux qui s'y opposent le font parce
qu'ils sont d'avis que cela brime les droits des animaux, qu'il s'agit
d'une pratique cruelle en raison de la nature des animaux visés, ou parce
que cela est inutile. Il est peu probable que les gens en viennent à
éprouver les mêmes sentiments à l'égard des mammifères marins en
captivité, ou aient besoin d'en arriver là.

a.
Le mandat du MPO et les mammifères marins
b.
Le MPO et le public
c.
Problèmes concernant l'actuelle réglementation sur la
capture et la captivité
d.
Règlements et cadre stratégique
e.
Examen des demandes de capture et de mise en captivité
d'animaux vivants
f.
Examen des demandes de permis de capture à des fins
scientifiques
g.
Examen des demandes de permis de mise en captivité à des fins
scientifiques
h.
Examen des demandes de permis de mise en captivité à des fins
pédagogiques
i.
Conditions de demande de permis
- Comme la plupart des Canadiens portent un intérêt passionné aux
mammifères marins, ils tiennent à coeur leur conservation et leur
protection. Ces animaux sont devenus des symboles de l’abus que nous
faisons de la nature et de la santé de l’écosystème océanique, et un
sujet de prédilection pour les pionniers de l'exploration de la relation
entre l’homme, les animaux et la nature. Le MPO ne peut pas gérer les
mammifères de la même manière qu’il gère le poisson. Le public appuie
fortement les programmes de gestion et de recherche scientifique portant
sur toutes les espèces de mammifère marin, y compris celles désignées
comme des espèces n’ayant pas un intérêt commercial. Il veut que sa
passion pour ces animaux soit exprimée par des mesures gouvernementales
et une gestion de haute qualité; aucun autre organisme de réglementation
ou de gestion ne peut remplir ce mandat. Le Ministère doit reconnaître
cette réalité fondamentale dans ses politiques et programmes. La
popularité des mammifères marins est pour le Ministère tout autant une
responsabilité qu’une opportunité.
- La manière dont les ressources marines sont utilisées a grandement
évolué. Les baleines et les phoques suscitent maintenant un grand
intérêt sur le plan récréatif. Le point de vue commercial à l'égard de
ce groupe d'animaux (observation des baleines) est un élément central de
l'écotourisme marin qui a connu un essor important dans toutes les
régions du Canada, rivalisant même les pêches sur le plan des revenus et
ce, dans bien des régions. L'investissement du Ministère en matière de
sciences et de gestion doit tenir compte de ce changement. Le faible
pourcentage des ressources du MPO actuellement consacrées à l'étude et à
la gestion des baleines et des phoques est inacceptable pour la plupart
des Canadiens. Le Ministère doit grandement intensifier son travail
actuel sur les plans de la science, des communications et de la gestion
en ce qui a trait aux mammifères marins afin de prendre en considération
les réalités économiques et sociales actuelles.
- Le MPO offre actuellement aux Canadiens de nombreux programmes
d'information et de communication sur l'habitat marin, les processus
océanographiques et biologiques et les espèces marines afin de se
conformer aux lignes directrices ou aux règlements, d'améliorer l'appui
aux initiatives et aux programmes de gestion, de favoriser les activités
récréatives et commerciales sécuritaires, de susciter des comportements
acceptables à l'égard des océans et de faire évoluer le mandat du
Ministère en général. Le MPO gère les personnes et leur influence sur
les océans et leurs habitants; il ne gère pas réellement les mammifères
marins ni la vie marine. Les mammifères marins représentent un point de
contact important entre le Ministère et le public canadien, et lui offre
une possibilité inégalée de communiquer de l'information au public au
sujet de l'écosystème marin et de son rôle dans la gestion de celui-ci.
Le Ministère doit exploiter au maximum cette possibilité.
- La capture de mammifères marins vivants en vue de leur mise en
captivité est restreinte à un petit nombre d'organismes au Canada. Bien
qu'il ne s'agisse pas d'une grande industrie, elle peut avoir des
retombées scientifiques et pédagogiques importantes. Le MPO est le seul
organisme responsable pouvant réglementer cette activité, et le public
croit fermement qu'il doit le faire. La présente étude conclut qu'il n'y
a pas d'autres possibilités permettant de réglementer la capture et la
conservation de mammifères marins en captivité au Canada et recommande
que le MPO en accepte l'entière responsabilité.
- La capture de mammifères marins vivants en vue de les garder en
captivité ne peut pas faire l'objet d'un examen indépendant en ce qui
concerne le mandat du MPO, sauf peut-être en ce qui a trait à ses
responsabilités générales à l'égard des mammifères marins. Sur le plan
quantitatif, les captures à des fins de mise en captivité ne portent que
sur très peu d'animaux. Des captures de mammifères marins pour de
courtes périodes à des fins scientifiques se produisent beaucoup plus
souvent et ont une grande valeur. Les captures fortuites de mammifères
marins dans les engins de pêche canadiens se produisent à des milliers
de reprises chaque année et, à cet égard, des mesures doivent être
prises pour en minimiser les incidences. La capture de mammifères marins
à des fins de traitement cliniques se fait régulièrement et doit aussi
être surveillée. Le MPO doit mettre de l'avant des programmes de gestion
responsables afin de gérer toutes ces captures d'animaux vivants. Pour
répondre aux attentes du public et remplir son mandat en ce qui concerne
la gestion des mammifères marins, le Ministère doit assumer une
responsabilité entière et équilibrée à l'égard de chacun de ces volets.
- L'objectif énoncé par le cabinet du Ministre dans le cadre du
présent examen, est de jouer un rôle de chef de file mondial en matière
de programmes de gestion des mammifères marins. Pour se consacrer à
cette tâche, le MPO doit disposer des ressources nécessaires. Le
Ministre soit s'assurer que ces ressources sont disponibles et mettre en
oeuvre les recommandations du présent rapport.

- Le présent rapport doit servir d'amorce à une participation plus
rigoureuse et plus active du MPO auprès du public qu'il dessert afin
d'optimiser ses contacts d'éducation et de consultation et de remplir
son mandat de gestion des mammifères marins. Le Ministère doit faire
circuler le présent rapport de manière systématique à toutes les
personnes et les groupes intéressés afin de recueillir leurs
commentaires.
- Le Ministre aurait avantage à ce que le public en général et les
professionnels lui fassent part de leurs opinions et conseils au sujet
des politiques du Ministère sur les mammifères marins. Le public
canadien est d'opinion qu'il n'est pas adéquat que la gestion des
mammifères marins ne repose que sur les conseils des fonctionnaires du
MPO. Le Ministère doit remettre sur pied le Comité consultatif des
mammifères marins afin de colliger systématiquement ces conseils et de
présenter des recommandations au Ministre. Les nominations à ce comité
doivent faire en sorte que tous les groupes d'intérêts et de
professionnels y soient représentés. Le Conseil canadien de protection
des animaux (CCPA), le Comité sur le bien-être des animaux de
l'Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV), l'Association
canadienne des jardins zoologiques et des aquariums (ACJZA), des
représentants des milieux professionnels de l'éducation des ONG ainsi
que des membres d'office du MPO doivent faire partie de ce comité. Ce
comité consultatif peut se réunir par voie de communication électronique
à un rythme régulier. Ses fonctions doivent être notamment, l'examen des
demandes de permis de mise en captivité et l'élaboration de
recommandations au sujet de la recherche et de la gestion du MPO en ce
qui a trait aux mammifères marins.
- Le public canadien et américain, la Marine Mammal Society, l'UICN et
d'autres organismes appuient, à certaines conditions, la capture de
mammifères marins à des fins de mise en captivité. Ces conditions sont
que la captivité ait des incidences pédagogiques et scientifiques
valables. Tout un segment du public canadien, engagé et sincère, est
d'opinion que la capture et la conservation des mammifères marins en
captivité brime les droits des animaux en plus d'être cruelle et
inutile. L'opinion publique en matière de relation entre les humains et
les animaux et celle entre les humains et la nature ont beaucoup évolué
au cours des dernières décennies, et il semble que cette évolution se
poursuivra. À cet égard, il existe toutefois d'importantes différences
d'une région à l'autre du Canada quant aux sentiments que suscitent les
mammifères marins. Il est recommandé que le Ministère, dans
l'élaboration de ses politiques, prennent en considération le bien-être
des populations animales en premier lieu, tout en étant aussi conscient
des sentiments de la minorité et de la majorité des Canadiens à l'égard
de la captivité des mammifères marins.
- Il est recommandé que le Ministère consulte le Conseil inuvialuit de
gestion du gibier, le Comité mixte de gestion de la pêche et le Conseil
consultatif de gestion de la faune du Nunavut pour connaître leur point
de vue sur les recommandations et les normes présentées dans ce rapport.
Les ententes ce cogestion conclues avec ces organismes peuvent limiter
les politiques et les pratiques du MPO quant à la capture d'animaux
vivants et à leur mise en captivité

- Le MPO ne doit pas ignorer les lacunes actuelles de la
réglementation concernant la mise en captivité des mammifères marins au
Canada.
a) Ni le MPO, ni aucun autre organisme de
réglementation, ne détient suffisamment de pouvoir pour faire respecter
les conditions régissant les soins et le bien-être des mammifères marins
en captivité.
b) Il n'existe actuellement aucune norme reconnue
pour le soin des mammifères marins en captivité dans les établissements
du Canada.
c) Il n'existe pas de programme d'inspection
indépendant et transparent qui soit redevable au public sur les soins
appropriés à apporter aux mammifères marins en captivité.
d) Il
n'y a pas de mécanismes de contrôle des importations et des exportations
de mammifères marins au Canada.
e) Au Canada, les règlements et
les mécanismes de contrôle des autres programmes d'exposition aux
mammifères marins, comme l'observation des baleines, sont inadéquats.
- Il y a d'autres problèmes relatifs à la gestion et à l'évaluation de
la garde des mammifères marins en captivité.
a) Les programmes de
reproduction fonctionnent selon une base génétique très petite et sans
coordination ni planification adéquates.
b) Les preuves de la
valeur pédagogique de l'exposition aux mammifères marins en captivité
sont inadéquates.
- Il est donc recommandé que jusqu'à ce que ces problèmes aient été
corrigés, le MPO impose un moratoire sur la capture de mammifères marins
à des fins de captivité. Une telle démarche motivera les intervenants à
corriger les lacunes. Toutefois, cela ne veut pas dire qu'un tel
moratoire doive être permanent. Lorsque les lacunes réglementaires
auront été comblées, que les conditions des programmes coopératifs de
reproduction en captivité seront jugées satisfaisantes et quand un
processus d'évaluation des programmes d'éducation aura été établi, le
MPO pourra, sur avis du Comité consultatif des mammifères marins,
réexaminer et modifier le moratoire au besoin.

- À l'heure actuelle, les pouvoirs conférés par la Loi sur les pêches
et les règlements qui en découlent, sont suffisants pour contrôler les
captures de mammifères marins vivants. Les conditions qui régissent les
permis de capture à court terme à des fins scientifiques peuvent faire
en sorte de minimiser les stress imposés aux animaux capturés et toute
incidence possible sur les populations sauvages.
- Dans le cas des mammifères marins capturés en vue de leur mise en
captivité, le MPO a imposé des conditions de permis qui établissent les
normes de soins et de bien-être. Bien que ces conditions de permis
puissent avoir une autorité morale, en vertu des lois et règlements
actuellement en vigueur au Canada, elles n'ont pas de caractère
obligatoire, ce qui n'est pas acceptable. Ainsi on peut garder des
animaux provenant de l'extérieur du Canada et ceux qui se trouvent déjà
dans les centres marins sans que le Ministère ne puisse contrôler la
situation. Cela est inadéquat pour ce qui est de garantir au public que
ses préoccupations à l'égard du bien-être des mammifères marins sont
correctement prises en comptes. Il est recommandé que le MPO établisse
de nouveaux mécanismes de contrôle sur la capture et la conservation
d'animaux vivants, dans le cadre du Règlement sur les mammifères marins.
Nous recommandons de créer plusieurs catégories de permis: 1)
autorisations d'intervention clinique, autorisations d'aide en cas de
capture fortuite, 2) permis de possession de mammifères marins, 3)
permis d'importation et d'exportation de mammifères marins et 4) permis
d'exploitation d'une entreprise d'excursion pour l'observation des
baleines. Tous les détenteurs de permis seraient tenus de se conformer à
des normes.
- Autorisations d'intervention clinique: La nécessité des captures à
des fins cliniques et des interventions auprès des mammifères marins
blessés ou malades est reconnue. Le MPO doit voir à ce que chaque région
dispose des moyens de prévenir les autorités compétentes si un mammifère
marin est en détresse. Il est recommandé que les conditions de permis
appropriées soient précisées dans le cadre du Règlement sur les
mammifères marins. Celles-ci doivent comprendre les éléments suivants
:
a) On recommande la création d'une classe de permis autorisant
des professionnels qualifiés (personnes ou groupes) à porter assistance
aux mammifères marins en détresse, blessés ou malades. Ces arrangements
peuvent être souples et s'adapter aux circonstances, comme l'espèce et
le nombre d'animaux à secourir, ainsi que les autres conditions locales.
Les installations utilisées pour le traitement doivent être évaluées par
le Conseil canadien de protection des animaux (CCPA) et régies par les
meilleures pratiques vétérinaires. Les permis doivent être renouvelés
chaque année pour accorder l'autorisation de répondre à de tels
événements sporadiques.
b) Les autorisations de capture à des
fins cliniques doivent être examinées sur une base régionale. Le Comité
consultatif des mammifères marins et le MPO-Ottawa doivent être informés
des ententes conclues par les régions.
c) Les autorisations de
capture à des fins cliniques doivent permettre la conservation des
animaux pour des périodes adéquates, adaptées aux traitements
nécessaires. Si ces traitements, pour des raisons pratiques ou
humanitaires, se poursuivent sur une période de plus de quelques mois,
le Ministère doit en être informé afin que les plans concernant l'animal
soient examinés selon les procédures d'application de permis à des fins
scientifiques ou pédagogiques.
d) On doit être suffisamment
souple quant à l'élimination des animaux capturés à des fins cliniques
ou pour des raisons de bien-être et qui ne peuvent être réhabilités et
remis en liberté dans leur milieu. Les détenteurs de permis de capture à
des fins cliniques doivent être autorisés, pour des raisons
humanitaires, à pratiquer l'euthanasie sur les animaux qui souffrent ou
sur ceux qui selon leur opinion professionnelle n'ont aucune chance de
survivre après leur remise en liberté. L'euthanasie doit respecter les
lignes directrices de l'ACMV et du CCPA. Les animaux capturés peuvent
être utilisés dans le cadre de programmes pédagogiques ou scientifiques
à condition que le programme d'accréditation des bonnes pratiques du
CCPA soit mis en oeuvre. Ces conditions doivent être permises après
l'approbation de la demande de permis approprié.
e) Les animaux
qui meurent durant la capture à des fins cliniques doivent servir à des
fins pédagogiques et scientifiques. Le Comité consultatif des mammifères
marins et le MPO se doivent de faciliter cette pratique.
f) Les
animaux remis en liberté après leur capture à des fins cliniques doivent
répondre aux normes précisées dans les lignes directrices sur la
réadaptation et la remise en liberté.
g) Les détenteurs de permis
de capture à des fins cliniques doivent présenter au Ministère, chaque
année, un résumé de leurs activités, résumé que le MPO se devra de
conserver dans ses dossiers. Dans les cas de taux élevés de mortalité ou
de maladie inattendus, le détenteur de permis devra en informer
immédiatement le MPO.
- Autorisation d'aide en cas de capture fortuite: Le MPO doit accorder
une autorisation d'aide en pareil cas dans le cadre du Règlement sur les
mammifères marins, afin de reconnaître la nécessité de porter assistance
aux mammifères marins qui sont capturés accidentellement dans les engins
de pêche. Un bon nombre d'exigences doivent être reconnues dans le cadre
de cette autorisation:
a) Le Ministère doit voir à ce qu'il n'y
ait pas de pénalité ni d'obstacle empêchant les pêcheurs de signaler les
captures fortuites de mammifères marins. La collaboration et
l'assistance de l'industrie de la pêche est cruciale pour l'atténuation
des incidences de leurs activités sur la vie des mammifères marins. Le
public appuie fortement les programmes de soutien visant l'aide aux
mammifères marins en difficulté.
b) Il est recommandé que le MPO
établisse, dans chaque région, des moyens clairs et bien diffusés
permettant aux pêcheurs et au public de signaler les prises au pièges
accidentelles.
c) Le signalement des animaux en danger nécessite
une intervention. Le Ministre doit voir à ce que chaque région du MPO
dispose d'un programme d'aide aux mammifères marins pris au piège afin
d'aider les pêcheurs et les mammifères marins en cas de capture
fortuite.
d) Une entente permanente dans le cadre d'un permis
doit être conclue avec les individus ou les groupes reconnus par le
Ministère comme étant aptes à s'occuper des cas de capture fortuite. Ces
personnes ou groupes devront, chaque année, présenter au Ministère un
résumé de leurs activités. Le Comité consultatif des mammifères marins
devra, de temps à autres, examiner les programmes d'assistance pour voir
à ce qu'ils soient menés conformément aux exigences appropriées qui
peuvent comprendre la conformité aux politiques et lignes directrices du
CCPA. Un résumé des prises au piège signalées doit être présenté chaque
année au MPO.
e) Les animaux qui meurent par suite de capture
fortuite doivent servir à des fins pédagogiques et scientifiques. Le
Comité consultatif des mammifères marins et le MPO devraient faciliter
cette pratique.
- Permis visant la possession de mammifères marins: Il est recommandé
que dans le cadre du Règlement sur les mammifères marins, le MPO crée
une catégorie de permis visant la possession de mammifères marins. Ces
permis ne doivent être délivrés qu'à des fins scientifiques ou
pédagogiques; on devra exiger que les animaux obtenus principalement à
des fins de reproduction en captivité répondent à des normes visant leur
utilisation à des fins scientifiques ou pédagogiques. Certaines
exigences doivent être imposées pour l'obtention d'un permis de
possession.
a) Les permis de possession doivent être renouvelés
chaque année.
b) Afin d'être admissibles à l'obtention d'un
permis de possession, les établissements doivent être évalués par le
Conseil canadien de protection des animaux et se conformer aux lignes
directrices et aux politiques du CCPA, telles que révisées à l'occasion.
Une évaluation complète doit être menée par le CCPA tous les trois ans,
au moyen de visites spéciales, si nécessaire et, en particulier, si une
demande de capture à des fins de mise en captivité est présentée.
c) Il est exigé que les établissements créent un Comité de
protection des animaux (CPA) local, selon le mandat des comités de
protection des animaux du CCPA, dont le rôle serait d'examiner et
d'approuver toute proposition d'utilisation des animaux en accord avec
les politiques et les lignes directrice du CCPA, telles que révisées à
l'occasion.
d) Afin d'être admissibles à un permis de possession,
les établissements doivent mettre sur pied un Comité consultatif de
conseillers pédagogiques (CCCP) composé de pédagogues professionnels
reconnus, provenant de la collectivité desservie par l'établissement
visé. Le rôle de ce CCCP est de conseiller l'établissement au sujet de
ses programmes d'éducation, de l'aider dans l'élaboration de ceux-ci, de
voir à leur coordination avec les autres programmes d'éducation dans la
collectivité et d'examiner chaque année les réalisations de
l'établissement sur le plan pédagogique et de certifier la qualité de
ses programmes d'éducation.
e) Les renouvellements annuels
doivent nécessiter la présentation de la fiche d'utilisation des animaux
d'expérimentation du CCPA pour les mammifères marins qui sont hébergés
dans l'établissement, le rapport annuel du Comité consultatif de
conseillers pédagogiques (CCCP) et une copie du Certificat de bonnes
pratiques du CCPA.
f) En cas d'échecs à répétitions aux
inspections ou en matière de respect des normes, le MPO doit avoir le
pouvoir de saisir les animaux.
- Permis d'importation et d'exportation: Il est recommandé que le MPO
établisse une condition de permis d'importation et d'exportation dans le
cadre du Règlement sur les mammifères marins. Il n'y a actuellement
aucune exigence visant la présentation d'un avis à qui que ce soit, sauf
pour ce qui est des mammifères marins énumérés à l'Annexe II de la
Convention sur le commerce international des espèces de faune et de
flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Un permis d'importation ou
d'exportation dans le cadre de la CITES est requis pour le transport de
ces mammifères vers le Canada ou vers l'étranger. Aucune exigence
d'accréditation n'est imposée quant à la santé de l'animal, à l'examen
des lieux ou aux normes de soins en vigueur dans l'établissement qui
héberge l'animal. La supervision de ces activités ne se fait que sur
demande des autorités américaines.
a) Le Ministre doit demander
à la Division de la santé des animaux d'Agriculture Canada d'imposer
immédiatement un moratoire sur l'importation et l'exportation de
mammifères marins et ce, jusqu'à ce que des mécanismes satisfaisants
soient en place pour assurer le bien-être des animaux au moment du
transport. En outre, le Ministre doit aussi demander à cette Division
d'établir dans le cadre de la Loi sur la santé des animaux des
règlements concernant les mammifères, comprenant notamment l'exigence
d'obtention d'un permis du MPO avant l'importation ou l'exportation et
d'inspection des lieux à la satisfaction du Ministère.
b) Le
transfert d'animaux à des établissements qui ne sont pas accrédités par
des associations professionnelles comparables à celles du Canada, ou à
des endroits où les normes sur le bien-être et les soins diffèrent
grandement de celles en vigueur au Canada, ne doivent pas être pris en
considération.
c) Les établissements canadiens qui importent ou
exportent des mammifères marins doivent détenir les permis de possession
appropriés.
d) Dans le cas des demandes de permis d'importation
ou d'exportation à des fins de reproduction, l'établissement doit
présenter un livre d'origine satisfaisant et faire la preuve de
l'existence de programmes de reproduction collectifs satisfaisants pour
l'espèce en question avant que le permis ne soit délivré.
e) Si
les animaux doivent être acquis pour leur conservation à long terme à
des fins scientifiques ou pédagogiques, les permis appropriés pour ces
activités doivent être obtenus avant de procéder à toute importation.
- Les établissements qui hébergent actuellement des mammifères marins
au Canada doivent être obligés de se conformer à toutes les nouvelles
exigences dans un délai de trois ans.
- Permis d'observation des baleines: Il est recommandé que le MPO
établisse, dans le cadre du Règlement sur les mammifères marins, un
permis d'organisateur d'excursion pour l'observation des baleines;
permis qui serait nécessaire pour l'exploitation de toute entreprise
commerciale pratiquant cette activité.
a) Le MPO doit mettre en
oeuvre une étude systématique visant à déterminer les normes et les
politiques de délivrance des permis d'organisateurs d'excursion pour
l'observation des baleines.
b) Les lignes directrices visant à
contrôler l'observation des baleines doivent être décrites dans les
règlements mais le mode de mise en oeuvre choisi sera la conformité
volontaire plutôt que l'application.

- Chaque région du MPO doit compter un coordonnateur des programmes
visant les mammifères marins, qui jouera le rôle de responsable
principal de la coordination des activités portant sur les mammifères
marins et de la mise en oeuvre de l'examen des demandes de permis pour
la capture d'animaux vivants.
- Il y a des différences importantes de sensibilités culturelles entre
les régions du Canada à l'égard de la capture et de la captivité des
mammifères marins. Qui plus est, ces différences ne semblent pas vouloir
s'estomper. Ainsi, l'examen initial de toute demande de permis de
capture doit se dérouler à l'échelle régionale, où on tiendra davantage
compte des valeurs locales. Le Comité consultatif des mammifères marins
devra être informé de la réception des demandes de permis afin de faire
connaître ses commentaires. Le MPO-Ottawa doit consigner toutes les
demandes reçues et les décisions prises. C'est au Comité que revient la
décision finale quant à la recommandation ou non au Ministre des permis
de capture.
- Les émotions à l'égard de la capture et de la captivité des
mammifères marins vivants sont exacerbées et le public est généralement
en faveur de la captivité des mammifères marins, mais seulement à
certaines conditions. Ainsi, le Ministère doit disposer de lignes
directrices explicites concernant la captivité de ces mammifères,
indiquer en quoi ces politiques ont trait au mandat du Ministère et
expliquer clairement ses principes et ses normes visant la capture et la
captivité des mammifères marins. Les régions doivent suivre le même
processus général pour les demandes de permis et l'étude de celles-ci.
- Le MPO doit préciser clairement que les décisions concernant les
captures de mammifères marins vivants sont basées sur des politiques et
des principes établis et ne sont pas soumises à l'influence politique ni
à l'exercice des groupes des pression. Une brochure doit être élaborée
en vue, d'une part, d'informer les demandeurs de permis éventuels du
processus de demande de permis et de la manière dont les demandes sont
examinées et, d'autre part, de rendre ce processus transparent pour le
public
- Le public intéressé doit être informé de toute demande de permis de
capture de mammifères marins et disposer d'une période de 60 jours pour
faire part au Ministère de tout point de vue ou de toute information
pertinente. Cela peut se faire par l'intermédiaire du site Web du MPO.
Les examinateurs des demandes de permis peuvent tenir compte des
commentaires du public dans leurs décisions, mais les principes
régissant la capture ne doivent pas être violés.
- Il n'est pas clair que la nécessité d'obtenir l'appui du public en
ce qui a trait à la conservation des populations de mammifères marins en
liberté, ou celle d'obtenir de l'information scientifique sur ces
populations, soit limitée à nos frontières. Il est recommandé de lever
toute interdiction portant sur l'exportation d'une espèce du Canada, si
cette interdiction se fonde uniquement sur la provenance étrangère de la
demande. Les exportations d'animaux de certaines populations du Canada
peuvent être nécessaires afin de maintenir les programmes de
reproduction de certaines populations en captivité. Il importe toutefois
de souligner qu'il peut être viable de limiter la captivité des
mammifères marins à certaines espèces locales étudiées
- Dans des circonstances normales, la location de mammifères marins
devrait être interdite.
- Les demandes de permis de capture de mammifères marins en vue de
leur mise en captivité doivent être assorties de droits d'utilisation
(dont le montant sera évalué au moment de l'examen) suffisants pour
couvrir les coûts d'examen de la demande par les Ministères.

- Les captures à court terme de mammifères marins à des fins
scientifiques doivent être permises. Cela comprend les captures qui
exigent de garder l'animal pour une courte période pour le marquage à
des fins de télémétrie ou pour le prélèvement d'échantillons. Ces
captures n'exigent pas de déplacer l'animal de l'endroit où il a été
capturé. L'examen des ces demandes devra être mené sur une base
régionale par le MPO; le Comité consultatif des mammifères marins et le
MPO-Ottawa doivent être informés de ces demandes et avoir la possibilité
de faire connaître leurs commentaires quant à leur acceptation. Cette
activité est en général très profitable et doit être favorisée.
- Une procédure de demande standard doit être adoptée dans toutes les
régions. Elle peut être adéquate si elle tient compte des
recommandations de 1992 du Comité consultatif des mammifères marins. Le
processus d'examen doit être fondé sur un système consultatif d'examen
par les pairs et se dérouler à l'échelle régionale. L'examen des
demandes doit être mené par le MPO et par des professionnels qualifiés
provenant du public. La période d'examen d'une demande ne devrait pas
dépasser 90 jours.
- Une proposition décrivant le travail à entreprendre doit être
présentée au Ministère et aux examinateurs pour l'examen par les pairs.
Cet examen doit comporter des commentaires sur les qualités techniques
du travail expérimental, sur ses chances de succès, sur sa contribution
au bien-être d'animaux semblables en liberté et doit évaluer les
solutions de rechange à la capture des animaux.
- On doit présenter une preuve selon la quelle le Comité de protection
des animaux local a examiné le protocole de recherche conformément au
lignes directrices du Conseil canadien de protection des animaux (CCPA).
Puisque dans la plupart des établissements, peu de personnes travaillent
directement dans le domaine des mammifères marins, on doit demander la
participation d'examinateurs supplémentaires choisis parmi les
mammalogistes reconnus comme étant des spécialistes du domaine sur
lequel porte la demande.
- Le processus d'examen doit faire en sorte que les captures menées à
des fins scientifiques ne soient pas effectuées dans des zones
protégées, à moins que la gestion des populations de cette région ne
fassent l'objet d'une préoccupation particulière. En général, il faut
qu'à l'endroit où la capture a lieu, celle-ci n'entre pas en conflit
avec d'autres activités, comme l'observation des baleines.
- Tous les six mois, les chercheurs et les établissements qui
capturent les mammifères marins à des fins d'études scientifiques
doivent présenter au Ministère des rapports d'étape sur leur travail
scientifique. Le Ministère (la région et Ottawa) doit consigner les
captures de mammifères marins et conserver les rapports d'inventaires et
les publications qui en résultent.
- Si la recherche sur les cétacés en liberté doit devenir une source
principale d'information dans le cadre du mandat du MPO, alors le
Ministre doit voir à ce que les fonds nécessaires soient disponibles
pour ces recherches. Le travail du Ministère et ses fonds de recherche
ne doivent pas se limiter à quelques espèces d'intérêt commercial, mais
servir à la gestion de tous les mammifères marins.

(Les conditions des captures à des fins scientifiques et pédagogiques
figurent ici dans des catégories séparées, mais puisque la plupart des
mammifères marins sont utilisés pour ces deux activités, toute capture
d'animaux en vue de leur conservation doit répondre à toutes les
conditions des captures effectuées à des fins tant scientifiques que
pédagogiques.)
- La conservation des mammifères marins en captivité est acceptable
aux yeux du public et des professionnels parce qu'elle a des retombées
sur les populations de mammifères marins en liberté. La grande majorité
des mammalogistes s'entendent pour dire que la recherche sur les animaux
en captivité est nécessaire. Il est recommandé que celle-ci soit permise
à condition d'accorder une grande attention au bien-être des animaux et
à condition qu'elle comporte des applications éventuelles pour la
conservation et la gestion des populations de mammifères marins en
liberté.
- Il est recommandé que seules les demandes de permis visant la
captivité à des fins scientifiques, provenant des établissements ayant
mis sur pied un comité d'inspection conforme au mandat du Conseil
canadien de protection des animaux et un Comité consultatif de
conseillers pédagogiques (CCCP) soient examinées.
- Les nouvelles normes sur le soin, les établissements et le bien-être
des animaux, recommandées dans le présent rapport, doivent s'appliquer à
toutes les futures demandes de permis visant la garde en captivité.
- Il est recommandé que les demandes de permis visant la garde en
captivité à des fins scientifiques soient présentées au MPO-Ottawa qui
procédera à leur examen en collaboration avec les régions. Un processus
de demande standard doit être adopté. Celui-ci doit être basé sur un
système consultatif d'évaluation par les pairs. Une fois que la
proposition décrivant le travail est présentée au Ministère, celle-ci
doit être remise aux personnes intéressées et aux organismes
professionnels en vue de l'examen par les pairs. Cet examen doit
comporter des commentaires sur les qualités techniques du travail
expérimental, sur ses chances de succès, sur sa contribution au
bien-être d'animaux semblables en liberté et doit évaluer les solutions
de rechange à la capture des animaux. Il doit être mené par le personnel
du MPO-Ottawa. Comme il se peut que le personnel du MPO ne connaisse pas
bien la captivité des mammifères marins, le Ministère doit compenser le
manque de compétences par le recours à des spécialistes externes. La
recommandation finale au Ministre concernant les demandes de permis
visant la garde en captivité à des fins scientifiques doit être faite
par le Comité consultatif des mammifères marins.
- Puisque la longévité des mammifères marins en captivité dépasse en
général la durée d'un seul programme de recherche, de même que les idées
et le financement d'un seul chercheur, il est recommandé que les
demandes à cet effet comportent des plans pour l'utilisation des animaux
à la suite de la recherche précisée. Si la captivité à long terme est
précisée, la demande doit inclure un plan détaillé de l'utilisation et
du soin de l'animal. Si on précise la disponibilité de l'animal pour une
étude scientifique non déterminée, l'établissement doit disposer d'une
procédure permettant aux chercheurs de faire une demande visant une
recherche portant sur l'animal (ou les animaux) en question et d'un
programme de subvention à l'appui de telles recherches. Le Ministère
doit disposer des fonds suffisants pour appuyer la recherche au moyen
des mammifères marins. Il est recommandé que le Ministère examine
régulièrement la productivité des établissements où les animaux sont
hébergés en captivité. Des plans de réadaptation et de remise en liberté
des mammifères marins devraient aussi être présentés si on ne prévoit
pas de recherche à long terme ni de programme d'éducation. La
réadaptation et la réintroduction doivent répondre à des normes
précises.
- Certains animaux peuvent être capturés et conservés pour de courtes
périodes de captivité dans le cadre de programmes de recherche précis à
la fin desquels la remise en liberté de l'animal est prévue.
Normalement, ces gardes en captivité doivent être aussi courtes que
possible. Selon l'expérience actuelle, il est recommandé que ces animaux
ne soient pas remis en liberté si la durée de la captivité dépasse un
an. Si un animal est remis en liberté, certaines normes à cet effet
doivent être respectées.

- Les établissements qui hébergent des mammifères marins à des fins
pédagogiques soutiennent que le public ayant la possibilité d'observer
des animaux captifs en retire de l'information, modifie son attitude et
développe de l'affection à l'égard de ces animaux, ce qui est important
pour la conservation et le bien-être des animaux en liberté. Ceux qui
s'opposent à cette activité soutiennent que ses retombées pédagogiques
sont limitées, et qu'elles sont même négatives, puisque les personnes
qui observent des animaux en captivité adoptent des attitudes de
domestication à l'égard des animaux. De plus, les retombées de cette
observation sur le plan pédagogique sont faibles comparativement aux
retombées des autres moyens d'exposition aux mammifères marins.
Toutefois, aucun de ces deux points de vue ne s'appuie sur des preuves
substantielles. L'évaluation de ces allégations contradictoires devrait
constituer une priorité importante. Le manque d'information nourrit
l'opposition du public à l'égard de la captivité des mammifères marins.
Il est recommandé que le Ministère prenne les mesures nécessaires pour
voir à ce que cette information soit colligée, en participant à
l'organisation et au financement de la recherche. Cela constituerait une
initiative de leadership important de la part du MPO et du Canada, qui
aurait des répercussions dans le monde entier.
- Il est recommandé d'imposer un moratoire sur les captures de
mammifères marins à des fins pédagogiques jusqu'à ce qu'on ait rassemblé
un corpus de preuves empiriques documentant les retombées pédagogiques
du contact du public avec des mammifères marins en captivité.
L'élaboration de programmes d'évaluation professionnels relève de la
responsabilité des aquariums et devrait être favorisée par le MPO. Ce
moratoire ne devrait pas être vu comme étant une interdiction permanente
visant toute capture de mammifères marins vivants ou leur mise en
captivité. Le MPO devrait établir un mécanisme consultatif par lequel,
au fur et à mesure que l'information pertinente est colligée, la
recommandation pourrait être faite de maintenir ou de lever le
moratoire.
- Le Ministre doit demander à la CAZPA d'adopter les normes visant
l'éducation énoncées dans le présent rapport. Les établissements qui
font une demande de permis visant la garde en captivité de mammifères
marins doivent être membres de la CAZPA, ou d'un organisme étranger
équivalent.
- Chaque établissement abritant des mammifères marins doit posséder un
Comité consultatif de conseillers pédagogiques (CCCP). Les membres de
ces comités doivent être des spécialistes de l'éducation de la
collectivité desservie par l'établissement. Ce comité doit, en
particulier dans les établissements qui ne répondent pas aux normes
actuellement, élaborer un plan général d'éducation comportant des buts
et des priorités. Le CCCP doit conseiller régulièrement les
établissements quant à leurs programmes et les aider à créer des liens
avec la collectivité et à évaluer l'atteinte de leurs objectifs
pédagogiques.
- Les établissements qui demandent des permis de capture à des fins
pédagogiques doivent clairement démontrer une longue expérience en
matière de programmes d'éducation professionnels fondés sur les
mammifères marins. Les exigences de ces programmes sont énoncées dans la
section intitulée « normes d'éducation ». Le Ministère doit voir à
ce que tout établissement demandant un permis de capture de mammifères
marins vivants améliore l'utilisation pédagogique qu'il fait des animaux
actuellement en captivité. Sur réception des demandes de permis visant
la capture, les membres du CCCP doivent inspecter l'établissement qui en
est l'auteur.
- Les établissements qui demandent un permis de capture de mammifères
marins vivants doivent faire la preuve qu'aucun des animaux, ou des
rejetons nés en captivité, dont ils disposent déjà ne peut répondre à
leurs objectifs pédagogiques.
- Les méthodes pédagogiques autres que la captivité des mammifères
marins, comme l'observation des baleines, n'ont pas été évaluées
adéquatement et on ne dispose d'aucune information empirique sur leurs
incidences pédagogiques, ni sur leur incidence sur les animaux en
liberté. L'essor commercial de cette activité s'est fait rapidement, de
manière draconienne et sans réglementation. Il est recommandé que le
Ministère élabore un plan de gestion des excursions d'observation des
baleines, crée des partenariat avec les personnes et les groupes
intéressés dans chaque région et mette sur pied des programmes évaluant
les retombées pédagogiques de cette activité ainsi que ses conséquences
pour les animaux. L'objectif est d'améliorer la conformité aux normes de
sécurité et aux normes pédagogiques visant l'observation des baleines et
de minimiser les perturbations causées aux animaux. Si les retombées
pédagogiques de l'observation des baleines ne dépassent pas les
incidences sur les animaux, alors il est recommandé d'imposer un
moratoire sur tout développement futur de cette activité.

- Les demandes de capture de mammifères marins doivent prendre
prioritairement en considération la conservation des populations en
liberté. Dans des conditions normales, les captures ne doivent être
permises que s'il peut être démontré avec satisfaction qu'elles n'auront
aucune conséquence négative pour les populations.
- Les captures d'animaux vivants dans les populations qui sont
classées par le CSEMDC, ou tout organisme équivalent, comme étant rares,
menacées ou en danger de disparition ne doivent être permises que dans
des circonstances spéciales où la recherche sur les spécimens en
captivité, ou leur reproduction, comporte des applications directes sur
la conservation des populations en liberté.
- De nos jours, les normes de pratique sont largement fondées sur les
incidences de la captivité sur la mortalité et ne garantissent pas
adéquatement les meilleures pratiques en matière de traitement. Il est
recommandé que la santé et le bien-être des animaux soient pleinement
pris en considération dans les normes régissant les établissements, la
capture, le soin, le dressage, la reproduction, le transport et
l'échange des animaux. Il est recommandé que l'évaluation du bien-être
des animaux gardés longtemps en captivité ne soit pas fondée uniquement
sur le fait de garder l'animal en vie, mais aussi de le garder «
heureux », ce qui comporte la prise en considération de
l'environnement naturel et social de l'animal. Ces facteurs peuvent être
atténués par le fait que les conditions de captivité ne peuvent jamais
reproduire complètement l'environnement naturel des mammifères marins et
que de nouvelles techniques d'enrichissements des bassins sont
nécessaires pour rendre les milieux de captivité variés et
stimulants.
- L'interdiction visant la capture des épaulards doit être maintenue.
Aucune demande de permis visant la capture à des fins de reproduction ne
doit être prise en considération. Si l'ASR des animaux en captivité
n'égale pas celui des animaux en liberté, on ne doit pas encourager la
garde des épaulards en captivité.
- Les animaux nés en captivité peuvent contribuer aux objectifs
pédagogiques et scientifiques en plus de réduire et de limiter le nombre
de captures requises au sein d'une population, mais ils ne pourront pas
les remplacer. En fait, compte tenu de la taille actuelle des
populations en captivité, toutes espèces confondues, et de la nécessité
de diversifier le bagage génétique des populations captives, la
reproduction en captivité nécessitera la capture d'autres spécimens
vivants. Les rejetons des populations en captivité ne sont pas aptes à
se reproduire, ni à être réadaptés en vue de leur mise en liberté; ils
devront donc demeurer en captivité. Les politiques du MPO doivent
reconnaître cela. Il est recommandé que tous les animaux principalement
capturés à des fins de reproduction répondent aux normes régissant leur
utilisation à des fins pédagogiques et scientifiques.
- Les programmes de tenue des livres d'origines de toutes les espèces
de mammifères marins actuellement en captivité sont inadéquats, et la
coordination entre les différents établissements à ce chapitre est très
informelle. Un moratoire sur la capture de toutes les espèces de
mammifères marins à des fins de reproduction est recommandé jusqu'à ce
que des plans de reproduction intégrés et coopératifs soient mis au
point par tous les établissements en Amérique du Nord. Ces plans doivent
tenir compte pleinement de la génétique des populations actuelles,
notamment des besoins prévus en matière de captures futures, et
démontrer la contribution des programmes de reproduction en matière de
conservation des espèces en liberté, ou leur contribution à la nécessité
minimale d'effectuer d'autres captures. Ces plans doivent présenter
toute l'information sur la mortalité des animaux reproducteurs et de
leurs rejetons, en captivité. Le Comité consultatif des mammifères
marins doit examiner les plans élaborés afin de déterminer s'ils sont
acceptables.
- Il est recommandé que dans l'évaluation de toute demande, le
Ministère s'assure que tout établissement faisant une demande de permis
pour l'obtention de nouveaux animaux ait d'abord optimisé l'utilisation
des animaux qu'il possède déjà.
- Il est recommandé que les chercheurs et les établissements abritant
des mammifères marins en captivité remettent au Ministère des
exemplaires des rapports et des publications résultant de leur travail.
Le Ministère doit tenir un inventaire des ces publications et être
capable de fournir aux scientifiques et au public intéressés de
l'information sur les inventaires de mammifères marins en captivité au
Canada et sur la recherche dont ils font l'objet.
- Il est recommandé que les animaux qui meurent durant leur captivité
servent à des fins scientifiques ou pédagogiques.

Introduction
Il existe déjà de nombreuses normes visant le soin des mammifères
marins (Klinowska et Brown 1996; Alliance of Marine Mammal Parks and
Aquariums 1998; CAZPA 1994; APHIS 1990; APHIS 1999; et autres). Plusieurs
personnes ont fait remarquer qu'en général la garde, le soin et le
traitement des mammifères marins en captivité font l'unanimité (Klinoska
et Brown 1996; Rose 1999), mais que les avis sont partagés en ce qui a
trait à la taille des établissements. Rose (1999) résume ces discussions
en soulignant que les groupes de défense du bien-être des mammifères
marins soutiennent que « plus grands sont les bassins, mieux sont les
animaux », tandis que les représentants des établissements
soutiennent que « plus grands sont les bassins, plus cher il en
coûte ». Les recommandations au sujet de la taille des bassins
représentent clairement un compromis entre ce qu'il serait souhaitable et
ce qu'il est possible de faire.
Le règlement des différends concernant les établissements dépasse le
cadre de la présente étude. J'ai donc retenu, les catégories utilisées aux
É.-U. (bien que je ne sois pas totalement en accord avec celles-ci)
puisque l'ACMV n'a pas présenté de commentaires spécifiques à leur sujet
et que celle-ci a en outre insisté sur l'avantage de l'uniformisation des
normes en Amérique du Nord.
Une possibilité consistait à élaborer une série complète de normes
régissant la mise en captivité des mammifères marins. Il est probable que
ces normes ne plaisent pas à tout le monde, mais elle fourniront une base
de discussion et serviront même de moteurs de discussions lors de leur
examen par les groupes intéressés. Le moratoire en place jusqu'à ce que
les règlements soient adoptés devrait faire en sorte que cet examen se
déroule assez rapidement.
Le processus d'élaboration des normes proposées était assez simple. Les
normes de la CAZPA (1995) sur les cétacés et ce celles de l'APHIS (1990 et
1999) ont été présentées au Comité sur le bien-être des animaux du CCPA
qui les a examinées et a suggéré un projet de normes pour le Canada. Ces
recommandations ont été envoyées au CCPA pour commentaires. Le projet de
normes final se trouve dans le présent rapport. Mon principe directeur
consistait à éviter de recourir à un trop grand nombre d'énoncés
prescriptifs, ce qui me semble être un problème dans les règlements
élaborés aux États-Unis. La micro-gestion fonctionne rarement et, dans ce
cas-ci, ne servirait pas nécessairement les intérêts des animaux.
Le MPO devra soumettre ces normes à un examen du CAZPA, et de tout
autre groupe qui pourrait être intéressé. D'ici à ce que tout examen
supplémentaire soit effectué, le MPO devrait adopter les normes ci-dessous
dans le cadre de ses décisions portant sur la capture et la mise en
captivité des mammifères marins. Il devrait aussi demander au CCPA
d'adopter ces normes pour son programme d'inspection.
Dans son rapport, le Comité sur le bien-être des animaux de l'ACMV
soulignait que les normes de base de la CAZPA (1995) sur les mammifères
marins constituent des normes minimales. Il soulignait aussi qu'« il
est relativement facile d’établir des normes pour les établissements à un
niveau tel qu’il est impossible de garder des cétacés en captivité ».
Par exemple, il n'y pas de cétacés en captivité au R.-U. où les normes
sont extrêmement exigeantes. Pour éviter la tendance selon laquelle les
normes minimales deviennent la règle, d'autres ont recommandé que les
« meilleures pratiques » constituent les exigences en matière de
soins et de bien-être (J.Wong, CCAC, com. pers.). Cela signifie que ces
pratiques doivent dans tous les cas refléter l'opinion des meilleurs
professionnels en matière de soin et de traitement appropriés. Le Comité
sur le bien-être des animaux de l'ACMV fait remarquer que d'autres normes,
telles que celles l'Association européenne des mammifères aquatiques
(EAAM) et les règlements découlant de la loi sur le bien-être des animaux
du ministère de l'agriculture des É.-U. et de l'APHIS, sont plus ou moins
comparables à celles de la CAZPA.
Le Comité sur le bien-être des animaux de l'ACMV fait remarquer que les
normes de la CAZPA concernant les cétacés datent déjà de quatre ans et
n'ont pas encore été mises en oeuvre. « Il est reconnu que le
développement de normes et de lignes directrices est un processus
dynamique. L'ACMV appuie la recommandation de la CAZPA selon laquelle on
devrait procéder à un examen officiel des normes tous les deux ans, afin
de tenir compte de toute nouvelle information sur la captivité des
cétacés. Nous appuyons aussi l'énoncé selon lequel, afin de maintenir
l'uniformité en Amérique du Nord, les normes seront répertoriées afin
qu'elles soient au moins équivalentes à ces des États-Unis. » J'ai
tenté de suivre les normes de l'APHIS, des É.-U., mais j'ai laissé tombé
certains points qui me semblaient des détails trop excessifs.
Les normes de base de la CAZPA sur les mammifères marins en captivité
au Canada n'ont pas été élaborées à l'intention des phoques, des otaries
et des loutres.
Après l'examen de l'ACMV, mon propre examen des normes du R.-U., de
l'U.-E. et des É.-U., ainsi que les commentaires du CCPA, le projet de
normes ci-dessous concernant la conservation des mammifères marins est
proposé. Les normes pour les cétacés sont fondées sur celles de la CAZPA
(1995) à quelques suggestions de modifications près, telles que proposées
par le Marine Mammal Negotiated Rulemaking Advisory Committee des É.-U.
(APHIS 1999). Les normes proposées ici pour les phoques, les otaries et
les loutres sont fondées principalement sur les règlements de l'APHIS. Les
normes concernant l'éducation sont fondées sur mes discussions avec des
pédagogues et sur les propositions du NMFS en matière d'éducation au moyen
de mammifères marins en captivité, présentées dans un document de travail
rédigé par cet organisme.

a.
Normes concernant l'éducation
b.
Normes concernant la recherche scientifique
c.
Normes de reproduction en captivité
d.
Normes de transport
e.
Record keeping standards
f.
Normes d'élevage
g.
Normes du programme médical et vétérinaire
h.
Normes sur le dressage des animaux
i.
Normes sur la qualité de l'eau
j.
Exigences concernant les enceintes
k.
Évaluations
l.
Rehabilitation and reintroduction standards
m.
Autres
Chaque établissement abritant des mammifères marins en captivité doit
créer un Comité consultatif de conseillers pédagogiques (CCCP). Les
membres de ces comités doivent être des spécialistes de l'éducation
provenant de la collectivité desservie par l'établissement. Ce comité
doit, en particulier dans les établissements qui ne répondent pas aux
normes actuellement, élaborer un plan général d'éducation comportant des
buts et des priorités. Le CCCP doit conseiller régulièrement les
établissements quant à leurs programmes, et les aider à créer des liens
avec la collectivité et à évaluer l'atteinte de leurs objectifs
pédagogiques. Les établissements qui hébergent des mammifères marins en
captivité à des fins pédagogiques doivent posséder des programmes
d'éducation conçus par des professionnels et qui doivent soutenir
l'épreuve de l'examen par les pairs du milieu professionnel de
l'éducation.
Les programmes d'éducation des établissements dépendent quelque peu des
espèces, de la capacité de l'établissement ainsi que des intérêts et des
problèmes locaux, et leur contenu peut varier considérablement. Tous
doivent comporter des objectifs clairement définis qui favorisent
l'intérêt et le respect envers l'animal, la préoccupation pour son
bien-être et sa survie en liberté et le soutien en matière de gestion des
populations en liberté; l'éducation sur le plan affectif et celui des
valeurs est donc tout aussi important que l'éducation informationnelle.
Les objectifs doivent être incorporés au plan du programme. Le programme
d'éducation doit faire appel à une méthode pédagogique acceptable et ayant
fait ses preuves.
Les programmes d'éducation doivent comprendre les programmes scolaires
(qui peuvent être plus ou moins profitables), comporter du matériel
pédagogique à
consulter avant et après les visites ainsi qu'un programme de formation
des enseignants en exercice. Le matériel scolaire et les spectacles
publics doivent présenter de l'information à emporter et des liens avec
d'autres programmes d'éducation. Les plus grands établissements devraient
offrir des programmes de formation aux guides et aux bénévoles. La
formation des bénévoles doit comprendre des programmes de stages de
formation destinés aux personnes intéressées et qualifiées, dans les
domaines de l'élevage des animaux et des techniques de réadaptation.
Toutes les présentations pédagogiques, ainsi que la documentation les
accompagnant, doit avoir pour base les meilleures connaissances
scientifiques actuelles.
Il est impératif que les programmes d'éducation soit évalués par des
professionnels quant à leurs incidences à court et à long termes et ce, au
moyen d'examen par les pairs et d'études empiriques servant à évaluer les
changements sur les plans de l'attitude, de l'information et du
comportement. Les seules déclarations d'intention concernant la valeur des
programmes d'éducation ne sont pas suffisantes pour en valider le mérite.
Ces programmes ne peuvent être optimisés qu'à la suite d'une évaluation
soignée.
Lors du renouvellement des permis annuels de possession, le CCCP de
chaque établissement doit préparer un rapport sur les programmes
d'éducation qui décrit ces programmes, présente les plans des nouveaux
programmes et évalue la situation actuelle de ces activités au sein de
l'établissement. Les évaluations empiriques des programmes doivent
accompagner ce rapport.

Toutes les normes et les règlements du MPO concernant la conservation
des mammifères marins en captivité doivent être respectées. Cela comprend
l'inspection obligatoire des établissements ainsi que l'évaluation des
soins par le CCPA.
Les propositions de recherche impliquant l'utilisation d'animaux
doivent être examinées par le Comité de protection des animaux local en
vertu des normes et des lignes directrices du CCPA. Ce comité doit
comprendre un représentant d'une ONG intéressée afin de garantir sa
transparence. On doit demander à des spécialistes externes, du domaine de
la proposition, de participer à l'examen par les pairs. Cet examen doit
comporter des commentaires sur les qualités techniques du travail
expérimental, sur ses chances de succès, sur sa contribution au bien-être
d'animaux semblables en liberté et doit évaluer les solutions de rechange
à la capture des animaux.
Les établissements doivent comporter un processus de demande de
recherche publicisé. Les établissements qui hébergent des mammifères
marins en captivité doivent encourager les propositions de chercheurs
externes et disposer de programmes de financement pour aider ceux-ci. Les
établissements doivent disposer de suffisamment de fonds pour aider tous
les chercheurs à publier les résultats de leurs travaux menés au moyen de
leurs animaux.
Le personnel professionnel de l'établissement doit être encouragé à
s'engager dans des domaines de recherche répondant à leurs intérêts. Un
inventaire de toutes les activités scientifiques doit être maintenu,
incluant notamment des évaluations et des mesures de routines menées sur
les animaux.
Dans les établissements, des programmes doivent mettre en valeur le
travail scientifique qui y est mené.
Puisque les établissements utilisent normalement des mammifères marins
en captivité dans les programmes d'éducation et pour la recherche
scientifique, ils doivent élaborer des plans pour que ce soient les mêmes
animaux qui servent dans les deux cas.

Chaque établissement doit participer pleinement aux programmes de tenue
des livres d'origine et de reproduction coopératives. Les plans doivent
tenir compte pleinement de la génétique des populations actuelles.
Les circonstances spéciales où les femelles sont enceintes ou sont
accompagnées de leur petit exigent que les établissements disposent de
suffisamment d'espace pour isoler les animaux. Les conditions de soin
durant la maternité et l'élevage du baleineau doivent faire en sorte que
les groupes sociaux soient conservés. Cette norme s'applique aux mâles et
aux femelles.
Les possibilités de multiplication des mâles et des femelles doivent
être évaluées au moyen de dosages hormonaux et d'échographies.
Durant la reproduction et la maternité, du personnel vétérinaire
expérimenté dans les domaines des soins liés à la gestation et à la mise
bas ainsi que dans les soins postnataux doit être présent.
Les naissances de baleineaux doivent être filmées sur vidéocassette.
L'accès du public durant ces événements doit être limité adéquatement.
Chaque naissance doit être surveillée afin de décrire la séquence et
l'enchaînement des événements. Les signes vitaux de la femelle
parturiente, comme la respiration et le rythme cardiaque, doivent être
mesurés au besoin. La surveillance attentive et complète des baleineaux
est nécessaire durant toute la période postnatale.
Des plans d'urgence doivent être dressés en cas d'intervention
nécessaire avant, pendant ou après la mise bas ou en cas de gestation non
prévue, de sevrage, de maladie ou de comportement anormal.
Les décès qui se produisent dans le cadre des programmes de
reproduction, en particuliers ceux des nouveau-nés, doivent être
soigneusement documentés.
L'accumulation d'animaux par suite de reproduction en captivité doit
s'accompagner d'une augmentation appropriée de la capacité de
l'établissement d'héberger des animaux.

Les données indiquent un taux de mortalité et de stress supérieurs
durant le transport, même de courte de durée, d'un établissement à
l'autre. Il est donc de la plus grande importance que le transport soit
sécuritaire, humanitaire et veille à la santé et au bien-être de l'animal.
Tout transport de plus de deux heures doit être considéré comme une menace
pour la santé des animaux. Le transport des mammifères marins doit
toujours faire appel aux meilleures pratiques de transport indiquées par
les spécialistes. Cette exigence suppose qu'on consulte les spécialistes
indiqués à cet égard.
Les règlements de l'IATA, de la CITES et du MPO visant le transport des
animaux doivent être respectés. Dans la préparation des animaux en vue
d'un déplacement, un examen général doit être effectué au cours des 3 à 10
jours précédant le transport. Cet examen doit inclure l'évaluation du
comportement, de l'alimentation et des dossier médicaux. Pour les plus
gros mammifères marins, un vétérinaire ou un spécialiste en mammalogie
doit accompagner l'animal durant le transport et tenir un dossier de
surveillance médicale durant tout le transfert.
Les conteneurs de transport doivent être à la fine pointe de la
technologie et adéquatement verrouillés en tout temps. Ils doivent être
conçus en vue de minimiser le stress causé à l'animal. Ces conteneurs
doivent permettre le mouvement des nageoires pectorales en tout temps et
permettre à l'animal d'adapter sa position. Les conteneurs ne doivent pas
transporter différentes espèces d'animaux. L'embarquement et le
débarquement des animaux doit se faire en toute sécurité pour l'animal et
pour ceux qui le manipulent. Les lieux de conservation et de manutention
ainsi que le matériel de transport doivent être propres.
Durant le transport, l'humidité de la peau des cétacés doit être
maintenue au moyen d'un émollient non toxique. Toutes les exigences
nécessaires au maintien de la température appropriée à l'animal doivent
être respectées.
Les loutres de mer doivent être transportées dans des conteneurs munis
de faux planchers par lequel l'eau et les déchets peuvent circuler
librement afin de garder l'intérieur de l'unité de transport propre.
Chaque transfert doit être décrit dans un document détaillant le
traitement et les soins préalables, les plans de transfert et les plans
d'urgence en cas de difficultés éventuelles. Ce document doit aussi
décrire le suivi effectué auprès de l'animal. Normalement, ce document
sera exigé par le MPO pour toute demande de permis d'importation ou
d'exportation. Les envois d'animaux doivent être accompagnés d'une série
complète de documents.

Les établissements doivent tenir des dossiers de leur inventaire
d'animaux, leurs acquisitions et dispositions, les aliments et la
nutrition, la santé et l'information médicale, la qualité du milieu, les
activités quotidiennes ainsi que les activités de reproduction.
Les dossiers d'acquisition et de disposition comprendront : la date et
le lieu d'acquisition, la méthode d'acquisition, le sexe, l'espèce,
l'historique de reproduction, les marques d'identification, la date et le
lieu de la disposition, la méthode de disposition et l'information sur la
santé. Lorsqu'un animal meurt en captivité, on doit aussi consigner aux
dossiers l'usage que l'on fait du corps. Toute information pertinente doit
être partagée avec les responsables des programmes de livres d'origine.
Les dossiers sur la nourriture et l'alimentation de chaque animal
doivent comprendre le type et l'espèce d'aliments; la provenance des
aliments; la valeur calorique estimée; l'analyse nutritionnelle, la ration
alimentaire quotidienne, les données sur la conservation des aliments,
notamment le roulement, la consignation et la température des
réfrigérateurs.
Les dossiers de santé et médicaux comprendront : les dates des examens,
le nom du vétérinaire ayant procédé à l'examen, les raisons de l'examen,
les conditions de l'examen, les résultats, les mesures prises, la
médication et les suppléments, les estimations quant aux exigences en
matière d'apport calorique, les mesures, les résultats des tests sanguins,
les résultats des autres tests physiologiques, les observations du
comportement, l'opinion du vétérinaire, les activités de reproduction, le
transport et, finalement, les résultats d'autopsie.
Les dossiers sur la qualité du milieu comprendront : les tests d'essai
sur la qualité de l'eau, notamment la température, le pH, la salinité et
la numération bactérienne. Il faudra effectuer des tests des niveaux
résiduels de produits chimiques servant au traitement de l'eau et tenir
des registres de filtrage.
Les registres quotidiens des animaux comprennent l'observation du
comportement, les anomalies et les habitudes, les facteurs externes, le
type et la quantité de nourriture consommée ainsi que la quantité et le
type d'interaction avec les gardiens.
Les programmes de propagation comprendront les dossiers complets sur la
génétique et la démographie, les tentatives de reproduction, les ententes
de prêts pour la reproduction et la descendance.
La description de l'établissement comprendra la taille et le lieu des
enceintes, la description des systèmes d'adduction d'eau, les relations
entre les bassins principaux et les bassins d'isolement à des fins
médicales et les protocoles en cas d'urgence.
La sécurité des dossiers garantira qu'ils sont protégés du feu, de
l'eau et de tout autre risque. Un double de tous les dossiers sera
conservé, au besoin, dans un endroit séparé.
Tous les dossiers doivent être accessibles pour inspection. Tous les
dossiers non nécessaires aux fins des exigences actuelles doivent être
archivés.

Les normes d'élevage des mammifères marins doivent toujours être basées
sur les meilleures pratiques énoncées par les spécialistes. Celles-ci
doivent constituer les normes prépondérantes à respecter pour tous les
soins et l'élevage des animaux.
Les aliments offerts par un établissement à ses animaux doivent fournir
à ceux-ci une diète de haute qualité prévoyant suffisamment de types
d'aliments pour être adaptée aux modifications quant à la disponibilité
des aliments et aux préférences de l'animal. La qualité des aliments doit
être vérifiée au moyen de fréquentes analyses de routine, portant au moins
sur les qualités organoleptiques et la valeur calorique. Des tests
supplémentaires évaluant la qualité des aliments à l'achat et durant
l'entreposage peuvent aussi porter sur la teneur en triméthylamine en
peroxyde d'hydrogène, en histamine, en azote volatile, en métaux lourds et
sur la numération bactérienne. Les aliments doivent être entreposés dans
les meilleurs contenants et à des températures optimales en plus d'être
achetés au moment optimal. Les programmes d'entreposage à court terne
ainsi que les méthodes de décongélation et de préparation des aliments
doivent être conçus pour prévenir la contamination bactérienne et la perte
d'éléments nutritifs. Cet entreposage ne doit pas dépasser 12 heures et
les aliments doivent demeurer sains et conserver leurs qualités nutritives
jusqu'à ce qu'ils soient consommés. Toute nourriture dégelée doit être
consommée en moins de 24 heures. L'apport de suppléments
vitaminiques, le cas échéant, doit être conçu pour chaque animal. Ces
suppléments ne doivent pas être utilisés si leur délai de conservation ou
leur date de péremption sont dépassés.
Les installations d'entreposage et de préparation des aliments doivent
être nettoyées et désinfectées adéquatement; la contamination bactérienne
de tout le matériel et de toutes les installations doit être surveillée.
Le matériel et les ustensiles utilisés pour la préparation des aliments
doivent être nettoyés et aseptisés après chaque utilisation. Les préposés
et le reste du personnel doivent adopter un régime de santé personnel
sain. Les installations doivent favoriser l'hygiène du personnel.
L'élimination des déchets doit minimiser les risques d'infestation
d'animaux indésirables, d'odeurs indésirables ou de risques de maladies.
Les animaux doivent être nourris de manière à ce chacun reçoive une
quantité de nourriture adéquate. On doit tenir compte de l'âge, de
l'espèce, de l'état de santé et de la taille de l'animal nourri. Les
exigences nutritives et caloriques de chacun d'eux doivent être évaluées
et adaptées à leur croissance, à leur niveau d'activité, à leurs besoins
d'entretien, à la température de l'air et de l'eau ainsi qu'aux situations
de gestation et de lactation. Les animaux doivent être maintenus à un
niveau optimal individuel. Les préposés responsables de les nourrir
doivent savoir reconnaître et consigner toute modification de l'état
normal de santé de chaque animal, puisqu'une perte d'appétit peut indiquer
un problème médical. Toute perte d'appétit de plus de 24 heures doit être
signalée au vétérinaire. Un nombre suffisant d'employés ou de préposés
renseignés à ce sujet doivent superviser l'alimentation devant public. Les
dossiers sur l'alimentation de chacun des animaux doivent être accessibles
pendant les inspections.

Chaque établissement doit disposer d'un vétérinaire traitant pleinement
qualifié et breveté qui voit à la supervision du programme de médecine
préventive et de soins cliniques, et qui soutient les autres programmes
visant la santé et le bien-être des animaux de l'établissement. Les
établissements doivent se conformer pleinement à toutes les lois
pertinentes en matière de médecine vétérinaire. Le vétérinaire traitant
doit connaître toutes les politiques et lignes directrices du CCPA et
toutes les recommandations du Comité sur le bien-être des animaux de
l'Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV). On doit
toujours adopter les meilleures pratiques fondées sur l'opinion éclairée
des vétérinaires et des spécialistes en mammalogie marine. La principale
responsabilité du programme de médecine vétérinaire est de voir à ce que
ces pratiques soit toujours adoptées.
Le vétérinaire mettra en oeuvre un programme d'examens de soins de
santé comprenant l'examen des dossiers d'élevage, des inspections
visuelles des lieux et l'examen physique des animaux en captivité. La
fréquence de ces examens est à la discrétion du vétérinaire en
consultation avec le personnel de soins. Le vétérinaire doit faire sa
tournée au moins une fois par semaine. Le contrôle quotidien par le
personnel d'élevage doit comprendre l'examen visuel de l'apparence de
chaque animal, de son activité, de son tempérament et de tout changement
de comportement. Tous les employés et les préposés travaillent sous la
supervision d'un conservateur chevronné en matière d'élevage de mammifères
marins et ce, de concert avec le vétérinaire traitant. Un programme de
formation doit être offert par le conservateur et le vétérinaire à tous
les employés, en fonction de leurs tâches, et doit comprendre notamment
les techniques d'élevage, de manutention et de consignation ainsi que les
protocoles de tenue des dossiers.
Des dossiers doivent être tenus sur toutes les activités prévues ainsi
que sur tous les processus physiologiques contrôlés. Les contrôles
médicaux de routine porteront notamment sur le poids, l'alimentation,
l'hématologie, l'analyse hormonale du profil biochimique, des
vaccinations, des commentaires sur l'état de santé général et le
comportement de l'animal.
Le vétérinaire mettra en oeuvre des plans favorisant la communication
entre le vétérinaire traitant et les employés qui nourrissent, dressent et
soignent l'animal. Un protocole d'urgence doit être élaboré de concert
avec le personnel de soins. Le vétérinaire doit veiller à ce que
l'établissement conserve un inventaire adéquat de médicaments et de
matériel médical. Les médicaments doivent être entreposés et utilisés de
la manière prescrite par la loi. Les schémas thérapeutiques doivent être
appliqués par le vétérinaire. Des tests pour la détection des parasites
doivent être effectués au besoin.
Le vétérinaire traitant prodiguera aussi ses conseils relatifs à
l'entretien, à l'organisation et à l'amélioration de l'établissement.

Chaque établissement doit disposer d'un plan de dressage décrivant la
philosophie de base dans ce domaine et énumérant les objectifs et les
critères de succès. Ce plan doit contenir des énoncés clairs au sujet du
soin et du traitement des animaux ainsi que des méthodes de dressage
utilisées. Des procédures visant l'obligation redditionnelle et l'examen
de ces programmes de dressage doivent être élaborées. Les meilleures
pratiques recommandées par les experts du domaine du dressage doivent
toujours être adoptées.
Les normes de dressage prescrites par les organismes professionnels,
tels que l'International Marine Animal Trainers Association, doivent être
adoptées.
Le personnel de dressage doit être suffisamment qualifié pour être en
mesure de satisfaire aux exigences du programme. L'établissement doit
encourager les dresseurs professionnels à être membres d'organismes
professionnels, à participer à des programmes d'échange entre dresseurs, à
suivre des stages de formation et de préceptorat, à s'abonner à des revues
professionnelles et à bien connaître la documentation du domaine. Le
personnel de dressage doit faire preuve d'une grande expérience auprès des
mammifères marins.
Le dressage et les spectacles des animaux doivent être évalués
régulièrement de même que leur incidence sur la santé et le bien-être
général des animaux.
Le dressage des animaux en vue de leur faire adopter des comportements
clownesques durant les spectacles, ou cherchant à les diminuer ou à se
moquer d'eux, ce qui n'a aucun mérite sur le plan pédagogique, n'est pas
acceptable.

La qualité de l'eau des bassins contenant des mammifères marins doit
garantir la santé des animaux. La numération des bactéries coliformes ne
doit pas dépasser l000 NPP/l000 ml d'eau. Des échantillons d'eau
doivent être prélevés toutes les 48 heures et les moyennes doivent
être établies. Si ces dernières ne se situent pas en dessous de
l000 NPP, l'eau du bassin doit être déclarée insatisfaisante et doit
être améliorée immédiatement. La salinité de l'eau doit être contrôlée et
maintenue à une valeur de 15 à 36 parties par millier.
Si des produits chimiques sont utilisés pour traiter l'eau, leur
qualité doit être suffisante pour assurer la santé des animaux. Les
échantillons d'eau doivent être prélevés au moins une fois par semaine
pour effectuer la numération des bactéries coliformes et au moins tous les
jours pour effectuer les tests de pH et détecter la présence d'additifs
chimiques. Les établissements qui utilisent de l'eau de mer ne sont pas
obligés d'effectuer des tests de pH ni de test chimiques mais doivent
effectuer la numération des bactéries coliformes. Les résultats de tous
les tests doivent être accessibles lors des inspections.
La qualité de l'eau doit être maintenue par filtration, par traitement
chimique ou par tout autre moyen. Les restes d'aliments donnés aux animaux
doivent régulièrement être ramassés pour maintenir la qualité de l'eau et
l'hygiène du bassin. Les murs et le fond des bassins principaux doivent
être recouverts d'un fini non poreux et imperméable facilitant le
nettoyage et la désinfection, le cas échéant. Ces surfaces doivent
permettre le maintien de la qualité de l'eau. Si des bassins contenant de
l'eau de mer sont utilisés ou si l'habitat comprend des surfaces en bois
ou texturées, ou tout autre matériau difficile à désinfecter complètement,
ceux-ci doivent être nettoyés le mieux possible et toujours en bon état.
Les organismes naturels qui vivent à la surface de l'eau et qui ne
dégradent pas la qualité de celle-ci ne doivent pas nécessairement être
enlevés lors du nettoyage. Les établissements doivent élaborer et
respecter un protocole de nettoyage des surfaces des enceintes; les
méthodes de nettoyage ne doivent pas présenter de dangers pour les
animaux. Pour faciliter le nettoyage, et l'entretien, les bassins doivent
être munis d'une canalisation d'écoulement permettant de diminuer
efficacement le niveau de l'eau. Toutes les canalisations doivent être
conçues pour empêcher que l'animal ne soit pris au piège au moment de leur
utilisation.
Chaque établissement doit élaborer des plans d'urgence écrits
concernant les sources d'eau et l'alimentation électrique d'urgence en cas
de panne des sources principales. Ces plans d'urgence doivent comprendre
des plans d'évacuation et d'hébergement des animaux en cas de pannes ou de
catastrophes de longue durée.

Les bassins contenant des mammifères marins doivent être à l'abri de la
présence indésirée des humains ou des autres animaux. Il est de la
responsabilité de l'établissement de veiller à la sécurité et à
l'isolement des mammifères marins qu'ils hébergent et ce, en tout temps.
Les bassins ouverts au public doivent être surveillés en tout temps par
des employés en uniforme afin de protéger les animaux des agressions et du
harcèlement de la part du public.
Les bassins et les endroits secs destinés aux mammifères marins doivent
présenter une variété de milieux environnementaux favorisant la diversité
et la stimulation. Les enceintes ne doivent pas contenir d'objets non
fixes ni de surfaces saillantes pointues ou tranchantes pouvant causer des
blessures. Les bassins doivent être adéquatement alimentés de lumière
naturelle et d'air frais.
Les établissements qui hébergent des mammifères marins doivent procurer
de l'air frais à ceux-ci au moyen de fenêtres, de portes, de prises d'air
ou de climatisation, et doivent être aérés au moyen de ventilateurs, de
souffleries ou d'un système d'air climatisé qui minimisent les courants
d'air, les odeurs et la condensation. Dans les établissements, la
température de l'air doit être adaptée aux espèces, de même que toute
variation de température.
Exigences sur le plan spatial: les enceintes destinées aux mammifères
marins doivent être suffisamment grandes pour faciliter l'entretien et le
soin de l'animal et favoriser son bien-être, ce qui signifie que la taille
de l'enceinte est convenable, mais aussi que l'animal peut se retrouver en
groupe et que l'environnement de captivité est suffisamment diversifié. Le
caractère adéquat des enceintes a une incidence sur la qualité de tout
programme scientifique pouvant y être mené et peut constituer une part
importante du message pédagogique transmis. En raison des différences
entre les exigences pertinentes aux cétacés et celles des phoques, des
otaries et des loutres, chaque groupe sera traité séparément.
Cétacés: la taille des enceintes idéales est généralement plus grande
que ce qu'il est possible de s'offrir. Les contraintes financières ne sont
toutefois pas un prétexte acceptable pour ne pas se conformer aux normes.
Les nouveaux établissements ou ceux qui sont rénovés devraient construire
des bassins de dimensions supérieures à ce que prescrivent les normes. En
général, plus grands sont les bassins, mieux sont les animaux.
Il peut y avoir des différences importantes d'une espèce à l'autre en
ce qui a trait à la taille, à l'activité et aux groupes sociaux. Par
exemple, les ONG intéressées suggèrent presque unanimement que les
épaulards ne peuvent pas être gardés en captivité de manière adéquate en
raison de leur taille, de leur niveau normal d'activité et de leurs vie
sociale. D'autres espèces, comme le béluga, peuvent davantage s'adapter
aux contraintes de la captivité. Les bassins qui engendrent
continuellement des taux de mortalité élevés, des problèmes de santé, des
échecs fréquents sur le plan de la reproduction et des comportements
anormaux stéréotypés sont des indicateurs montrant que les normes de
bien-être de l'animal ne sont pas respectées. En l'absence d'information
adéquate, on utilise une formule pour déterminer la taille minimale des
bassins destinés aux cétacés.
La taille minimale de l'enceinte principale destinée à deux spécimens
de n'importe quelle espèce de cétacés sera calculée au moyen d'une formule
basée sur la longueur moyenne d'un adulte (LMA). La LMA est établie à
partir de données morphométriques des individus ayant atteint la maturité
physique au sein des populations captives ou des stocks en liberté. La LMA
standard constitue la mesure en ligne droite prise depuis la partie la
plus antérieure de l'animale jusqu'à la fourche de la nageoire
caudale.
Les exigences spatiales minimales procurent à l'animal suffisamment
d'espace, horizontalement et verticalement, pour être capable de prendre
des postures normales et de s'adapter au groupe avec suffisamment de
liberté de mouvement. Quatre facteurs doivent être respectés : la
dimension horizontale minimale (DHM), la profondeur, le volume et la
superficie de la surface.
Cétacés: la DHM de toute enceinte principale destinée aux espèces
désignées comme faisant partie du groupe I par APHIS sera de 8,2 m ou de 3
fois la LMA de l'espèce hébergée, en prenant la plus grande de ces deux
valeurs. Les cétacés du groupe I (APHIS 1992) comprennent notamment, le
béluga, l'épaulard, le dauphin à gros nez, le marsouin commun, le narval
et le globicéphale noir à longes nageoires. Les cétacés du groupe II
comprennent le dauphin à flancs blancs du Pacifique, le dauphin commun et
le marsouin de Dall. Les normes de l'APHIS (1992) précisent la LMA pour
chaque espèce. La DHM des bassins destinés aux cétacés du groupe II sera
de 7,32 m ou de 4 fois la LMA de l'espèce hébergée dans le bassin.
Dans les bassins abritant plusieurs espèces de cétacés, la DHM requise
est celle de l'espèce de plus grandes dimensions.
Une fois la DHM établie, il se peut qu'il faille adapter la taille du
bassin afin d'augmenter la superficie de sa surface et son volume si on y
ajoute d'autres cétacés. L'APHIS donne des normes pour les cétacés des
groupes I et II, ayant trait à la profondeur et au volume d'eau selon les
circonstances pour une gamme de DHM (APHIS 1992); ces normes doivent être
respectées.
La profondeur minimale exigée (PME) pour tous les cétacés doit être de
1,83 m ou la moitié de la longueur d'un adulte de taille moyenne ou
de l'espèce la plus longue hébergée dans le bassin, en prenant la plus
élevée de ce deux valeurs. Les parties du bassin qui ne correspondent pas
à la PME ne peuvent pas être comprises dans le calcul des exigences en
matière d'espace pour les cétacés.
Les bassins qui satisfont à la DHM et à la PME compteront un volume
d'eau et une superficie de surface suffisants pour contenir deux cétacés
du groupe I ou encore jusqu'à quatre cétacés du groupe II. Les exigences
minimales quant au volume sont basées sur la formule suivante:
Volume = { DHM/2 }2 x 3,14 x profondeur
Si d'autres animaux doivent être ajoutés dans le bassin, il se peut
qu'on doive adapter le volume et la superficie de surface de celui-ci afin
d'agrandir l'espace. Le volume supplémentaire requis doit être basé sur le
nombre et l'espèce de cétacés qui seront ajoutés.
Si plus d'un cétacé du groupe I est hébergé dans un bassin principal,
le volume supplémentaire d'eau requis pour chaque cétacé additionnel du
groupe I, est fondé sur la formule suivante:
Volume = {LMA/2}x 3,14 x profondeur
Quand il y a plus de deux cétacés du groupe II qui sont hébergés dans
une enceinte principale, le volume d'eau supplémentaire requis pour chaque
cétacés additionnel du groupe II se calcule au moyen de la formule
suivante:
Volume = {LMA}2 x 3,14 x profondeur
Quand des cétacés des groupes I et II sont hébergés ensemble dans le
même bassin principal, les deux DHM doivent être respectées. Le volume se
calcule alors au moyen de la formule suivante:
Volume = {DHM/2}}2 x 3,14 x profondeur
Les volumes d'eau nécessaires pour que les cétacés puissent être
hébergés dans le bassin doivent être calculés en faisant la somme des
volumes requis pour chaque animal. Si ce volume est plus grand que celui
obtenu au moyen de la DHM et des chiffres représentant la profondeur,
alors de volume supplémentaire requis peut être ajouté en agrandissant les
dimensions latérales du bassin, ou en augmentant sa profondeur, ou les
deux.
La superficie de surface minimale (SSM) requise pour les cétacés des
groupes I et II se calcule au moyen de la formule suivante:
SSM = { LMA/2 } 2 x 3,14 x 1,5
Les exigences quant à la superficie de surface sont données par l'APHIS
(1992).
Les animaux incompatibles pour quelque raison que ce soit ne doivent
pas être hébergés dans la même enceinte. Ils ne doivent pas non plus être
hébergés près des endroits où se déroulent des activités, ou encore où se
trouvent d'autres animaux, qui pourrait leur causer un stress ou un
inconfort déraisonnable. Les animaux reconnus comme étant grégaires dans
leur milieu naturel doivent être hébergés avec au moins un autre animal
compatible de la même espèce ou d'une espèce à laquelle il s'apparente sur
le plan biologique.
En général, les animaux doivent être hébergés en groupes sociaux dans
les bassins principaux, sauf s'ils sont temporairement maintenus en
isolement pour cause de traitement médical, de dressage ou de toute autre
raison spéciale. Les établissements doivent avoir sur place des bassins
disponibles pour répondre aux besoins en matière d'isolement, de
séparation, de traitement médical et de dressage. Les animaux récemment
acquis doivent y demeurer en quarantaine jusqu'à ce qu'on puisse procéder
à leur évaluation médicale complète. Les installations d'hébergement
temporaires doivent être suffisamment grandes pour permettre le confort de
l'animal. Il est inacceptable de garder un animal en isolement pendant une
longue période. Il faut un plan écrit concernant les animaux hébergés
séparément; ce plan doit justifier la durée de la période pendant laquelle
l'animal est isolé, le type et la fréquence des activités d'enrichissement
et les plans d'interaction. Ces plans doivent être approuvés pas le
vétérinaire et doivent faire partie intégrante du dossier de l'animal.
Dans le cas des cétacés, les établissements doivent offrir à chaque
animal le groupe social dont il a besoin. Des programmes favorisant la
diversité et l'enrichissement des bassins sont nécessaires. Tous les
établissements qui hébergent des cétacés doivent compter au moins une
enceinte principale et une enceinte réservée à l'usage médical. Les
enceintes secondaires ne peuvent servir à l'hébergement à long terme.
L'enrichissement des bassins est important pour accroître la
stimulation et permettre la diversité. Tout article non alimentaire
utilisé pour le dressage et la stimulation doit être de taille suffisante
pour éviter qu'il ne soit ingéré ou qu'il se brise et cause des blessures.
Ces articles doivent aussi pouvoir être nettoyés ou remplacés.
Le niveau sonore dans les bassins doit être surveillé et des dossiers
doivent être maintenus montrant le spectre et les niveaux de bruit dans
les bassins dans toutes les conditions. On peut s'attendre à ce que des
normes sur le niveau de bruit soient élaborées prochainement.
Normes visant les pinnipèdes: L'hébergement des pinnipèdes doit
comprendre un bassin aquatique et un espace sec ou une aire d'activité
sociale qui doit être à proximité de la surface de l'eau pour faciliter la
sortie du bassin. Les pinnipèdes se divisent en espèces des groupes I et
II. Les espèces du groupe I sont notamment le phoque commun, le phoque du
Groënland, le phoque gris, l'otarie de Californie et l’otarie de Steller.
Les pinnipèdes du groupe II sont notamment, le phoque annelé, le phoque
barbu et le phoque à capuchon. On trouve dans APHIS (1992) les LMA pour
les mâles et les femelles.
La superficie minimale de l'aire de repos au sec ou de l'aire
d'activités sociales des pinnipèdes du groupe I doit être basée sur la LMA
de chaque animal du groupe. Si un seul animal du groupe I est hébergé dans
une enceinte, la superficie minimale de l'aire de repos au sec doit être
le carré de la LMA. Pour les pinnipèdes du groupe II, cette aire doit
représenter la somme du carré de la LMA de chaque animal de l'enceinte. Si
un seul pinnipède du groupe II est hébergé, alors le carré de la LMA doit
être doublé. Si des pinnipèdes des groupes I et II sont hébergés ensemble,
la superficie minimale de l'aire de repos au sec doit être la somme du
carré de la LMA de chacun des animaux. Dans les enceintes mixtes, ces
aires doivent être clôturées pour assurer la protection des animaux contre
les autres animaux qui pourraient être agressifs. Quand des mâles sont
hébergés ensemble, cette aire doit comporter des divisions permettant
d'éviter les stress excessifs causés par les animaux agressifs.
La superficie de surface minimale du bassin de tous les pinnipèdes doit
être au moins égale à l'aire minimale de repos au sec. La DHM des bassins
doit être de une fois et demie la LMA de l'espèce de plus grande
taille hébergée dans les enceintes. L'eau des bassins doit avoir au moins
1 m de profondeur ou la moitié de la LMA de l'espèce de plus grande taille
hébergée. Les parties du bassin qui ne satisfont pas aux exigences
minimales de profondeur ne peuvent être utilisées dans le calcul de la
superficie de l'aire de repos au sec ou de l'aire d'activités
sociales.
Les conditions d'hébergement doivent autant que possible permettre la
formation de groupes sociaux normaux. L'enrichissement des bassins doit se
concrétiser par la diversité dans les routines, l'aménagement et les
programmes d'activités. Chaque établissement qui héberge des pinnipèdes
doit compter des enceintes principales et des enceintes secondaires pour
les besoins médicaux.
Normes régissant les établissements qui hébergent des loutres de mer:
Les enceintes destinées aux loutres de mer doivent comporter des bassins
et des aires sèches qui doivent représenter, pour une ou deux loutres, le
produit du carré de la LMA x 3,14. Pour chaque loutre
supplémentaire, il faut ajouter 1,96 m de surface sèche de plus. La LMA
des loutres de mer est de 1,25 m. La DHM des bassins doit être de 3 fois
la LMA. Pour chaque loutre de plus, il faut ajouter 2,23 mètres cubes
d'eau. Tous les établissements qui hébergent des loutres de mer doivent
disposer d'enceintes principales et d'enceintes secondaires disponibles
pour les besoins médicaux.

Les évaluations menées par le CCPA pourraient servir à vérifier la
conformité aux normes. Les rapports d'évaluation du CCPA sont
confidentiels et remis seulement à l'établissement évalué. Le CCPA
pourrait remettre au MPO une copie du certificat de bonnes pratiques
animales accordé à l'établissement évalué, indiquant ainsi sa conformité
aux normes du CCPA, sans mettre en péril l'entente de confidentialité
conclue entre le CCPA et l'établissement.

La réadaptation et la remise en liberté des mammifères marins doit
normalement se dérouler avec des individus qui ont été gardés en captivité
pendant une courte période, par suite d'une capture pour des raisons
cliniques. Dans de tels cas, les programmes de réhabilitation doivent
faire appel aux meilleures pratiques guidées par l'opinion des
vétérinaires traitants et des spécialistes en matière de soins des
mammifères marins. Ces remises en liberté ne doivent pas créer de menaces
aux populations sauvages.
La remise en liberté des mammifères marins gardés en captivité pendant
des périodes de plus d'un an peut se révéler impossible et ne doit pas, à
l'heure actuelle, être encouragée. Si l'expérience le justifie, des
remises en liberté expérimentales pourraient être planifiées avec soin; il
s’agirait d’exceptions à cette règle.
Tous les animaux remis en liberté doivent être marqués ou porter des
dispositifs de télémesure permettant de contrôler le succès de leur remise
en liberté.
Comme mesures provisoires, si des remises en liberté étaient tentées,
les politiques et les normes recommandées par la U.S. Marine Mammal
Commission devraient être respectées.
Reintroductions of animals held in captivity for periods longer than
one year may not be practical or beneficial and should, at the present
time, be discouraged. If experience warrants experimental releases may be
carefully planned that are exceptions to this rule.
All released animals should be fitted with tags or telemetry devices
which permit the success of the release to be monitored.
As an interim measure, if reintroductions are attempted, policy and
standards recommended by the U.S. Marine Mammal Commission should be
followed.

De plus amples détails au sujet des normes peuvent être obtenus en
consultant APHIS (1992). Pour toute ambiguïté ou toute question au sujet
de l'application de ces normes dans un établissement particulier, on doit
se référer au CCPA, ou au Comité de protection des animaux de l'ACMV.
Toutes les normes doivent être examinées par le MPO, le CCPA, l'ACMV,
la CAZPA et le public intéressé à des intervalles ne dépassant pas deux
ans.

Documentation
consultée
Vidéos
consultés
Personnes
et groupes consultés – Remerciements

Mise à jour sur l'Internet le * septembre, 1999